Les origines « marines » du renouveau maçonnique au

Les origines « marines » du renouveau maçonnique au
Département des Forêts
Paul Rousseau *
En 1789, les Francs-Maçons français, menés par leur idéal, se battent et du côté des
révolutionnaires et du côté des tenants de l’Ancien Régime. Les Temples sont abandonnés, les
outils éparpillés. Après les tourmentes, le Vénérable Maître Roëttier de Montaleau essaye de
réunir ce qui a été épars. Qu’en est-il du réveil de la Franc-Maçonnerie au ci-devant Duché de
Luxembourg ? Relisons une partie de la planche présentée par le Frère Charles Munchen lors
de la Fête anniversaire du Prince Frédéric des Pays-Bas, Protecteur de le la franc-maçonnerie
luxembourgeoise, le 8 février 1864. L’Orateur en titre se base entre autre sur les faits
rapportés oralement et par écrit par le Frère Pierre Leistenschneider, « que quelques-uns
d’entre-nous ont encore connu jusqu’en 1835 et 1836 ». Pierre Leistenschneider naît le 07
décembre1745 à Sarrelouis (Allemagne) et mourra le 24 avril1837 à Luxembourg. Greffier en
chef de la mairie de Luxembourg, il s’unit en premières noces le 17 janvier1774 à Pétronille
Kleber, fille de notaire et parente du futur général Jean-Baptiste Kleber (Strasbourg, 1753 - Le
Caire, 1800), sous-lieutenant au régiment autrichien Wurtemberg en garnison à Luxembourg
vers 1780.
« A peine la Terreur eut-elle cessé de sévir, renversée par le 18 brumaire, que la France vit
apparaître de nouveau les Loges qui se constituèrent ou plutôt qui réapparurent, car elles
n’avaient pas cessé d’exister, surtout dans larmée, où elles étaient nombreuses. Presque
chaque régiment, qu’en 1801 on appelait demi-brigade, avait une Loge militaire ; la 41e
demi-brigade de l’armée française avait une Loge qui était attachée à ses drapeaux, appelée
la Concorde. Presque tous les officiers étaient initiés. La France était en guerre avec
l’Angleterre. Trop faible pour entrer en lice sur la terre ferme, impuissante à résister à l’élan
des soldats de la République, dont l’horreur que leur inspirait la Terreur n’avait pas affaibli
le patriotisme, l’ennemi de la France regagnait sur les mers une supériorité contre laquelle le
courage luttait en vain.
La 41e demi-brigade fut embarquée sur un vaisseau lourd et mal armé, qui devait la
transporter de Boulogne à je ne sais quel autre point de la côte. Des vents contraires, une
mauvaise manœuvre, l’inexpérience des marins chargés de diriger le navire ; bref, un motif
quelconque jeta le navire français presque dépourvu d’artillerie, loin de la côte, en face d’un
vaisseau anglais, fin voilier, bien armé et bien monté, mais de force bien inférieure. Le navire
ennemi, avec une artillerie bien supérieure, n’hésita pas à attaquer et chaque bordée faisait
de terribles ravages dans les rangs des Français, impuissants à se défendre. Le navire
anglais, sûr de la victoire à distance, évitait l’abordage. La perte de la 41e demi-brigade était
certaine, sans combat possible c’était un massacre et la noyade. L’état-major français
apprécia la position, et sans mettre dans la résistance un courage inutile qui causait la ruine
d’un régiment entier, fit baisser pavillon. L’honneur anglais trouva qu’il pouvait être
conforme au droit des gens de continuer la boucherie, et les canons n’interrompirent pas leur
horrible action. On voyait du navire français les officiers anglais suivant avec un flegme
imperturbable, la lorgnette à la main, l’œuvre de destruction.
Une idée subite illumina les Maçons de la Concorde : tous se présentèrent sur l’avant
du navire, se plaçant sous le feu et à découvert, faisant le signe de secours et jetant le cri de
détresse. L’effet que l’honneur militaire, l’esprit humain n’avaient pu produire, la Maçonn
réussit à l’obtenir. Parmi les officiers anglais se trouvaient des Maçons. Le feu fut suspendu,
des canots échangèrent les conditions de la reddition, mais comme le vaisseau français ne
pouvait plus, à cause de ses avaries, faire le trajet jusqu’en Angleterre, comme prise de
guerre, et que la sécurité du vaisseau anglais ne permettait pas de transporter à son bord
quinze cent ennemis bien armés , - les troupes françaises reçurent la permission de se diriger
vers les côtes rapprochées de la France, après avoir prêté serment que jamais, officiers et
soldats, ne porteraient plus les armes contre l’Angleterre. Après un voyage de plusieurs
heures, le navire arrivait en vue des côtes de France, où il vint s’échouer presque sans voiles,
sans gouvernail, et les flancs entr’ouverts. Les hommes furent sauvés. Le Premier Consul
n’accepta pas la démission offerte par les officiers. La 41e demi-brigade fut envoyée à la
frontière ; elle vint à Luxembourg en 1802.
