Les sens spirituels (allégorique, tropologique et anagogique) construits à partir du sens littéral => saisir toute la profondeur du récit
biblique, qui ainsi déborde jusque dans notre façon d’appréhender la vie quotidienne.
Remarques préalables en rapport avec le sens littéral et les sens spirituels (cf. 1. introduction du sens allégorique) :
JOB 19, 17-27
SENS ALLEGORIQUE
SENS TROPOLOGIQUE
OU MORAL
SENS ANAGOGIQUE
Eléments de l’allégorie
1) introduction
Ce texte est très utile d’abord pour nous montrer les
limites de l’interprétation littérale de la Bible.
Il ne faut pas croire que l’interprétation historique implique
que tout ce qui est dit dans la Bible relate des faits qui se
sont réellement passés, cela est surtout valable pour les
livres de la sagesse.
Le livre de Job nous montre effectivement que si nous
croyons vraiment que l’histoire de Job est vraie, alors, ce
livre nous pose encore plus de questions, ce qui serait un
comble dans la mesure où il est une tentative d’amorce de
réponse sur la souffrance humaine ! En effet, si Job est
arbitrairement soumis à toutes ces souffrances pour
satisfaire une espèce de pari entre Dieu et le diable, quel
Dieu avons-nous là !!
En revanche, si nous voyons dans le livre de Job comme un
conte - qui peut certes avoir pris comme base un
personnage réel (cf. intro historique) -, le livre peut alors
être pris pour ce qu’il est, à savoir une méditation sur le
sens de la souffrance. Nous voilà donc débarrassés des
questions parasites sur ‘pourquoi Dieu a-t-il été si cruel
envers Job ?’ Au contraire, nous pouvons reconnaître dans
le trait forcé des souffrances de Job les caractéristiques du
conte moral qui force le trait pour faire passer un message.
Au vu de ce qui vient d’être dit, nous voyons d’autant plus
1) sens tropologique orienté vers la vie quotidienne :
- Quand tout va mal, soyons sûrs que le Seigneur ne nous
abandonnera pas. Il est celui qui se tient à nos côtés,
malgré des apparences parfois trompeuses.
- Notons également que ce qui fait la valeur de la foi de
Job, c’est qu’il parle avec la sincérité de son cœur.
Contrairement à ses amis, Job n’a pas un discours
intellectuel convenu, distant et froid, produit plus par la
tête que par le cœur.
- Contrairement aux amis de Job au verset 22, il ne nous
faut pas négliger la manière de transmettre notre message
en faisant passer le rapport avec l’interlocuteur après le
contenu. Ainsi, nous pourrons aimer même ceux qui ne
sont pas d’accord avec nous, quand bien même ils auraient
tort. Si tel n’était pas le cas, notre message ne passerait de
toute façon pas.
Si vous avez lu les chapitres précédents et les chapitres
suivants, nous voyons d’ailleurs que le message des amis
de Job ne passe pas auprès de ce dernier (cf. verset 22).
Enfin, remarquons que dans les derniers chapitres du livre
(cf. chap 42, 7), Dieu donne raison à Job, lui qui lui a parlé
avec son cœur plutôt qu’avec sa tête. En ce sens, Job doit
être un modèle. Nous ne devons pas craindre d’être
sincères avec Dieu, tout comme dans les psaumes (cf.
Psaume 77, 10-11 ; 88, 7-10.14-19), du moment que nous
lui parlons comme à une personne que nous aimons, ce qui
n’exclut pas certaines questions, voire révoltes. Cela vaut
1) sens anagogique orienté vers la mort et la vie
éternelle :
Une remarque préalable s’impose. En tant que chrétiens,
nous ne pouvons pas ne pas voir en ce rédempteur invoqué
par Job la figure du Christ nous délivrant de la mort, mais il
faut bien être conscients que l’auteur ne pensait pas
forcément à une vie après la mort, c’est d’autant plus
probable que cette idée d’une rétribution au-delà de la
mort n’a vu le jour en Israël que très tardivement avec le
livre de Daniel rédigé au 2ème siècle avant Jésus Christ. Il y a
tout au plus une formidable intuition, mais cela ne reste
qu’une intuition, la preuve en est que le dernier chapitre
de Job (chap 42, 12-13) montre la rétribution classique du
juste, à savoir le rétablissement dans ses biens terrestres,
voire une augmentation de ceux-ci par la bénédiction
divine.
