REMERCIEMENTS
Je tiens avant tout à remercier Mesdames Mireille DEPADT et Sylvie SOLERE-QUEVAL pour avoir
accepté de travailler ensemble et m’avoir permis de réaliser ce mémoire en associant l’UFR de Philosophie
et l’UFR des Sciences de l’Éducation.
Je remercie également :
- Madame Mireille DEPADT, directrice de mon mémoire pour l’UFR de philosophie et responsable des
deux stages que j’ai effectués, pour son exigence de rigueur et la qualité de ses conseils.
- Madame Sylvie SOLERE-QUEVAL, directrice de mon mémoire pour l’UFR des Sciences de
l’Éducation, pour son soutien constant au long de mes deux années de maîtrise et la qualité des cours et
séminaires que j’ai suivis auprès d’elle.
- Madame Joëlle DELATTRE pour ses encouragements et la confiance qu’elle m’a accordée.
- Monsieur Bernard JOLY pour avoir soutenu mon travail et le partenariat entre les deux UFR de
Philosophie et des Sciences de l’Éducation.
- Monsieur François JACQUET-FRANCILLON, grâce à qui j’ai pu obtenir les informations nécessaires afin
d’allier théorie et pratique sur mon sujet de mémoire.
- Monsieur Michel TOZZI, pour m’avoir mise en relation avec Madame SOLERE-QUEVAL et pour son
apport enrichissant, à travers ses ouvrages et ses conférences.
- Toute l’équipe de la Fondation 93 Atelier des Scienceset Monsieur Pablo CARRION, tuteur de mon
premier stage.
- Madame Agnès PAUTARD, tutrice de mon second stage, qui m’a fait saisir la nécessité de la prise en
compte de la parole des enfants. Je remercie également Madame Hélène BERTHAUD, Madame
Catherine CAMPMAS, Monsieur Rémi CASTERES, Monsieur Jean HORVAIS et Monsieur Jean-Luc
VIDALENC. Au-delà du plaisir que j’ai eu à redécouvrir le monde scolaire, j’ai pu m’initier grâce à eux
à la pratique des “Ateliers Philosophie”.
- Madame TOUSARD, qui nous a permis, à Madame SOLERE-QUEVAL et moi-même, de réaliser une
séance de réflexion avec ses élèves de CM2 autour de la notion de l’argent.
- Mes amis, mes proches et ma famille et plus particulièrement mes parents, Fanny, Luc et Cyril, Farid,
Sabine, Cécile et Carole.
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS 1
SOMMAIRE 1
INTRODUCTION 3
- 2 -
I - DE L’INTERET DE L’ENSEIGNEMENT PHILOSOPHIQUE 7
II- LES DIFFERENTES CONCEPTIONS DE L’ENSEIGNEMENT PHILOSOPHIQUE 26
III- UN ENSEIGNEMENT PHILOSOPHIQUE ACCESSIBLE AU PLUS GRAND NOMBRE 54
CONCLUSION 70
BIBLIOGRAPHIE 74
ANNEXES 80
TABLE DES MATIÈRES 88
- 3 -
INTRODUCTION
En 1974, l’expérience de MILGRAM prouva que les hommes, commandés par une autorité
supérieure, pouvaient se soumettre totalement à cette autorité, abdiquant ainsi toute faculté de jugement et
d’analyse critique. Le souvenir des horreurs commises sous l’autorité du pouvoir nazi n’avait donc pas suffi
à mettre en garde les individus contre les dangers de la soumission totale à une instance supérieure. Cette
expérience mit en évidence la nécessité de préserver, pour chacun, un constant rapport à soi.
Si nous concevons ce rapport à soi comme un élément nécessaire et essentiel pour tout individu et
si avec KANT nous pensons que l’homme, du point de vue de la liberté, est promis au perfectionnement,
nous devons chercher les moyens de rendre l’être humain davantage conscient de la force de son identité
morale, afin de lui permettre de s’affirmer en tant qu’homme. Or l’homme ne peut devenir homme que
par l’éducation
1
”, écrivait KANT. Dans la société française actuelle, c’est l’école qui a pour une large part la
mission d’éduquer. Ce problème de l’éveil à soi-me, c’est-à-dire le problème de la reconnaissance et de
l’épanouissement de sa propre pensée, doit donc être pris en charge par l’école.