Elle avait fait le vœu de gagner, partout où elle porterait ses drapeaux, des prosélytes
à un Ordre auquel tant d’hommes devaient la vie et la France la conservation de tant de
braves soldats ; la 41e demi-brigade ne s’arrêta que six mois environs à Luxembourg, mais
elle initia beaucoup de Luxembourgeois, affilia le Fr
Leistenschneider, vénérable reste de
la Parfaite Union, et, avant de quitter les murs de notre ville pour se diriger vers le Rhin, y
fonda un nouvel atelier. La [Loge]-mère s’appelait la Concorde, le nouvel Atelier prit le nom
d’Enfant-de-la-Concorde-Fortifiée. Cet atelier reçut ses lettres du Gr
-Orient de France en
1803. Depuis cette époque, il a continué ses travaux sans interruption jusqu’à ce jour. » 1
La présente planche est présentée en présence des Frères prussiens de la respectable Loge
Blücher von Wahlstadt2 qui tiennent garnison dans la forteresse fédérale de la Confédération
germanique.3 Elle est un message politique, à peine voilé, du Grand-Duché de Luxembourg,
aux Hollandais, afin de clamer haut et fort son indépendance, acquise virtuellement en 1839,
mais de fait toujours enchaînée aux Pays-Bas par le biais de Guillaume Ier ; aux Belges, dont
le jeune pays forme une barrière militaire en cas de descente armée hollandaise, mais qui
détiennent les clés économiques du territoire qu’ils ont faillit gober ; face à la Prusse, qui a
néanmoins ouvert la porte au vaste marché d’Allemagne, mais qui occupe avec rigueur
militaire la capitale. En 1864, quoi de mieux donc que de clamer être sous le giron de la
France et chanter haut et fort cocorico en luxembourgeois, comme pour aboyer contre tout
intrus : « Mir wölle bleiwen wat mer sin ! ». (Nous voulons rester ce que nous sommes !). Sur
le plan maçonnique, cette planche déclame l’amour fraternel pour le Grand Orient de France
qui, au début du 19e siècle, a insufflé une nouvelle vie à la Franc-maçonnerie au Luxembourg.
La réalité sous le mythe :
Si les historiographes de la franc-maçonnerie luxembourgeoise ont jusqu`à maintenant pris le
récit du Frère Leistenschneider pour monnaie sonnante, il s’agit en fait d’un mythe. Selon
Paul Marie Couteaux4, « (…) un mythe n’est pas une légende, encore moins une fable, mais la
rencontre d’une réalité et d’un sens. » Plus haut, nous avons présenté le sens politique que ce
1. Bulletin de l’Ordre Maçonnique dans le Grand-Duché de Luxembourg ; 3e année, décembre 1864, n° 3,
Imprimerie du Frère Jullien ; pages 35-53.
2 En 1815, le démantèlement du premier Empire voit l’ancien Département des Forêts tomber dans l’escarcelle
du roi des Pays-Bas, tandis que la forteresse de Luxembourg sert dorénavant de bouclier à l’Allemagne. A cette
époque, des officiers d’infanterie prussiens rejoignent comme membres effectifs ou comme Frères visiteurs la
loge autochtone des Enfans de la Concorde fortifiée. En 1820, ces officiers créent, sous les auspices de la
Grosse-National-Mutterloge zu den Drei Weltkugeln (Aux Trois Globes) de Berlin, la Loge Blücher von
Wahlstadt, de Rite Ecossais Rectifié. En 1867, le Luxembourg est déclaré pays neutre et la forteresse est
condamnée à être démantelée. La loge prussienne quitte Luxembourg avec les troupes prussiennes en septembre
1867.
3 Art. 67 du Traité de Vienne (09.06.1815)
4 « La République et les symboles » ; journal Le Monde, vendredi 26 juillet 1996, page 12
mythe représente pour les Luxembourgeois après 1815. Examinons à présent cette page
d’hagiographie maçonnique à son substrat réel.
Une première approche tendait à retrouver des Frères, de passage à Luxembourg au tout début
du 19e siècle, ayant mis les pieds sur un bateau. Il s’avère que plusieurs francs-maçons avaient
un passé marin … au 18e siècle.
