ATELIERS DE PRINTEMPS A la découverte de la faune de printemps Les abeilles, les oiseaux ou les escargots… Des animaux qui souvent fascinent les petits, leur font peur quelquefois, ou les dégouttent. Mais quand on les observe bien et qu’on découvre leur petite vie dans la nature, tout change! Visite guidée avec activités à la clef. Les abeilles, le miel et leur ruche Il y a tout un travail pédagogique à mener sur les abeilles. Qu’est-ce qu’une abeille ? Où vit-elle ? De quelles couleurs sont-elles ? Quelles sont les fleurs préférées pour butiner ? On peut aussi organiser des ateliers culinaires autour du miel. Pourquoi ne pas contacter un apiculteur local ? Cette découverte peut se compléter par la fabrication d’une ruche et d’abeilles avec des matériaux de récupération à laquelle les parents peuvent participer. Une mangeoire pour les oiseaux L’oiseau est un animal « quotidien » privilégié et facile à observer pour le jeune enfant. Pour l’observer d’autant mieux, il est facile de créer sa propre mangeoire à oiseaux en objets de récupération, à suspendre à la fenêtre, au balcon ou dans un arbre du jardin. Et ainsi inviter l’enfant à les observer régulièrement. Mode d’emploi • Récupérer une bouteille vide et la laver soigneusement (jus de fruit, lait, eau…) • Proposer à l’enfant de la décorer (peinture, collages etc.) • Découper une « fenêtre » pour créer une ouverture. • Faire des trous de chaque côté pour y glisser des branches afin que les oiseaux puissent s’y poser pour se nourrir à la fenêtre que vous remplirez de graines. A noter : L’idée est aussi d’inviter les familles à découvrir les oiseaux dans les parcs et lieux naturels autour de chez eux. Fascinants escargots ! Le printemps est un merveilleux moment pour découvrir les escargots avec les enfants ! L’idée est « d’inviter » les escargots sur la structure d’accueil, mais bien de les remettre en pleine nature rapidement ensuite. L’objectif est de permettre à l’enfant de découvrir l’escargot : • A la loupe ! On peut l’observer à la loupe, découvrir où il vit, ce qu’il mange etc. • Coquille ronde. On peut aussi travailler sur la forme « ronde » de la coquille de l’escargot, la dessiner… • Miam Miam. On peut récolter un peu de salade auprès des familles pour nourrir l’escargot • Comptine. C’est l’occasion de découvrir la comptine de l’escargot (« petit escargot, porte sur son dos, sa maisonnette ! Aussitôt qu’il pleut, il est tout heureux, il sort sa tête »), en mimant les antennes. A noter : C’est aussi l’occasion d’appréhender la notion de « prendre soin », en manipulant délicatement cet être vivant, en le ramenant à la maison, et aussi en nettoyant tous les jours à tour de rôle pour chaque enfant la maisonnette confectionnée pour l’escargot… ATELIERS DE PRINTEMPS Fruits, fleurs et légumes : à la découverte des végétaux du printemps Le printemps c’est la saison du jardinage, des plantations et des bouquets fleuris. De quoi proposer toutes sortes de découvertes aux petits. A l’extérieur comme à l’intérieur. Voilà quelques idées mais vous en trouverez sûrement d’autres tant la saison est inspirante… A vous - ou plutôt à eux - de jouer ! Faire pousser des lentilles Matériel : Pot de yaourt, coton, lentilles, terre. Mode d’emploi : Les enfants mouillent 2 disques de coton dans lesquels ils placent les lentilles. Régulièrement, on observera ce qui se passe, par exemple à l’aide d’une loupe. On échangera avec l’adulte, entre enfants sur ces observations… Est-ce que les graines ont germé ? On pourra en profiter pour aborder des sujets plus profonds : comment se passe la croissance d’une plante ? Comment en prendre soin ? Quelques idées en plus • Décorer les pots de yaourts de récupération avec les enfants, pour en faire des pots pour les plantations. • Prendre des photos pour visualiser les différents stades de