Les arbres de la forêt Les feuillus couvrent les deux tiers des forêts de France métropolitaine, les conifères occupent le tiers restant. Au sein de ces deux grandes familles, chaque arbre possède ses particularités et sa petite histoire. Mais savez-vous tous les reconnaître ? Les feuillus Chez nous ils perdent presque tous leurs feuilles l’hiver, pourtant on les appelle les « feuillus ». Du chêne au hêtre, en passant par l’érable, ce sont les rois de nos forêts. Laissons-les se présenter. L’Alisier Je suis un fruitier grand et fort, à la chair réputée pour réaliser des placages décoratifs. Un fruitier de forêt Je suis l'alisier, de mon nom latin Sorbus torminalis. Vous voulez que je vous présente ma famille ? C'est celle des Rosacées, tout comme le poirier et le pommier sauvages, le cerisier à grappes et le merisier. De croissance assez lente, je ne suis pas très grand : pas plus de 25 m. Mon tour de tronc est en moyenne de 2,3 m. Mes branches sont étalées et ma cime largement ovale et fournie. Essence caduque, de demi-ombre, je m'enracine profondément dans les sols limoneux, meubles, généralement riches en calcaire. Adepte de bois et des basses altitudes, je suis présent dans une grande partie de la France, mais souvent de façon éparse, et associé à des hêtres, des frênes ou des chênes. Mon écorce et mon bois Mon bois, blanc rosé, est lourd, homogène et très élastique. Il est utilisé pour fabriquer des pièces d’ébenisterie ou de machines, des instruments de musique, des gravures et des sculptures. Débité en feuilles ou en placage, il habille de grands panneaux décoratifs. Des feuilles en forme de grenouilles aplaties Je porte des feuilles au profil original, qui ne ressemble à aucun autre. Dentées, largement ovales, elles sont formées de trois à cinq paires de lobes profonds : une première paire de lobes très pointus et triangulaires à la base, les paires suivantes plus larges et de plus en plus courtes. Mes feuilles mesurent environ 10 cm de long et presque autant de large. D’un vert foncé et brillant sur le dessus, elles sont plus pâles et velues sur le dessous. A la fin de l'été, elles virent au jaune, brun ou cramoisi. Leur pétiole est cannelé, un peu velu lui aussi. En mai-juin, je fleuris : de petites fleurs blanches bisexuées d’environ 1,2 cm de large portées par un pédicelle laineux et insérées sur la tige à des niveaux différents. Ma pollinisation est assurée par les insectes. Mes brunes alises, des fruits recherchés par les oiseaux Ce sont des baies globuleuses grosses d’environ 1,5 cm qui, en mûrissant, passent du vert-brun à un brun ponctué de clair, en passant par le rouge orangé. Ils peuvent être mangés, mais seulement lorsqu’ils sont trop mûrs et commencent à se décomposer. Je me reproduis souvent par drageonnement, grâce aux rejets qui s’élèvent de mes racines. Le charme Compagnon du chêne sessile et du hêtre, on me distingue facilement au milieu des autres arbres par mon tronc cannelé, comme formé de muscles longs et légèrement sinueux. Je suis un arbre de taillis Je suis le charme, Carpinus betulus pour les savants. J'appartiens à la famille des Bétulacées, comme l'Aulne, le Bouleau et le Noisetier. J'apprécie les sols neutres, assez riches, argileux et frais mais je redoute les humus acides et les sols marécageux. Après le Hêtre et le Chêne, je suis l'arbre à feuilles caduques le plus abondant de France, surtout dans les plaines et sur les plateaux du Nord et de l'Est, où je constitue la base des taillis. Je suis également souvent utilisé pour former des haies taillées, les charmilles. De faible longévité, je ne vis en moyenne que jusqu’à 150 ans. Je m'élève peu en montagne (1100 m). Le charme d’Adam, le charme à dents Mon tronc droit, d'environ 0,50 m de diamètre se dresse jusqu'à ma cime ovoïde, plutôt étroite, formée de nombreuses branches longues et grêles. Mes branches portent mes feuilles caduques, simples, en position alterne, par un court pétiole, souvent rougeâtre. Longues de 5 à 12 cm, large de 3 à 6, celles-ci présentent une forme allongée, ovoïde, à nervures latérales en principe non ramifiées et sont doublement dentées. Le savez-vous ? La présence de dents sur mes bords de feuilles permet de me différencier du hêtre Vert tendre ou vert sombre sur leur face supérieures, elles arborent une teinte plus pâle en