Frère bateau Loge (1803) Orient
Dreptin Antoine 5 Victoire 6
Pichard Jean Joseph 7 la Capricieuse 8
Concorde 41e demi-brigade d’infanterie
de ligne
Texier Arnaud 9 la Pomone 10 Parfaite
Union 59e demi-brigade d’infanterie
de ligne
Lebarbenchon 11 le Tourville 12
Duportail Louis 13 60e Régiment royal
de marine (1785)
Fraternité 59e régiment d’infanterie de
ligne
La demi-brigade d’infanterie de ligne en question
Essayons donc de dérouler le fil de l’histoire à partir de la forteresse de Luxembourg et de
l’année 1803. L’ouvrage d’art, qualifié de « Gibraltar du Nord », est devenu depuis 1795 un
point anodin, décrépi14 en pleine France. Déclassé ouvrage de second ordre, il dépend de la
forteresse de Longwy. Les demi-brigades passent et ne s’arrêtent guère. Il en résulte une crise
économique pour les 8.000 habitants qui tiraient en grande partie leurs revenus de la garnison
forte de 4.000 hommes. Il faut un billet de Napoléon pour que la 41e et la 59e demi-brigade
laissent 500 hommes dans la dite place !
5 Dreptin Antoine Joseph: *13.07.1758 à Hirson (Aisne), +20.03.1806 à Weinsberg (Bavière) ; 1777 aux
Chevaux Légers d’Orléans, 1799 à la 41e demi-brigade ; élevé à la Maîtrise le 22.07.1802 à l’Or de Gênes
(Ligurie), présent à Luxembourg en 1802.
6 [Service Historique de l’Armée de Terre, Fort de Vincennes, Paris] SHAT 2YB 263, page 14 Le 4 janvier
1780, le bateau participe au siège de Pensacola (Florida) lors de la Guerre hispano-américaine.
7 Pichard Jean Joseph : *01.03.1770 à Aubervilliers (Seine); 1786 au 51e régiment d’infanterie ; élevé à la
Maîtrise en 199 à Perpignan, 1er Surveillant en 1803 à Luxembourg
8 SHAT 2YB 263, page 13 Pichard séjourne sur la frégate du 12.09.1790 au 28.05.1791.
9 Texier de la Pommeraye, Arnaud : *03.09.1768 à Poitiers (Vienne) ; « embarqué en qualité de matelot
volontaire a participé à trois campagnes en mer de 1787 à 1789 » (SHAT 2YB 325, page 84), an IX chef de
bataillon de la 104e demi-brigade d’infanterie de ligne, passe au 59e comme major ; membre de la Vraie
Fraternité à l’Orient de la 104e , 1805 Vénérable Maître de la Parfaite Union à l’Orient du 59e régiment
d’infanterie de ligne ; auteur du livre. Relation et bombardement du siège de Valenciennes, en mai, juin et juillet
1793 ; Douai, 1839, Imp. De V. Adam
10 L’ancien capitaine de cette frégate, prise par les Anglais au Sud de l’Irlande en 1796, est le bordelais Pévrieu.
Il se retrouve chef de la 5e division de la Flottille lors de l’attaque du 16 août 1801 lancée par Nelson contre la
ligne d’embossage à l’entrée du port de Boulogne.
Amiral Maurice Dupont : Les flottilles côtières de Pierre le Grand à Napoléon (de la Baltique à la Manche) ;
Economica, 2000, Paris ; page 145
11 Lebarbenchon : *13.10.1766 à Saint-Lô (Manche) ; embarqué lors de l’expédition en Irlande ; page 8
12 SHAT 2YB 325
13 Duportail Louis Léonard: *1768 à Bordeaux (Gironde); an VII capitaine à la 59e demi-brigade d’infanterie de
ligne, membre de la Légion d’Honneur ; SPR+ (Tableau de 1804)
14 « … dégradations, qui se font tous les jours à la forteresse par l’enlèvement des fers, des palissades etc. ; étant
impossible qu’avec 150 ou 200 vétérans, qui sont ici l’on puisse garnir tous les postes pour prévenir ces vols et
d’autres plus conséquent encore qui ont eu lieu. »
Archives de la Ville de Luxembourg LU II a-2-AI ; pages 76-77, n° 144
Pierre Leistenschneider dit donc vrai, lorsqu’il cite comme loge-mère des Enfans de la
Concorde fortifiés la Concorde15 à l’Orient de la 41e demi-brigade d’infanterie de ligne. 16
Formée le 21 février 1796, la 41e demi-brigade de bataille se trouve en 1800 aux antipodes de
Boulogne, au siège de Gênes. Enfermés au fort de Diamant, 350 de ses hommes ne rendent
pas suite aux sommations de reddition du comte de Hohenzollern. Le siège levé, la 41e se met
en route vers le Nord. Elle arrive bien en juin 1802 en garnison à Luxembourg.17 16 officiers
trouvent le temps de demander au Grand Orient de France la reconnaissance officielle de leur
loge, créée le 29 avril 1799 à l’Orient de Perpignan et souchée sur celle des Amis de la
Parfaite Union, elle-même souchée sur celle de même nom à l’Orient du Régiment de
Vermandois Infanterie.