croissance. • Que chaque enfant ait sa plante, avec son nom sur le pot, en prenne soin quotidiennement, puisse ramène les plants chez lui pour en prendre soin le WE… Loto de saison Il est essentiel de permettre aux enfants et à leur famille de découvrir les fruits et légumes de saison, d’en connaître les périodes de pousse etc. Dans cet esprit, pourquoi ne pas créer un loto de découverte des fruits et légumes de saison. • Récolter des images de fruits et légumes de saison : prendre des photos dans des magazines ou sur internet et ne pas oublier de faire participer les parents pour cette récolte d’images. • Créer une « planche » (feuille A4) avec des légumes de saison et une autre avec des fruits. • Créer des cartes correspondantes pour que l’enfant puisse faire correspondre la carte carotte par exemple avec la photo « carotte » sur la planche face à lui. A noter : L’objectif est d’échanger avec l’enfant sur le légume ou le fruit en question : sa couleur, son goût, le lieu où il pousse etc. Variante : Le jeu aussi peut aussi se décliner en mettant en lien de VRAIS fruits et légumes avec les images. C’est aussi un excellent support avant le repas, pour faire découvrir à l’enfant ce qu’il va déguster. Fleurs, fleurs coupées et bouquets Qui dit printemps, dit fleurs. Et proposer aux enfants de créer eux-mêmes leur bouquet est une excellente source de découverte de la nature et d’émerveillement. Mais cela permet aussi de développer la motricité fine, l’attention, la concentration, l’éveil créatif, l’éveil sensoriel, l’apprentissage des couleurs. Si vous n’avez ni jardin, ni prés ou prairies fleuries alentour, alentour, pourquoi ne pas contacter un fleuriste local qui sera ravi de vous offrir ses invendus ? Matériel nécessaire Des fleurs et des plantes non toxiques pour le tout-petit. (N’hésitez pas à vous renseigner soigneusement au préalable) Déroulé conseillé : • Transvaser l’eau avec le tout-petit : en profiter pour créer un jeu de transvasement par exemple en remplissant une petite cruche au robinet qui servira ensuite à l’enfant à remplir le vase. • Couper les tiges sans danger avec l’aide de l’adulte. • Arranger le bouquet, placer les fleurs etc... • Amener l’enfant à nommer les fleurs, les couleurs, les sensations... • Proposer de sentir, toucher, observer à la loupe.. Conseil : mettre en place ce bouquet fleurs par fleurs dans un vase transparent avec l’enfant, pour un travail de motricité fine (permet de voir les tiges à travers) Variantes : • Dessiner : suivant l’âge de l’enfant, lui proposer de dessiner le bouquet. Pour les plus jeunes de créer des jeux de couleurs : mettre à disposition des crayons, peintures, craies de multiples dégradés de verts et couleurs du bouquet et lui présenter le bouquet sur une table à laquelle il pourra s’installer pour dessiner ou peindre. • Quand les pétales commenceront à tomber : disposer une fleur sur une table, la présenter à l’enfant. Coller le scotch double face sur une feuille en papier, et en présenter l’autre face collante à l’enfant. Lui proposer de coller les pétales de la fleur selon son inspiration libre. A noter : L’objectif de dessiner le bouquet ou de coller des pétales n’est pas de reproduire la fleur ou un quelconque but esthétique, mais simplement un support de découverte et d’échange avec l’enfant. Créer des pinceaux végétaux Une fois que les enfants ont observé, touché, senti, fait connaissance avec les végétaux et autres éléments naturels du printemps, ils peuvent découvrir les empreintes qu’ils peuvent laisser sur une feuille de papier ou tout autre support. Empreintes de feuilles, citron coupé en deux, herbes… Ils pourront alors créer des pinceaux végétaux grâce à une branche, une feuille, une fleur ou une plume. Magique. Vite dehors ! On profite des premiers rayons du soleil pour organiser des ateliers en plein