dessous. Caractéristique, leur aspect « gaufré » ressort d'autant plus chez les jeunes pousses. Elles sont marcescentes : elles sèchent sur l'arbre avant de tomber quand les nouvelles feuilles poussent. Des fruits volants Je suis une espèce monoïque, mes chatons mâles, cylindriques, sont verdâtres et pendants. Ils apparaissent dès l'automne, portés par les rameaux de l'année précédente. Mes inflorescences femelles pendent discrètement à l'extrémité de la pousse annuelle, produites en même temps que les feuilles. Le châtaignier Hum, de bons marrons grillés… Sauf que mon nom est châtaignier et que mes fruits dont vous vous délectez en hiver sont en fait des châtaignes ! Cette petite précision effectuée, je peux vous raconter qui je suis. De nom latin Castanea sativa, je suis membre de la famille des Fagacées, comme le Hêtre et le Chêne. Castanea viendrait du grec kastanon, faisant référence à une ville du même nom en Thessalie, renommée dans l'Antiquité pour la qualité des châtaignes qu'on y récoltait. Sativa signifie cultivé. Originaire d'Europe méridionale et orientale, je couvre globalement environ 1,5% de la forêt française. Répandu par l'homme Essence de lumière ou demi-ombre, je peux me contenter de sols pauvres, acides ou sableux. Cependant, je crains les grands froids et les sols calcaires. La Bretagne et le Massif Central correspondent à mes attentes et j'y suis très présent. Je m'associe au Pin sylvestre et au Chêne sessile, mais j'apprécie surtout de me retrouver avec mes semblables. Je suis un bon moyen de protection contre les incendies. Je prospère en moyenne montagne (800 m), parfois jusqu'à 1000 m d'altitude. C'est l'homme qui m'a étalé sur le territoire français à partir du littoral méditerranéen. Je suis aussi fréquemment planté dans les parcs publics ou utilisé pour former des haies à recépage facile. Une exceptionnelle longévité ! Un de mes records est ma longévité ! J'atteins les 500 à 1.000 ans et il existe même en Sicile, sur une pente de l'Etna, un châtaignier colossal de 62 mètres de circonférence, âgé d'environ 3.000 ans. Mon tour de tronc voisine facilement avec les 10 m et je monte jusqu'à 35 m de haut : impressionnant, non ? Quant à mes rameaux, ils poussent de manière tortueuse, participant ainsi à l'impression de puissance que je dégage. Mon écorce brune est d'abord lisse, puis se crevasse en spirale, au fil des ans. Comme la plupart des feuillus, je suis un Dicotylédone : à l'état embryon, dans la graine, je possède deux cotylédons, des lobes foliacés qui me servent de réserves. Mes grandes feuilles (jusqu'à 20 cm) sont disposées de façon alternée sur mes branches, pétiolées, coriaces et bordées de grosses dents pointues. De vert luisant, elles passent à l'automne par un beau jaune éphémère avant de virer au marron. Marcescentes, elles se dessèchent sur mes branches avant de tomber en hiver. Vous connaissez bien mes bogues épineuses Dès mes 20 ans, je fleuris. Mes fleurs apparaissent en juin-juillet. Comme mes chatons mâles et femelles ne sont pas mûrs en même temps, il ne peut y avoir d'auto-fécondation. Ce sont le vent et les insectes qui s'en chargent en transportant le pollen. En octobre, mes bogues épineuses abritent chacune trois châtaignes. D'un diamètre de 6 cm, elles sont recouvertes d'épines et s'ouvrent en 4 parties. C'est entre 40 et 60 ans que j'en produis le plus ! Lorsque les châtaignes tombent au sol, vers octobre-novembre, elles sont disséminées par des animaux (rongeurs, geais) : ils les enterrent pour se faire un garde-manger pour l'hiver. Mais, oubliant parfois où ils ont caché leurs réserves, ils offrent une chance aux graines de germer, une fois le printemps arrivé. De la farine à la charpente, en passant par les castagnettes De croissance rapide, je repousse facilement après la coupe et produis des tiges régulières et faciles d'emploi. Mon bois brun clair servait autrefois à la tonnellerie et en bois de mine. Actuellement, je suis utilisé, en menuiserie, petite charpente, piquets et également pour la couverture de bâtiments sous la forme de lauzes de châtaigniers. Parfois atteint par le défaut de roulure (les cernes se décollent), je ne puis alors être utilisé pour des poutres de grande section. Pourtant mes poutres chassent les araignées ! J'ai fait l'objet de nombreuses autres utilisations : riche