L`architecture religieuse médiévale à Marseille - E

publicité
L'architecture religieuse
médiévale à Marseille
Marsei/l~. Trames el paysages urbains
de G)plis au Roi Reni. Actes du colloque
de Marsei/l~ 1999. AiX-en-Provence. 2001.
Éludes M3Ssalièles 7, 279-292.
ANDREAS HARTMAN -VIRNICH
avec la collaboration de MARC BOUtRON, GABRIELLE DÉMIANS D'ARCHIMBAUD,
MICHEL Flxar, FRANÇOISE PAO E. CÉLINE SALVETAT
Les édifices religielu panicipelll pleinemem à l'animation du paysage urbain. Les exemples les mieux consen1és ou les mieLu
documelllés (Notre-Dame-la-MajOl; Sailll-Lallrent. Saim-Jean, Notre-Dame des Accoules, Saint-Victor) témoignelll de programmes
architecwraux d'envergure, SOLn'elllnovateurs. à la mesure des prételllions de leurs commarzdiraires. L'histoire de ce bâti illustre également les enje lU du pouvoir au Moyen Âge.
Religiolls edifices arefully im'olved in the animation of the urballlandscape. The best preserved ordocwllemed examples (NotreDame-la-Major. Sailll-Laurelll, Saillt-Jeall, Notre-Dame-des-Accollles, Sailll- Victor) bear witness to large-scale, often inllovarive,
arclzitectectltral pmjects inkeeping with tlteir sponsor's claims. Tite history of titis building equally illustrates t!Je power srakes in the
Middle Ages.
Dans un colloque dédié aux Trames eT paysages
urbains, le regard sur l'architecture religieuse doit tenter
avant tout de cerner la manière dont le monument s'inscrit dans la topographie de la ville et de ses abords et
dont il affirme la présence de son propriétaire. L'état de
nos connaissances nous oblige à traiter ce thème de
manière sélective. En dehors des monuments majeurs,
l'aspect de la plupart des églises médiévales de Marseille
n'est connu que par les plans, vues et cartes des XVI',
XVII' et XVIII' s., certes nombreux mais souvent trop
schématiques et contradictoires pour nous en donner une
idée fiable. Postérieurs à la destruction des églises extramuros en 1523-1524 (Bouiron 1995a, 42), ils ne peuvent
renseigner qu'imparfaitement sur la topographie religieuse des faubourgs médiévaux. Trop emblématique,
l'image du clocher, le type de représentation le plus courant dans les sources iconographiques, marque certes la
présence monumentale des églises dans et autour de la
ville, mais elle ne suffit pas à définir une réalité, d'autant
que les clochers et tours des monuments les mieux
connus sont de date tardive: il en va ainsi pour les clochers disparus de la Major et de l'église Saint-Laurent,
comme pour celui de l'église des Accoules, sans parier
du monastère fortifié de Saint-Victor. ous ne savons pas
si, ou dans quelle mesure, les sites religieux des XI', XII'
et XIII' s. s'affirmaient par la présence de tours, à l'exception notable de l'abbaye de Saint-Victor, dont la tour
d'Isarn était toutefois sensiblement moins élevée. À plus
forte raison, il est difficile, voire impossible d'évaluer la
réalité architecturale à laquelle se rattachent les représentations des églises et de leur contexte monumental
dans ces mêmes documents : ainsi, la célèbre vue
d'Ercole igra (Ramière de Fortanier 1978, nO 6) 1, dont
la précision - certes appréciable - reste toute relative,
répète-t-elle plusieurs fois un même schéma: celui d'une
église à trois nefs, ou nef centrale bordée de chapelles
plus basses réunies sous un même toit, terminée par une
abside et flanquée d'un clocher haut de plusieurs étages,
associée à une clôture rectangulaire et à une cour de
même forme bordée de deux ailes de bâtiments perpendiculaires. D'autres édifices se distinguent par des traits
individuels vérifiables: la Major par son clocher-mur
courbe, Saint-Laurent et les Accoules par leurs clochers
disposés au sud-ouest de la nef, et avant tout l'abbaye de
Saint- Victor. La commanderie Saint-Jean, au contraire,
n'est figurée que par la seule tour du Roi René: comment donc faire la part du schéma et de la réalité pour le
cas des édifices disparus?
Dessinée probablement en 1591. Archivo di Stato di Torino, JB 1-5, Architettura militare, 1. 3, Francia.
Raymon 1965-1966. 166; Démians d'Archimbaud 1971. 88 ct nO 1 ; publié dans Dainville 1969.
ro
19 VO
-
202°. Cf. Bianchi, Durbec,
280
Aussi préférons-nous nous limiter aux édifices dont
nous pouvons restituer, au moins dans leurs grandes
lignes, l'ordonnance architecturale, et qui intéressent plus
particulièrement la relation entre le bâti el le pouvoir:
Notre-Dame-la-Major. la cathédrale ; Saint-Laurent,
l'église de la Prévôté; la chapelle Saint-Jean. de l'ordre
militaire des Hospitaliers: Notre-Dame des Accoules,
dépendance de l'abbaye Saint-Sauveur dont l'aspect nous
est toutefois bien moins connu: enfin. face à la ville, l'abbaye de Saint-Victor. e pouvant traiter les complexes
monumentaux cathédraux et monastiques dans leur
ensemble. nou nous concentrerons sur l'architecture de
leurs églises, en tenant compte de l'état très inégal de la
recherche' .
Les églises majeures s'affirmaient dans la topographie
urbaine par leur emplacement exposé, par l'emprise du
complexe monumental auquel elles appartenaient el par
leurs dimensions dominant le bâti environnant par la
masse de leurs nefs 3 : la cathédrale surplombant le littorai: l'église de la commanderie hospitalière de Saint-Jean
et la paroissiale Saint-Laurent, l'entrée du port; "église
des Accoules, la rive nord du Lacydon ; et Saint-Victor,
particulièrement visible, la rive sud de celui-ci.
J. Les églises de Marseille du XI' au XIII' s.
La cathédrale médiévale hérite de ses antécédents son
emplacement particulier, en conservant jusqu'au XIV' s.
le baptistère de l'Antiquité tardive" La reconstruction
romane de l'église, à proximité de laquelle se situent ou
se situeront les bâtiments du quartier cathédral, dont la
Prévôté, accentuera encore la proximité du littoral, une
situation qui ne semble pas sans rapport avec la manière
dont les autres édifices religieux majeurs se présentent,
eux aussi, du côté de la mer et du port. II en va ainsi pour
la paroissiale de la Prévôté, Saint-Laurent, dont la
construction, peut-être pas antérieure au début du XIII' s.,
s'inspire, entre autres, du parti architecturaJ de la nef de la
cathédrale, déjà terminée ou en cours d'achèvement. La
chapelle de la commanderie Saint-Jean, si elle reste en
retrait sur l'aile principale du complexe monumental en
bordure de l'entrée du port, en impose non moins par son
volume qui marque l'importance du lieu de culte dans cet
Andreas HARTMA N-VIRNICH er alii
établissement à vocation militaire. De l'autre côté du port,
l'abbaye suburbaine de Saint-Victor. tributaire comme la
cathédrale de l'emplacement d'un site antique, mais sans
continuité d'occupation altestée avec certitude, fait l'objet
de plusieurs reconstructions, pour la plupart difficiles à
restituer, dont chacune met en relief le prestige du monastère en empruntant au vocabulaire architectural caractéristique des édifices majeurs de la région.
Ce n' est pas le lieu ici de proposer une véritable étude
monumentale de ces édifices. Aussi nous limiterons-nous
aux particularités remarquables qui leur confèrent une
place à part dans l'architecture romane régionale et qui
posent la question des intentions qu'elles pouvaient traduire aux yeux des commanditaires.
2. La cathédrale Notre·Dame·la·Major :
l'église romane
En dépit de l'apport des investigations archéologiques
récentes, l'histoire monumentale de la cathédrale médiévale avant sa reconstruction romane reste pour ainsi dire
inconnue. Des fragments de chancels à entrelacs et une
bordure de table d'autel (Benoit 1932, 158-159; Roustan
1905, pl. 23) 5 supposent, pour le moins, l'existence
d'aménagements liturgiques du haut Moyen Âge à l'intérieur de l'édifice, ou d'un des édifices de l'Antiquité tardive. Si les sources attestent un rétablissement du temporel du siège épiscopal à partir du dernier tiers du X, s.