Mais comment l’école actuelle française envisage-t-elle l’éveil à soi-même ? Nous constatons que
son originalité est d’avoir mis en place, dans la dernière année des études secondaires, un enseignement
philosophique. Quel est le sens de cet enseignement ? Comment l’enseignement philosophique est-il lié au
projet général scolaire ? Cela revient à poser la question : à quoi sert cet enseignement ? Si nous nous
référons aux instructions générales pour l’enseignement de la philosophie, nous observons que son objectif
global est de contribuer à éveiller chacun à la conscience de sa propre pensée. Cet enseignement
philosophique doit en effet répondre officiellement à deux attentes : avant que les jeunes gens se lancent
dans la vie active, cet enseignement doit d’abord leur faire saisir l’intérêt des connaissances qu’ils ont
acquises tout au long de leur scolarité et il doit également leur faire acquérir une méthode de réflexion et
quelques principes de vie intellectuelle et morale ” afin qu’ils deviennent “ des hommes de métier capables
de voir au-delà du métier, des citoyens capables d’exercer le jugement éclairé et indépendant que requiert
notre société démocratique
2
”.
Nous constatons donc qu’actuellement, il est dans la mission de l’école de faire en sorte que les
enfants puissent devenir des hommes libres et responsables. En France, l’enseignement philosophique est
au service de cet objectif puisqu’il assure la double fonction de réaliser une synthèse de l’enseignement
reçu et de former les futurs citoyens au jugement critique, actif et constructif vis-à-vis du monde. En
résumé, la finalité de l’enseignement philosophique est de faire en sorte que chacun apprenne à penser par
soi-même. Connaissant alors l’enjeu de cet enseignement de la philosophie, ne serait-il pas légitime de nous
1
KANT Emmanuel, réflexions sur l’éducation, Paris, Vrin, 1989, traduction et introduction par A.
PHILONENKO, p. 73.
2
Instructions du 2 septembre 1925 du ministre Anatole de Monzie, circulaire toujours en vigueur et que les
derniers programmes et orientations ont confirmée.
- 4 -
demander comment rendre cet enseignement plus efficace encore ? C’est-à-dire comment l’enseignement
philosophique pourrait-il contribuer davantage encore à la réalisation du projet scolaire ?
Nous avons fait remarquer tout à l’heure que cet enseignement n’est dispensé que pendant la
dernière année des études secondaires. Cette particularité ne touche aucun autre enseignement. Pourquoi
donc sommes-nous tenus de réserver cet enseignement à la classe de terminale ? Ne pourrait-on pas
l’étendre à tout ou partie des études secondaires, voire des études primaires ? Ainsi, même les enfants qui
n’atteindront jamais la classe de terminale pourraient en bénéficier et chacun aurait le temps de se
familiariser avec la démarche philosophique. D’ailleurs, dans les dernières décennies, certains ont plaidé et
plaident aujourd’hui encore pour étendre l’enseignement de la philosophie aux plus jeunes. Et cette idée
n’en est pas restée à la théorie puisque différentes pratiques ont été et sont encore expérimentées. C’est le
cas du Groupe de Recherches en Enseignement Philosophique, le GREPH, qui depuis 1974 se bat pour
défendre une autre idée d’application de l’enseignement de la philosophie. C’est aussi le cas d’enseignants
de l’école primaire qui pratiquent des “Ateliers Philosophie” à l’intérieur de leur classe. C’est encore l’objet
de certains acteurs culturels, qui proposent des interventions philosophiques à des élèves de SEGPA
3
. Et
c’est aussi l’objectif d’un programme américain, appelé explicitement Philosophy For Children. Ces
pratiques sont fort variées dans leur forme et dans leur contenu, mais quelle que soit leur ambition, qu’elles
cherchent à dispenser une simple initiation ou un véritable enseignement, toutes prétendent ni plus ni moins
faire de la philosophie avec des élèves jeunes, voire très jeunes. Pourquoi donc ne pas prendre en compte
cette idée et dispenser avant la terminale un enseignement philosophique, si de telles pratiques peuvent
contribuer à un meilleur développement de l’autonomie de la pensée ?
Le problème naît de ce que certains n’accordent aucune valeur philosophique à ces pratiques. Pour
ceux-là, la philosophie n’est pas et ne peut pas être accessible aux enfants, d’une part parce qu’on ne peut
philosopher que sur la base d’une culture et d’un savoir scientifique, historique et littéraire conséquent, et
d’autre part parce que le raisonnement philosophique ne peut s’obtenir qu’à travers l’étude rigoureuse des
grandes œuvres philosophiques. Qui sont donc ceux qui fendent l’idée d’un enseignement philosophique
nécessaire, mais nécessairement inaccessible avant la terminale ? Ce sont en grande majorité des
professeurs de philosophie faisant partie du Bureau National de Philosophie, de l’Association des
Professeurs de Philosophie de l’Enseignement Public ou de l’Inspection Générale de Philosophie. Ce sont
donc des personnes faisant autorité dans le domaine de l’enseignement philosophique et même, bien
souvent, des philosophes en tant que tels.