Pierre Leistenschneider dit vrai, lorsqu’il raconte que la Concorde l’ « affilia …, le seul
vénérable reste de la Parfaite Union. » 18
Mais Leistenschneider passe sous silence l’affiliation d’un deuxième Frère luxembourgeois :
le peintre Jean-Pierre Hoffmann. Né le 4 janvier 1758 à Luxembourg, il fut membre fondateur
de la loge La Cordialité à l’Orient de Saint-Dizier (Haute-Marne) en 1787.19
Le 16 avril 1803, Leistenschneider et Hoffmann sont présent à l’installation officielle de la
Concorde et signent l’Obligation en tant qu’officiers dignitaires.
La 41e demi-brigade quitte Luxembourg pour le Rhin en octobre 1803. Peu de temps après,
elle est dissoute et versée au 17e Régiment d’Infanterie de Ligne.
Le 41e Régiment n’a jamais mis les pieds sur un bateau !
Pierre Leistenschneider passe sous silence les autres acteurs de la naissance de la franc-
maçonnerie au Luxembourg, afin de laisser les auréoles à la 41e.
La deuxième demi-brigade présente en l’an XI à Luxembourg est la 65e, constituée en 1794.
La demi-brigade n’ayant de loge propre, les Frères se joignent à la Concorde, puis aux Enfans
. De cette unité, nulle soldat n’a posé les pieds sur un bateau avant 1802. En février 1803, la
demi-brigade est au camp de Brest. Deux bataillons feront partie de l’expédition d’Irlande.
La troisième demi-brigade qui est présente lors de l’installation de la loge civile à l’Orient de
Luxembourg est la 59e. Formée le 17 mai 1794, elle est issue du ci-devant Régiment de
Bourgogne. Se distinguant sur un bon nombre de champs de bataille du Premier Empire, elle
garde depuis le 2 mai 1803 un pied dans la forteresse de Luxembourg par le biais de son 3e
bataillon. C’est à l’Orient de Luxembourg que se passent les travaux de la loge du régiment.
Considéré comme un ramassis de têtes fortes, mais les plus décorées, le 59e sera encore à
Luxembourg après la reddition de la forteresse en 1814. Les Frères de la Fraternité assisteront
aux tenues de la Loge Friedrich zur Vaterlandsliebe.20
Les baroudeurs du 59e Régiment n’ont jamais mis les pieds sur un bateau !
15 [Bibliothèque Nationale de France, Paris] BNF FM2 23
16 Commandant Bernard : Historique du 41e ; SHAT, Fort de Vincennes, Paris
17 Emplacement des troupes de la République française à l’époque du 1er messidor an XI. A Paris, de
l’imprimerie de la République
18 La Loge La Parfaite Union fut créée en 1770 à l’Orient de Luxembourg, capitale du duché du même nom.
Reconnue par la grande Loge provinciale des Pays-Bas autrichiens en 1776. Forte de 148 membres appartenant à
la petite noblesse, à la noblesse de robe, à la bourgeoisie et à l’armée, la Parfaite Union ne compta aucun marin
sur son Tableau. Elle se saborde après la déclaration du 15 mai 1786, explicitant l’Edit du 5 janvier1786 qu’il ne
peut y avoir qu’une seule loge par capitale de province dans ses Etats.
19 BNF FM2 395
20 La loge militaire Friedrich zur Vaterlandsliebe fut créée le 4 août 1812 à l’Orient de Mitau [< Jelgava,
Lettonie], en pleine campagne de Russie par des officiers prussiens.
La quatrième « fée » à se pencher sur le berceau des Enfans …est la 98edemi-brigade
d’infanterie de ligne.21 Cette dernière unité est créée en janvier 1799.22 A peine arrivée au
début de 1803 en garnison à Luxembourg, les Frères demandent le 27 avril l’affiliation à la
loge la Concorde.
