1 - Le plan : 1) En quoi la sociologie est une discipline théorique

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-1Le plan :
1) En quoi la sociologie est une discipline théorique vivante?
2) La sociologie est une discipline ayant un contact étroit avec d’autres disciplines proches
(anthropologie, histoire, psychologie, psychologie sociale, etc.)
3) En quoi la sociologie est en prise avec la vie des individus ? En quoi elle permet de
mieux comprendre les étapes de la vie ?
4) L’expérience politique : le politique a fait une partie du processus de socialisation ainsi
que l’expérience de l’entrée ou de la rencontre avec le monde du travail.
Le travail sur la socialisation c’est réfléchir sur le rapport entre l’individu et la société pour le
sociologue, c’est une interrogation sur le mécanisme. Comment une collection d’individus devient une
société ? Comment expliquer que ces collectivités humaines existent et se maintiennent ? Comment les
individus se rattachent à celle-ci ? Comment est-ce que chacun d’entre nous devient capable de tenir et
de gagner une place dans la société en ayant des comportements appropriés ? Comment une société
parvient à changer tout en restant elle-même ?
C’est parce que nous sommes tous des êtres socialisés et parce que la société met en place des
dispositifs, des mécanismes qui ont pour fonction d’assurer notre socialisation. C’est la société qui agit
sur chaque individu pour en faire un être social qui est un être adapté à la société et à la collectivité. Le
terme de socialisation a une histoire compliquée : il y a plusieurs manières de l’interpréter et de
l’analyser.
Les auteurs, parce qu’ils appartiennent à des courants de pensée différents et ont des
définitions différentes de la société, ont des définitions de la socialisation différentes.
Pour présenter la notion de socialisation, on peut utiliser 3 axes :
 l’axe chronologique : quels sont les auteurs qui ont dit quelque chose d’important sur la
socialisation.
 L’axe théorique : quels sont les écoles, les paradigmes différents qui ont quelque chose à dire
sur la socialisation. C’est lié au premier axe.
 L’axe thématique : quels sont les aspects de la vie sociale concernés, les agents de
socialisation (école, famille, monde du travail, etc.) et quelles sont les dimensions de la vie
sociale impliquées : les conséquences de la socialisation sur les émotions et les manières dont
la socialisation viendra façonner notre corps.
Si on veut comprendre la diversité des réponses, on doit resituer l’approche théorique de l’auteur :
Durkheim (1858-1917), son école théorique est la sociologie comme science du déterminisme
sociologique, les faits sociaux consistent en des manières d’agir, de penser extérieures à l’individu par
un pouvoir de coercition. Durkheim s’est beaucoup intéressé à la question de l’éducation (« éducation
et morale » ; « éducation et sociologie »), pour lui, « l’éducation consiste en une socialisation
méthodique de la génération », l’individu peut être représenté de manière abstraite en 2 parties : l’être
personnel et l’être social qui correspond à un système d’idées, de sentiments et d’habitudes qui
expriment en ouvrant non pas notre personnalité mais les différents groupes dont nous faisons partie.
Dans cet être, on va retrouver tout ce qui est de l’ordre des croyances et des opinions collectives. Pour
qu’une société fonctionne, « il faut que par les voies les plus rapides, à l’être égoïste et asocial qui
vient de naître, elle en rajoute un autre capable de mener une vie morale et sociale » selon Durkheim.
Or, le social n’existe pas dans l‘individu mais en dehors. La grande question qui va animer Durkheim,
c’est comment devient-on un être social, comment est-ce que la société pénètre l’individu et comment
est-ce qu’elle agit sur lui.
Max Weber, son école est la sociologie comme science des interactions sociales, sa définition
de la sociologie : « une science qui se propose de comprendre par interprétations l’activité sociale et
d’expliquer causalement son déroulement et ses effets ». On peut dire que sa sociologie est
-2compréhensive : le travail du sociologue est d’essayer de comprendre le point de vue des acteurs
individuels et collectifs. L’activité sociale se rapporte au comportement d’autrui (les interactions), la
question de la socialisation se pose dans le cadre de l’orientation du comportement de l’individu à
l’égard de celui d’autrui. Cette question se pose dans le cadre de l’interaction.
