Tout peut-il être dit ?
Ce sujet peut ouvrir sur la capacité et/ou l’autorisation. Le langage est-il capable de tout dire ? ou a-t-
on le droit de tout dire ? On a deux problèmes différents.
La représentation commune de la liberté d’expression est le droit de tout dire sans limite ni
restrictions , sans tenir compte de la liberté des autres. Dans une démocratie , la liberté d’expression
n’est pas la liberté de tout dire. Cette liberté à des limites , qui sont le respect d’autrui. La liberté
n’est pas la liberté absolue.
D’un point vue morale , si l’on considère que la parole peut être un acte ,qu’elle crée une réalité ,
alors la parole va de pair avec une responsabilité . On est face à une limite pesée par la conscience
morale. Dans les régimes autoritaire , la pratique de la censure marque une autre limite à la liberté
d’expression. Cette question à donc un sens moral et politique.
D’un point de vue de la capacité , on s’interroge sur le moyen ; ici le langage , plus que sur les
capacité du sujet. Le tout fait référence au monde autour de nous, mais également ce que nous
ressentons , percevons.
I Langage et communication : spécificité du langage humain :
Le langage est un fait culturel ayant un double statut. D’un côté le langage est un élément primordial
de la culture. C’est une chose qui vient de notre héritage culturel ; la nécessité d’apprendre notre
langue. D’un autre côté , c’est un élément de la culture un petit peu particulier. Le langage est le
vecteur de transmission de la culture.
On pourrait différencier trois termes. Le terme de langage , de langue et de parole.
Le langage désigne la capacité que nous avons à communiquer en général
La langue désigne un système de signes propre à une communauté humaine. Ces signes
peuvent être verbaux ou manuscrits.
La parole est un acte individuel par lequel s’exerce la fonction du langage.
La parole et la communication sont deux choses différentes. L a parole a une fonction de
communication , mais toute communication n’est pas forcément un langage. En linguistique on
va considérer que tout acte de parole met en jeu ‘’ un message et quatre éléments qui lui sont
liées , émetteur , receveur , thème du message , code employé ‘’ _ Romen Jakobson.
L’émetteur est la personne qui émet le message
Le receveur est celui qui reçoit le message
Le thème est le sens du message
Le code est l’instrument linguistique du message ( la langue ) Ce code s’apprend et n’est pas lié
au thème du message : le signe linguistique est arbitraire et conventionnel
Le linguiste Saussure va montrer que le signe est l’association de deux choses , le signifiant et le
signifié. Ce dernier se rapporte au sens. LE signifiant est , en quelque sorte sa matière , sa forme
acoustique.
Texte d’appui : l’arbitraire du signe
La linguistique nous apprend que le langage humain à la particularité ( propre au langage humain )
d’être doublement articulé. La double articulation consiste à trouver deux niveaux d’articulations :
une combinaison d’unité de sens de monèmes qui s’articulent entre eux pour créer des phrases. Avec
un petit nombre de monèmes on peut exprimer une infinité de choses. Ces unités de sens se
décomposent à leur tour en unité de son , le phonèmes. Ces derniers s’articulent entre eux pour
former les monèmes. Ces deux systèmes de combinaisons sont économique. On remarque donc
deux système d’articulation.
Si le langage est articulé , il n’y a de langage qui ne soit pas de langage humain. Notre langage a une
capacité d’expression énorme ; expression de ce qui n’existe pas. Elle est le signe de la distance de
notre conscience par rapport à l’expérience. On n’est pas obligé d’être dans l’expérience pour
pouvoir dire. Cette distance de la conscience va de pair avec le langage articulé.
Cette double articulation témoigne du recul , du détachement de l’expérience immédiate que
permet la conscience réfléchie. A l’inverse le cri colle à l’expression immédiate. Notre capacité
d’expression n’a pas de limite. Elle est l’expression de la pensée conceptuelle. La création technique
nécessite la transmission , il n’y a que le langage articulé qui permette cette transmission.
On ne peut donc pas parler de langage animal. Il faudrait plus justement , parler de communication
animal.
On va constater cela grâce à 3 éthologues : Konrad Lorenz , Nikolass Tinbergen et Karl Von Frisch. Les
éthologues sont des scientifiques étudiantes les animaux dans leurs milieux naturels.
La communication animale utilise des signaux qui pour autant , ne sont pas auditifs. Ils peuvent être
optique ( nid , trace ) , olfactifs ou plus largement chimique ( sécrétions ) ou encore gestuels ( danse ,
parade ). Certains animaux combinent différents types de signaux.
Prenons l’exemple des abeilles. Chez les abeilles ; il y a une communication très élaborée. En effet , la
butineuse qui rentre à la ruche indique aux autres l’emplacement du champs à butiner. Le départ des
autres abeilles vers ce champs prouve que la communication a été faite. Il a donc une transmission
d’informations , enregistrements des données ( sorte de mémoire ) , activité symbolique qui se
traduit par des mouvements corporels . K. Von Frish nous explique quels sont les signaux de
l’abeilles ; ces dernières effectuent des danses ( danses en 8 ; forme de la danses ). Ces signaux
indiquent la direction et la distance. Peut-on vraiment parler de langage ?