en tanins (5 à 8%), j'ai été très largement exploité pour cette raison, surtout dans la région lyonnaise au XIXe siècle ; les castagnettes sont faites de mon bois ; mes feuilles servent parfois à parfumer et emballer le fromage de chèvre ; autrefois utilisées comme farine, mes châtaignes sont désormais surtout appréciées en confiserie pour les « marrons » glacés. Quant au miel tiré de mes fleurs, il est foncé et de goût prononcé. Le chêne Je suis du genre Quercus, qui viendrait du celte « kaerquez », « bel arbre », et me décline en plusieurs espèces : chêne pédonculé et chêne sessile ou rouvre en France ; mais aussi chêne vert, chêne liège, chêne chevelu, chêne blanc. Qui mieux que moi symbolise la force et la majesté ? De 40 m de hauteur, de tronc droit et puissant – jusqu’à 2 m de diamètre, voyez-un peu la chose – une longévité qui se compte en centaines d’années, des racines profondes et des branches massives et tortueuses, mon nom est Chêne ! Je suis tellement impressionnant que mon nom grec, dru, signifie "arbre", rien que ça ! Tout comme le Châtaignier et le Hêtre, j'appartiens à la famille des Fagacées, du grec phago, "manger", en référence à mes glands comestibles. J'aime la lumière En France, je recouvre 40% des forêts. C'est sous ma forme "Chêne pédonculé" que je suis le plus connu, le plus typique des forêts françaises, même si je suis absent des Alpes du Sud et du pourtour méditerranéen. J'aime les climats très lumineux et ne supporte pas le couvert ! Je m'installe ainsi en lisère ou en haie, sur des sols compacts, profonds, frais et humides. Au dessus de 500 m, je ne pousse plus. Associés au Hêtre, nous formons des chênaies-hêtraies. Zoom : la forêt de Tronçais En 1669, pour répondre aux besoins du pays en bois de marine, Colbert entreprit un vaste programme de plantation de chêne rouvre : il en reste de belles forêts comme celle de Tronçais. Un feuillage ajouré Mes feuilles simples, alternes, mesurent de 7 à 13 cm de long et présentent un découpage en cinq à sept lobes si caractéristiques : arrondis asymétriques, séparés par des sinus relativement profonds. Elles arborent une couleur vert foncé sur le dessus et une coloration plus pâle en dessous. La base de leur limbe est étroite et comporte deux petits lobes en oreillettes. Mon feuillage ajouré permet le passage de la lumière, favorisant le développement des semis et d'un sous-bois arbustif. En hiver, mes feuilles se dessèchent avant de tomber (feuilles marcescentes comme les membres des Fagacées en général), contrairement à celles du Chêne liège et du Chêne vert. Sur un pied d'égalité Côté reproduction, je suis monoïque : je porte mes fleurs mâles et femelles sur un même pied. Mes chatons mâles, longs et jaunâtres, pendants, croissent de fin avril à mai, à l'extrémité de ma pousse annuelle. Tandis que mes chatons femelles, minuscules, sont placés dans une cupule à l'extrémité d'un long pédoncule. Ils apparaissent sur mes pousses annuelles, peu de temps après la feuillaison. Les fruits qui résultent de la fécondation sont des glands ovoïdes allongés, de 1,5 à 3 cm de long, groupés sur un long pédoncule (d'où mon nom). Une cupule écailleuse les couvre sur un tiers. La fructification a lieu en septembre et octobre. Comme la plupart des feuillus, je suis un Dicotylédone : à l'état embryon, dans la graine, je possède deux cotylédons, des lobes foliacés qui me servent de réserves. Mon écorce Mon écorce grise, lisse dans les premières années, se creuse de sillons longitudinaux roses et ocres de plus en plus profonds à partir de 20 ou 30 ans. Un bois dur et durable Mon bois est souple quand il est frais, dur en vieillissant, empêchant ainsi les vers de s'y loger. Il est d'ailleurs le plus dur et le plus durable des bois européens. Il est donc utilisé pour la charpente, les traverses de chemin de fer et bien sûr pour l'ébénisterie et la sculpture. Mon bois est aussi très dense et très lourd, avec une densité supérieure à 1 tonne par m3. Mis en œuvre sous l'eau, ma durabilité est presque illimitée. Idéal pour des pilotis ! Comme il résiste bien à l'eau, le bois de mes branches courbes était très utilisé pour la construction navale. Mon bois sert aussi à faire des tonneaux, une utilisation due à la qualité de mes bois de merrains et à la présence de tanin. Pour la même raison, mon écorce