G. Simmel (1858-1918), c’est un sociologue contemporain de Durkheim et Weber qui va
refuser l’idée substantialiste de la société (que c’est un tout figé, homogène) : il insiste sur l’idée de la
reconstruction permanente de la société et de la création permanente de liens sociaux, de formes de
sociabilité. Pour lui, la socialisation ça consiste non seulement dans la capacité de former des liens
avec les autres pour agir de concert mais aussi en ce que Simmel appelle « l’agir conflictuel » : agir
avec et contre les autres : on s’interroge sur la possibilité de la société. La sociologie « c’est l’étude
des formes d’actions réciproques socialisantes ».
Les anthropologues culturels comme Mead, Erickson, Linton : il y plusieurs types de
personnalité selon les sociétés : qu’est-ce qui explique ces différences ? L’existence de traits
spécifiques, de cultures, de façons d’être avec de jeunes enfants qui peuvent être différentes d’une
société à une autre.
Bourdieu, sa théorie de l’habitus n’est pas originale par rapport aux auteurs plus anciens mais l’idée de
socialisation différenciées est nouvelle : la position sociale, le milieu d’origine induisent un type de
socialisation et donc la transmission d’un habitus spécifique.
Berger et Luckmann se sont interrogés sur la socialisation primaire et secondaire.
La question de socialisation professionnelle est ouverte par eux et approfondie par Dubar.
Percheron ouvre sur sujet de l’importance de la socialisation politique chez les enfants, comment ça
donne une identité à l’enfant et comment se transmettent les opinions dans la sphère familiale : il ne
s’agit pas uniquement de transmission mais en réalité le socialisé a un rôle actif à mener dans sa
socialisation.
L’action de la famille comme agent de socialisation est étudié par Piaget, Lautrey : la famille
est une espèce de maillon intermédiaire entre l’enfant et la société : quels sont les éléments du
fonctionnement familial qui explique la production d’enfants différents (performance scolaire,
personnalité, etc.) ?
La question des identités : elle n’est pas donnée dès le départ, elle se construit mais pas seul.
D’après Dubar c’est « le produit des socialisations successives ».
Le dernier des agents de socialisation : l’école, les transformations importantes qui joue un rôle
important dans l’apprentissage des conduites, des rôles à tenir dans la société.
La socialisation est un terme compliqué car il recouvre plusieurs sens proches mais pas
toujours identiques et on le retrouve dans la presse et d’une autre manière par la sociologie. Pour le
discours commun, ça désigne deux choses : l’idée de mise en commun et le fait que la socialisation
renvoie à la notion de partage, de répartition (ex : la sécurité sociale est un organisme qui va opérer
une socialisation des risques, elle protège chacun contre le risque en demandant une contribution, elle
met en place une mutualisation, une socialisation des risques de l’existence : la socialisation est proche
de l’idée de solidarité ; Internet est un instrument de socialisation des savoirs : il faut concevoir le net
comme un instrument de partage du savoir, c’est l’idée de communication). La socialisation renvoie à
la notion d’apprentissage en groupe comme par exemple : elle désigne l’étape du développement
animal, le dressage au cours duquel l’animal va devoir prendre en compte son environnement : ça
désigne l’acquisition de savoirs particuliers, on va retrouver 3 termes approximatifs : la solidarité, la
communication et l’acquisition (les deux premières ont un lien avec la définition sociologique mais
qui est moins précise).
Si on cherche une première approche, on peut dire que la socialisation c’est le processus à
travers lequel un individu est rendu apte à la sociale. Dans cette première définition, on retrouve l’idée
que la vie sociale est faite d’échanges (éco, sociaux, verbaux, etc.), l’idée qu’il lui faut de la
-3communication ; de la solidarité. La deuxième idée c’est que l’aptitude de l’individu résulte d’un
processus et donc ça rejoint l’idée d’acquisition qui est importante.