En fait, le rédempteur dans l’Ancien Testament est celui à
qui la loi israélite confiait la responsabilité d’aider un
parent en difficulté, c’est ce que fait Booz envers Ruth
(Ruth 2, 20 ; 3, 12 ; 4, 1.4-6 + Lévitique 25, 25.48-49).
‘Rédempteur dans l’Ancien Testament est donc
simplement synonyme de racheteur. Ce n’est que plus
tard, notamment dans le Nouveau Testament, que se
développe l’idée que le Christ est notre racheteur-
rédempteur en ayant payé la dette du péché pour nous
(Galates 3, 13-14 ; Ephésiens 1, 7 ; Colossiens 1, 13-14 ;
Tite 2, 11-14), il nous a racheté au pouvoir de la mort (1
LES TROIS SENS SPIRITUELS DE LA BIBLE :
l’intérêt de passer à une interprétation spirituelle de ce
passage. Commençons donc par le sens symbolique ou
allégorique.
2) L’allégorie proprement dite
La base de l’interprétation allégorique est bien sûr ici
d’identifier les souffrances de Job à celles du Christ.
Voyons comment.
A) du verset 1 au verset 22, Job se plaint de sa solitude face
à la souffrance. Il est en effet rejeté par ses amis et sa
propre femme. Il se sent même abandonné de Dieu. Tout
ceci n’est pas sans rappeler la solitude du Christ,
abandonné de tous au jardin des Oliviers (Matthieu 26, 40-
44). Il est même trahi, non par sa femme ! mais par un des
douze : Juda, sans oublier le reniement de Pierre ! (Luc 22,
47-48.54-62)
De plus, Jésus s’est lui-même senti comme abandonné de
Dieu, cf. sa citation du psaume 22 sur la croix : mon Dieu,
pourquoi m’as-tu abandonné ? (Matthieu 27, 46)
B) Du verset 23 au verset 24, Job souhaite que ce qu’il vit
ait un goût d’éternité, ce n’est pas sans rappeler ces
paroles de l’épître aux Hébreux : C'est lui qui, dans les
jours de sa chair, ayant présenté avec de grands cris et avec
larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le
sauver de la mort, et ayant été exaucé à cause de sa piété…
(Hébreux 5, 7).
sus a accompli ce souhait de Job, il a fait plus qu’éviter la
mort, il l’a vaincue ! En Jésus, notre désir d’éternité trouve
son accomplissement.
C) enfin du verset 25 à 27, il est clair que ce rédempteur qui
sauvera Job au-delà de la destruction ne peut pas ne pas
nous faire penser au Christ, lui qui intercède pour nous
dans les cieux (Romains 8, 34 ; Hébreux 7, 25) et qui a
traversé la mort en précurseur (Hébreux 6, 18-20).
Mais, l’allégorie peut aussi ici nous faire penser à Job
comme préfiguration du Christ dans la mesure où Job
pense quitter sa première peau pour contempler Dieu face
à face dans une chair renouvelée. Le Christ a vécu cela
mieux que tous les beaux discours, qui ne seront jamais des
prières. Tel a été en fait le problème des amis de Job…
2) sens tropologique orienté vers la vie intérieure
A) pour nous-mêmes :
Ce texte nous montre comme une métamorphose. Job se
décrit comme une larve espérant revêtir une nouvelle
chair, telle la chenille devenant un papillon.
Nous avons parfois les mêmes sentiments que Job qui
contemple les ruines de sa vie. Nous avons l’impression
que nos défauts ne partiront jamais, que nous retombons
toujours dans les mêmes erreurs. Nous nous sentons vidés,
comme prisonniers de nous-mêmes et / ou des
événements de la vie. A l’instar de Job, alors, nous nous
prenons à rêver que nos échecs et blessures intérieures ne
soient pas vains, qu’ils servent à quelque chose, nous
voulons donner sens à ce qui nous arrive (cf. Job qui veut
aux versets 23 et 24 voir ses paroles de souffrance gravées
dans le roc).
