Conférence de presse du 4 juin 2007 Formation continue – nécessaire, elle doit devenir obligatoire L’importance pour les travailleurs comme pour l’économie de la formation continue professionnelle n’est plus à prouver. Par contre, les chances de pouvoir bénéficier de prestations de formation continue diffèrent d’une entreprise à l’autre. Travail.Suisse considère que le moment est venu de tirer profit de la bonne situation économique en faisant de la formation continue une composante incontournable du travail professionnel et d’investir en conséquence dans la formation continue des travailleurs-euses. Hugo Fasel, conseiller national, président Travail.Suisse Le savoir-faire professionnel vieillit Le savoir-faire professionnel des travailleurs-euses acquis durant leur formation initiale en apprentissage ou dans une école supérieure ne suffit pas à assurer, la vie durant, leur propre capacité à faire face au marché du travail. Le progrès technologique fait des bonds et érode les compétences professionnelles de chacun, sans parler de la compétence sociale, constamment soumise à un besoin de renouvellement dicté par une hétérogénéité toujours plus grande au sein des entreprises et des équipes. La formation professionnelle comme investissement de l’entreprise Il vaut la peine, aussi pour les entreprises, d’investir dans la formation continue. De nos jours, les travailleurs-euses et leur savoir-faire professionnel représentent le capital le plus important d’une entreprise. Des collaboratrices et collaborateurs qualifié-e-s, performant-e-s et motivé-e-s forment la base de la force compétitive et des avantages sur la concurrence d’une entreprise. La « matière grise » est déterminante. Mais la formation continue ne doit pas se limiter à l’encouragement des travailleurs-euses les plus qualifiés. Ancrer la formation continue dans la loi, c’est lui donner un caractère obligatoire La reconnaissance de la formation continue comme facteur de concurrence déterminant est également entrée dans la concertation sociale – certes avec hésitation. D’une part, les diverses conventions collectives de travail stipulent le droit à un certain nombre de jours de formation continue, d’autre part, les partenaires sociaux de divers secteurs économiques ont mis en place des centres de formation continue spécifiques des branches concernées (p.ex. secteur du bâtiment). A vrai dire, dans de nombreuses branches, il n’existe aucune convention collective de travail et l’accès à la formation continue considérée comme composante du travail n’est accordé qu’à un petit nombre de travailleurs-euses. Même lorsqu’une convention de travail existe, il y a un énorme fossé entre le droit à la formation continue et la formation continue effectivement réalisée – comme le montre le document annexé. Il s’agit de combler de telles lacunes : c’est la raison pour laquelle Travail.Suisse exige que la formation continue soit ancrée dans la loi revêtant ainsi un caractère obligatoire. L’ancrage dans la loi de cette obligation est moins l’expression d’une contrainte que celle d’une nécessité. D’un côté, cette obligation garantit l’égalité des chances pour tous les travailleurs-euses et de l’autre côté, la formation continue obligatoire représente la base d’une économie moderne compétitive. La formation continue obligatoire fait partie de l’infrastructure contemporaine d’une économie nationale axée sur des perspectives d’avenir. Comme les soldats à l’armée qui doivent effectuer quelque dix cours annuels de répétition afin d’entretenir ce qu’ils ont appris, il est impératif pour l’économie que chaque entreprise associe obligatoirement chaque année à des cours de formation continue toutes les personnes qu’elle emploie. Durée de la formation continue obligatoire Pour qu’une formation continue soit efficace et profitable, il faut la planifier à long terme et fixer une durée minimale. Travail.Suisse propose donc une durée minimale de trois jours par année. Il s’agit en outre d’offrir la possibilité d’inscrire sur un « compte épargne » au maximum deux jours de formation continue afin de pouvoir prendre part à des modules connexes de formation continue s’étalant sur une semaine. Le nombre de jours de formation continue est fixé délibérément à seulement trois jours étant donné que la mise en place d’un système de formation continue demande un certain temps. Ce chiffre s’appuie aussi sur les expériences faites avec des règlements régissant les conventions collectives de travail. La formation continue obligatoire n’entraîne aucune distorsion de concurrence Le fait qu’il existe des entreprises et des branches qui investissent systématiquement dans la formation continue ne doit pas masquer le fait que des limites sévères sont imposées à la formation continue en entreprise. De nombreuses entreprises ne souhaitent pas, pour des raisons de coûts, grever leur budget du personnel avec des dépenses trop élevées en matière de formation continue et préfèrent « prendre le train en marche » en bénéficiant des investissements des autres entreprises. Nous sommes ici en présence du même phénomène que celui rencontré avec l’offre de places d’apprentissage. L’obligation crée la base d’une stratégie de formation continue La formation continue doit apporter quelque chose et à l’entreprise et aux travailleurs. Donc, cela appelle le développement d’une stratégie de formation continue. D’une part, cette stratégie est axée sur les objectifs de l’entreprise et d’autre part elle se base sur des entretiens réguliers avec les collaborateurs, c’est-à-dire qu’elle prend en compte les besoins des employé-e-s. De plus, l’obligation d’accorder une formation continue contraint les entreprises à prévoir dans leur budget les moyens nécessaires. La formation continue devient un élément du budget consacré au personnel. L’obligation améliore la qualité de la formation Le fait que les entreprises doivent accorder trois jours de formation continue à leurs collaboratrices et collaborateurs crée une base optimale pour que se créent, dans un esprit de concertation sociale, des institutions de formation spécifiques de chaque branche qui proposeront des modules de formation continue. Cela élèvera la qualité de la formation continue puisque le nombre de modules augmentera, que des offres visant des groupes cibles seront désormais possibles et que des évaluations et des améliorations seront continuellement effectuées. La formation continue obligatoire : un investissement dans la force compétitive de l’économie, un investissement dans la capacité des travailleurs à faire face au marché du travail, un investissement dans la société du savoir qu’est la Suisse, un investissement dans l’intégration. La formation continue vaut la peine et profite à tous !