I- INTRODUCTION
L’histoire de l’Afrique a été marquée par des échanges commerciaux entre différentes
parties du continent. En effet, dès le XIIIème siècle, le négoce caravanier avait permis de
réunir sur le plan économique des territoires allant du Maghreb aux zones soudaniennes
.
Ces échanges étaient dominés par les Touarègues qui maitrisaient beaucoup plus l’espace
géographique et régulaient les échanges en imposant des taxes pour le passage, la
protection ou l’escorte des caravaniers et de leurs marchandises. La colonisation va, par la
suite, fortement modifier les pratiques commerciales de cette époque.
Apres les indépendances, les nouvelles frontières vont être utilisées comme cadre
d’échanges et de redynamisation des activités commerciales. De nouveaux espaces
régionaux (CEDEAO, UEMOA, CEEAC, CEMAC, CEN-SAD, UMA, OMVS…) se créent pour
transcender les clivages frontaliers et impulser l’intégration et le développement en
facilitant les échanges entre les communautés. Le Sahel n’échappe pas à cette dynamique.
Cette région mobilise l’attention de la communauté internationale depuis plusieurs
décennies pour des questions humanitaires, économiques, politiques et sécuritaires.
Cinq pays se retrouvent au centre de la mobilisation internationale en raison de leur plus
grande vulnérabilité aux différentes crises qui secouent le Sahel. Ces pays regroupés dans le
G5
Sahel, sont confrontés à des défis similaires qui freinent leur développement et les
positionnent parmi les derniers en matière de développement humaind’après les indices du
PNUD. En 2015, sur 188 pays, les pays du G5 Sahel se retrouvent respectivement à la 156ème
place (Mauritanie), 179ème (Mali), 183ème (Burkina Faso), 185ème (Tchad), 188ème (Niger)
parmi les pays au développement humain faible.Le revenu par habitant représente en
moyenne 59 % de celui del’Afrique sub-saharienne.
Par ailleurs, malgré les efforts entrepris par ces Etats pour instaurer un environnement
propice à l’égalité de genre suite à la prise de conscience de l’interrelation entre le
développement durable et l’égalité entre les hommes et les femmes, force est de constater
que, dans plusieurs domaines, les femmes continuent de subir des discriminations ; ce qui
les rend plus vulnérables à la pauvreté.
En effet, les inégalités structurelles font des femmes, les premières victimes des différentes
crises économiques. Elles ont un accès limité aux services sociaux de base, au travail et
à l’emploi. Dans le secteur formel, les femmes occupent 4 emplois sur 10 et gagnent en
moyenne deux tiers du salaire de leurs collègues masculins. (African Gender Equality Index
2015). Pour améliorer leur condition de vie et celles de leur famille, elles ont été obligées
d’investir le secteur commercial qui a été pendant longtemps dominé par les hommes. Ce
faisant, elles bouleversent le paradigme social de leurs communautés qui fait de l’homme le
représentant de l’autorité et le pourvoyeur de ressources au sein des ménages.En Afrique de
l’ouest par exemple, les femmes, dans le commerce informel transfrontalier, emploient en
moyenne 1,2 personnes dans leurs entreprises à domicile, et prennent en charge en
moyenne 3,2 enfants. En plus de leurs enfants, elles soutiennent 3,1 personnes qui ne sont
ni leurs enfants ni leurs conjoints (ONUFEMMES).
Julien Brachet, Le négoce caravanier au Sahara central : histoire, évolution des pratiques et enjeux chez les Touaregs Kel
Aïr (Niger), Cahier d’outre-mer, Avril-Septembre 2004
Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad, pays se trouvant au centre de la majorité des initiatives et stratégies de la
communauté internationale dans le Sahel et qui en février 2014 se regroupés dans le G5 Sahel afin de coordonner leurs
politiques de développement et de sécurité