est utilisée pour tanner le cuir. Côté alimentation, mes glands riches en amidon servaient à engraisser les porcs. Tandis que torréfié, ils peuvent être un substitut de café. L’érable Symbole du Canada, ma feuille est bien reconnaissable : je suis l’érable. Ou plutôt, nous sommes les érables. Tous du genre Acer, seul représentant de la famille des Acéracées (acer signifie dur en latin), nous nous déclinons en plusieurs espèces, environ 150 ! Symbole du Canada, ma feuille est bien reconnaissable : je suis l'Erable. Ou plutôt, nous sommes les érables. Tous du genre Acer, seul représentant de la famille des Acéracées (acer signifie dur en latin), nous nous déclinons en plusieurs espèces, environ 150 ! Comme la plupart des feuillus, nous sommes des Dicotylédones : à l'état embryon, dans la graine, nous possédons deux cotylédons, des lobes foliacés qui servent de réserves nutritives. Autant en emporte le vent Quelle que soit notre espèce, notre feuillage est caduc. Nos feuilles sont toujours opposées, en disposition décussée, c'est-à-dire que deux paires se suivent en tournant à angle droit. Nous fleurissons généralement à la fin de l'hiver ou au début du printemps. Nos fruits sont des samares - fruit sec indéhiscent muni d'une excroissance en forme d'aile membraneuse - doubles en hélice. Grâce à cette forme, les graines peuvent ainsi être transportées sur des distances considérables par le vent. L'angle d'assemblage des 2 samares caractérise chaque espèce. Petit topo sur quelques-uns d'entre nous : l'Erable champêtre, Acer campestre, originaire d'Europe et d'Asie centrale, est souvent planté en haies. Petit arbre de 12 à 15 m, il peut cependant atteindre les 25 m de haut en forêt. Ses samares ont leurs deux ailes rétrécies à la base l'Erable de Montpellier, Acer monspessulanum, abonde en France dans le Languedoc et la Provence. Il porte une couronne en forme de dôme, très largement branchu l'Erable à sucre, Acer saccharum, ne se trouve qu'en parc. Sa sève recueillie au printemps à la monte de la sève donne les délicieux sucre et sirop... d'érable les espèces japonaises sont de magnifiques petits arbres qui offrent à leurs admirateurs de très belles couleurs automnales et leur silhouette délicate, due à leurs branches sinueuses. Erable, platane et sycomore Quelle pagaille entre les érables, les platanes et les sycomores : comment faire le tri entre l'Erable-platane, l'Erable sycomore et l'Erable faux-platane ? Il y a de quoi y perdre son latin ! Mais justement, pour éviter la confusion, mieux vaut se référer à leur nom latin. Ainsi l'Erable faux-platane et l'Erable sycomore sont un seul et même arbre, le géant de la famille d'ailleurs (plus de 30 m) : Acer pseudoplatanus. Pourquoi le nom de sycomore ? Parce que ses feuilles ressemblent à celles d'un figuier, qui se dit sykon en grec. Elles sont arrondies et formées de 5 lobes. Son bois est utilisé pour la fabrication de meubles, d'ustensiles de cuisine, en ébénisterie et en menuiserie. Chez certains individus, il est parcouru de fibres ondulées très recherchées pour les placages et la lutherie. Pour compliquer la chose - ou l'expliquer - en Amérique du Nord, le nom vernaculaire du genre Platanus est Sycamore... Quant à l'Erable-platane, Acer platanoides, il est communément appelé Erable plane et même Erable faux sycomore ! Ce sont ses feuilles, pourvues de 5 à 7 lobes aux dents aiguës terminés en pointe fine, qui ressemblent à celles du platane ! Une des caractéristiques : l'angle obtus formé par les ailes de ses samares. Ces fleurs jaune verdâtre vif apparaissent avant les feuilles, en inflorescences dressées de 20 à 40 fleurs. Erables sycomore et érables planes sont considérés par les forestiers comme des feuillus précieux. Le frêne Membre de la famille des Oléacées, je suis l'un des plus grands feuillus européens. Fraxinus excelsior en latin et en français frêne commun, grand frêne, frêne élevé, langue d'oiseau. Mon nom de genre Fraxinus vient du mot "lance" en latin car c'est à partir de mon bois qu'étaient faites les lances des soldats. Exelsior signifie grand, élevé, élancé. Je recherche l'humidité Adeptes des sols frais et plutôt humides, je suis souvent le long des cours d'eau. On me trouve partout en France, sauf dans le Sud-Est. Ma préférence va cependant au Nord-Picardie, à la Champagne, aux