(GCNN, nO 70 et suiv.), la façon donl le cadre monumental de la cathédrale a évolué au cours du XI' s. est incertaine. La signification du célèbre passage de l'obiit de
l'évêque Pons Il (1073) qui reœdificavit al1tiquam sedem
(GCNN, nO 131, col. 62) reste en effet obscure. La consécration de l'abbatiale de Saint- Victor en 1040, événement
dont le caractère exceptionnel est attesté par la présence
d'un grand nombre d'ecclésiastiques, religieux el laïcs de
haut rang (GCNN, nO 104 col. 54-58), suppose certes
l'existence d'un chantier important sur l'autre rive du
Lacydon au second tiers du XI' s., époque à laquelle
débute, dans d'autres villes épiscopales de la région, la
reconstruction du groupe cathédral, comme à Cavaillon •
et à Aix 7 : un renouvellement qui pouvait toutefois se
limiter à la transformation du bâti d'origine paléo-
2 Voir aussi Hartmann-Vimich 1997.
3 À cet égard. certains dessins réalistes du xvn c s. apportent un témoignage précieux: une vue de Marseille réalisée entre 1623 et 1636 (attribuée
à Cornelis Vroom. Vienne. Osterreichische Nationalbibliothek, Allas Blaeu van der Hem. Publié dans: Ramière de Fonanier 1978, nO 9) fait ressortir ainsi la masse de J'église des Accoules qui. dans un dessin du milieu du XVIIe 5.. d'une exceptionnelle acuité (auribué à Israël Silvestre.
Marseille. Musée Cantini. Publié dans: Ramière de Fortanier 1978. nO 14). domine l'enchevêtrement des toitures par sa nef centrale et son chevet (?) carré (cr. illfra, p. 287).
4 Clerc 1927-1929. tome Il. 468-472. cité dans Barral i Aller. Drocourt 1974, nO 3: Février 1954,424. Le maintien du baptistère antique s'inscrit
dans le contexte des efforts réalisés depuis le XI~ s. dans d'autres diocèses. dont Aix et Riez, pour restaurer les baptistères paléochrétiens.
5 Un autre fragment de chancel à entrelacs a été trouvé en 1993 aux abords de l'édifice (Fournier 1993); deux autres en 1995 dans le sondage de
l'abside de l'édifice roman (Souiron 1995b. 76).
6 Cf. notice de R. Guild dans le dossier Cavaillon, Inventaire général, PACA, Aix-en~Provence, 1989; Thirion 1991,387.
7 C'est pour le moins le cas du baptistère, entièrement reconstruit vers 1060-1080; cf. Guild 1987.63-65.
281
L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE MÉDIÉVALE À MARSEILLE
chrélienne, comme à Digne (Démians d'Archimbaud
1989 ; NOIre-Dame du Bourg, une vie de cathédrale 1990,
19; Démians d'Archimbaud 1997, 160 sq). Si les lermes
de )'obiit suggèrent non seulement la « réédification» du
temporel, mais aussi celle de l'édifice de 1'« ancien siège»
épiscopal, comme l'admettent sans hésiter F. Benoit (1932,
159) 8 et, après lui, J.-M. Rouquette (1974, 409), rien n'atlesle l'étendue de ces Iravaux. Aussi est-il possible que
ceux-ci se soient bornés à une simple remise en élat de
l'édifice ou des édifices paléochrétien(s), accompagnée de
modifications et d'ajouts. Peut-être en allait-il ainsi pour le
polygone absidal intérieur en appareil mixte au-dessous de
la voûte plus tardive, vestige possible d'un premier état du
XI' s., comparable à J'abside installée vers la même époque
dans le chevet du VI' s. de Notre-Dame du Bourg à Digne?
Ruffi (1696, li, 5) signale en effet qu'« en l'an 1050,
l'évêque Pons Il du nom fit rebâtir la voûte du chœur qui
étoit entièrement en ruine », une information loutefois non
référencée qui ne peut servir à conforter cette hypothèse '.
On ne peut donc écarter d'office une autre attribution du
polygone à une première phase, encore hésitante, de la
mise en œuvre de l'église actuelle, à partir de la fin du XI'
ou du début du XII' s. (Hartmann-Virnich 1992 (2000),
574-575, 583-584, et fig. 2, fig. 5).
La mise en œuvre de l'église romane dut se poursuivre jusqu'à la seconde moitié du X\I' s., d'après la
typologie de l'appareil et de la modénature de la dernière
travée de la nef, plus tardive que les parties orientales. Si
la nef romane devait sans doute atteindre la limite occidentale de l'édifice antique dans l'alignement de la
façade du baptistère voisin, la réalisation effective de ses
cinq travées 10 reste incertaine: en ce cas, les deux premières travées auraient disparu très tôt, peut-être dès le
milieu du XI\' s. ", pour faire place à la prévôté. La destruction de celle-ci avec les deux travées suivantes de la
nef, en 1852-1853, nous prive de tout indice de la chronologie d'un chantier de premier ordre qui inspira manifestement la construction de l'église Saint-Laurent, vers
le début du XJJJ' s.
Les fouilles de F. Paone " ont mis en évidence la relation étroite entre l'emprise au sol de la cathédrale romane
et celle des vestiges, certes très fragmentaires, du premier
groupe cathédral. Les murs et lambeaux de mosaïques de
pavement reconnus en fouille attestent la permanence
d'alignements hérités de l'Antiquité tardive à l'emplace-
..
'; ,1
Fig. 1. Plan des parties romanes de la Major
(A. Hartmann-Virnich).
Fig. 2. La Major: vue de l'abside (A. Hartmann·Virnich).
ment de la cathédrale médiévale, dont la largeur hors
œuvre était identique, selon le plan du XIX' s. (Roustan
1905, pl. 3) (fig. 1) ", au module de celle du baptistère
paléochrétien voisin, données qui ont sans doute influencé
certains choix qui confèrent à l'ordonnance de l'église
romane un caractère particulier.
L'envergure inhabituelle du plan de l'église, notamment celle des espaces axiaux (abside, travée de chœur,
croisée et nef principale), pourrait en effet être tributaire
8 D"après de Rufli (voir note 9).
9 Voir dans ce sens: 8ouiron 1995b. 70-83. L'on peut envisager la possibilité que les libages de la fondation de l'abside identifiés en fouille proviennent d'une abside préromane.
10 Affirmée par F. Benoit (1932.160). F. Roustan (1905) ne mentionne pourtant aucun vestige de ces travées qui aurait été repéré lors des fouilles
à l'emplacement de la nouvelle Major.
Il Selon une hypothèse de M. Bouiron.
12 Cf. ['étude de F. Paone et M. Bouiron supra, p. 225-234.
13 La longueur des cinq travées hypothétiques de la nef romane, depuis sa façade alignée sur le mur occidental du baptistère jusqu'au mur orientai du groupe cathédral antique, pourrait avoir été égale au double de ce même module.
282
Andreas HARTMANN-VIRNICH et alii
Fig. 3. La Major: croisée et nef,
vers l'ouest (A. Hartmann-Virnich).
Fig. 4. La Major: croisée et nef,
vers le nord (A. Hartmann-Virnich).
des antécédents paléochrétiens dont l'organisation nous
échappe toutefois. Elle a, en tout cas, donné lieu à des
solutions architecturales inhabituelles ou insolites: la
vaste abside (fig. 2) à enveloppe polygonale intérieure
- dont l'antériorité partielle à l'édifice du second âge
roman, non impossible, reste à élucider; la travée de
chœur dotée de passages latéraux larges et élevées; le
plan barlong de la croisée, qui imposa le recours à un
nombre exceptionnel d'arcs en encorbellement superposés pour établir le tambour carré de la coupole sur
trompes, empruntée au répertoire classique de l'architecture régionale (fig. 3) ; le transept non saillant dans l'alignement des murs gouttereaux de la nef; l'épaulement de
la voûte en berceau de la vaste nef centrale (fig. 4) par les
berceaux latéraux des collatéraux spacieux qui remplacent
les bas-côtés exigus voûtés en demi-berceau de la majorité
des nefs apparentées, l'équilibre des trois voûtes interdi-
sant ainsi la surélévation de la nef centrale et son éclairage
indépendant. Les nefs de la cathédrale de Vaison et de la
priorale Saint-Honorat des Alyscamps, près d'Arles, illustrent l'influence du réemploi d'une vaste enveloppe plus
ancienne 14 sur l'ordonnance de l'édifice voûté du second
âge roman, caractérisée par des solutions comparables.
Quelles qu'aient été les raisons pour avoir adopté cette
ordonnance originale, l'ampleur de l'espace interne de
l'église, la hauteur de son voûtement, la longueur de la
nef, ainsi que certains détails insolites 15 manifestent la
volonté de placer la cathédrale marseillaise parmi les plus
grands monuments religieux de la région. La nef possédait, ou devait recevoir, les cinq travées qui caractérisent
plusieurs grands édifices romans provençaux, dont les
cathédrales d'Arles et d'Aix 1., l'abbatiale de Cruas ", et
les priorales de Saint-Honorat des Alyscamps, de Donzère
14 D'après les sondages récents, le premier état des murs gouuereaux de la nef « découverte» des Alyscamps, déjà modifiés une première fois à
une époque romane antérieure à la reconstruction du XIIe s., pourrait remonter à l'Antiquité tardive (cf. Hartmann-Virnich, Heijmans 1994;
1995). L'enveloppe de la nef du XIe s. de Vaison, conservée lors de la réédification complète des structures internes avec "introduction du voû-
tement, hérite l'écart exceptionnel entre ses murs gouuereaux d'un édifice antique conservé en fondation (voir récemment: les rapports de
fouilles dactylographiés, déposés au SRA-PACA, de C. Michel d'Annoville, Vaison-La-Romaine. Sauvetages urgents 16 août - 30 décembre
1993. La cathédraLe Notre-Dame de Nazareth. Étude des sondages du chanoine 1. Sautel, et de F. Guyonnet, Vaison-la-Romaine. Cathédrale
Notre-Dame-de-Nazareth, décembre 1995-janvier 1996.).