air( jardin, terrasse ou grand balcon). Peinture, sans crainte de se salir, sur de grandes feuilles posées au sol ou tendues sur un mur. Donnez-leur des couleurs de saison. Ou encore peinture au toboggan si vous avez la chance d’en avoir un à proximité : Scotcher sur le pan du toboggan une grande feuille ; tremper des balles dans de la peinture ; proposer à l’enfant de faire rouler les balles sur la pente du toboggan et observez les traces laissées ! Article rédigé par : Elise Mareuil MODIFIÉ LE 15 MARS 2017 ATELIERS DE PRINTEMPS Fruits, fleurs et légumes : à la découverte des végétaux du printemps Le printemps c’est la saison du jardinage, des plantations et des bouquets fleuris. De quoi proposer toutes sortes de découvertes aux petits. A l’extérieur comme à l’intérieur. Voilà quelques idées mais vous en trouverez sûrement d’autres tant la saison est inspirante… A vous ou plutôt à eux - de jouer ! Faire pousser des lentilles Matériel : Pot de yaourt, coton, lentilles, terre. Mode d’emploi : Les enfants mouillent 2 disques de coton dans lesquels ils placent les lentilles. Régulièrement, on observera ce qui se passe, par exemple à l’aide d’une loupe. On échangera avec l’adulte, entre enfants sur ces observations… Est-ce que les graines ont germé ? On pourra en profiter pour aborder des sujets plus profonds : comment se passe la croissance d’une plante ? Comment en prendre soin ? Quelques idées en plus • Décorer les pots de yaourts de récupération avec les enfants, pour en faire des pots pour les plantations. • Prendre des photos pour visualiser les différents stades de croissance. • Que chaque enfant ait sa plante, avec son nom sur le pot, en prenne soin quotidiennement, puisse ramène les plants chez lui pour en prendre soin le WE… Loto de saison Il est essentiel de permettre aux enfants et à leur famille de découvrir les fruits et légumes de saison, d’en connaître les périodes de pousse etc. Dans cet esprit, pourquoi ne pas créer un loto de découverte des fruits et légumes de saison. • Récolter des images de fruits et légumes de saison : prendre des photos dans des magazines ou sur internet et ne pas oublier de faire participer les parents pour cette récolte d’images. • Créer une « planche » (feuille A4) avec des légumes de saison et une autre avec des fruits. • Créer des cartes correspondantes pour que l’enfant puisse faire correspondre la carte carotte par exemple avec la photo « carotte » sur la planche face à lui. A noter : L’objectif est d’échanger avec l’enfant sur le légume ou le fruit en question : sa couleur, son goût, le lieu où il pousse etc. Variante : Le jeu aussi peut aussi se décliner en mettant en lien de VRAIS fruits et légumes avec les images. C’est aussi un excellent support avant le repas, pour faire découvrir à l’enfant ce qu’il va déguster. Fleurs, fleurs coupées et bouquets Qui dit printemps, dit fleurs. Et proposer aux enfants de créer eux-mêmes leur bouquet est une excellente source de découverte de la nature et d’émerveillement. Mais cela permet aussi de développer la motricité fine, l’attention, la concentration, l’éveil créatif, l’éveil sensoriel, l’apprentissage des couleurs. Si vous n’avez ni jardin, ni prés ou prairies fleuries alentour, alentour, pourquoi ne pas contacter un fleuriste local qui sera ravi de vous offrir ses invendus ? Matériel nécessaire Des fleurs et des plantes non toxiques pour le tout-petit. (N’hésitez pas à vous renseigner soigneusement au préalable) Déroulé conseillé : • Transvaser l’eau avec le tout-petit : en profiter pour créer un jeu de transvasement par exemple en remplissant une petite cruche au robinet qui servira ensuite à l’enfant à remplir le vase. • Couper les tiges sans danger avec l’aide de l’adulte. • Arranger le bouquet, placer les fleurs etc... • Amener l’enfant à nommer les fleurs, les couleurs, les