Ardennes et à la Franche-Comté. Je peux vivre en montagne jusqu'à 1500 m, mais je crains les froids tardifs. Je suis une essence pionnière Essence pionnière, je colonise tous les espaces, même ceux qui ne me conviennent pas a priori. En association avec le Chêne, je forme des futaies appelées "chênaies-frênaies". De silhouette élancée, j'atteins facilement les 40 m de haut. En forêt, je suis plutôt du style grande perche : étroit et allongé, mais si j'ai de l'espace, comme lorsque je suis isolé, j'étends ma ramure qui sera alors peu serrée. En hiver, je suis couronné par une cime équilibrée en forme de voûte. Quand je suis jeune, l'écorce de mon tronc est lisse, gris clair, mouchetée de lenticelles blanchâtres. En vieillissant, elle se crevasse de profondes gerçures. Des feuilles composées Un peu paresseux, je suis l'un des derniers arbres à émettre mes feuilles lancéolées vert foncé. Elles apparaissent même après mes fleurs ! Elles poussent de façon opposée, à angles droits avec la paire précédente et sont des composées : une feuille est en fait composée de 7 à 15 autres petites feuilles appelées folioles. Trapus et noueux, mes rameaux portent de gros bourgeons noirs, légèrement veloutés et opposés. Ces derniers sont très caractéristiques. Des fruits ailés Pour la reproduction, je préfère que chacun porte ses fleurs : un arbre mâle d'un côté, un arbre femelle de l'autre. Mais certains jouent les originaux et sont hermaphrodites. Très simples, sans calice ni corolle, mes fleurs comportent seulement deux étamines ou un stigmate bifide. Les fruits sont des samares - fruit sec indéhiscent muni d'une excroissance en forme d'aile membraneuse - simples allongées et aplaties, disposées en grappes pendantes. Elles sont appelées "langues d'oiseau". a forme ailée de mes fruits leur permet d'être disséminés par le vent. Un bois flexible et résistant Dur mais souple, mon bois est facile à travailler et prend bien les couleurs, le cérusage et les vernis. Flexible et de grande résistance, il est utilisé en ébénisterie, en menuiserie et pour de nombreux articles de sport. Très bon bois de feu, il se fend aisément. Il était utilisé autrefois pour le charronnage. Feuilles et écorce sont utilisées en pharmacie pour leurs propriétés anti-inflammatoires et diurétiques. Egalement fébrifuge, je suis surnommé le "quinquina d'Europe" Le hêtre Certains m'appellent Fagus sylvatica, mais c'est du latin, ou alors foyard, fayard, fouteau, fau, et c'est du français de toutes les régions. En France, je suis un hêtre et mes congénères et moi peuplons 10% des forêts. Mes feuilles sont ciliées J'appartiens à la famille des Fagacées (du grec phego, chêne à gland comestible) comme le Chêne ou le Châtaignier, car mon fruit est maintenu dans une cupule que l'on nomme faine. Mes feuilles ovales légèrement ondulées, bordées de cils (au printemps) sont disposées de façon alterne sur mes branches. Quant à mes branches, elles s'élèvent en rameaux non tortueux. Mes racines s'étalent dans les couches superficielles du sol, avec un ancrage peu profond, mais puissant malgré tout. 40 ans, 40 mètres ! Je pousse droit, et je peux atteindre les 40 m de hauteur ! Je peux vivre exceptionnellement jusqu'à 400 ans, mais la moyenne se situe autour de 150 ans. Tous les ans, je fructifie en masse, à partir de 40 ans. Hé oui, il me faut du temps pour atteindre ma maturité ! Je grandis à l'ombre des chênes On me rencontre en plaine et moyenne montagne, dans le bassin parisien, le Nord, l'Ouest et surtout l'Est de la France. J'affectionne les sols frais. Pour débuter ma vie, il me faut de l'ombre, je profite donc de celle que m'apporte les chênes auprès de qui je vis en futaie. Et une fois lancé, je les dépasse de ma hauteur et leur fait de l'ombre, ce qu'ils n'apprécient pas. Zoom sur les faux de Verzy Dans la forêt de Verzy, au sud-est de Reims, je joue une variation sur le thème des bonsaïs : mes branches poussent de façon tourmentée, à angle droit, on dit "tormenteuse". Les plus basses d’entre elles touchent le sol et peuvent s’enraciner à la manière du marcottage. Si bien que je ne dépasse pas les 10 m avec une forme en dôme et prend un autre nom : Fagus sylvatica ‘Tortuosa. Je vis en symbiose avec des champignons Enfin, je me dois de parler de mes meilleurs amis, les mycorhizes, ces champignons