des examens sanguins peut permettre d’évaluer l‘évolution
de l‘infection et l‘efficacité du traitement. L’hémogramme des
chevaux souffrant de gourme fait état d’une neutrophilie mar-
quée (liée au stade de la maladie). La concentration en protéine
sérique amyloïde A (SAA) augmente aussi fortement.
En cas d‘abcès interne (intra-abdominal), des modifications des
paramètres peuvent être observées et reflètent un processus
inflammatoire chronique, avec notamment une anémie et une
hyperglobulinémie accompagnée par une hypoalbuminémie
(électrophorèse sérique).
Les complications de la gourme peuvent s’accompagner
d‘altérations d’autres paramètres biochimiques ou hémato-
logiques selon les organes impliqués. Par exemple, lors de
vascularite musculaire la créatinine-kinase (CK) et l‘aspartate
aminotransférase (ASAT) sériques peuvent augmenter.
Diagnostic différentiel
Le diagnostic différentiel comprend principalement les in-
fections à Streptococcus equi sub. zooepidemicus et Strep-
tococcus dysgalactiae sub. equisimilis. Ces 2 germes sont
des bactéries β-hémolytiques opportunistes, qui peuvent être
trouvées dans les muqueuses de chevaux sains. Streptococ-
cus equi sub. zooepidemicus est impliqué dans des surinfec-
tions touchant en particulier le tractus respiratoire (rhinites,
bronchites, pneumonie) et l‘utérus (endométrite, avortements),
secondaires à une infection virale, un stress ou des lésions
tissulaires. Streptococcus dysgalactiae sub. equisimilis est le
plus souvent mis en évidence lors d‘avortements (placentite)
et d‘abcès des nœuds lymphatiques. Les viroses respiratoires
responsables de fièvre (herpèsvirus équin de type 1 et 4, virus
Influenza), entrent également dans le diagnostic différentiel.
Traitement
Il existe des controverses sur l’intérêt de l’antibiothérapie et sur le
moment de son initiation au cours de la maladie Dans la plupart
des cas, l’antibiothérapie n‘est pas nécessaire. Toutefois, pour
limiter la dissémination dans l‘effectif ou réduire le taux de compli-
cations, il est recommandé d’instituer une antibiothérapie précoce
sur 3 à10 jours pendant la phase aiguë, car durant celle-ci, la
bactérie est bien accessible à l‘antibiotique. Ce traitement semble
prévenir l‘apparition locale des abcès. Il n’existe à ce jour aucune
preuve que l’antibiothérapie augmente le risque de bactériémie,
de septicémie et de dissémination métastatique de la bactérie.
Toutefois, un traitement antibiotique peut compromettre dans
certains cas le développement d‘une immunité protectrice, et les
chevaux traités peuvent être alors prédisposés aux récidives en
cas de nouveau contact avec l‘agent pathogène après la fin du
traitement. Il est recommandé de choisir l‘antibiotique en se fon-
dant sur les résultats de l’antibiogramme (sensibilité et résistance
du germe). Lorsque le tableau clinique évoque des abcès (lymph-
adénopathie), l‘antibiothérapie est en revanche contre-indiquée,
car elle retarde leur maturation. Au cours de cette phase, l’objectif
du traitement doit être de faciliter la maturation et le drainage
de l‘abcès. La maturation de l‘abcès peut être accélérée par
l‘application de compresses chaudes et de pommades favorisant
l‘irrigation sanguine. Le drainage chirurgical ne doit être réalisé
que sur les abcès mûrs, et est suivi d’irrigations avec une solution
iodée à 3 – 5 % jusqu‘à ce que l‘écoulement de pus s‘arrête.
Le recours aux AINS peut être utile pour atténuer la douleur et
abaisser la fièvre afin de faciliter la consommation d‘eau et de
nourriture.
Lors de purpura hémorragique, il est recommandé d’administrer
de la cortisone et des AINS, et de commencer une hydrothérapie
ainsi qu‘un repos au box.
Mesures de contrôle en cas d’apparition d’un foyer
Cette bactérie est particulièrement contagieuse. La compilation
d‘informations précises sur l‘exploitation et sa population de
chevaux est essentielle pour évaluer la situation et élaborer une
stratégie de contrôle. Les mesures de lutte et de prévention
doivent être discutées et mises en œuvre en étroite collaboration
avec le propriétaire de l‘écurie ou des chevaux. La gourme
n‘est soumise ni à l‘obligation de déclaration, ni à l‘obligation
d‘information.
Les mesures de contrôle ont pour objectif :
■ La prévention de la dissémination de l’infection aux
chevaux sains de l’écurie ainsi qu’aux chevaux venant
d’arriver dans l’effectif
• La limitation des entrées et des sorties des chevaux dans
l‘exploitation.
• L’institution d’une quarantaine pour tout nouveau cheval
arrivant dans l’effectif (3 semaines). Il est recommandé
d’effectuer des prélèvements hebdomadaires (pendant
3 semaines) par écouvillonnage ou lavage de la région
nasopharyngée ou des poches gutturales en vue d’une
culture bactérienne + PCR. Il faut appliquer ces mesures
lors de l’entrée des chevaux dans l’élevage, même s‘ils
proviennent d’un effectif sans cas déclarés.
• Le relevé de la température corporelle au moins 2 fois par
jour.
• L’isolement immédiat et la mise en en œuvre des examens
de laboratoire en cas de suspicion clinique ou de chevaux
malades.
• La mise en œuvre de mesures d‘hygiène strictes dans
l‘écurie, prenant également en compte les contacts avec
les chevaux malades (changement de vêtements, accès
séparés, désinfection des mains, etc.). Ces mesures in-
cluent la désinfection minutieuse des boxes, y compris des
mangeoires et des structures en bois. Les crottins et les
restes d‘aliments non consommés par les animaux infectés
doivent être collectés séparément et détruits.
• Par précaution, les pâturages sur lesquels ont séjourné des
animaux malades ou suspectés de gourme, ne doivent pas
être utilisés par des chevaux pendant quatre semaines.
■ La prévention de la propagation de l’infection à d’autres
écuries, par une limitation des déplacements des
chevaux hors de l’exploitation
■ Le dépistage des porteurs du germe pendant la phase
de convalescence
Après la disparition des signes cliniques, des prélèvements
hebdomadaires doivent être examinés pendant au moins
3 semaines. Ces analyses doivent être aussi effectuées chez
les chevaux qui ont été en contact avec des animaux malades.
■ La réussite du traitement jusqu’à l’élimination de la
bactérie des poches gutturales