sensations... • Proposer de sentir, toucher, observer à la loupe.. Conseil : mettre en place ce bouquet fleurs par fleurs dans un vase transparent avec l’enfant, pour un travail de motricité fine (permet de voir les tiges à travers) Variantes : • Dessiner : suivant l’âge de l’enfant, lui proposer de dessiner le bouquet. Pour les plus jeunes de créer des jeux de couleurs : mettre à disposition des crayons, peintures, craies de multiples dégradés de verts et couleurs du bouquet et lui présenter le bouquet sur une table à laquelle il pourra s’installer pour dessiner ou peindre. • Quand les pétales commenceront à tomber : disposer une fleur sur une table, la présenter à l’enfant. Coller le scotch double face sur une feuille en papier, et en présenter l’autre face collante à l’enfant. Lui proposer de coller les pétales de la fleur selon son inspiration libre. A noter : L’objectif de dessiner le bouquet ou de coller des pétales n’est pas de reproduire la fleur ou un quelconque but esthétique, mais simplement un support de découverte et d’échange avec l’enfant. Créer des pinceaux végétaux Une fois que les enfants ont observé, touché, senti, fait connaissance avec les végétaux et autres éléments naturels du printemps, ils peuvent découvrir les empreintes qu’ils peuvent laisser sur une feuille de papier ou tout autre support. Empreintes de feuilles, citron coupé en deux, herbes… Ils pourront alors créer des pinceaux végétaux grâce à une branche, une feuille, une fleur ou une plume. Magique. Vite dehors ! On profite des premiers rayons du soleil pour organiser des ateliers en plein air( jardin, terrasse ou grand balcon). Peinture, sans crainte de se salir, sur de grandes feuilles posées au sol ou tendues sur un mur. Donnez -leur des couleurs de saison. Ou encore peinture au toboggan si vous avez la chance d’en avoir un à proximité : Scotcher sur le pan du toboggan une grande feuille ; tremper des balles dans de la peinture ; proposer à l’enfant de faire rouler les balles sur la pente du toboggan et observez les traces laissées ! Article rédigé par : Elise Mareuil MODIFIÉ LE 15 MARS 2017 PSYCHO-PÉDAGOGIE Mieux comprendre les pleurs des bébés Les pleurs des bébés tendent à vider les batteries des professionnels et à les confronter, par moments, à un réel sentiment d’impuissance. Et pour cause, ces manifestations émotionnelles ont beau être fréquentes, elles demeurent incomprises depuis des générations. Aujourd’hui à la lumière des connaissances et recherches les plus récentes, il faut revoir ces certitudes transmises de générations en générations. Et accepter de tordre le cou aux idées reçues. Istock Chacun de nous, professionnel de la petite enfance ou non, réagit aux pleurs d’un bébé d’une manière qui nous est propre. Mathis, 8 mois, se met à pleurer en présence des cinq professionnelles de la section. L’une d’elles cherche à lui mettre une tétine en bouche tandis qu’une autre reste en retrait, convaincue qu’il s’agit de caprices. La troisième, quant à elle, évite de le prendre dans les bras pour ne pas qu’il s’y « habitue » et qu’il finisse par ne plus pouvoir se détacher d’elle. La quatrième y voit une technique de manipulation pour attirer l’attention de l’adulte. Elle lui rappelle que « ce n’est pas la peine de pleurer pour qu’elle le prenne dans les bras ». Enfin, la cinquième décrypte ces pleurs comme un signe de fatigue et le pose dans son lit, dans le dortoir, où il y pleurera seul car « c’est toujours comme ça qu’il s’endort ». Voici comment sont régulièrement accompagnés les pleurs des tout-petits dans les lieux d’accueil mais également dans les domiciles. A présent, attardons-nous un instant sur la manière dont sont accueillis les pleurs des… adultes ! Projetez-vous dans la scène suivante : l’une de vos collègues préférées vous confie, dans les vestiaires, ressentir un