avec lesquels je vis en symbiose et sans qui je ne serais pas là. Ils protègent mes racines contre les bactéries, me dynamisent avec des substances de croissance, améliorent l'apport en éléments minéraux et en eau... Bref, je leur dois beaucoup. Mon bois Mon bois est dur, blanc à rosé, moucheté de mailles foncées, et est durable mais altérable par l'humidité. Je vous recommande mon usage pour du contre-plaqué de qualité supérieure, l'ossature de meubles et les les jouets. Le merisier Ah, les cerises me doivent tout ! Hé oui, s’il n’y a qu’une lettre de différence entre l’arbre qui les porte et moi, ce n’est pas complètement un hasard ! Cerisier des oiseaux Côté famille, j'appartiens à celles des Rosacées. Une famille cosmopolite d'au moins 2.000 espèces, répartis dans une centaine de genres et réunissant des plantes herbacées vivaces, des arbustes et des arbres ! Les cerisiers de culture sont mes descendants ! Prunus avium, en latin et en français merisier, guigne, bigarreau, cerisier des bois, guignier sauvage. Prunus est le nom générique latin pour ces fruitiers, avium fait référence au fait que les oiseaux (avis) dispersent mes graines après les avoir mangées. Signe distinctif : les nectaires rouges à la base de mes feuilles Originaire du Moyen-Orient, je suis un grand arbre robuste à fût droit et cylindrique, pouvant atteindre 25 m de haut. Je suis plutôt élancé et mon écorce rugueuse se détache par lanières horizontales, luisantes, brun rougeâtre. Au cours de mes premières années, je suis pourvu d'une cime étroite et relativement claire, aux ramifications souvent verticillées. Parvenu à maturité, ma cime s'arrondit et ses branches retombent légèrement à leur extrémité. Mes feuilles caduques sont alternes, pendantes, oblongues et dentées. Elles mesurent une quinzaine de centimètres. Grâce à deux petites glandes rouges à leur base, je suis facile à reconnaître. Je ne m'éternise généralement pas : ma durée de vie ne dépasse pas le siècle. Gare aux chevreuils Exigeant en lumière, adepte des sols fertiles et assez frais, je ne pousse pas en peuplement pur, mais en mélange avec d'autres essences. Dans mes premières années, je suis la proie des chevreuils : il faut donc protéger mes bourgeons de leur appétit ! Commun un peu partout en France, sauf dans le Midi méditerranéen, je suis présent globalement sur 32.000 hectares. Les merises En avril-mai, je me pare de jolies fleurs groupées en bouquets, longuement pédonculés, à pétales blancs longs de 1 à 2 cm. Etant hermaphrodite, mes fleurs sont bisexuées. Mes fruits - on les appelle merises - sont des drupes, c'est-à-dire un fruit charnu à noyaux. Rouge foncé puis noirs, il sont sucrés ou acides. Ils sont à la base du kirsch en Allemagne et du cherry-brandy en Angleterre. Un bois saumoné Mon bois saumoné à la structure compacte fait le bonheur des sculpteurs, des ébénistes et des menuisiers. Il sert en effet surtout pour la décoration et l'ameublement sous forme de placages, tabletterie, en lutherie et pour les pipes. A noter aussi que je suis excellent comme porte-greffe pour les arbres fruitiers. Les résineux On a souvent du mal à les distinguer et nombreux sont ceux qui parlent, à tort, « des sapins » en général. Or la famille des conifères recèle une grande diversité. Voici leurs principaux représentants. L’épicéa Membre de la grande famille des Pinacées, je m'appelle Picea abies ou Picea excelsa en latin ou encore sapin rouge, pesse, sérente, sapin à poix en français. Tous ces noms traduisent mon contact poisseux (poix) sur différentes parties de l'arbre, ma ressemblance avec le sapin (abies) et ma hauteur élévée (excelsa). Ma silhouette conique, vous la connaissez bien : je suis le "sapin" de Noël ! Même si je suis de plus en plus remplacé par le Sapin de Nordman dont les aiguilles se détachent moins vite une fois l'arbre coupé. Je suis un grimpeur Très largement répandu dans les montagnes européennes, j'y suis l'essence forestière qui couvre le plus de surface ! Il faut dire que je ne crains ni le froid - je peux supporter jusqu'à -40°C - ni les gelées printanières. Je m'adapte à tous sols frais et bien aérés et également aux sols humides, voire tourbeux. Mon enracinement peu profond me permet de pousser dans les sols calcaires du Jura, où la roche est peu profonde et la terre de faible