15 tnsoiiles sonl, par exemple, les demi-coupoles sur trompes des travées de chœur latérales - dont l'originalité est toutefois incertaine - et les puissantes nervures sur consoles du cul-de-four absidal.
16 La nef septentrionale Sainte·Marie·du-Siège, du début du XIIe s., comportait cinq travées, division reprise par les travées homologues de la nef
méridionale Saint-Maximin, plus lardjve (vers 1165 selon R. Guild), qui distingue toutefois une travée de chœur orientale précédée d'une travée à coupole (Guild 1987,88-108).
17 À Cruas, la travée occidentale, non prévue à l'origine, fut mise en place avec la travée contiguë lors d'une ultime campagne de construclion, à
la fin du XIIe s., en remplacement d'un massif occidental hérité des édifices antérieurs, mis en évidence par les fouilles de J. Tardieu (Tardieu,
Hartmann-Vimich 1992, 100-102, 108-1 10).
283
L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE MÉDIÉVALE À MARSEILLE
la construclion de la nouvelle Major et au
réaménagement du litloral (fig. 5) 20
Si l'église en impose par ses dimensions,
son décor - pour autant qu'il soit possible d'en
parler - reste sobre : les colonnes en réemploi
de l'arcature absidale, les symboles du
Tétramorphe des trompes de la coupole et, pour
les aménagements liturgiques, un devant d'autel
en marbre sont les principaux éléments sculptés
repérables. L'emplacement et l'aspect du ou des
portails romans sont apparemment inconnus. La
construction d'un portail au sud de la seconde
travée orientale au début du XV, s. ", portail
remplacé au XVII' s. par un frontispice
baroque, palliait-elle l'absence ou la disparition
d'un portail latéral roman plus sobre?
Fig. 5. État de la Major au début du XVIII' s.
Michel Serre, La peste de 1720 à la Tourette (détail). Montpellier, musée Atger.
et de Savasse: un nombre maximal 18, qui n'eût été
dépassé qu'à l'abbatiale Notre-Dame de Montmajour, restée inachevée ". Une ordonnance semblable fut adoplée
par la suite à l'église de la Prévôté, Saint-Laurent, et,
peut-être, à celle construite par l'abbaye Saint-Sauveur
aux Accoules, édifice disparu à la Révolution.
L'aspect eXlérieur de la cathédrale à l'époque de sa
création est difficile à imaginer, notamment la hauteur originelle de ses différentes parties par rapport aux inégalités
du sol contemporain. 11 est toutefois certain que l'importante masse architecturale dominait surtout à l'ouest et au
sud. à en juger par la situation topographique antérieure à
Dans sa relation avec l'emprise au sol de la
basilique paléochrétienne et avec le baptistère
antique préservé, la cathédrale romane s'inscrivait visiblement, peut-être ostentatoirement,
dans une tradition: un signe fort qui répondait
à celui de la continuité qui était l'objectif principal de la construction de l'abbatiale romane
de Saint- Victor, face à la ville, à l'aplomb des
monuments de la nécropole antique.
3. L'église Saint-Laurent"
À la différence de la cathédrale, les origines de l'église
Saint-Laurent restent obscures. Mentionnée déjà en 1153
dans une bulle pontificale parmi les possessions de l'évêché de Marseille ", l'église ne réapparaît dans les textes
qu'au début du XIII' s., bien après l'émancipation du chapitre, qu'un arbitrage de 1158 avait encore soumis à l'autorité épiscopale ", mais qui avait acquis son autonomie
en 1163" : il n'est toutefois pas à exclure que le projet
18 Comme pour la Major de Marseille, nous ne complons ni la travée de chœur, ni le LranSepL
19 L'ébauche du mur goullereau nord a été laissée en attente au-delà de son pilier occidental actuel, avec l'amorce d'une sixième travée à partir du
lransepl. les deux travées orientales seules ayant été effectivement construites. C'est donc à ton que J.-M. Rauquene (]974. 364) n'en comple
que cinq. L'élude de É. Magneni resle silencieuse à ce sujet (1976. 198.200).
20 Une des premières photographies de Marseille. datée des années 1840 (publiée dans Bonillo el al. 1998. 10). illustre mieux que les nombreuses
représentations de l'ancien front du littoral les proportions réelles de l'ancienne Major par rapport à son environnement. La qualité médiocre de
l'image ne pennet toutefois de distinguer l'édifice que dans ses grandes lignes.
21 Portail élevé avant 1416 par l'évêque Paul de Sade (Roustan 1905. 46. d' après Michel de Nostre-Dame (Nostradamus). Chronique de Provence.
V~ partie. p. 561) et dont la« pierre de jaspe »fut offerte au cardinal de Richelieu« qui J'avait demandée» (Ruffi 1696.11,5). Il fUI remplacé
en 1634. S'agirait-il de restes de ces matériaux qui ont été retrouvés en réemploi dans des réaménagements à l'intérieur des vestiges de la chapelle des Pénitents moderne lors des fouilles du tunnel de la Vieille-Major, en automnelhiver 2000 ?
22 Nous remercions C. Salvetat de nous avoir communiqué les résultats de ses recherches bibliographiques et archivistiques.
23 Sauvegarde pontificale d'Anastase IV, 3 ka!. de janvier 1153: ADBdR. 5 G 91, Livre Vert de l'évêché de Marseille. ra 114 vO. Le texte n'est cité
que partiellement dans la GCNN, n° 154. L'identification de l"église semble claire, dans la mesure où elle est nommée après Sainte·Marie des
Accoules et Saint·Martin d'Arenc, qui dépendait elle aussi du chapitre.
24 Livre Vert, actc du 28 janvier 1158. Cf. Belsunce 1747- 1751, 1.481-483 ; cité partiellement dans GCNN, nO 1092.
25 Accord (composiJio) entre l'évêque et le chapitre, du 25 mai 1163. Livre Vert (cf. note 24), F Il ct Livre Jaune de l'évêché de Marseille
(ADBdR. VI G 438), t'" 1 - 1 y" (GCNN, n" 162).
284
Andreas HARTMANN- vIRNtCH el (liii
d'une (re)construction de l'édifice à l'initiative du chapitre remonte à l'époque de
ce changement
::
) .\
,
,
\
26.
La relation topographique de SaintLaurent avec le château Babon, au nom
duquel l'église est associée 27, n'est pas
univoque: selon l'acte qui mentionne pour
la première fois expressément l' eeclesia
saneti Laurentii, en 1208, l'église semble
se trouver en marge de ce dernier 28. En
1215, le prévôt et le chapitre reprennent
l'entière possession du château '9 En 1219
existe une crola Saneli Laurenrii, cavité
naturelle ou construction voûtée, que l'on
ne saurait guère identifier avec "église
elle-même, mais qui pourrait attester
l'existence d'autres constructions associées à celle-ci 30 Dès avant 1234, l'église
Saint-Laurent est érigée en paroisse JI. Si,
en 1205, il n'existe qu'un eapellanus
Saneti Laurentii 32, elle est régie par un
prieur en 1249/1250 33 Plusieurs accords
établissent alors ses droits, notamment de
baptême et de sépulture, indépendants de
ceux de la cathédrale "'.
..... ,
"
Fig. 6. Plan de J'église Saint-Laurent et de la chapelle Sainte-Catherine (XVII" s.)
(d'après J.-P. Dufoix. dir. - Marseille. Église Saint-Laurent Étude préalable.
dossier dacrylographié.Aix-en-Provence, DRAC PACA. 1991, p. 10).