En sociologie, il y a 3 systèmes :
 le système social : l’ensemble des parties interdépendantes qui forment une unité informelle :
la société.
 Le système culturel : l’ensemble des manières de faire, de penser, de sentir partagées pas les
personnes qui constituent a société.
 Le système individuel : l’ensemble des composants psychiques de l’être humain.
Cette distinction est abstraite car ces 3 niveaux sont appliqués :
1er niveau : toutes les actions humaines engagent la personnalité de l’acteur qui agit selon des valeurs,
des principes à l’intérieur du système social. Elle permet de mieux concevoir la socialisation parce que
c’est le processus qui va garantir un ajustement suffisant entre la personne et la société. La
socialisation va expliquer comment se coordonnent l’individu et la société.
Définition plus précise de la socialisation : G Rocher (« l’action sociale ») : c’est le processus par
lequel la personne humaine apprend et intériorise au cours de sa vie les éléments socioculturels de son
milieu, les intègre à sa personnalité et s’adapte ainsi à l’environnement social où il doit vivre : cette
définition comporte 3 aspects importants :
- l’apprentissage de la culture : processus continu tout au long de la vie mais qui va être plus
intense pendant l’enfance. Certaines étapes de la vie vont exiger un apprentissage d’un nouvel
ordre ou une adaptation.
- L’intégration de la culture à la personnalité : c’est par là que la culture fait partie intégrante
de la personnalité, ça devient une manière naturelle » de se conduire.
- L’adaptation à l‘environnement social : c’est le résultat sociologique du processus de
socialisation, la personne socialisée va être liée à son milieu, avoir en commun un arrière fond
commun avec les autres, d’où le fait qu’on puisse communiquer.
La socialisation influence les sens, les aptitudes corporelles (l’appareil sensori-moteur).
2ème niveau : le niveau affectif, la socialisation influence les sentiments que l’on peut avoir et la
manière dont on peut les exprimer : l’amour romanesque du 19ème n’existe pas en occident avant le
Moyen Age, la passion n’était que par rapport à Dieu ; en Italie du Sud, la souffrance est exaltée, on
invite des pleureuses professionnelles aux enterrements.
3ème niveau : le niveau intellectuel, la socialisation façonne notre intelligence, nous inculque des
catégories de pensées et nous transmet des stéréotypes à partir desquels on va produire un jugement.
La socialisation produit de la conformité dans la société : elle produit suffisamment de conformité
pour que la société puisse durer. C’est une définition qui souligne un certain nombre de question
comme la capacité de certaines instances de socialisation à pouvoir continuer le processus de
socialisation, etc.
-4Chapitre 1 : les approches théoriques de la socialisation
La socialisation n’est pas un thème réservé aux sociologues, il est utilisé dans des disciplines
voisines comme pour le développement de la personnalité individuelles (psychologie), etc.
Ce qui intéresse le sociologue c’est la façon dont se forme la personnalité sociale chez l’individu :
c’est l’aptitude à l’action sociale et l’acquisition des pré requis de cette action, c'est-à-dire les normes
de comportement, les valeurs individuelles. Comment une personne est amenée à conduire son action
en fonction de motifs ou de buts qui lui sont proposés par la société dans laquelle il vit (ex : pourquoi
un individu essaie de gagner sa vie en travaillant plutôt que par la fraude ou la violence) ou encore
comment la motivation des individus va s’ajuster à la motivation sociale. On retrouve une question
centrale dans le travail de la socialisation : l’articulation des niveaux individuels et collectifs. Dans une
société les individus se comportent d’une façon qui leur semble normale : ces individus ne semblent
pas subir de contraintes particulière, tous ces comportements quotidiens ne résultent pas d’un
ajustement spontané ou naturel, c'est-à-dire que les actions humaines ne sont pas nécessairement
conformes aux attentes de la société, se conformer aux attentes de la société se n’est pas s’inscrire
dans la nature de l’homme : c’est culturel.