épaisseur. On peut même me trouver jusqu'à 2000 m d'altitude. Des cônes pendants Je suis un conifère, ce qui signifie que je porte des cônes. Les miens sont allongés, pointus et pendants. Ils permettent de me différencier du "vrai" sapin car les siens sont dressés et plus arrondis. Mes fines aiguilles à la pointe aiguë sont vert foncé sur toutes les faces. Elles mesurent de 1 à 2 cm et sont serrées en tous sens autour de mes rameaux. Leur espérance de vie varie de 5 à 7 ans et elles sont remplacées progressivement : mon feuillage est donc persistant. Quand elles tombent, elles se détachent en entraînant une languette de bois. Quant à mes branches, elles pendent en draperie. Un port columnaire Mon port est conique voire columnaire. J'atteins facilement les 40 m de haut et peux même culminer à 50 m. Monoïque, je porte des fleurs mâles et des fleurs femelles sur un même individu. Mes chatons femelles, dressés, mûrissent avant les mâles : ils sont donc fécondés par ceux d'autres sujets. Mes chatons mâles, ovoïdes, répandent un pollen abondant. Mes cônes sont allongés (10 à 15 cm), pendants à maturité et ne se désarticulant pas. Je fructifie à partir de 50 ans, tous les deux à huit ans et peut vivre entre 300 et 400 ans. Généralement, on me récolte entre 60 et 180 ans. Mon bois Mon bois blanc, parfumé à la résine, est résistant et facile à travailler : je suis donc utilisé pour les charpentes. Violons, tables d'harmonie et tuyaux d'orgue profitent également de mes services grâce à mes qualités de résonance. Pour la papeterie, je fournis une pâte tendre dotée de fibres longues. Mon écorce rougeâtre pèle en petites écailles minces puis rugueuses ; elle est employée dans le tannage. Mon fût rectiligne était traditionnellement utilisé dans la fabrication des mâts de bateau à voile. Jadis, en incisant mon tronc, on obtenait de la poix de Bourgogne : distillée, elle fournit l'essence de térébenthine utilisée en pharmacologie pour des onguents topiques. Pourquoi un épicéa à Noël ? Comment suis-je arrivé dans les maisons au moment de Noël ? C’est une longue histoire, mêlant religion et rites païens. Chez les Celtes, j’étais déjà l’arbre de l’enfantement, associé au 24 décembre. Chez les Germains, alors que Saint Boniface avait abattu un chêne pour prouver que ce dernier n’était pas sacré, je fus le seul arbre qu’il épargna en tombant. Je fus ainsi baptisé « arbre de l’enfant Jésus ». Les Alsaciens apportèrent la tradition du sapin de Noël en France, en s’expatriant après la guerre de 1870. Traditionnellement, le sapin de Noël est érigé le 24 décembre et est enlevé douze nuits après, pour la fête des rois, l’Epiphanie. Le pin sylvestre Membre de la famille des Pinacées, comme le Sapin et l'Epicéa, mon nom est Pinus sylvestris en latin. En français : Pin sylvestre, Pin d'Ecosse, Pin de Haguenau, Pin sauvage, Sapin rouge du Nord. Pinus est le nom latin du Pin parasol, sylvestris signifie "sauvage, loin des habitations". Comme tous les pins, je suis plutôt social et je colonise les espaces vides. Mais je n'apprécie guère la concurrence d'arbres plus grands que moi : j'ai besoin de lumière ! Un arbre de reboisement Avec mes cousins, les pins d'Alep et les pins maritimes, nous couvrons 20% de la forêt française. En fait, je m'adapte très bien à mon habitat et présente ainsi des écotypes variés. Je me répartis de la Sibérie à l'Espagne. Grâce à mon système radiculaire et à ma racine pivotante, je m'implante profondément dans le sol. J'apprécie la montagne, les sols sablonneux ou gravillonneux mais je supporte moins les terrains calcaires ! Mon caractère facile fait de moi un arbre très utilisé pour le reboisement. En France, je suis présent partout sauf dans le Sud-Ouest et sur le littoral méditerranéen, investis par mon cousin maritime ; j'abonde notamment dans les zones de montagnes, comme le Sud du Massif-Central et des Alpes. Un houppier caractéristique En futaie, je dresse mon fût élancé jusqu'à 35 m de haut. Si je pousse librement, mon tronc est plutôt tordu. Quant à mon houppier, il est large et étayé, légèrement pyramidal. Le bas de mon tronc est dégagé car les branches les plus basses sèchent et tombent. Mon écorce pourpre-grise pèle par plaques minces irrégulières. Longues de 4 à 7 cm, mes aiguilles d'un beau vert-bleu s'égayent de reflets argentés. Généralement