La construction de l'église actuelle ne
saurait être antérieure à la fin du XII' oU
au début du XIII' s., époque qui correspond autant à la
typologie qu'au contexte historique. Construite en pierre
de taille, la nef-halle de Saint-Laurent (fig. 6-7-8) est
scandée par des piliers cruciformes à dosserets simples
qui soutiennent les grandes arcades brisées à double rouleau, et dont les ressauts nord et sud s'élèvent jusqu'aux
cordons d'imposte des voùtes en berceau brisé pour soutenir des doubleaux à rouleau simple. Les caractéristiques
de sa nef, à trois vaisseaux de cinq travées, de largeur
presque égale 35 dont les voûtes en berceau naissent à une
même hauteur, renvoient à la fois à l'exemple de la nef de
la cathédrale, dont l'achèvement, en tant que dernière
campagne de la construction de la Major, devait être
proche dans le temps, et à celui des églises des ordres
monastiques austères: à cet égard, le rapprochement avec
l'ordonnance presque identique prévue pour l'abbatiale
cistercienne contemporaine de Saint-Pons de Gémenos,
fondée en 1205 à l'initiative de l'évêque et du chapitre de
Marseille 36, est particulièrement significatif 37. L'absence
de tout décor sculpté, une caractéristique qui distingue
Gémenos des « trois sœurs provençales » de Sénanque, de
26 L'arbitrage du différend entre le chapitre et l'abbesse de Sai nI-Sauveur au sujet des limites des paroisses de Saint-Marlin et des Accoules. en dale
du 13 mars 1163 (GCNN, nO 161. cols. 78-79), stipule que lume pOpl/lllm recipicmt ill eeclesia Beati Marrini. sive irl ecc:!esia 11O\'a q/wmfaciant.
Dans le contexte topographique décrit. et en l'absence de la mention d'un vocable. rien ne permet d'aflïrmer que ce projet de construction
concerne l'église Saint-Laurent.
27 L'appellation ecclesia Sm/eti Laurentii de Castro Babone apparaît au plus tard dans des textes de 124911250 (cf. Belsunce 1747-1751. nO XLI.
p. 188- 19 1. chartes XLI).
28 La concession d'un terrain à bâtir;n tenemell10 Cœuri Babonis situe ce bien par rapport à la via ill medio qua itLlr apud SallC1U11I LllUrell1iul1l :
l'église se trouve donc à distance du terrain, quoique. peut-être, encore à l'intérieur du« château ». Cf. GCNN, nO 1134, col. 708-709.
29 GCNN, nO 214 cité dans Véritier 1926,96. Cf. aussi la rétrocession de Roncelin. de la famille vicomtale, du 7 juillet 1215 (GCNN, nO 215). En
1179 (GCNN. nO 1104), le prévôt et les chanoines avaient concédé aux vicomtes mediam partem de monte Babonis pour construire des habitations (cf. aussi Jouve 1962,43-44).
30 GCNN, n° 221, cols. 108-110, col. 109. Pour la relation topographique entre Saint-Laurent, le château Babon et les limites entre les juridictions
épiscopale et vicomtale. voir st/pra, p. 76-80.
31 Cr. Teissier 1891. 88-89 d'après: Livre jaune (ADBdR. VI G 438), f" 60.
32 Ce chapelain Vgo est cité comme témoin dans un acte relatir à Hermeline, abbesse de Saint-Sauveur, en date du 13 avril 1205 (ADBdR. 61 H
2. pièce 8).
33 Prim'(i) sel/ rector(i) Sallcti ul/lreflcii de Cas/ro Babollo infra Massilia(m) : cf. Belsunce 1747-1751, nO XLI, p. 188- 191.
285
L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE MÉDIÉVALE À MARSEILLE
Fig. 7. Saint-Laurent. vue de la nef, vers l'ouest
(A Hartmann-Virnich).
Fig. 8. Saint-Laurent. l'intérieur vu depuis le collatéral sud
(A. Hartmann-Virnich).
Silvacane el du Thoronet, renforce encore celle parelllé.
La même sobriélé différencie Saint-Laurel11 de l'église
proche des Hospitaliers, dont l'élévation intérieure était
rythmée par des demi-colonnes soutenal11 des doubleaux
somplUeusement moulurés (cf. illfra, p. 286). Les analogies avec l'ordonnance de la cathédrale de Toulon 38, celle
de Saint-Louis d'Hyères (Sacy 1966) et celle de l'abbatiale romane de Lérins, détruile au XIX' s. (Révoil 1873,
Il, pl. XII-XIII) placent Saint-Laurent dans le contexte
des églises-halles du début du XIII' s. sur le lilloral.
L'ordonnance à trois nefs, inhabiluelle dans le
contexte de l'architecture romane tardive en Provence.
était allachée surtout aux grands édifices cathédraux et
monastiques des XI' et XII' s. ; elle confère à SaintLaurent une envergure importal11e et un aspect comparable à celui de la cathédrale, ainsi qu'à celui de l'abbatiale de Sailll- Victor dont l'ordonnance à trois vaisseaux
était pour le moins projetée, sinon mise en œuvre dès le
XII' s. Au-delà des considérations utilitaires qui peuvent
avoir motivé ce choix, l'architecture participait à la mise
en valeur de r édi fice en le mellant, toute proportion gardée. sur un pied d'égalité avec la cathédrale.
Le clocher qui jouxtait la façade occidentale au sud,
connu des représentations des XV, et XVI' s.. était un
rajout tardif. allribué à la seconde moitié du XIII' s. Jo.
34 ADBdR. G (M.M.) 15 nO 82. Pour l"hisloire monumentale tardive. nous citons une campagne de réfections. en 1364. et la construction d'une
maison claustrale. en 1373 (voir l'article de B. Robert Ydans Le Peli, Marseillais daté du mardi 26 juillet 1938 : Sainl-Laurent du château Babon
(Les vieilles églises de Marseille: 3).
35 La limite occidentale de I"église romane est perdue. Les fouilles de 1987 ont mÎs au jour les fondations d'un mur anlérieur à la façade occiden·
laie actuelle. à em iron -t m à r ouest de celle-ci. Ces struclUres tardives. construites peut-être dans la seconde moitié du XIIIe s.. ont pu appar·
lenir à un escalier, cOnlemporain peut-être de l'ancien clocher.
Il con\icnI de rappeler que ces vesliges ont naguère élé allribuéll il une faç;'lde plus ancienne. rejoignanl ainsi l'hypothèse d'une travée supplémenlaire délruile en 1664 lors de la construclion du fon Saint-Jean (cf. le rapport de fouilles dactylographié de L.-F. Gantès et M. Bouiron,
RapporI préliminaire. 1987.5: Ganlès. Bouiron 1987: Jacob el al. 1987-1988.246. Cf. le postulat de l'existence de« travées supplémentaires
à l'ouest» dans "Rapport sur l'état des bâtimenls". signé« Mr. Vignon », Marseille. 1963, documenl dactylogr. sans pagin.). époque à laquelle
fUI égalemenl détruit le ponail occidental (Brieugne 1892). Celle inlerprélation est en efTet intenable: d'une pan, les fondations larges de 60 cm
étaient insuffisantes pour supporter le poids d'une lei le superstruclure. O' aulre pan. leur orientation. conforme à celle des aulres murs retrou\'és
sous le parvis. eSI incompatible avec l'axe de l'église romane.
36 Cf. le teslamenl du prévôl Pierre Bermond du 17 aOÛI 121-l (GCNN. nO 1141): Aureil i Cardona 1986.236. 2-t6·250. Sur la famille Roquefort
el Gémellos. voir Guyonnel-Oupeyrat 1972 et 1979: les rappons de fouilles daclylographiés de G. Démians d'Archimbaud avec la collabora·
tion de J.·P. Pelletier el J.-M. Allais. Gémenos. abboye de Saim-Po/ls, 1979: d·A. Bergerel. Abbaye SaÎnt-Pons de Gémenos, 1992: Abbaye
Sailli-Pons de Gémellos. nord de l'église et bâtiments lIIo/UlstÎqlles: 1995 : d'A. Bergeret avec la collaboration de S. Bien, Abbaye de Saint-Pons
de Gémellos. 1995.
37 Les premières assises de la construction laissées Cil atlente. sculle collatéral sud de l'abbatiale a élé achevé. L·église. longue de quatre travées
seulement. aurait essenliellement différé de Sainl-Llurelll par ses proponions ct par l'adoplion du double rouleau sur piles il dosserels pour les
grandes arcades comme pour les doubleaux. Le chevet carré du collatéral sud est une modification gothique.
38 Cf. Aubert 1966 : Doré 1932. 224. La nef de la cathédrale de Toulon ne comporte tOLllefois que trois Iravées.
39 Cf. note 35 : il fUI transformé en sacristie à partir de la construclion du fort Saint-Jean.
286
Andreas HARTMANN-VtRNICH et alii
4. Saint-Jean
L'étude archéologique de la chapelle de la
commanderie hospitalière 40 a permis de restituer l'ordonnance primitive de l'édifice,
remarquable par ses volumes et par le soin
apporté à sa construction comme à son décor
intérieur (fig. 9). À nef unique sans chevet,
elle était longue de trois travées. D'amples
arcades aveugles en plein cintre séparées de
demi-colonnes soutenaient
le cordon
d'imposte d'une voûte en berceau brisé, soustendue par des doubleaux moulurés. L'appareil
soigné, les claveaux à crochets d'un des arcs
aveugles septentrionaux, comme la modénature très complexe des doubleaux et corniches
et des ébrasements des baies méridionales
dénotent le caractère tardif de l'édifice,
confirmé par le décor végétal des chapiteaux, caractéristique d'un début du XIII' s. marqué par les prémices
d'une influence du gothique septentrional 41 À peu près
contemporaine de l'église proche de Saint-Laurent, la
chapelle des Hospitaliers se conforme à un autre idéal
architectural, étranger à la sobriété marquée de celle dernière, une esthétique que l'on retrouve à la chapelle
contemporaine de la commanderie templière Saint-Blaise
d'Hyères (Vecchione 1989). Le décor sculpté comparable
à celui de la nef de l'abbatiale de Saint-Victor sur la rive
opposée du Vieux-Port, alors en cours de reconstruction,
participe à individualiser l'édifice face à la paroissiale
vOisme.