On trouve des ressemblances avec le langage humain. Il y a en effet un symbolisme , un signifiant (
danse ) , et un signifié ( lieu du champs ). De plus toutes les abeilles sont capable de transmettre et
de recevoir le même message.
Or le langage humain lui est vocal , il peut se passer de lumière alors que la communication gestuelle
nécessite de la lumière. De plus chez l’abeille , la communication implique une action alors que chez
l’homme ; le langage implique une réponse , un dialogue. Il n’y a pas de possibilité de dialogue chez
l’abeille. Chez l’animal , la réalité concrète est nécessaire pour la communication , pas chez l’homme.
Enfin chez l’animal toute communication est inné , alors que l’homme doit apprendre son langage et
sa langue.
II Langage et pensée : la question de l’indicible ( ineffable )
L’homme est le seul à pouvoir parler. Le langage est-il capable de tout exprimer ? Est-ce que le
langage est l’outil adéquat est omnipotent pour exprimer la pensée. On pourrait en douter puisque
l’on constate souvent que le langage est trop ‘’ court’’ ; cela se traduit souvent avec les sentiments . Il
arrive que l’on pense même que le mot n’existe pas. On peut donc penser qu’il y a des choses
ineffables , trop complexe , trop subtil , trop subjectives.
Quel valeur lui donner ?
On a deux hypothèses , soit l’ineffable serait une sorte de richesse dans laquelle la pensée puise sa
source : on aurait une pensée antérieure au langage. Soit l’on considère que cet ineffable ne relève
pas d’une pensée, il serait l’ échec du langage. Dans cette dernière , la pensée ne serait réel que si
elle s’exprime en mots.
Dans la première hypothèse , on remarque que le langage signifie conceptualisation , précision ,
délimitation. Le mot que je choisi se fait par opposition aux mots que je ne choisis pas. Or dans ce
sens le langage est l’outil de la rationalité. C’est donc un outil qui vise à être précis , mais il est
cependant limité. Il y aurait une réalité plus vaste que celle que les mots pour nous permette
d’atteindre. La poésie joue avec les mots et dépasse la rationalité du langage , il les utilise comme
une matière première.
Le poète Mallarmé dit que ‘’ le poète donne un sens plus pur au mot de la tribu ‘’. Les mots de la
tribu signifie que les mots qui définissent un groupe. Il y aurait des niveaux de sens. Les sens de la
tribu serait le plus bas niveau. Le poète va chercher ‘’un sens plus pur’’. Il y a dans le langage
poétique une valorisation de la subjectivité.
On trouve alors deux manière d’appréhender le langage. Le langage commun visant à la
compréhension ; à la communication , en utilisant des mots généraux , couvrant plusieurs réalités. De
l’autre côté , il y aurait un langage poétique , ne visant pas à la communication. Il évoque quelque
chose de personnel et de subjectifs -> s’oppose la vérité basé sur la démonstration et l’autre sur
l’interprétation.
Texte d’appui : Le rire nous éloigne des choses
On pourrait dire que le mot sépare , analyse et isole. Une partie du réel lui échappe. C’est à cet au-
delà du discours qu’est accordé la valeur suprême. Dans cette conceptions l’au-delà du langage n’est
pas illusoire , ni décevant. Au contraire , il semble renfermer de grandes richesses , il semble être un
contenu plus profond , qui serait hors de portée du langage. L’ineffable avait ici un contenu positif.
L’ineffable serait ce qui nourrit la pensée. Toutefois ne devons nous pas témoigner quelque méfiance
à l’égard de cet ineffable ?
Peut-être que l’ineffable nous apparaît riche , parce qu’il est flou. C’est le mécanisme même de
l’illusion. L’illusion consiste à embellir , a mystifier ce que nous ne connaissons pas . Ce qui est flou ,
ce qui n’est pas nommé , n’est peut-être pas de la richesse , mais plutôt quelque chose qui manque
de réalité , et cette dernière doit passer par des mots. Tant qu’une chose n’est pas nommée , c’est
qu’elle n’est pas saisi. Elle n’existe pas. Pas de réalité pour nous , c’est aussi pas de réalité tout court.
Ce que l’on ne peut pas nommer est-il dans la pensée ?
Texte d’appui : ‘’ Les mots que nous pensons’’
On remarque que dans ce texte , Hegel réduit la pensée à la pensée conceptuelle , et en un sens ,
effectivement , c’est bien cette pensée qui est à l’œuvre , par exemple , en philosophie , en science.
Mais peut-être pourrait on nuancer la thèse de Hegel et différencier les domaines dans lesquels
s’exercent une pensée conceptuelle qui nécessite donc le langage et de l’autre côté un autre type de
pensée qui utilise un autre type de langage.
Selon les domaines , la pensée n’a pas le même statut et le langage le même usage. L’usage de ce
dernier n’est pas le même en philosophie et en science , qu’en littérature et en poésie. On peut
trouver une autre vision , un autre usage du langage.
Texte d’appui : ‘’ Les mots à l’état sauvage ‘’
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