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La pensée sociale française face au droit (XVIIIe-XXe siècle) 
 
 
 
Organisée par le Centre de théorie politique (CTP, ULB) et le Centre de recherche en philosophie 
(Phi, ULB). Avec le soutien du projet ERC « Human Rights vs Democracy » et du FRS-FNRS.  
 
Lieu : salle ‘Spaak’, Institut d’Etudes Européennes (ULB), Av. F.D. Roosevelt 39, 1050 Bruxelles 
 
 
Les historiens des idées ont insisté sur le fait que la sociologie française puise sa source dans 
un courant de pensée contre-révolutionnaire. Aux lendemains de la Révolution s’est développée en 
France une pensée originale et hérétique, réagissant aux excès et aux désordres qui ont suivi la 
chute  de  l’Ancien  régime. Selon des auteurs comme Bonald et Maistre, les causes profondes de 
l’« anarchie » révolutionnaire remontaient aux principes de 1789. Parmi ces principes furent tout 
particulièrement fustigés l’« individualisme », « maladie du monde occidental » (Comte), et l’idée 
concomitante de « droits naturels » dont seraient pourvus les individus.  
En admettant que la pensée sociale française se soit en amont construite au  travers  d’une 
opposition  entre  souveraineté  de  l’individu  libéral  et  autorité  de  l’ordre  social,  entre  droits 
individuels  et  primauté  des  liens  sociaux,  comment  alors  expliquer  qu’elle  ait  pareillement 
contribué en aval à l’idée, qui émerge au tournant des XIXe et XXe siècles, d’un « droit social » ? 
Au  regard  de  sa  généalogie,  la  notion  de  « droit  social »  n’apparaît-elle  pas  comme  hautement 
paradoxale, voire purement et simplement contradictoire ? Pour le dire encore autrement : comment 
une critique sociologique du droit et de l’individualisme s’est-elle renversée en une revalorisation 
sociale du droit et de l’individu ? Dans un texte célèbre publié en 1898, Durkheim faisait état d’un 
tel basculement : « Non seulement l'individualisme n'est pas l'anarchie, mais c'est désormais le seul 
système  de  croyances  qui  puisse  assurer  l'unité  morale  du  pays ».  En  distinguant  un  ‘bon’ 
(« spiritualiste »,  « français »  et  « allemand »)  d’un  ‘mauvais’  individualisme  (« utilitariste », 
« anglais »), Durkheim ouvrait la voie à une conception sociologique du droit qu’allaient emprunter 
à leurs façons des auteurs comme Maurice Hauriou et Léon Duguit.          
Le but de cette journée d’étude sera de retracer les liens ambivalents que la pensée sociale 
française a entretenus avec les notions de droit et d’individu depuis ses origines à la fin du XVIIIe 
siècle jusqu’à la  première  moitié  du  siècle dernier. Au cours des interventions, nous tenterons de 
cerner  les  effets  produits  par  la  pensée  sociologique  sur  le  droit  et,  inversement,  l’impact  de