5. Notre-Dame des Accoules
La destruction de l'église des Accoules à la
Révolution, dont il ne subsiste que le seul clocher, a fait
disparaître le plus important édifice paroissial de
Marseille, auquel les sources iconographiques accordent
une place importante. otre-Dame des Accoules est mentionnée pour la première fois en 1060, comme possession
Fig. 9. Saint~Jean, coupe longitunale est-ouest restituée
(d'après P. Mellinand, 1994, fig. 7).
des moniales de Saint-Sauveur 42 La construction, ou
reconstruction de l'église au début du XIII' s. était commémorée par une inscription, déposée au musée
Borély 43 : elle aurait été entreprise à l'époque de
l'abbesse Hermeline des Baux « par les libéralités de
quelques illustres Marseillois, qui la firent construire de la
façon que nous la voïons » (Ruffi 1696 cité dans Ramière
de Fortanier 1978, nO 59).
À l'heure actuelle, la restitution de l'église ne peut se
fonder que sur les rares témoignages iconographiques,
dont "interprétation est équivoque. L'unique représentation détaillée de l'édifice, en dehors de son clocher 44, est
un dessin à la plume du XVIII' s. conservé à la Chambre
des notaires de Marseille (fig. 10) (Ramière de Fortanier
1978, nO 59). Précis en apparence, ce document s'avère
contradictoire à l'examen, bien que la comparaison avec
les autres représentations permette de cerner l'ordonnance
de l'édifice. Il montre la face méridionale d'une église
dont la nef est flanquée de part et d'autre de bas-côtés, ou
d'une série de chapelles renfermées dans une même enveloppe continue et couvertes d'une même toiture en appentis au-dessus de laquelle s'ouvrent les baies de la nef
40 Rapport de fouilles dactylographié de J. Collinet. P. Rigaud. P. Mellinand dir.. Marseille. forl Sainl-Jean, église de la Commanderie (/3 202
0/3 AH Bouches du Rhône), DFS de Sauvetage urgent, 16./ J. 1993-23.2.1994. 1994. Les recherches menées sur le site ont été complétées par
une élude d'archives: voir rapport dactylographié de P. Rigaud, Le quartier Saùlf-}eall de Marseille iIl'lmt 1660. Périodes médiàales et
modernes. Étude d'arcllil'es sur Je bâti antérieur ail XVIl~ s. dans J'emprise du fort Saint·}eclIl à Marseille, 1996-1997, 1997.
41 En dehors de la nef de Saint-Victor, un des premiers témoins de celle inOuence dans le domaine du décor monumenlal est la galerie orientale
du cloître d'Arles, réalisée vers 1200-1220 (voir Hartmann-Virnich à paraître).
42 Gérin-Rieard.lsnard 1926, n" 170: Guérard 1857. n" 1079: Belsunce 1747-1751.
t.
1.414: Mourre 1966.97.
43 Anno millesimo centenobis eluodeno/ Ter tribus abstractis illillc et pJeniLls actis/ IstÎlIS ecclesie facte sub hOt/ore Marie/ Eximie clare cil'es opus
hoc rel/ovare/ nostri ceperllllt nec aJius mimera qllerIUlt/ Misti lamosi 1/0" ad bOlla qlleqlle morosi/ Erme/il/a pia quam di/igit Maria/ abatissa
bonafuit illo tempore. L'inscription semble avoir été taillée dans deux. tambours en marbre blanc d'un fût de demi·colonne engagée. Cf. Le Blant
t894, 62-63 : Ramière de Fortanier 1975, 297.
44 À l'exception du clocher, qui appartient aux édifices caractéristiques de la ville, l'église elle-même ne figure que rarement dans d'autres représentations. Trop schématiques, celles·ci ne peuvent seconder le témoignage du dessin en question, dont elles confirment toutefois certains
aspects (voir ci-dessous).
287
L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE MÉDIÉVALE À MARSEILLE
\
:'j ,~
·'rs1{t
pignon du vaisseau central surélevé. La vue d'Ercole
Nigra et celle du tableau de la Prédication de la
Madeleine de la fin du XV' s. (Ramière de Fortanier
1978. n° 1) remplacem le chevet de l'église par une
abside: représentation schématique qui ne peUl être tenue
pour preuve d'une réfection du chevet à l'époque
moderne.
o
•
Fig. 10. Notre-Dame des Accoures, dessin anonyme du XVIIIe s.
(Chambre des notaires de Marseille).
centrale. L'édifice est divisé en cinq travées par une série
de culées à arcs-boutams qui s'épaississem à deux
reprises par l'intermédiaire de corniches à larmier. La corniche inférieure se poursuit en cordon sous les fenêtres
du bas-côté ou des chapelles. dont la série se poursuit au
mur droil qui termine ce dernier du CÔlé oriemal, ainsi
que sur le nanc du chevet plat saillanl de la nef centrale.
Ces fenêtres sont représemées sous la forme de baies
en plein cintre sous archivolte, auxquelles répondent de,s
baies géminées de même forme à la nef principale. A
l'est, le chevet plat est percé d'une grande baie axiale
gothique à remplage, accompagnée d'une baie analogue
dans le mur fermant le bas-côté ou la dernière chapelle
nord. La panie oriemale s'élève au-dessus d'une église
basse. éclairée à l'est par une claire-voie de petites baies
en plein cimre, et accessible au sud par un porche
accueillam un portail monumental à archivolte sur
colonnes, trumeau et tympan sur lequel figure une Vierge
à l'Enfant. n portail semblable apparaît au-dessus d'un
perron à la travée voisine de l'église haute. séparé du
porche inférieur par un puissam arc-boutant sur culée.
L'élonnante précision du dessin, réalisé. qui plus est. à
une époque encore peu sensible aux fortnes de l'architecture gothique, ne saurait loutefois inspirer une confiance
aveugle. L'excellente vue de Marseille du côté du Mid)'
dessinée au milieu du XVW s. (Ramière de Fortanier
1978, n° 14: cf. supra, p. 280, n. 3) confirme certes les
ares-boutams sur culées et les baies uniques des espaces
latéraux, mais les baies géminées de la nef centrale
- celles du côté nord, il est vrai - apparaissent sous la
forme d'arcades aveugles, el le chevet rectangulaire
s'ouvre au-dessous d'un grand oculus percé dans le
Par ailleurs, la concentration du bâti sur la partie droite
du tableau de la Prédication ne permet pas d'idemifier les
églises avec certitude. ou de transposer à la lettre leur
ordre selon la situation topographique. De gauche à
droite. on distingue à côté de la tour du Roi René la
façade de l'église Saim-Jean. derrière le crénelage de
l'enceime de la commanderie. celle-ci étant jouxtée par
deux égl ises dom les clochers som représemés côte à côte.
probablement Sai ni-Laurent et Saim-Sauveur. L'image
accorde une place privilégiée à la quatrième église, la
seule qui se dégage du bâti environnam, au-dessus d'un
mur crénelé dom la relation avec l'église ne peut être établie. D'après la forme des baies, il pourrail s'agir de
l'église des Aceoules, mais son clocher - si tant est qu'il
s'agit du sien - serait alors placé du côté sud: erreur,
inexactitude, ou défaut de la perspective? L'idemification
reste donc arbitraire.
Les sources iconographiques identifient donc l'église
des Aceoules comme gothique. Elle pourrait ainsi avoir
été conforme au type caraeléristique du gothique méridional du XIV' s. : une nef unique bordée de chapelles
réunies dans une même enveloppe, dont les murs séparatifs som surmonlés par les eomreforts ou culées de la nef
centrale surélevée. qui se termine par un chevet polygonal
unique. Le chevet rectangulaire et les eomreforts des murs
gouttereaux. absents de ce type d'église, eonstitueraiem
toutefois une anomalie notable. En tout cas, l'église des
Accoules ne devait plus être celle érigée au début du
XIII' s .. dans la mesure où les premières constructions
pleinement gothiques en Provence ne som pas antérieures
aux années 1270 (cf. infra. p. 290). Elle devait ainsi
appartenir à la série des édifices tardifs disparus, dont
Saint-Martin (Mourre 1966. 99), autre église gothique
d'envergure dont il ne subsiste que la somptueuse rosace
namboyame réemployée dans le mur de refend de la nef
de la Major.