stress important depuis quelques jours, suite au changement de direction. Elle éclate en sanglots. Naturellement, prise d’empathie à son égard, vous allez l’encourager à se « décharger » car vous savez pertinemment que pleurer lui fera du bien. Peut-être poserez-vous même une main sur son épaule ou la prendrez-vous dans vos bras. Une chose est certaine : il y a peu de chances pour que cherchiez à tout prix à détourner son attention par une chansonnette, que vous lui mettiez un bout de caoutchouc dans la bouche pour la faire taire ou que vous la laissiez pleurer seule dans la solitude des vestiaires. Vous l’aurez remarqué, nous agissons rarement envers les tout-petits comme nous agirions envers les adultes. Et nous ne témoignons pas le même respect et la même empathie envers les pleurs des jeunes enfants qu’envers ceux de nos collègues, amis, membres de notre famille…Pourquoi ? Des idées reçues transmises de générations en générations Les raisons sont multiples. D’une part, dans le cadre d’une collectivité, où – rappelons-le – le nombre de bébés par adulte est trop important, les professionnels ne sont pas toujours en mesure d’être dans l’individuel et de proposer une attitude empathique à l’égard des pleurs de l’ensemble des enfants présents. Notamment sur les temps délicats de la journée, tels que les temps du repas, de changes ou d’accueil des parents. D’autre part, et c’est là le sujet de cet article, les pleurs font l’objet de nombreuses idées reçues transmises de générations en générations. On y voit le signe d’une « manipulation » de l’enfant, d’un caprice ou encore le fruit d’habitudes éducatives trop laxistes. Pour l’anecdote, sachez qu’en 1940, le manuel de puériculture de référence décryptait les cris des nourrissons (et non les pleurs) ainsi : « les cris sont parfois le résultat d’une mauvaise éducation et l’expression d’un caprice, l’enfant ayant été habitué à être pris dans les bras dès qu’il crie ». 77 années plus tard, quoi de neuf ? Pas grand-chose, les croyances demeurent inchangées. On les retrouve d’ailleurs dans tous les milieux : au domicile des familles, dans les médias, au niveau des professionnels des crèches, des PMI, des maternités, etc. Le plus étonnant est que le niveau de connaissances de ces pleurs est bien souvent aussi rudimentaire pour le professionnel diplômé d’un CAP petite enfance que pour le médecin détenteur d’un doctorat en pédiatrie ou en pédopsychiatrie (car peu de formations initiales incluent de véritable module sur les pleurs des bébés). Et pourtant, si les pleurs conservent toujours une large part de mystère scientifique, les recherches issues de diverses disciplines (psychologie, neurobiologie, anthropologie, ethnologie…) ont permis de révolutionner notre manière de les percevoir. Etes-vous prêt pour une petite mise à jour 2.0 ? Ni caprices, ni manipulation Non, les pleurs ne sont pas les signes d’un caprice, ni d’une manipulation. Aucun enfant n’est en capacité de pleurer sur commande (ni un adulte, d’ailleurs, à moins qu’il fasse appel à un souvenir ou à une pensée douloureuse, stratégie intellectuelle dont un jeune enfant n’est pas capable). Les pleurs sont initiés par des parties autonomes du cerveau (le SNA ou Système Nerveux Autonome) que le bébé n’est pas en mesure de contrôler. Rappelons que jusqu’à 3/4 ans, le cerveau primitif de l’enfant prédomine, ce qui explique la survenue d’explosions émotionnelles aussi vives et intenses. De plus, les neurones de la partie préfrontale de son cerveau ne sont pas suffisamment matures pour « maîtriser » et « réguler » ces feux d’artifice émotionnels. Inutile donc de percevoir dans les pleurs une quelconque intentionnalité. Non, un enfant ne risque pas de « s’habituer aux bras », c’est à dire de pleurer plus souvent si l’adulte le prend plus souvent dans les bras. Au contraire, des