Côté financier, les banques grecques pourraient ne pas supporter le choc d’une sortie de l’euro et
d’un défaut de paiement grec, dans ce cas les CDS (crédit défaut swap) pourraient être activés. Il
s’agit de paris sur le défaut éventuel de la Grèce… Ce serait la boîte de Pandore et personne ne sait
ce qu’il y a dedans.
Côté politique, quelle politique mènerait Tsipras, une austérité plus douce mais une grande rigueur
budgétaire ou un immense laisser-aller ?
Quelle serait l’attitude de l’Europe ? Nous serions « coopératifs » avec la Grèce, ou lui mettrions-nous
des bâtons dans les roues ?
Juridiquement, rien n’oblige la Grèce à sortir de l’euro, ni de l’Europe, mais l’Europe et ses partenaires
ne mettraient-ils pas la Grèce dehors ? La Grèce aurait-elle des droits de douanes à payer ?
Remettrions-nous des frontières ? L’Europe peut pourrir la vie de la Grèce à des fins de vengeance
(ce qu’elle a démontré qu’elle était largement capable de faire vue les souffrances inutiles imposées
au peuple grec). Si l’Europe entrave la croissance grecque, alors la reprise grecque sera entravée.
La reprise économique ne peut pas seulement se fonder sur le retour à une monnaie nationale, et
cela est valable pour tous les pays qui seraient éventuellement concernés par une sortie de la
monnaie unique. Comme je l’écrivais au début de cet article, tous nos maux ne sont pas liés à l’euro
mais à un ensemble de facteurs économiques dont l’euro fait partie. Délocalisation, informatisation,
robotisation, concurrence faussée entre les pays à bas coût et l’Occident de façon générale,
globalisation, mondialisation, raréfaction des ressources, augmentation des prix de l’énergie qui n’est
plus abondante et peu coûteuse, ou encore crise écologique et environnementale, déflation
démographique ou vieillissement de la population, les causes de la crise sont multiples et n’agir que
sur le facteur monétaire nous donnera certes un répit, mais un répit de bien courte durée comme le
montrent les exemples britannique, suisse ou encore japonais et américain. Tous ces pays disposent
de leur propre monnaie nationale. Tous ces pays souffrent économiquement et la reprise ou la
croissance économique y sont loin d’être époustouflantes.
Alors combien va coûter à la Grèce la sortie de l’euro ?
Personne ne le sait, personne ne peut sérieusement affirmer quoi que ce soit.
La seule conviction que je souhaite partager avec vous c’est que notre situation économique est
complexe et que quel que soit le chemin choisi, il sera difficile et douloureux. Il n’y a plus aucune
solution facile pour changer notre modèle économique.
En revanche, avec un projet et une vision politique, tout redeviendrait possible car la fin d’un monde
ne signifie pas la fin du monde mais l’invention et la mise en place d’un nouveau monde, et les
naissances, comme toutes les naissances, doivent être porteuses d’espérance et de joie !
L’avenir sera ce que nous en ferons.
Il est déjà trop tard, préparez-vous.
Charles SANNAT
« À vouloir étouffer les révolutions pacifiques, on rend
inévitables les révolutions violentes » (JFK)
Ceci est un article ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit
reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par
la société AuCOFFRE.com. Article écrit par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site.
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