6. L'abbaye Saint·Victor
L'histoire monumentale médiévale de l'abbaye de
Saim- Victor avant le XII' s. reste en grande partie inconnue. Du complexe monastique détruit, dont lïcono!;\raphie ancienne nous restitue l'état de la fin du Moyen Age
(cf. supra, p. 264, fig. 6), il ne subsiste pour l'essemiel
- en élévation - que les traces en arrachement du c10Îlre
et des bâtiments monastiques sur le nanc méridional de
288
Andreas HARTMANN- VIRNICH
el
alii
L
o
L'
o
o
o
o
o
o
o
o
1Qm
---',
Fig. II. Saint-Victor, plan de l'abbatiale (M. Hermite, 1968, document LAMM, réé labo ration B. Baudoin).
l'abbaliale. La réédification presque intégrale de l'église
aux XIII' et XIV' s. n'a laissé que peu de témoins des
états antérieurs, dont aucun ne semble toutefois remonter
avec certitude à l'édifice consacré en 1040 45 Si l'importance de cet événement et la puissance de l'abbaye, dont
l'influence allait encore s'accroître par l'affiliation de
nombreux monastères au cours de la seconde moitié du
XI' s., suggèrent en effet la construction, ou la remise en
état d'une église d'envergure dès la première moitié du
siècle, les ambitieuses reconstructions postérieures semblent en avoir effacé complètement les traces au point
qu"il est légitime de se demander si celle-ci pouvait se
trouver à l'emplacement occupé par l'actuelle abbatiale.
Le mur goullereau nord des trois travées occidentales de
la nef actuelle. apparemment coupé à l'ouest par la façade
de celle-ci. appartient à la phase la plus ancienne. qui
inclut le rez-de-chaussée du porche actuel de la « tour
d'isarn ». À celle prolongation possible vers l'ouest correspond, vers r est, la continuation de la fondation au-delà
de l'emprise de la « tour d'Isarn » sous la forme d'un
départ d'arc visible au niveau de la « chapelle SaintAndré », en direction du transept. La « tour » est liée à ce
mur au niveau actuel du « porche » et elle enchâsse une
construction issue de l'organisation monumentale antique
qui consistait en l'entrée, en direction du pôle martyrologique méridional (fig. Il). À l'étage, au-dessus du
porche, l'aspect de la « Tour » soulève des problèmes
d'interprétation non résolus 46 : sa face méridionale, vers
l'église actuelle, ne possède pas la corniche visible sur les
trois autres faces - on note simplement une assise de fort
module en correspondance - mais surtout elle montre une
large échancrure, limitée par un coup de sabre vertical,
qui fut ultérieurement obturée par un appareil à bossages
affecté lui-même d'une porte correspondant à la salle
haute, maintenant ouverte sur le vide.
Pour compliquer la compréhension, une construction
équivalente au sud de la nef actuelle fait défaut, ce qui pose
à nouveau la question de l'existence ou non d'une première
nef 47, même plus étroite. sur l'emplacement de celle amorcée dans un second temps. Vers le premier tiers du XII' s.
45 Démians d'Archimbaud 1971. 89 et 102; Démians d'Archimbaud. Allais. Fixai 1974; Rouquette. Démians d'Archimbaud 1974.457-459 :
Hartmann- Virnich 1992 (2000). 416-417. n. 17. Pour la question de J'authenticité douteuse de la charte de dédicace de 1040, voir en particulier
supra, p. 277-278.
46 Cf. aussi rapport de fouilles dactylographié de G. Démians d'Archimbaud. Marseille. Abbaye Saint-Victor, 1970. 1970,67 sq.
47 Interrompues par l'encastrement des piles latérales du XIIIe s.. par la construction d'une chapelle au nord de la travée orientale. et par la façade
occidentale. les assises du mur ne sonl plus lisibles dans leur intégralité. À l'emplacement de la tour, un appareil à bossages à l'intérieur du bascôté pose la question de l'exposition originelle du parement. voire de l'éventuelle préexistence de la tour comme édifice autonome. Dans la travée occidentale. un ressaut mural peu élevé, pile ou contrefort, témoigne d'un projet comportant des éléments de renfort.
289
L'ARCHITECfURE RELJGIEUSE MÉDIÉVALE À MARSEILLE
o
1
1-
1 . ., ,('l"V."
.
1,;;;;:
~~I~
fJ
-1.-~
1-'11
.
,
"
1 1
P
L
" -1·
l'" V
e
,1
1 1 1
L~
"
~I
"'"
'x'.
1
~
~
1
•
1
1
,
.
.~
1 1 1 1'!f@9
1
..
....L.
"
1
.. 1.1·1
1
~"""
-
1"-
~
.1
t-" 1
\'
~
;FJri~,
1
..,.
1 1
1
-.l.~~
1
1
1 1 1
1
1:--
1
~
1
1
J .1
"'~
,
1
1 1 Il
'1o"'H~\~
01":.1
1 ~.'
l .1 1 1 1-\ 1 •
~.
'11'.1
1•
~
•
I-,J· l .1
• • _a~.l
-
.(.~
Il
- 1
L~
~
rh'
1
1
b
Fig. 12. Saint-Victor, mur gouttereau nord de la nef: porte de la « tour d'Isarn )} et appareil à bossages
(relevé photogrammétrique, B.E.TAF., MM. Richard et Broust. Document IAMM).
en effet furent élevés un transept saillant à massifs d'esca,
lier symétriques et l'ébauche d'une nef à bas-côtés, dont
les deux piliers cruciformes à dosserets simples et leurs
piles latérales homologues permettent de restituer une
ordonnance proche de celle de la nef de la Major (fig. 13).
La similitude avec la cathédrale est d'autant plus remar,
quable que la réalisation de ce projet était particulièrement
difficile, en raison de l'existence des niveaux antiques qui
rendirent nécessaires des travaux de substruction considérables au XllJ' s., qui semblent s'inscrire dans la continuité
d'un projet trop ambitieux laissé en attente (fig. 11). Les
fouilles réalisées dans la troisième travée, certes partielles,
n'ont jamais montré trace d'un édifice antérieur.
La nef réalisée à l'initiative d'Hugues de Glazinis
associe à la structure de tradition romane un répertoire
formel issu du gothique septentrional du XII' s. (fig. 14).
Ses piliers composés répondent à un type déjà ancien 48
dont le succès prolongé au XllJ' s. est attesté, entre autres,
par le célèbre cahier de Villard de Honnecourt (vers 12201235) (fig. 15) 49 Les piliers et les piles latérales homologues soutiennent les grandes arcades, doubleaux et ner-
Fig. 13. Saint-Victor, mur gouttereau sud:
passage du collatéral au transept (A. Hartmann-Virnich).
vures transversales d'un voûtement sur croisée d'ogives,
disproportionné en raison d'un allongement inhabituel
des travées (fig. 12-13) 50: indice des difficultés d'adapter
un système d'emprunt, qui ne fut jamais réalisé dans la nef
48 Des piliers crucifonnes à colonnes engagées au tiers, el Oanquées de colonnettes-dosserets secondaires obliques. caractérisent déjà les édifices
de la transition du roman au gothique, comme le massif occidental de Saint·Denis (consacré en 1140) (cf. Kimpel, Suckale 1985,78 sq. ct 534535). Les piliers de Saint-Victor, la forme de leurs plinthes et le décor végétal de leurs chapiteaux se réfèrent toutefois plutôt à des formes plus
largement diffusées dans le Sud-Est à partir de la seconde moitié ct de la fin du XIIe s.
49 Paris, B.N.F., ms. fr. 19093, F; voir: Hahnloser 1972, 169~170 el pl. 63 (plans schématiques d'après les piliers de la croisée de la cathédrale
de Reims); Bechman 1991,96-100, analyse la relation entre ces dessins « inexacts» et d'autres constructions contemporaines.
50 Les doubleaux sont inhabîtuellement surélevés pour atteindre la hauteur des grandes arcades.
290
Andreas HARTMANN-VtRNICH el alii
Fig. 14. Saint-Victor.
vue du côté sud la nef
(A. Hartmann-Virnich).
Fig. 1S. Saint-Victor,
détail d'un des piliers de la nef
(A. Hartmann-Virnich).
centrale. Celle-ci fut voûtée en berceau brisé sur doubleaux
gauchement assis sur leurs supports engagés, sans laisser
de place aux fenêtres qui auraient sans doute dû s'ouvrir
sous les formerets des voûtes sur croisée d'ogives prévues
à l'origine. Au nord, les piles latérales sont engravées
dans le mur plus ancien, tandis qu'au sud elles se trouvent
liées au mur gouttereau, dans sa partie comprise entre le
« coup de sabre » du transept et la première pile qui est
originale par son profil quadrangulaire auquel était associé un ressaut, sur la face est, témoin d'un projet antérieur
annulé par la campagne de Hugues de Glazinis.
Ce projet pourrait avoir été en effet articulé avec la
construction du cloître, attribuable par sa porte monumentale et ses chapiteaux, de style roman tardif, à la fin
du XII' s., et avec celle de bâtiments monastiques adossés
à l'église et repris lors de la campagne de la première
moitié du XIII' s.