études en psychologie de l’attachement, menées par John Bowlby et son équipe, ont montré que plus l’adulte répondait de manière rapide et adaptée aux pleurs, notamment par une proximité physique avec l’adulte, plus il sera autonome vers l’âge de la marche. Un enfant s’attache à l’adulte pour mieux se détacher. En voici une illustration : depuis quelques décennies, les ethnologues constatent que les bébés de cultures traditionnelles pleurent moins souvent et moins longtemps que les petits occidentaux. Et ce, grâce à la proximité mère-bébé qui est largement encouragée. Chez la population des chasseurs cueilleurs ! Kung San du Kalahari, par exemple, les bébés sont portés en position verticale 80% du temps et allaités à la demande, plusieurs fois par heure. La mère, qui entretient une grande proximité physique avec son bébé, répond aux signaux d’inconfort de son enfant dès qu’elle les détecte… Rappelons que ce type de maternage proximal a prévalu pendant plus de 99% de l’histoire de l’humanité. Notre récente tendance (occidentale) à encourager la solitude et « l’autonomie » des bébés serait donc probablement peu adaptée à leur immaturité physique et psychologique. Soit dit en passant, tandis que le bébé de culture traditionnelle est entouré d’une communauté d’adultes qui gravitent autour de lui, dans nos crèches collectives, nous observons la tendance inverse : une communauté de 5 bébés gravite autour d’un seul adulte. Précieux à la survie des bébés Si cela peut vous aider à mieux les accepter, dites-vous que ces pleurs ont une réelle utilité dans la survie du bébé. Ceux-ci permettent d’alerter l’adulte dans le cas où l’un de ses besoins est insatisfait. Les pleurs seraient apparus il y a des millions d’années, depuis que l’Homme est bipédique, c’est-à-dire depuis qu’il se déplace sur ses deux jambes. Le bébé humain n’étant pas en capacité de se déplacer jusqu’à l’adulte pour subvenir à ses besoins avant l’âge d’un an en moyenne, c’est l’adulte lui-même qui va se déplacer jusqu’à l’enfant… grâce aux pleurs. D’ailleurs, si ces pleurs sont aussi désagréables à l’oreille c’est sans doute pour que l’adulte s’empresse d’y répondre et de satisfaire rapidement les besoins vitaux du bébé. Les pleurs permettent donc cette proximité entre l’adulte et le bébé, si précieuse à sa survie. Dans ce sens, certains professionnels de la petite enfance, en lieu d’accueil collectif ou individuel, se lancent dans le portage en écharpe des bébés, avec l’accord des parents. Bien souvent, les bienfaits sur le bien-être des nourrissons et la diminution des pleurs, notamment chez les plus jeunes, sont rapidement observés. Conclusion, si vous êtes aujourd’hui vivant, présent et en capacité de lire cet article c’est en grande partie grâce aux pleurs qui, depuis des millénaires, augmentent les chances de survie des membres de notre espèce ! N’est-ce pas une bonne nouvelle ? Les pleurs, une « alarme » à double tranchant Justement, une étude anthropologique menée dans les années 1970, chez les bébés Masaï du Kenya, souligne la fonction adaptative des pleurs et leur importance dans la survie de l’enfant. Au cours d’une année marquée par la sécheresse et la famine, les auteurs ont distingué deux catégories de bébés sur la base des critères occidentaux traditionnels : les bébés « faciles » et les bébés « difficiles ». Quelques mois plus tard, ils ont constaté que les nourrissons qui survécurent à cette précarité extrême étaient pour la plupart des bébés qualifiés de « difficiles », ceux qui pleuraient et criaient le plus. Dans le cas d’un contexte autant marqué par la précarité et la mortalité infantile, un tempérament dit « difficile » semble donc présenter un réel atout. Paradoxalement, dans les sociétés occidentales où nous ne luttons pas quotidiennement pour notre survie, les pleurs excessifs du nourrisson