Le verset 25 nous donne la clé, il nous dit que le
rédempteur est comme le burin de fer qui permettra de
graver dans le roc, le psaume messianique 2 ne dit pas
autre chose, mais en d’autres termes :
" Je publierai le décret: Yahweh m'a dit: Tu es mon Fils, je
t'ai engendré aujourd'hui.
Demande, et je te donnerai les nations pour héritage, pour
domaine les extrémités de la terre.
Tu les briseras avec un sceptre de fer, tu les mettras en
pièces comme le vase du potier." Psaume 2, 7-9
Ici, le messie est vu non comme celui qui grave avec le fer, mais
comme celui qui détruit le péché avec le fer.
Le Christ par son Incarnation a non seulement pris sur lui
les souffrances et le péché de l’humanité (1 Pierre 2, 22-23
// Isaïe 53, 4-11), mais il a aussi porté et sauvé nos déserts
et nos souffrances intérieurs en s’Incarnant jusque dans les
profondeurs de nos cœurs, jusque dans les ténèbres de nos
inconscients (cf. Jésus qui guérit les possédés, la croix
plantée en notre terre + Romains 5, 5-10 ; Hébreux 2, 17-
18 ; Apocalypse 3, 20 ; Jean 14, 23). En régénérant nos
Corinthiens 15, 21-22 ; Hébreux 2, 14-15).
Pour l’auteur, Job espère uniquement un défenseur qui le
justifiera dans son épreuve terrestre.
Cela étant dit, nous souvenant que l’auteur en profondeur
des Ecritures n’est autre que l’Esprit Saint (1 Pierre 1, 20-
21), il est alors légitime de dépasser la pensée de l’auteur
humain du livre de Job et de voir dans le verset 25 une
allusion claire au Christ, et, aux versets 26-27, une allusion
à la résurrection de la chair. Je vous renvoie au
commentaire du deuxième livre des Maccabées, que nous
avons étudié auparavant, pour un historique de la
résurrection. Je voudrais seulement reprendre ce passage
de ce commentaire du deuxième livre des Maccabées en
lien avec la résurrection de la chair :
« De plus, nous apprenons avec cette vision du 3ème frère
qu’en quelque sorte, dans le Royaume du Christ, nous
aurons toujours nos membres, comprenons : nous serons
toujours nous-mêmes, conscients de ce qui nous arrive et
conscients de ce que nous sommes et de ce que nous vivons
(c’est ce qu’il faut entendre par résurrection de la chair, cf. ;
Job 19, 26).
Il n’est pas question dans le Paradis d’être des
marionnettes ou de perdre notre personnalité, nous vivrons
de la vie de Dieu de notre plein gré, en toute liberté. C’est,
soit dit en passant, à l’inverse de l’idée de réincarnation.
Mais avec le 4ème frère nous apprenons également que dans
le Paradis, il n’y aura pas d’Antiochus. Nous serons certes
conscients et libres, mais débarrassés de tout ce qui nous
limite, à commencer par le péché (1 Corinthiens 13, 12 ; 15,
50-53 ; 1 Jean 3, 2). Il est en effet tout à fait faux de penser
que nos défauts font partie intégrante de notre
personnalité, bien au contraire, ils limitent notre moi et
l’enferment. «
2) interprétation anagogique orientée vers la fin des
temps
A) Il suffit ici d’élargir la perspective du salut individuel avec
littéralement. Il est mort dans sa chair pour ressusciter
dans un corps de gloire (Jean 17, 5 ; Philippiens 3, 20-21).
Son rédempteur a été son Père qui l’a ressuscité par son
Esprit (Romains 8, 11).
Maintenant, Jésus, dans sa chair d’homme voit le Père face
à face à la droite duquel il est assis (Marc 16, 19 ; Actes 7,
55-56 ; Colossiens 3, 1 ; Hébreux 8, 1 ; 12, 2).
Dans cette allégorie où Jésus vit les souffrances de Job, non
plus comme un conte, mais dans sa vie de chair, nous
devons voir en lui un Dieu solidaire de nos souffrances, qui
n’est pas indifférent à ce qui nous arrive, mais qui vient
porter sur lui nos souffrances et surtout leurs
conséquences mortelles pour leur substituer sa vie, la vie
éternelle (Jean 3, 16 ; 10, 10-11 ; Galates 1, 3-4). Nous
sommes bien loin des questions qu’aurait soulevées une
interprétation littérale nous montrant un Dieu arbitraire
jouant avec nos malheurs !