L'architecture de la nef de Saint-Victor est remarquable par la précocité - toute relative - d'une influence
gothique" qui ne s'imposera définitivement dans la
région qu'à partir des années 1270 52 Ce courant novateur, encore quasi imperceptible à l'église contemporaine
des Hospitaliers et absent à Saint-Laurent, confère à
l'abbatiale une place à part, par la recherche délibérée
d'une « modernité
»).
La fortification du monastère au XIV' s., accompagnée
de la reconstruction du transept et du chevet sous Urbain V,
accuse l'influence des grands chantiers de la cité pontificale: à l'instar du Palais des Papes, l'abbaye, située sur
un emplacement exposé, se présentait comme un vaste
complexe autonome dont les ouvrages défensifs dominaient de loin l'entrée de l'anse du port.
Conclusion
De l'image de l'architecture religieuse médiévale de
Marseille, nous n'avons pu retenir, en leurs grandes
lignes, que les accents majeurs, c'est-à-dire les grands
édifices qui s'échelonnent ou s'échelonnaient, presque en
ligne droite, du nord au sud du côté de la mer. Aux emplacements exposés de ces églises ou complexes monumentaux, signes fons de la présence de pouvoirs religieux
dans la topographie urbaine et suburbaine, correspondent
des formes architecturales hors du commun, qui dénotent,
à plusieurs époques de la fin de l'Antiquité à la fin du
Moyen Âge, la volonté des propriétaires et maîtres
d'ouvrage, de trouver dans une forme architecturale et un
décor spécifiques l'expression adéquate de l'importance
et du prestige du 1ieu.
51 Les chapiteaux à crochets de Saint- Victor peuvent être rapprochés des plus anciens chapiteaux de la collégiale Sainte-Marthe de Tarascon, attribuables au début du XJJle s. (cf. Esquieu 1976, 141), édifice dont les piliers s'inscrivent dans l'évolution formelle d'un chantier progressant d'est
à l'ouest (nous renvoyons à une publication ultérieure de notre étude du monument dont les conclusions diffèrent de la restitution d'un chantier
« par tranches horizontales sur l'ensemble du monument », selon Y. Esquieu).
52 Voir Carraz 1996,21 ; Hartmann-Virnich 1996; A. Girard (1996) ignore, ou minimise, l'importance de la première génération d'églises
gothiques du dernier tiers du XIIIe s. au profit de l'essor du XIVe s. 11 en va de même pour l'étude de synthèse de F. Robin (1999).
291
L'ARCHITECTURE RELIGIEUSE MÉDIÉVALE À MARSEILLE
Andreas HARTMANN· VIRNICH
Maître de conférences à l'Université de Provence
Laboratoire d'archéologie médiévale méditerranéenne
avec la collaboration de
Gabrielle OËt\lIANS D'ARCHIMBAUD
Professeur émérite à ['Université de Provence
Laboratoire d'archéologie médiévale méditerranéenne
Michel FIXOT
Professeur à l'Université de Provence
Laboratoire d'archéologie médiévale méditerranéenne
Laboratoire d'archéologie médiévale méditerranéenne
UMR 6572 CNRS-Université de Provence
Maison Méditerranéenne des Sciences de l'Homme
5 rue du Château de l'Horloge, BP 647
F - 13094 Aix-cn-Provence Cedex 2
Marc BoulRûN
Conservateur régional de l'archéologie
Service régional de l'archéologie
DRAC de Haute-Normandie
12 rue Ursin Scheid
F -76140 Petit-Quevilly
Ancien archéologue municipal de la ville de Marseille
Françoise PAGNE
Chargée d'études AfAN
Base AFAN, Bâl. Le Mozart
rue 24 avenue de la Grande-Bégude
F - 13770 Venelles
Célin'e SALVETAT
Assistante il la conservation, Château d'Avignon
Conseil général des Bouches-du-Rhône
Hôtel du Département
52 avenue de Saint-Just
13256 Marseille Cedex 20
Abréviations bibliographiques
Aubert 1966 : AUBERT (J.-M.) - Toulon. Cathédrale Sainte-MarieMajeure. In : DEF, 158-159.
Aureil i Cardona 1986 : AURELL 1 CARDONA (M.) - Les cisterciennes el leurs protecteurs en Provence rhodanienne. In : Les cisterciens de Languedoc, XIII"·XIVe s. Toulouse, 198, 305-319
(Cahiers de Fanjeaux 21)
Barral i Altel, Drocourl 1974 : BARRAL 1 ALTET (X.), DROCOURT (D.) - Le baptistère paléochrétien de Marseille.
Archéologio,73, 1974,7-19.
Bechmann 1991 : BECHMANN (R.) - Villard de Honnecourt. Paris.
1991.
Belsunce 1747-1751
[BELSUNCE (Mgr de)] - Camiql/ilé de
l'Église de Marseille et la succession de ses évêques. Marseille.
1747-1751,3 vol.
Benoit 1932 : BENOIT (F.) - Marseille. In : Actes du Congrès archéologique de FraI/ce, 95e session. 1932. Paris, 1933, 157-206.
Bianchi, Durbec, Raymon 1965·1966 : BIANCHI (G.), DURBEC
(J.-A.), RA YMON (V.) - Cannes en l'année J 590, une vue et un
plan inédit. Allflales de la Société scielltijique et littéraire de
Cannes et de l'arrondissement de Crasse, XVIII, 1965-1966.
Bouillo el al. 1998: BONILLO (J.-L.) el al. - La place de la Jolielle
à Marseille - Euroméditerrallée. Un salon urbain enlre ville el
port, Catalogue d'exposition. Marseille, 1998.
Bouirou 1995a : BOUIRON (M.) - Esquisse d'un portrait médiéval.
La redécouverte des faubourgs. Monuments historiques. 198,
1995, 42-45.
Bouiron 1995b : BOUIRON (M.) - Rapport de fouille de :illllvetage.
Tunnel de la Major (Marseille). Marseille/Aix-en-Provence. 1995.
Brieugne 1892 : BRIEUGNE (Chanoine) - Monographies parois~
siales du diocèse de Marseille. Marseille. 1892.
Carraz 1996 : CARRAZ (D.) - Une commanderie templière el sa chapelle en Avignon: du temple aux chevaliers de Malte. Bulletin
monumental, 154. 1,1996,7-24.
Clerc 1927-1929 : CLERC (M.) - Massalia, histoire de Marseille
dans l'Antiquité des origines à la !j,l de l'Empire romain
d'OccideTlt (476 après J.-C). Marseille, 1927-1929.2 tomes (480:
489 p.).
Dainville 1969 : DAINVILLE (de) - Un « pourtraict » inédit de
Marseille à la fin du XVIe s. Provence hiJlOrique, XIX. 78, 1969,
366-368.
Démians d'Archimbaud 1971 : DÉMIANS D'ARCH1MBAUD (G.)
- Les fouilles de Saint-Victor de Marseille. CRAI, 1971,87-117.
Démians d'Archimbaud 1989 : DÉMIANS D'ARCHIMBAUD (G.)
- Les fouilles récentes de la cathédrale Notre-Dame-du-Bourg à
Digne (Alpes de Haute-Provence). Bulletin de la Société nationale
des Antiquaires de France. 1989,211-231.
Démians d'Archimbaud 1997 : DÉMIANS D'ARCHIMBAUD (G.)
- La cathédrale Notre-Dame du Bourg. /11 : BÉRARD (G.) - Les
Alpes-de~H(lllfe-Prove"ce, 04. Paris, Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, ministère de la Culture, ministère de l'Enseignement
supérieur, 1997, 149-166 (Carte archéologique de la Gaule).
Démians d'Archimbaud, Allais, Fixot 1974
DÉMIANS
d'ARCH lM BAUD (G.), ALLAIS (L-M.), FIXOT (M.) - SaintVictor de Marseille: fouilles récentes et nouvelles interprétations
architecturales. CRAI. 1974,313-345.
DEF: Dictiof/I/aire des églises de France, tome Il D, Alpes-ProvenceCorse. Paris, 1966.
Doré 1932 : DORÉ (R.) ~ Encyclopédie départementale des Bouchesdu-Rhône. Deuxième partie: Moyen Âge. Tome IV : Archéologie.
Marseille, 1932,223-224.
Esquieu 1976: ESQUlEU (Y.) - L'église Sainte-Marthe de Tarascon.
In : Pays d'Arles, Actes du Congrès archéologique de France, /34,
/976. Paris, 1979, 126-151.
Février 1954 : FÉVRIER (P.-A.) - Les baptistères de Provence pendant le Moyen Âge. In : Actes du V~ Congrès international
d'archéologie chrétienne, Aix-en-Provence, 1954. Rome/Paris,
1957, 423-432.
Fournier 1993 : FOURNI.ER (S.) - Marseille. Abside romane de la
Vieille Major. BSR PACA, 1993, 120.
