littéralement. Il est mort dans sa chair pour ressusciter
dans un corps de gloire (Jean 17, 5 ; Philippiens 3, 20-21).
Son rédempteur a été son Père qui l’a ressuscité par son
Esprit (Romains 8, 11).
Maintenant, Jésus, dans sa chair d’homme voit le Père face
à face à la droite duquel il est assis (Marc 16, 19 ; Actes 7,
55-56 ; Colossiens 3, 1 ; Hébreux 8, 1 ; 12, 2).
Dans cette allégorie où Jésus vit les souffrances de Job, non
plus comme un conte, mais dans sa vie de chair, nous
devons voir en lui un Dieu solidaire de nos souffrances, qui
n’est pas indifférent à ce qui nous arrive, mais qui vient
porter sur lui nos souffrances et surtout leurs
conséquences mortelles pour leur substituer sa vie, la vie
éternelle (Jean 3, 16 ; 10, 10-11 ; Galates 1, 3-4). Nous
sommes bien loin des questions qu’aurait soulevées une
interprétation littérale nous montrant un Dieu arbitraire
jouant avec nos malheurs !
Souvenons-nous de cette allégorie de Job qui nous montre
le Christ accomplissant littéralement les souffrances du
personnage littéraire et légendaire qu’est Job quand nous
sommes nous-mêmes empêtrés dans nos problèmes et nos
souffrances. Le Christ veut faire comme avec Job, il veut
vivre nos souffrances pour nous aider à les rendre moins
‘réelles’, c'est-à-dire moins blessantes. Ainsi, les
conséquences de ces problèmes et de ces souffrances sont
comme vaincues en Christ parce qu’il les a prises sur la
Croix pour leur enlever toute réalité sur nos vies.
B) Job peut également aux versets 23 et 24 représenter
l’Ancien Testament en quête d’achèvement et d’éternité.
L’Ancien Testament ne connaissait que très peu les réalités
des fins dernières, surtout avant et pendant l’exil (= la
période de rédaction de Job), il lui manquait quelque
chose, un nouveau souffle. C’est bien le rédempteur du
verset 25 qui apportera la réponse en la personne du Christ
(Matthieu 3, 11) et de son message prolongé dans tout le
Nouveau Testament. Avec la Nouvelle Alliance, un nouveau
souffle est donné (Jérémie 31, 31-34 ; Ezéchiel 36, 26-27),
c’est bien le Christ comme centre des Ecritures qui donne à
la Parole de brûler nos cœurs (Luc 24, 27.32). Nous avons
intérieurs, il nous transforme de l’intérieur et comme Job,
une fois régénérés, nous pourrons dire : ‘Et après qu’on
aura détruit cette peau qui est mienne –le vieil homme-,
c’est bien dans ma chair –le nouvel homme- que je
contemplerai Dieu.’ (Jérémie 31, 33 ; 2 Corinthiens 4, 16 ;
Ephésiens 4, 22-24).
B) pour les autres :
Ce que nous venons de dire pour nous-mêmes est valable
pour les autres. Cette transformation que le Christ peut
faire en nous, il peut le faire chez ceux pour qui nous
prions. Lui seul peut changer efficacement et durablement
les autres. En conséquence, il nous est demandé de
prendre le burin de l’intercession et de la patience aimante
en lieu et place de la hache de nos jugements trop rapides
(Luc 6, 41-42 ; Romains 12, 17-21 ; 1 Corinthiens 4, 5).
Nous pouvons également voir dans la complainte de Job du
verset 7 au verset 22, le cri profond du moi véritable de nos
contemporains (Ecclésiaste 3, 11) qui, sourds à ce moi
profond, rejettent Dieu, ou plutôt le refoulent, en se jetant
à corps perdu dans l’activisme ou les plaisirs passagers
(Ephésiens 4, 14). De temps à autre, tel l’alcoolique se
réveillant avec la gueule de bois, nos contemporains
éprouvent un grand vide que Dieu seul peut combler, c’est
alors que, tel Job, ils pourraient faire leur ses paroles et
même souhaiter un sauveur qui donnerait sens à leur vie et
à leur vide (cf. versets 24 et 25). Par nos prières et notre
amour, nous pouvons orienter leur recherche, relayant ce
cri de leur moi profond, vers le seul vrai Rédempteur (Jean
14, 6), nous serons alors comme l’étoile guidant les mages
(Matthieu 2, 2.9-10 ; Marc 9, 28-29). Sans notre
intercession et notre amour, nos contemporains se
tourneront vers n’importe quelles idoles pour combler ce
vide, qui ne pourra que se rouvrir, à l’image d’une plaie
jamais cicatrisée.
la résurrection dite ‘particulière’ au salut de l’humanité
tout entière. L’Apocalypse parle d’un nouveau ciel et d’une
nouvelle terre (Apocalypse 21, 1), Paul parle d’une possible
rédemption de l’univers (Romains 8, 19-23) ; par là, la Bible
nous enseigne que la vie après la fin du monde sera
différente, certes, mais, les valeurs positives d’amour, de
relations, etc… qui existaient déjà dans ce monde ne
disparaîtront pas, elles seront purifiées, élevées et grandies
aux dimensions du Dieu Trinité, amour relationnelle par
excellence.
B) Signalons enfin, qu’à l’image de Job, nous sommes
appelés à donner sens à ce qui arrive en ce monde (où le
mal semble l’emporter, conséquence du rejet de Dieu), en
nous tournant vers le Rédempteur qui, seul, peut
transformer ce monde de l’intérieur (cf. interprétation
tropologique, mais élargie à l’échelle de la société). Cela
demande une véritable réorientation de l’attitude de
l’Eglise qui doit donc être plus priante, soutenue par une
espérance renouvelée en la victoire finale du Rédempteur,
au lieu d’un découragement qui pousse à adopter parfois la
stratégie du compromis, de la peur et d’une certaine
démagogie qui peut aller jusqu’à l’édulcoration du message
évangélique ! L’Eglise, c'est-à-dire nous, ne doit pas avoir
un esprit de timidité (2 Timothée 1, 7-8), mais être fière de
son Sauveur et Rédempteur, fierté qui doit la pousser à
plus de patience et d’amour, certes, mais aussi à plus de
lucidité, lucidité qui doit trouver son aboutissement dans
une intercession fervente pour ce monde qu’il ne faut pas
craindre d’appeler ‘pécheur’ (Actes 2, 40 ; 1 Jean 5, 19).
Cette intercession doit également se prolonger dans une
charité toujours plus active, nourrie de l’espérance que ces
armes de la Croix – que sont la prière et l’amour - finiront
par l’emporter avec le retour du Christ. N’oublions pas bien
sûr le courage d’évangéliser, qui ne doit pas céder la place
à la lâcheté de taire son espérance se cachant pour cela
derrière toutes les bonnes raisons du monde (prosélytisme,
peur de s’imposer, relativisme par rapport aux autres
religions, etc…). A ce sujet je vous conseille cette lecture du
Pape Paul VI :