Les théories de socialisation essaie de comprendre pourquoi les hommes adhèrent aux valeurs de
leur milieu : 2 façons de répondre :
 la socialisation passe par la contrainte : la société nous détermine.
 L’approche déterministe : la contrainte sociale sur l’individu, la socialisation résulte des
différentes influences subies par l’individu mais aussi des choix qu’il effectue entre ces
influences
I-
La socialisation comme contrainte
Penser les relations entre l’individu et la société revient à se poser la question du poids de l’influence
du social que l’individu mais aussi des modalités de cette influence.
a) Durkheim et la socialisation
Durkheim va donner la pulsion déterminante à la sociologie, il développe une sociologie très riche. Il
donne un fondement scientifique à l’analyse des phénomènes sociaux.
La sociologie se n’est pas une spéculation théorique, elle soit permettre de mieux comprendre la
société et agir pour améliorer son fonctionnement : on relève une finalité instrumentale.
On est à une époque où la société française subit des mutations importantes et fortes, Durkheim va
essayer d’apporter une réponse à la cohésion sociale dans une société qui aurait des bouleversements
assez profonds suite à la révolution française et industrielle (fin 19ème).
1) la cohésion sociale et la conscience collective
Une des caractéristiques importante de la modernité pour Durkheim c’est la perte de la cohésion
dans les sociétés modernes : le processus de division du travail (de plus en plus poussé et complexe) se
traduit par une disparition des formes anciennes de solidarité, on serait passé d’une société à solidarité
mécanique à une société à solidarité mécanique ; d’une société par similitude (tous les individus
partagent les mêmes croyances, valeurs, sentiments, un individu sans spécificité et sans autonomie) à
une société par différences qui a divisé les fonctions : dans ces sociétés, les individus ont des rôles
spécifiques et complémentaires, cette société repose en partie sur la complémentarité des fonctions.
On peut repérer un certain nombre de pathologies sociales (revendication individuelles qui
augmentent, crise économique, progression du taux de suicide : indice de ces transformations) qui
entraîne une montée de l’individualisme à la fois émancipatrice mais aussi potentiellement destructrice
du lien social.
Selon Durkheim, le changement social a été trop rapide, il a rendu moins efficace les institutions
traditionnelles (famille, église, Etat, etc.) et sans rien ajouter. On retrouve chez cet auteur l’idée d’une
crise des institutions socialisatrices. On peut s’interroger que les conditions qui permettent d’assurer la
continuité de la société en intégrant les individus qui arrivent à chaque nouvelle génération
complètement vierges de spécificité sociale et c’est ce qui pousse à la différenciation des individus ; la
société prime toujours sur l’individu selon Durkheim, il y a une priorité historique des sociétés sur les
individus car les individus autonomes n’apparaissent que progressivement dans l’histoire et quelque
soit le type de société dans laquelle on se trouve : le social s’impose toujours aux individus, il
préexiste à l’individu et exerce une contrainte que l’homme donc la société n’est jamais la résultante
-5de l’agrégation des intérêts individuels, c’est plus que ça : la société transcende les individus, elle a
une vie propre qui n’est pas égale à la somme des individus qui la compose.
Attention : il faut toujours chercher à expliquer les comportements individuels par l’action de la
conscience collective sur les individus. Cette notion est centrale chez Durkheim, la définition de la
conscience collective « c’est l’ensemble des croyances et des sentiments communs à la moyenne des
membres d’une même société et formant un système déterminé qui a sa vie propre ». La conscience
collective est un ensemble de mentalités partagées par la majorité de la population et qui s’impose aux
individus indépendamment de leur volonté : elle a une grande force sociale. Elle implique l’existence
de valeurs communes qui sont concrétisés par des normes et la contrainte sociale est un ensemble de
règles que se donne une société pour atteindre les dispositifs que la société met en place pour rendre
ces règles effectives. Ces règles ne sont pas innées mais transmises, les individus doivent les
intérioriser et la socialisation peut être définie comme les mécanismes de transmission des valeurs et
des normes nécessaires à l’intégration des individus et pour que ces individus puissent tenir leur place
dans la société. Cette intériorisation des normes est plus ou moins consciente, les habitudes qu’on peut
avoir dans la vie sont, pour Durkheim, des ormes qui sont appliquées machinalement tellement elles
sont bien intériorisées (ex : à table avec N. Elias).
