Université européenne d’été 2013
1 - 4 juillet 2013
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Le débat autour de l’inflation est un autre exemple de controverse en économie. Les banques centrales
disent qu’il faut éviter l’inflation. L’une des défenses de la politique d’austérité consiste d’ailleurs à
dire que l’Etat ne doit pas dépenser, sans quoi il crée de l’inflation. Il faut maintenir la valeur de la
monnaie. D’autres estiment que l’on peut se permettre une certaine inflation dans la mesure où les
taux réels sont négatifs : l’Etat français emprunte à des taux réels qui sont négatifs, c'est-à-dire que
des gens paient pour lui donner de l’argent.
Autre débat : faut-il sortir de l’euro ? Des pays tels que la Grèce ou le Portugal doivent-ils sortir de
l’euro ? Certains soutiennent que si la Grèce n’était pas dans l’euro, elle pourrait dévaluer sa monnaie
et ainsi relancer certaines activités comme le tourisme. D’autres estiment que ce serait une
catastrophe, pour la Grèce comme pour l’euro.
Nous avons déjà évoqué le changement climatique. Sur ce sujet, la controverse est à plusieurs niveaux.
Tout d’abord, faut-il y croire ? Cette question est toujours débattue, notamment aux Etats-Unis. Le
révérend Jerry Falwell a ainsi dit à la télévision que le changement climatique n’existe pas, parce que
Dieu ne le permettrait pas. La plupart des gens aux Etats-Unis n’y croient pas, encore aujourd’hui.
Si l’on croit au changement climatique, faut-il pour autant faire quelque chose ? Il y a quelques années,
on a réuni de très grands économistes à Copenhague et on leur a posé les problèmes les plus urgents.
Il s’avère que le problème le plus urgent est la lutte contre la malaria, car en dépensant peu de chose,
on peut sauver des dizaines de millions de personnes. A l’inverse, le changement climatique nécessite
des dépenses importantes et n’offre pas de résultats immédiats. Dès lors, est-ce une priorité ? En
période de crise économique, est-ce vraiment le moment de s’occuper du réchauffement climatique ?
Les avis sont partagés, comme sur la question du nucléaire. Est-ce un moyen de satisfaire nos besoins
en énergie sans rejeter du gaz fossile dans l’atmosphère, ou bien cela suscite-t-il d’autres dangers qu’il
faut éviter à tout prix ?
Quels sont les points communs à toutes ces controverses ? Tout d’abord, le fait que les enjeux –
économiques, sociaux, politiques – sont considérables. Sans faire injure aux physiciens, force est de
constater que le boson de Higgs n’intéresse que très peu de monde, car cela n’influe pas directement
sur notre vie. En revanche, la politique d’austérité impacte tout le monde : chômage, réforme des
retraites, etc. On retrouve d’ailleurs en ce moment des débats qui ont eu lieu après la Première Guerre
mondiale, lorsque les pays vainqueurs – la Grande-Bretagne et la France –, ayant financé la guerre avec
de la dette, se sont trouvés avec des déficits budgétaires énormes et ont mené une politique
d’austérité. C’est ce que l’on appelle classiquement une politique de « Treasury view » : la direction du
Trésor en Grande-Bretagne soutenait que la priorité était de mener une politique d’austérité et de
maintenir la monnaie. C’est la position actuelle de la Banque centrale européenne et des
gouvernements européens. L’étalon-or a produit des résultats absolument catastrophiques en termes
de chômage. Keynes a soulevé le problème de la manière suivante : les usines, les matériaux et les
ouvriers sont toujours là ; comment se fait-il que, pour maintenir une sorte de fiction monétaire, l’on
maintienne dans la misère des millions de personnes en ne leur donnant pas de travail. Pour Keynes,
l’étalon-or ne consiste, ni plus ni moins, qu’à extraire de l’or des mines pour le mettre de nouveau sous
terre dans les caves de la banque centrale. Ces discussions sur l’austérité ont donc déjà eu lieu. Les
enjeux sont énormes. En ce qui concerne le changement climatique, la concentration en CO2 a atteint