Souvenons-nous de cette allégorie de Job qui nous montre
le Christ accomplissant littéralement les souffrances du
personnage littéraire et légendaire qu’est Job quand nous
sommes nous-mêmes empêtrés dans nos problèmes et nos
souffrances. Le Christ veut faire comme avec Job, il veut
vivre nos souffrances pour nous aider à les rendre moins
‘réelles’, c'est-à-dire moins blessantes. Ainsi, les
conséquences de ces problèmes et de ces souffrances sont
comme vaincues en Christ parce qu’il les a prises sur la
Croix pour leur enlever toute réalité sur nos vies.
B) Job peut également aux versets 23 et 24 représenter
l’Ancien Testament en quête d’achèvement et d’éternité.
L’Ancien Testament ne connaissait que très peu les réalités
des fins dernières, surtout avant et pendant l’exil (= la
période de rédaction de Job), il lui manquait quelque
chose, un nouveau souffle. C’est bien le rédempteur du
verset 25 qui apportera la réponse en la personne du Christ
(Matthieu 3, 11) et de son message prolongé dans tout le
Nouveau Testament. Avec la Nouvelle Alliance, un nouveau
souffle est donné (Jérémie 31, 31-34 ; Ezéchiel 36, 26-27),
c’est bien le Christ comme centre des Ecritures qui donne à
la Parole de brûler nos cœurs (Luc 24, 27.32). Nous avons
intérieurs, il nous transforme de l’intérieur et comme Job,
une fois régénérés, nous pourrons dire : ‘Et après qu’on
aura détruit cette peau qui est mienne le vieil homme-,
c’est bien dans ma chair –le nouvel homme- que je
contemplerai Dieu.’ (Jérémie 31, 33 ; 2 Corinthiens 4, 16 ;
Ephésiens 4, 22-24).
B) pour les autres :
Ce que nous venons de dire pour nous-mêmes est valable
pour les autres. Cette transformation que le Christ peut
faire en nous, il peut le faire chez ceux pour qui nous
prions. Lui seul peut changer efficacement et durablement
les autres. En conséquence, il nous est demandé de
prendre le burin de l’intercession et de la patience aimante
en lieu et place de la hache de nos jugements trop rapides
(Luc 6, 41-42 ; Romains 12, 17-21 ; 1 Corinthiens 4, 5).
Nous pouvons également voir dans la complainte de Job du
verset 7 au verset 22, le cri profond du moi véritable de nos
contemporains (Ecclésiaste 3, 11) qui, sourds à ce moi
profond, rejettent Dieu, ou plutôt le refoulent, en se jetant
à corps perdu dans l’activisme ou les plaisirs passagers
(Ephésiens 4, 14). De temps à autre, tel l’alcoolique se
réveillant avec la gueule de bois, nos contemporains
éprouvent un grand vide que Dieu seul peut combler, c’est
alors que, tel Job, ils pourraient faire leur ses paroles et
même souhaiter un sauveur qui donnerait sens à leur vie et
à leur vide (cf. versets 24 et 25). Par nos prières et notre
amour, nous pouvons orienter leur recherche, relayant ce
cri de leur moi profond, vers le seul vrai Rédempteur (Jean
14, 6), nous serons alors comme l’étoile guidant les mages
(Matthieu 2, 2.9-10 ; Marc 9, 28-29). Sans notre
intercession et notre amour, nos contemporains se
tourneront vers n’importe quelles idoles pour combler ce
vide, qui ne pourra que se rouvrir, à l’image d’une plaie
jamais cicatrisée.
la résurrection dite ‘particulière’ au salut de l’humanité
tout entière. L’Apocalypse parle d’un nouveau ciel et d’une
nouvelle terre (Apocalypse 21, 1), Paul parle d’une possible
rédemption de l’univers (Romains 8, 19-23) ; par là, la Bible
nous enseigne que la vie après la fin du monde sera
différente, certes, mais, les valeurs positives d’amour, de
relations, etc… qui existaient déjà dans ce monde ne
disparaîtront pas, elles seront purifiées, élevées et grandies
aux dimensions du Dieu Trinité, amour relationnelle par
excellence.