Ganlès, Bouiron 1987
GANTÈS (L.-F.), BOUIRON (M.) Marseille. Esplanade de la Tourette. Sauvetage urgent. NIL PACA,
4, 1987, 91-92.
GCNN: ALBANÈS (J.-M.-H.), CHEVALIER (U.), éd. - Marseille
(évêques, prévôts, statuts). In Callia Christicma Novissima.
Histoire des archevêchés, évêchés & abbayes de France d'après
292
Andreas HARTMANN- V1RNICH et alii
les documents authentiques recueillis dans les registres du Vatican
et (es archives locales. Valence, 1899,955 p.
Gérin-Ricard, Isnard 1926 : GÉRlN-RlCARD (H. DE), ISNARD
(É.) - Actes cancemant/es vicomtes de Marseille etfeurs descendams (collection de textes pour servir à l'histoire de Provence).
MonacolParis, 1926, 170.
Girard 1996: GIRARD (A.) - L'aventure gothique entre Pon/-Sa;",Esprit et Avignon du X/lit au XVY siècle: genèse des/onnes el du
sens de J'art gothique dans la basse vallée du Rhône. Aix-enProvence. t 996.
Guérard 1857 : GUÉRARD (A.), éd. - Cartulaire de l'abbaye de
Saillt-VicIGr de Marseille. Paris, 1857,2 vol. (CLVI-651 ; 944 p.)
(Canulaires de France VIII el IX).
Guild 1987 : GUILD (S. R.) - La cathédrale d'Aix-en-Pravence,
étude archéologique. Paris, CNRS, 1987.
Guyonnel.Dupeyral 1972 : GUYO
ET-DUPEYRAT (R.) - Les
moniales cisterciennes en Basse-Provence. L'abbaye Saint-Pons
de Gémenos et ses filiales. Aix-en-Provence, Université de
Provence, 1972 (Mémoire de maîtrise).
Guyonnet-Dupeyrat 1979 : GUYO NET-DUPEYRAT (R.) L'abbaye Saint-Pons de Gémenos. Provence historique, XXIX,
116,1979,131-151.
Hahnloser 1972 : HAHNLOSER (H.-R.) - Villard de Honnecaurt.
Kritische Gesamtausgabe des Bauhüttenbuches ms. fr. 19093 der
Pariser Nationalbibliothek. Graz, 1972.
Hartmann-Virnich 1992 : HARTMANN-VIRNICH (A.) - SaintPaul-Trois-Châteaux et Saint-Trophime d'Arles et l'église romane
à trois nefs en Provence rhodanienne: architecture, construction,
évolution. Aix-en-Provence, 1992 (thèse de doctorat).
Hartmann·Virnich 1996: HARTMANN-VIRNICH (A.) - Bouchesdu-Rhône. Aix-en-Provence, église Saint-Jean-de-Malte
approches d'un premier chantier du gothique rayonnant en
Provence. Bulletin monumental, IV, 1996, 345-350.
Harlmann·Virnich 1997: HARTMANN-VIRNICH (A.) - Marsiglia.
Monumenti. In : Enciclopedia dell'arte medievale, t. VUI. Rome,
1997,241-242.
Harlmann-Virnich à paraître: HARTMANN-VIRNICH (A.) - Les
galeries romanes du cloître de Saint-Trophime d'Arles: études sur
un chantier de prestige. In : Der mittelalterliche Kreuzgang :
Bawyp, Ausstattung, Funktion und Symbolik .' Actes du colloque
de Tübingen. 10-/2 juin 1999), New York, Gesta. International
Center of Medieval Art, à paraître.
Harlmann-Virnich, Heijmans 1994 : HARTMAN -VIRNICH (A.),
HEIJMANS (M.) - Arles, Saint-Honorat-des-Alyscamps. BSR
PACA, 1994, 114-115.
Hartmann-Virnich, Heijmans 1995 : HARTMANN- VIRNICH (A.),
HEIJMA S (M.) - Arles, Saint-Honorat-des-Alyscamps. BSR
PACA, 1995, 143.
Jacob et al. 1987-1988
JACOB (J.-P.), D'AN A (A.),
DEN ANTE (S.), GUILCHER (A.), PAGNI (M.) - ProvenceAlpes-Côte d'Azur. Gallia Infarma,ions, 1987-1988, 186-343.
Jouve 1962: JOUVE (L.) - Le temporel de l'Église de Marseille avant
1257. Aix-en-Provence, Faculté des LetLres, 1962 (mémoire
de DES).
Kimpel, Suckale 1985 : KIMPEL (D.), SUCKALE (R.) - Die
gotische Architekwr in Frankreich (1130-1270). Munich, 1985.
Le B1ant 1894 : LE BLANT (E.) - Catalogue des monuments chrétiens du musée de Marseille. Inscriptions, sarcophages, marbres
divers, terres cuites, bijoux. Paris, 1894, 112 p.
Mellinand 1994 : MELLIN AND (P.) - Marseille, fart Sain'-Jean,
église de la Commanderie. Document final de synthèse de sauvetage urgem. Aix, SRA-PACA, 1994.
Mognetli 1976 : MOG ETTI (É.) - L'abbaye de Montmajour. In :
Pays d'Arles, Actes du Congrès archéologiql4e de France, 134,
1976. Paris, 1979, 182-239.
Mourre 1966 : MOURRE (M) - Marseille (Bouches-du-Rhône). In :
DEF,96-99.
Notre-Dame du Bourg, une vie de cathédrale 1990 : MUSÉE DE
DIG E, LABORATOIRE D'ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
MÉDITERRANÉE NE. - Natre-Dame du Bourg, une vie de
cathédrale. Digne/Aix-en-Provence, MuséeILAMM, [1990], 64 p.
Ramière de Fortanier 1975 : RAMIÈRE DE FORTANIER (A.) Documents épigraphiques marseillais du xm e siècle. Provence
"istarique, XXV, 100, 1975,295-304.
Ramière de Fortanier 1978 : RAMIÈRE DE FORTANIER (A.) I//ustration du Vieux Marseille. Avignon, Aubanel, 1978,350 p.
Révoil 1873 : RÉVOIL (H.) - Architecture rOl1lllne du Midi de la
France. Paris, 1873, 3 vol.
Robin 1999 : ROBIN (F.) - Midi go,hique. De Béziers à Avignan.
Paris, 1999 (Les monuments de la France gothique).
Rouquette 1974 : ROUQUETTE (J.-M.) - Pravence ramane 1. La
Provence rhodanienne. La-Pierre-qui-Vire, éd. Zodiaque, 1974,
492 p.
Rouquette, Démians d'Archimbaud 1974 : ROUQUETTE (J.-M.),
DÉMIANS D'ARCHIMBAUD (G.) - L'abbaye Saint-Victo, de
Marseille. In : ROUQUETIE (J.-M.) - Provence romane 1. La
Provence rhodanienne. La-Pierre-qui-Vire, éd. Zodiaque, 1974,
443-462.
Roustan 1905 : ROUSTAN (F.) - La Major et le premier baptistère
de Marseille. Marseille, 1905, 114 p.
RulTi 1696: RUFFI (A. de), RUFFI (L.-A. de) - Hisraire de la ville de
Marseille (...) recueillie de plusieurs auteurs C..). Seconde édition
reveuë, corrigée, augmentée et enrichie de quantité d'inscriptions.
sceaux, monnoïes, tombeau.x et autres pièces d'antiquité.
Marseille, 1696,2 vol. (496; 482 p.).
Sacy 1966 : SACY (J. de) - Hyères (Var). In : DEF, 88.
Tardieu, Hartmann-Virnicb 1992 : TARDIEU (J.), HARTMANNVIRNICH (A.) - L'abbatiale Sainte-Marie de Cruas. ln : Moyenne
vallée du Rhône, Actes du Congrès archéologique de France, 150,
1992. Paris, 1996,91-116.
Teissier 1891 : TEISSLER (O.) - Marseille au Moyen Âge. Institutions
municipales, topographie, plan de restitution de la ville (12501480). Marseille, 1891,203 p.
Thirion 1991 : THJRION (J.) - Les façades des églises romanes de
Provence. In : La façade romane, Actes du colloque international,
Poiriers, 26-29 septembre 1990. Cahiers de civilisation médiévale,
XXXIV, 3-4, 1991,385-392.
Vecchione 1989 : VECCHlONE (M.) - La Tour Saint-Blaise, Hyères
(Var). In : LABORATOIRE D'ARCHÉOLOGIE MÉDIÉVALE
MÉDITERRANÉENNE - L'église et son environnement.
Archéologie médiévale en Provence, Catalogue d'exposition, Aixen-Provence, musée Granet, septembre-décembre 1989. Aix-enProvence, Musée Granet, 1989,28-29.
Vérilier 1926 : VÉRlTIER (Abbé A.) - Notice sur la paroisse SaintLaurent de Marseille. Provi"cia, VI, 1926, 92-168
Téléchargement