Cette socialisation est un phénomène universel mais qui peut prendre des formes variées selon les
contextes sociaux : il n’existe pas de société sans conscience collective, ça consiste en la transmission
des modèles culturels à partir des générations adultes vers les générations montantes : l’objectif c’est
pas seulement d’introduire les individus à la vie en société et au travail mais aussi et surtout c’est
d’assurer le maintien et la reproduction de l’ordre sociale pour Durkheim.
2) Le processus d’intégration et de régulation
Dans sa théorie de la socialisation, Durkheim fait la distinction entre intégration et régulation.
L’intégration c’est la façon dont un groupe social attire un individu et se l’approprie. Ce processus
passe par des contacts fréquents (interactions) entre les membres du groupe et ça permet le partage
d’idées, de sentiments. Ce processus conduira à l’existence de passions uniformes et donc à la
poursuite de buts communs. Ce processus conduit à l’attachement au groupe selon Durkheim.
Le principe de régulation est complémentaire mais différent à celui d’intégration. Il ne fait pas
seulement intégrer l’individu mais il faut aussi harmoniser et régler son comportement : le processus
de socialisation doit jouer un rôle modérateur. Les individus ont des désirs infinis or la stabilité d’une
société exige des individus disciplinés : il faut leur apprendre la contention. La régulation sociales
c’est ce qui permet de passer de l’univers infini à l’univers fini et hiérarchisé des passions sociales : ça
conduit à l’esprit de discipline.
3) Education, école et corporation
L’éducation pour Durkheim n’a pas seulement pour objectif l’individu et ses intérêts mais c’est
surtout un moyen pour la société d’assurer sa permanence, ça permet la reproduction sociale.
« L’éducation consiste en une socialisation méthodique de la jeune génération et l’objectif est de
constituer en chacun de nous l’être social », cet être social a un système d’idées, de sentiments,
d’habitudes qui sont en nous et qui exprime le groupe ou les sous groupes différents dont on fait
partie, ce sont les opinions collectives, les croyances et les pratiques morales, les traditions (nationales
ou professionnelles), les croyances religieuses, etc. Cet être social n’existe pas dans la constitution
primitive de l’homme mais la société se trouve à chaque génération en face d’individus « vierges ».
L’idée c’est que la société ne peut vivre que si il y a une homogénéité suffisante entre les membres :
l’éducation renforce cette homogénéisation et va renforcer chez l’enfant la vie productive.
« L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres
pour la vie sociale, elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre
d’états physique, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble
et le milieu social auquel il est particulièrement destiné ».
L’éducation via l’école est un processus de socialisation central : la période charnière pendant
laquelle les individus apprennent à aimer les instructions, à vivre en groupes, etc. c’est le canal
d’intégration de la société. Pour Durkheim, les institutions de socialisation ne jouent plus bien leur
rôle car l’industrie moderne va avoir 2 conséquences : la division du travail social (déracinement des
individus : les cadres sociaux traditionnels sont bouleversées) et les individus s’émancipent des
anciennes manières de faire, d’agir et de penser. L’église et la famille sont peut être moins en mesure
de jouer leur rôle socialisateur : la transmission des coutumes qui donné une stabilité de la vie sociale.
-6Les anciennes instances de socialisation ne sont plus assez efficaces dans les conditions de vie
actuelles : il faut en créer une nouvelle car c’est indispensable à la stabilité de la société selon
Durkheim.