B) Signalons enfin, qu’à l’image de Job, nous sommes
appelés à donner sens à ce qui arrive en ce monde (où le
mal semble l’emporter, conséquence du rejet de Dieu), en
nous tournant vers le Rédempteur qui, seul, peut
transformer ce monde de l’intérieur (cf. interprétation
tropologique, mais élargie à l’échelle de la société). Cela
demande une véritable réorientation de l’attitude de
l’Eglise qui doit donc être plus priante, soutenue par une
espérance renouvelée en la victoire finale du Rédempteur,
au lieu d’un découragement qui pousse à adopter parfois la
stratégie du compromis, de la peur et d’une certaine
démagogie qui peut aller jusqu’à l’édulcoration du message
évangélique ! L’Eglise, c'est-à-dire nous, ne doit pas avoir
un esprit de timidité (2 Timothée 1, 7-8), mais être fière de
son Sauveur et Rédempteur, fierté qui doit la pousser à
plus de patience et d’amour, certes, mais aussi à plus de
lucidité, lucidité qui doit trouver son aboutissement dans
une intercession fervente pour ce monde qu’il ne faut pas
craindre d’appeler pécheur (Actes 2, 40 ; 1 Jean 5, 19).
Cette intercession doit également se prolonger dans une
charité toujours plus active, nourrie de l’espérance que ces
armes de la Croix que sont la prière et l’amour - finiront
par l’emporter avec le retour du Christ. N’oublions pas bien
sûr le courage d’évangéliser, qui ne doit pas céder la place
à la lâcheté de taire son espérance se cachant pour cela
derrière toutes les bonnes raisons du monde (prosélytisme,
peur de s’imposer, relativisme par rapport aux autres
religions, etc…). A ce sujet je vous conseille cette lecture du
Pape Paul VI :
là, soit dit en passant, un rappel que seul le Christ est la clé
pour donner son plein sens aux Ecritures, c’est d’ailleurs
tout le but de l’interprétation typologique, branche de
l’interprétation allégorique.
« Cette ferveur exige tout d’abord que nous sachions nous
soustraire aux alibis qui peuvent nous détourner de
l’évangélisation. Les plus insidieux sont certainement ceux
pour lesquels l’on prétend trouver appui dans tel ou tel
enseignement du Concile.
C’est ainsi qu’on entend dire trop souvent, sous diverses
formes : imposer une vérité, fût-elle celle de l’Evangile,
imposer une voie, fût-elle celle du salut, ne peut être
qu’une violence à la liberté religieuse. Du reste, ajoute-t-
on, pourquoi annoncer l’Evangile puisque tout le monde
est sauvé par la droiture du coeur ? L’on sait bien d’ailleurs
que le monde et l’histoire sont remplis de “ semences vu
Verbe ” : n’est-ce pas une illusion de prétendre porter
l’Evangile là où il est déjà dans ces semences que le
Seigneur lui-même y a jetées ?
Quiconque se donne la peine d’approfondir, dans les
documents conciliaires, les questions que ces alibis y
puisent trop superficiellement, trouvera une toute autre
vision de la réalité.
Ce serait certes une erreur d’imposer quoi que ce soit à la
conscience de nos frères. Mais c’est tout autre chose de
proposer à cette conscience la vérité évangélique et le
salut en Jésus-Christ en pleine clarté et dans le respect
absolu des options libres qu’elle fera en évitant “ toute
forme d’agissements qui ont un relent de coercition, de
persuasion malhonnête ou peu loyale - loin d’être un
attentat à la liberté religieuse, c’est un hommage à cette
liberté à laquelle est offert le choix d’une voie que même
les non croyants estiment noble et exaltante. Est-ce donc
un crime contre la liberté d’autrui que de proclamer dans
la joie une Bonne Nouvelle que l’on vient d’apprendre par
la miséricorde du Seigneur ? Et pourquoi seuls le
mensonge et l’erreur, la dégradation et la pornographie,
auraient-ils le droit d’être proposés et souvent, hélas,
imposés par la propagande destructive des mass media,
par la tolérance des législations, par la peur des bons et la
hardiesse des méchants ? Cette façon respectueuse de
proposer le Christ et son Royaume, plus qu’un droit, est un
devoir de l’évangélisateur. Et s’est aussi un droit des
hommes ses frères de recevoir de lui l’annonce de la
Bonne Nouvelle du salut. «
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