Séminaire 2004 de l’Ecole Doctorale RP2E « Ingénierie des Ressources, Procédés, Produits et Environnement »,
Nancy, 15 janvier 2004– ISBN 2-9518564-2-3
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Les fonctions patrimoniales et agronomiques sont des fonctions que l’on pourrait
qualifier d’anthropocentriques. En effet, elles n’ont de sens que parce que l’homme agit
sur son environnement, or la biodiversité n’est-elle pas, en premier lieu, l’élément qui
assure la présence de la vie ? La biodiversité a donc une fonction écologique. La
biodiversité permet l’existence des réseaux trophiques, de même, elle participe aux
cycles biogéochimiques. De plus, un écosystème, s’il ne subit pas constamment des
stress, évolue dans son organisation. Par exemple, une prairie laissée à l’abandon
évoluera en friche, puis une strate arbustive apparaîtra pour évoluer vers une forêt. Cette
évolution est la dynamique des écosystèmes.
2.2. Des variables pertinentes
Les différentes fonctions assurées par la biodiversité ne sont pas toujours directement
mesurables. Pour ce faire, des variables mesurables facilement, reliées à ces fonctions,
sont recherchées dans la bibliographie. Ces variables doivent être également sensibles
aux modifications de leur environnement. Autrement dit, elles doivent rendre compte de
l’influence des pratiques agricoles. Afin d’éviter toute confusion avec la notion d’espèce
indicatrice et d’indicateur, ces éléments mesurables sont appelés variables pertinentes.
L’une des variables pertinentes fondamentales permettant de relier les pratiques
agricoles aux fonctions de la biodiversité est la diversité spécifique ; ainsi que les
indices qui en découlent comme l’indice de Shannon. La mesure de la diversité
spécifique reste cependant coûteuse en temps et en argent. Duelli et Obrist [14] ont
montré que le suivi de certains taxons comme les Heteroptera, les Hymenoptera, et
même la diversité floristique, permettent d’estimer la diversité en arthropodes dans
différentes surfaces agricoles avec un gain de temps par rapport à d’autres taxons
comme les Carabidae. En effet, les Carabidae sont des insectes d’un grand intérêt
agronomique car ils sont prédateurs de plusieurs espèces nuisibles comme les limaces.
Ce sont également des espèces très sensibles à leur environnement. L’intérêt
scientifique pour ce taxon est tel, que Kromp leur a consacré une synthèse entière [14].
D’autres études comme celles de Jeanneret et al. montrent que la présence de certains
taxons d’arthropodes (Carabidae, Aranae et Lepidoptera) s’explique par les
caractéristiques de l’habitat et du paysage [15, 16]. Les structures non productives,
tels que les haies, les bandes enherbés, les chemins et les zones humides, en
représentent des éléments importants. La majorité de ces caractéristiques est issue de
saisies des zones étudiées par Système d’Information Géographique (SIG).
Les espèces « amirales », « parapluie », « clefs » sont des espèces particulières qui
peuvent être utilisées comme variables pertinentes. Les espèces bien connues du grand
public sont appelées espèces « amirales » (flagship species). Elles sont utilisées pour la
vulgarisation de travaux scientifiques. Par contre, les espèces « parapluie » et les
espèces « clefs » ont des caractéristiques écologiques précises. Les espèces
« parapluie » (umbrella species) sont des espèces ayant besoin de grands espaces. Leur
protection permet donc la sauvegarde de nombreuses autres espèces et d’habitats. Le
Grand Téras est considéré comme une espèce « parapluie ». Les espèces « clefs »
(keystone species) ont un rôle fondamental pour la présence d’autres espèces, voir dans
le fonctionnement d’un écosystème. Des espèces comme le castor ou les piverts sont
des espèces « clefs ». En effet, la contruction de barrages par les castors modifie
l’environnement et permet la présence d’espèces adaptées (faune et flore aquatiques, de
berge), tandis que les cavités créées dans les arbres par les espèces de pivert sert de nid
pour d’autres espèces d’oiseaux. Dans un contexte agricole, les Carabidae sont