L’école va beaucoup intéresser Durkheim (il en fera plusieurs ouvrages). C’est un rôle clé car
l’école assure le développement psychologique des enfants : la discipline scolaire apprend aux enfants
à limiter leurs désirs et c’est essentiel dans le processus de régulation. Les enfants apprennent à
respecter l’autorité du maître et les autres : la classe est donc une petite société où les enfants vont
apprendre le sens de la vie commune. L’école est une institution qui va assurer la survie de la société
car elle assure la reproduction des normes et des valeurs sur lesquelles repose la société : l’école va
transmettre des attitudes et des habitudes mentales que la société exigera de chacun. L’école créée
l’être social. Durkheim a été un défenseur de l’école obligatoire et universelle.
La corporation (les groupes professionnels). Durkheim va montrer l’importance des corporations
dans le contexte de désindustrialisation, étant donné que la vie professionnelle dure toute la vie, la
corporation peut jouer un rôle essentiel dans la vie des individus. La corporation doit regrouper les
patrons et les salariés à l’intérieur de chaque métier : elle n’est pas au service de la lutte des classes
mais à l’intégration car elle unifie les passions sociales. Les groupes professionnels sont aussi des
instances de régulation car ils produisent des règles communes à partir desquelles les individus vont
agir.
b) L’apport de l’anthropologie culturelle
Cette anthropologie culturelle se développe aux Etats-Unis dans les années 30, dans cette
approche on va trouver un culturalisme. Cette approche va montrer que la personnalité des hommes et
des femmes n’est pas déterminée par leur sexe biologique mais par le modèle culturel transmis par
chaque société à partir du plus jeune âge. Tous ces travaux vont accorder à la culture le statut
explicatif majeur dans le fonctionnement de la société. C’est à partir d’une réflexion de la culture que
ces travaux vont essayer de comprendre et expliquer la cohérence de la société par cette culture : ces
auteurs vont expliquer l’intégration et la stabilité du système social à partir de la culture. Quelques
auteurs clés : Margaret MEAD, Ralph LINTON, Ruth BENEDICT.
La culture, pour les culturalistes est l’ensemble des valeurs fondamentales propres à une société
donnée. Cette culture a plusieurs caractéristiques : elle dérive de l’environnement de l’homme, elle
explique les régularités dans les comportements observables de l’homme, elle est l’instrument grâce
auxquels les comportements et l’ordre social de base s’ajustent et elle est le produit d’un
apprentissage, ça renvoie à la socialisation telle qu’on l’a définie et l’idée c’est que la culture procure
une place importante dans le processus de socialisation.
1) l’impact de la culture sur la personnalité des individus
L’idée principale du culturalisme c’est que la personnalité des individus est le produit de la culture
dans laquelle ils sont nés. Ce sont des travaux qui vont insister sur la spécificité de la culture et donc le
relativisme culturel.
Les institutions jouent un rôle central car les individus sont en contact avec elles pendants leur
formation et elles vont produire un certain type d’environnement sur eux et donc un certain type de
personnalité. La famille est l’institution primaire, la religion l’institution secondaire.
Pour les anthropologues culturalistes, la société est un ensemble caractérisé par un ensemble de
normes et d’institutions (mariages, polygamie) de coutumes qui constituent son système culturel. Cet
ensemble d’institutions et de coutumes a pour fonction de socialiser les individus et d’imprimer en
chacun d‘eux leur marque spécifique : ils produisent un conditionnement et créent un certain type de
personnalité.