Leur loge, La Parfaite Union, naît au moment où la 98e demi-brigade de ligne se
trouve à Schweinfurth (Bavière, Allemagne), « ville Impériale dans la franconie sur la rive
droite du mein [Main] a 18 lieues de Nuremberg »23. Le 1er mars 1801, ses membres se
réunissent pour une première tenue officielle sous les maillets des T C F Jean François
Clere, Jean Louis André Viroux et Auguste François Charles Foucault. A l’ordre du jour
figure la demande en Constitution auprès du GODF. Sont élus à l’unanimité Vénérable Maître
le chef de Brigade Clere (à l’instar des colonels-propriétaires de régiment de l’Ancien
Régime), le chef de bataillon Viroux 1er Surveillant surveillant, le capitaine Foucault 2nd
Surveillant, le capitaine Jean Baptiste Guerrier Maître des Cérémonies et Tuileur. 24.La Loge
prend rang le 23 mai suivant sous le numéro d’enregistrement 3873. Le 14 juin de la même
année, la Loge fête le premier anniversaire de la bataille de Marengo (26 prairial an VIII).25 A
cette occasion, elle fait frapper médaille.26 Le Tableau du 11 novembre 1801 compte déjà 19
Frères, dont le quartier-maître trésorier, 11 des 17 capitaines, dont Alexis Mataigne et 3 des
17 lieutenants.
A Paris, le général Bonaparte rêve depuis un certain temps de renouveler l’exploit de Jules
César : envahir l’Angleterre. A cet effet, il met sur pied l’Armée gallo-batave27. Comme
point de départ, le choix tombe, comme à l’époque romaine, sur Boulogne. En ce qui
concerne les moyens de transport, Bonaparte suit les conseils prodigués par l’ingénieur
Forfait : « Plus de vaisseaux que pour la forme, ils ne servent à rien qu’à nos ennemis.
Couvrons la Manche de canonnières et vous la traverserez que vous voudrez pendant les mois
de juillet et d’août oùgnent les calmes. »28 En tacticien prévoyant, l’amiral anglais
Horatio Nelson29 () porte le 4 août 1801, une première attaque sur le port de Boulogne, afin
de prévenir toute descente des troupes française en Angleterre.30 Sous le commandement de
l’amiral Latouche-Tréville31 (), ayant sous ses ordres la Flottille de la Manche, les
chaloupes-canonnières et de bateaux-canonniers de la ligne d’embossage tiennent bon. Sous
le feu nourri des batteries côtières, la tentative d’enveloppement de la ligne française par la
21 Au sujet de la 98e, un grand merci à feu notre Frère Jean Bossu « des loges de Recherches de Neuilly, Londres,
New-York », habitant en son temps Epinal.
22 La 98e demi-brigade est composée d’hommes du ci-devant régiment Bouillon.
23 BNF FM2 27 f° 197r, indication ajoutée de main étrangère
24 BNF FM2 27 f°199r, v
25 Jean Palou : La Franc-Maçonnerie, Paris, 1964, coll. petite bibliothèque payot, n° 304, page 223
26 Cette pièce en cuivre rouge d’un diamètre de cinq centimètres est due au graveur B. Auguste. Elle porte côté
face, une couronne de lauriers courant autour de l’effigie de Bonaparte ayant au-dessus d’elle la
mention : « Bonaparte Premier Consul de la Rép. Françe » et en-dessous d’elle: « Bataille de Marengo 25 et 26
Prairial An 8 ». [14-15 juin 1801] Au revers se lit la phrase : « Le premier Consul commandant l’Armée en
personne : Enfans rappelez-vous que mon habitude est de coucher sur les champs de bataille. » Ces indications
ont été aimablement communiquées par Madame Marijo Anciaux de Luxembourg. La médaille figure au
Catalogue de la Collection de Monnaies et Médailles du Prince d’Essling, Paris, 1927.
27 SHAT 2YB 346 :98e de ligne, volume unique, an X – an XI.
28 Michèle Battesti : Napoléon et la « descente » en Angleterre. 1repartie : Les multiples projets de 1778 à 1803.
Napoléon.org http://www.napoleon.org/fr/TemplatePrint/article.asp?idPage=458031 - ancre3
29 Voir la rubrique : Nelson Horatio ; in : Dictionnaire des Marins Francs-Maçons (dir. Jean-Marc Van Hill) ;
Nantes, [2008], Aspoma ; page 215
30 Philippe Masson : Napoléon et l’Angleterre (1ère partie) : Napoléon contre la Marine anglaise (1797-1805) ;
http://www.napoleon.org/fr/cd/bib/articles/textes/sn400/sn400_napoleon_angleterre.html
31 Voir la rubrique : Louis-René Levassor ; in : Dictionnaire des Marins Francs-Maçons ; op. cit. page 164
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