Cette demande de pardon en communauté a dû se vivre à plusieurs reprises et de telle
façon que de nombreuses Sœurs en témoignent, sans toujours préciser les
circonstances des faits.
Dans ses Lettres, Marie Euphrasie reconnaît aussi avoir tort ou s’être trompée
Le 3 Octobre 1837, Monsieur Chalandon vicaire général et supérieur de la Maison de
Metz envoie une lettre sévère à Marie Euphrasie, lui reprochant pêle-mêle différents
aspects de son ‘gouvernement’. Marie Euphrasie lui répond par retour du courrier
.
Vous avez bien jugé de ma faiblesse en pensant que votre lettre me serait
infiniment pénible…
Marie Euphrasie réfute certaines accusations inexactes, elle s’explique sur d’autres
points et termine ainsi :
Je confesse aussi que pour les œuvres, je suis trop vive et ardente ; le zèle que j’ai pour le salut
des âmes abandonnées m’empêche de voir les obstacles, je ne vois que le bien, puis ensuite
quand les croix arrivent, je manque d’humilité, de courage. J’y suis trop sensible, je vous avoue
bien tout cela.
Cette demande de pardon en communauté a dû se vivre à plusieurs reprises et de telle
façon que de nombreuses Sœurs en témoignent, sans toujours préciser les
circonstances des faits.
Un deuxième pas : chaque fois que c’est possible, parler clairement à la
personne concernée et taire tout ce qui pourrait aggraver.
L’expression est de Sr Marine Verger dans sa déposition au Procès de
béatification. Dans ces témoignages, il y a unanimité sur l’affirmation que Marie
Euphrasie était discrète, - certaines disent ‘muette’- sur les injures, les paroles
blessantes, les accusations.
Citons trois exemples dans la correspondance.
◊ Le 28 juillet 1840, Marie Euphrasie écrit à Marie du Divin Cœur Lionet
Moi aussi je vous aime et j’espère que Dieu vous fait connaître la vérité. Je ne
comprends rien à tout ce que suppose Marie du Sacré Cœur pour votre voyage, etc…
Je n’ai pas dit un mot de tout cela !… Ma chère fille, je ne parle à aucune que pour
les rendre heureuses ; pour mes peines je les garde dans un secret profond.
Du reste toutes nos Sœurs me paraissent extrêmement bonnes et
soumises. Je laisse à Dieu de juger de leur droiture. Pourvu qu’elles
l’aiment, tout en elles me convient.
◊ Reprenons la lettre déjà citée du 18 Février 1838. Marie Euphrasie répond à la
Supérieure de Sens qui lui réclame avec véhémence une Sœur :
Votre lettre d’aujourd’hui m’étonne étrangement. Pour celle que m’avait
adressée Marie de la Visitation
, je l’avais promptement brûlée ne voulant en
parler qu’à Dieu seul… Je me rappellerai longtemps que j’étais si mal le jour
Lettre de Marie Euphrasie du 8 Octobre 1837
Dans une lettre confidentielle, une secrétaire de Marie Euphrasie informait la Supérieure de Metz des
reproches exprimés par M.Chalandon. Vers la fin de la lettre, il est dit : Nos cœurs sont brisés, Notre Mère n’a
pu souper et nous nous sommes enfermées, pendant la récréation, pour vous écrire. Marie Euphrasie a ajouté de
sa main :’Soyez en paix, ma chère et fidèle fille. Hélas, je sais que vous êtes innocentes …Dieu soit béni !’
Sœur assistante écrivant au nom de la Supérieure