Margaret MEAD est un anthropologue important qui va participer au culturalisme. Elle va
travailler sur les tribus d’Océanie et sur leurs différences importantes. Elle publie un ouvrage : »mœurs
et sexualité en Océanie ». Elle étudie 3 tribus : les arapeschs, les mundugumors et les chambulis. Les
arapeschs sont caractérisés par une grande douceur et un refus de la violence, les mundugumors ont un
tempérament agressifs et les hommes et les femmes se caractérisent par un comportement violent, les
chambulis forment un groupes où la femme est le partenaire dominant dans le couple y compris dans
le rapport sexuel où la femme seule prend l’initiative. 3 remarques importantes : la différences
sexuelle n’est pas toujours marquée comme elle peut l’être en occident, les arapeschs et les
mundugumors n’instituent aucunes différences entre les sexes ; certaines aptitudes que nous associons
au tempérament féminin (pacificité, douceur…) peuvent être typique dans le comportement des
-7hommes (les chambulis) ou même des deux sexes (les arapeschs), ces attributs ne sont pas
complètement déterminés par le sexe des personnes ; comme différents comportements sont le résultat
d’un conditionnement social qui explique que les arapeschs deviennent tous paisibles alors que les
mundugumors deviennent agressifs.
Margaret MEAD : « seule la société pesant de tout son poids sur l’enfant peut être l’artisan de tels
contrastes ».
Ruth BENEDICT étudie les indiens d’Amérique : certains ont une personnalité apollinienne
fondée sur la douceur, la sagesse, la sobriété et d’autres une personnalité dionysiaque qui les pousse à
la compétition, la lutte, la domination. Cet auteur conclue que « la plupart des gens sont façonnés à la
forme de leur culture à cause de l’énorme malléabilité de leur nature » : la nature des individus est le
produit de leur culture. On peut dire que pour l’anthropologie culturelle, les personnalités individuelles
se forment par incorporations progressives de la nature de leur société d’appartenance. La culture
devient peu à peu partie intégrante de la personnalité des individus.
2) Le schéma de la personnalité de base
Les individus doivent s’adapter à un certain milieu naturel. Dans chaque société, cette réalité
extérieure nécessite que chaque individu s’impose des restrictions, contrôle différemment ses pulsions,
apprennent les interdits. Dans chaque société, la personnalité individuelle s’épanouie différemment et
se développe un type particulier d’activité psychologique : Kardiner appelle ça une personnalité de
base : le résultat d’apprentissage de la culture, un précipité culturel. C’est le noyau dur que vont
partager tous les membres d’une société (foyer psychologique à partir duquel vont se développer les
personnalités individuelles).
Pour les anthropologues culturels, le caractère c’est un déclinaison des individus : quand
l’environnement varie, la structure de la personnalité de base varie aussi ce qui explique que le
contenu de la socialisation est différent selon les sociétés et l’anthropologie débouche que une
conception relativiste de la socialisation : il n’y a pas de mécanisme universel dans la formation de la
personnalité des individus
3) Le rejet des mécanismes universels de structuration de la personnalité
En développant une réflexion des individus, les anthropologues construisent une critique de la
psychanalyse : Freud considère que la libido rencontre parfois les interdits de la société (l’inceste) qui
pour lui est universel : le complexe d’Œdipe qui va jouer un rôle décisif dans la construction de la
personnalité sexuelle. La socialisation prend une forme conflictuelle (entre pulsion de l’enfant et de la
société), c’est le schéma universel selon Freud : les anthropologues admettent l’idée que la
socialisation consiste à discipliner l’instinct, à refreiner les passions mais pour eux, il n’existe aucun
mécanisme universel comme le complexe d’Œdipe. Ex : aux îles marquises, Linton observe que les
enfants sont confiés aux hommes de la tribu, il n’y a pas de relation fusionnelle avec la mère et plus
tard les enfants disposent d’une grande liberté, les enfants ne sont pas confrontés au complexe
d’Œdipe et donc à la frustration d’où une tolérance plus grande et le fait que la jalousie y est inconnue.
4) Ralph Linton
Il y a 2 notions que Linton a formalisé :
Le statut : c’est la place qu’un individu donné occupe dans un système donné à un moment
donné. Ca relève de la structure sociale. Chaque individu possède plusieurs statuts car il appartient à
plusieurs systèmes. Le statut correspond à un ensemble de droits et de devoirs et le statut est
complètement dépendant de l’individu. D’un point de vue théorique, on fait une distinction entre
individu et statut : le statut ne peut pas s’exprimer que par l’individu : il dépend de son âge, de son
sexe, de ses diplômes, de son origine sociale, etc.