D’où vient l’opposition entre ces deux conceptions ? Tout le monde s’accorde pour dire que, si la
philosophie permet d’acquérir un jugement critique, c’est parce qu’elle se caractérise par les
problématiques qu’elle pose et par la recherche des conditions d’émergence des problèmes et de leurs
solutions. Mais ensuite, les voies divergent.
Pour ceux qui fendent la forme actuelle de l’enseignement de la philosophie, la finalité du projet
mis en place par Victor COUSIN au 19ème siècle est encore valable et reste donc applicable. C’est en effet
aux réformes de COUSIN que l’on doit l’idée de mettre en place un enseignement philosophique dans la
3
Section d’Enseignement Général à Pédagogie Adaptée : section parallèle au collège.
- 5 -
dernière année des études secondaires. Depuis cette époque, le projet est que la philosophie prenne le sens
d’une étude centrale, venant à la fin et en synthèse d’un parcours complet de la culture. Si aujourd’hui, on
nie ce projet, on perd l’unité d’une démarche qui doit remettre en question d’une façon globale le savoir et
la culture précédemment acquis
4
”, explique Jacques MUGLIONI, ancien doyen de l’Inspection Générale de
Philosophie.
En effet, pour ceux qui défendent la place traditionnelle de la philosophie, l’acquisition de
l’instruction élémentaire sert de base pour l’apprentissage du philosopher. C’est dans la culture et le savoir
acquis tout au long de la scolarité que l’enseignement de la philosophie peut trouver quelques objets pour
exercer son examen critique. On ne philosophe pas pour savoir mais parce que l’on sait déjà
5
”, disait
encore MUGLIONI. Les enfants n’ont donc pas une culture assez grande pour examiner sérieusement une
problématique.
Pour ceux qui voudraient étendre l’enseignement philosophique, tel le GREPH, la philosophie doit
au contraire devenir aujourd’hui “une dimension générale de l’enseignement” et ne plus rester à “un niveau
terminal” des études secondaires. Car dans la forme actuelle de cet enseignement, il n’y a que la tentation de
faire de la philosophie une sorte de reine des sciences, un couronnement factice du savoir. L’enseignement
de la philosophie est alors soupçonné d’être réservé à une élite, ce qui ne peut plus être un objectif à l’heure
où l’enseignement s’ouvre au plus grand nombre. Au contraire, ces personnes affirment “ la volonté de ne
plus considérer la philosophie comme une discipline d’exception […] mais comme une matière
contribuant, parmi d’autres et à sa manière à elle, à la formation des élèves
6
”. S’il est bien évident que la
philosophie exerce sa réflexion sur des objets précis, il est plus discutable que ces objets soient forcément
ceux que l’instruction ait permis d’acquérir. Tout savoir, y compris le savoir acquis en dehors de l’école,
peut faire l’objet d’un examen critique. De plus, le savoir et la culture, loin d’être acquis une fois pour
toutes à la fin des études secondaires, s'acquièrent progressivement. Il serait donc arbitraire de fixer une
date limite pour enseigner la philosophie.
Il y a donc un conflit institutionnel à propos de la forme que doit prendre l’enseignement
philosophique au niveau des études secondaires. Ce conflit s’articule au niveau d’une divergence
d’objectifs entre une école qui chercherait à se mocratiser, c’est-à-dire à transmettre des connaissances
élémentaires à un plus grand nombre d’individus, et un enseignement philosophique qui est le seul
enseignement à vouloir maintenir encore des exigences dignes d’une école authentiquement
républicaine
7
”.
Comment se situer dans ce débat ? Peut-on accepter l’idée d’un enseignement de la philosophie
qui, tout en conservant ses exigences propres, se voudrait accessible au plus grand nombre et dès le plus
jeune âge ? Alors l’enseignement philosophique perdrait au moins sa fonction de couronnement des études
secondaires puisqu’il serait progressif, mais pourrait être assimilé plus facilement et par un plus grand
4
MUGLIONI Jacques, L’école ou le loisir de penser, Paris, CNDP, 1993, p. 116.
5
Ibid. p. 117.
6
ROSAT Jean-Jacques, “Pour une rencontre avec le GTD” in Bulletin national du GREPH, mai 1999, p. 4.
7
FERRY Luc et RENAUT Alain, Philosopher à 18 ans, Paris, Grasset, 1999, p. 15.
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