un peu tordues, elles s'insèrent à la base par paire dans une gaine. De petits cônes Je porte mes fleurs mâles jaunes à la base des rameaux et mes fleurs femelles rouges à l'extrémité. Le tout sur un même pied : je suis monoïque. Mes petits cônes apparaissent en septembre : ovoïdes, de 3 à 4 cm, dressés, ils sont d'abord rouge avant d'aborder un brun fauve clair. Je fructifie tous les deux à trois ans. Une forte résistance Pin de Haguenau et de Wangenbourg au Nord de l'Alsace, je suis le roi des pins sylvestre, royal par ma hauteur jusqu'à 40 m mais aussi par les qualité de mon bois. Sinon, mon bois a des propriétés variables suivant mes origines et mes conditions de croissance. Mon cœur rougeâtre est de meilleure qualité que mon aubier jaune périphérique. J'offre une très forte résistance mécanique en compression, en flexion et aux chocs et suis finalement aisé à travailler : usinage, clouage, vissage, collage ne me posent pas de problème. On m'utilise pour les charpentes classiques et lamellé-collé, pour la menuiserie du bâtiment, les parquets, la fibre d'emballage et la papeterie. Les grosses billes fournissent du bois de déroulage pour panneau de contreplaqué Le sapin des Vosges Le vrai sapin, c'est moi ! Abies pectinata ou Abies alba en latin ; Sapin blanc, pectiné ou argenté , Sapin commun, Sapin des Vosges en français. Le mot Abies qui définit le genre auquel j'appartiens vient d'un verbe latin signifiant "disparaître de la vue", car les nuages cachent parfois ma haute cime. Pourquoi deux noms latins pour un seul arbre ? Parce qu'ils illustrent chacun une de mes caractéristiques. Pectinata se réfère à mes aiguilles disposées de chaque côté du rameau, telles les dents d'un peigne (pectina en latin) Alba signifie blanc et se réfère à la blancheur argentée de mon tronc. On me retrouve à des altitudes variant de 400 à 1800 mètres, des Pyrénées aux montagnes de l'Europe centrale. En France, je couvre 4% du territoire forestier. Peu m'importe la nature du sol, à condition qu'il soit frais, drainé et peu compact. Il faut aussi que je puisse m'enraciner profondément ! Quant au climat, je suis assez exigeant : il me faut de l'air humide, assez froid et de nombreuses précipitations. De plus, je crains les gelées tardives et les fortes chaleurs d'été. Mes cônes font la chandelle Tout comme mon cousin l'Epicéa, avec qui on me confond, j'appartiens à la famille des Pinacées. Je suis également un conifère car je porte des cônes. Les miens sont cylindriques, gros, brun rouge et se dressent (10 à 15 cm) sur les branches. Ils ne tombent jamais au sol, mais se désarticulent en libérant graines et écailles. Il ne reste sur la branche qu'une pointe dressée : la chandelle. Mes aiguilles sont vert foncé, plates et peu piquantes car leurs bouts sont arrondis. A la différence de l'Epicéa, elles ont deux bandes blanches sur la face inférieure. Elles mesurent entre 2 et 3 cm et laissent une empreinte circulaire sur le rameau quand on les arrache. Quand l'hiver arrive, je garde mes aiguilles. Sapin blanc - sapin noir De forme étroite, avec des branches horizontales, j'atteins une hauteur de 40 à 50 m. Je peux vivre jusqu'à 300 ans ! On me récolte entre 120 et 150 ans. Je suis une espèce monoïque, je porte les fleurs mâles et les fleurs femelles sur un même pied. Mes nombreux chatons mâles sont jaunâtres et globuleux tandis que les femelles sont plus rares et érigées. A partir de 60 ans, je fructifie tous les 2 à 3 ans. Ma jeune écorce lisse et gris argenté se crevasse et se noircit au fil des ans d'où mon double nom de sapin blanc et sapin noir. Je suis facile à travailler Mon bois blanc-jaunâtre est de bonne qualité et facile à travailler. Je suis utilisé en bois de charpente, de menuiserie et de caisserie. Jadis, en incisant mon tronc, on obtenait de la térébenthine des Vosges (ou de Strasbourg ou d'Alsace) aux propriétés expectorantes, balsamiques et antiseptiques. Zoom : comment nous différencier, l'Epicéa et moi ? Ses aiguilles possèdent trois faces et "roulent" donc entre les doigts. Alors que les miennes n'en ont que deux et ainsi ne peuvent pas "rouler". Mes aiguilles sont arrondies en bout, celles de l'épicéa sont piquantes. Enfin, retirer une de mes aiguilles laisse une cicatrice nette, par contre avec l'aiguille d'Epicéa vient un petit morceau d'écorce.