peuvent entraîner des répercussions négatives sur l’enfant (maltraitance, syndrome du bébé secoué, négligence, évitement…) ainsi que sur la qualité des interactions adultesenfants. Ainsi, au lieu d’assurer leur survie, les pleurs risquent de mettre les bébés en danger… Les pleurs permettent au bébé de se libérer des toxines de stress Revenons aux bienfaits des pleurs. En plus d’augmenter les chances de survie des bébés, les pleurs permettent à leur organisme de se libérer des toxines induites par le stress. A l’inverse des autres petits mammifères, vous avez dû remarquer que les pleurs des bébés humains ne s’apaisent pas toujours lorsque l’enfant est nourri ou porté. Ceci viendrait suggérer que certains pleurs, inconsolables en apparence, permettraient tout simplement au bébé de se décharger d’un excès de tensions. En pleurant, le bébé se libérerait de ses toxines, comme s’il transpirait ou urinait. D’ailleurs, les bébés chez qui on n’observe pas de larmes parviendraient à ce même résultat en transpirant abondamment. Les constats de la recherche actuelle nous rapprochent finalement de la théorie d’Hippocrate, cinq siècles avant JC, qui considérait les larmes comme la purge des humeurs de notre cerveau. Dans ce sens, mettre une tétine dans la bouche d’un enfant qui pleure vient le bloquer et l’empêcher d’atteindre cet état de détente. A l’inverse, laisser un bébé pleurer seul dans la pièce de vie, ou dans un dortoir, crée l’effet inverse : loin des bras sécurisants de l’adulte, le bébé est envahi un excès de molécules de stress toxiques pour son petit cerveau en construction. Dès lors, comment réagir ? Accueillir les pleurs des bébés plutôt que les réprimer Spontanément, à l’écoute d’un bébé qui pleure, une grande majorité d’entre nous va chercher à réprimer ce son aversif, comme on chercherait à maîtriser l’incendie d’une forêt. Dans notre intérêt, avant tout, car ce son nous est très désagréable (on pourrait penser qu’il a d’ailleurs été façonné par l’évolution pour être le plus désagréable possible !). Ces pleurs suscitent en nous toute une flopée d’émotions négatives et de sensations physiques inconfortables, tels que du stress, une accélération de notre rythme cardiaque, de la frustration, de la tension, un sentiment d’oppression, voire une envie de pleurer soi-même. Or, entre réprimer à tout prix les pleurs d’un bébé et le laisser pleurer seul, il y a un monde. Dans un premier temps, l’idée est bien entendu de rechercher la cause de ces pleurs et de satisfaire le besoin qui est insatisfait. Parmi ces besoins, on peut retrouver le besoin de manger, de boire, d’éliminer, mais aussi celui d’être rassuré, câliné, pris dans les bras. Dans un deuxième temps, si le bébé ne s’apaise pas au contact de l’adulte, c’est peut-être parce qu’il a justement besoin de se décharger. Auquel cas, accueillez ses émotions dans vos bras sécurisants, laissez-le pleurer de tout son soûl en le serrant contre vous. N’hésitez pas à regarder l’enfant dans les yeux, avec bienveillance et empathie, pour lui manifester votre soutien. Vous lui permettrez ainsi de se détendre, de passer d’un état de stress à un état de bien-être et ainsi, naturellement, d’avoir moins besoin de pleurer. Et si vous-même vous avez besoin de pleurer, pleurez avec lui ! Vous n’en serez que plus détendue… A lire pour aller plus loi : • Les pleurs de la petite enfance, une question d’attachement ? Eric Binet (2014). Eclairages théoriques. Elsevier Masson. • Un autre regard sur les pleurs du nourrisson. Gisèle Gremmo-Feger (2007). 15ème Congrès National de Pédiatrie Ambulatoire Saint Malo. • Pleurs et colères des enfants et des bébés. Comprendre et répondre aux émotions de son enfant. Aletha Solter (2015) Editions Jouvence. Article rédigé par : Héloïse Junier, psychologue en crèche, formatrice MODIFIÉ LE 15 MARS 2017