Le rôle : c’est l’ensemble des modèles culturels associés à un statut donné, à chaque statut
correspond un rôle auquel l’individu doit se conformer. Le rôle correspond à l’aspect dynamique dans
le sens où l’on retrouve dans le comportement de l’individu l’ensemble des droits et des devoirs liés à
ce statut. L’individu, pour Linton, joue un rôle qu’on attend de lui au sens où il applique par son
comportement les droits et les devoirs qui constituent son statut. Le rôle englobe les attitudes, les
valeurs, le comportement que la société assigne à un statut.
Le rôle et le statut sont indissociables : ce sont deux faces distinctes de la réalité sociale. Tout statut est
associé à un rôle, les rôles sont des comportements appris par l’individu sur la base des statuts actuels
ou futurs de celui-ci. Le rôle c’est ce que l’individu doit faire pour valider sa présence dans ce statut :
ça correspond à une attente sociale à laquelle l’individu doit se conformer. Ces notions constituent des
-8guides qui permettent d’organiser le comportement et les attitudes des individus, ils traduisent donc
des modèles idéaux qui régissent la vie sociale : plus les individus sont adaptés à leur rôle et leur
statut, mieux la société fonctionne ; l’assignation à une place particulière dans la société, elle définit
les comportements à remplir qui peuvent nécessiter un apprentissage. Les rôles et les statuts sont
indispensables au bon fonctionnement de la société.
L’apprentissage et l’entraînement à ces attitudes et comportements peuvent commencer très
tôt voire dès la naissance.
Il y a deux sortes de statuts : attribué (naissance) et acquis (évolue au cours de la vie). Il existe
chez tous les membres d’une société des éléments de personnalité partagés par tous (gestes, postures,
attitudes, etc.) liés à une communauté d’idée de valeurs. Les personnalités statutaires se superposent à
la personnalité de base, ces personnalités statutaires sont des manières de faire, d’agir, des attitudes
liées à l’appartenance à un groupe particulier ou à une catégorie sociale : la socialisation différenciée.
La socialisation c’est le processus par lequel les individus intériorisent les modèles culturels et le
processus qui a pour but la formation de la personnalité de base et statutaire. La personnalité est avant
tout liée à la culture qui façonne la personnalité de base et statutaire même si il existe des variations à
l’intérieur de cette personnalité statutaire : la culture fournit donc des modèles de comportement. Cette
influence se fait de deux façons différentes :
 une influence culturellement modelée qui va agir pendant l’enfance,
 une influence observée par l’individus ou les enseignés (modèles de comportement) : les
modèles qui servent d’exemple pour se comporter (influence tout au long de la vie).
L’idée de socialisation chez Linton met en avant l’idée de conditionnement mais il insiste aussi sur le
rôle de la particularité individuelle dans la dynamique culturelle, c'est-à-dire que le conditionnement
n’est pas total, il y a élaboration de réponses de l’individu qui permettent à la société de s’adapter.
c) Norbert Elias et le processus de civilisation
2 ouvrages : la civilisation des mœurs & la dynamique de l’occident.
C’est un sociologue allemand du 20ème (1897-1990) qui occupe une place assez particulière : il
porte un regard différent des autres auteurs sur la notion de socialisation. Elias va s’inspirer de
l’histoire : sa sociologie c’est une sociologie qui prend en compte les évolutions qui s’établissent sur la
très longue durée. Cette notion de socialisation ne peut pas être séparée de l’idée de processus de
civilisation.
Elias souligne que jusque la renaissance (17ème) les hommes vivent de barbarisme innocent, de
violence : il y a une grande liberté d’expression d’émotions et de désirs. Il indique par exemple qu’on
prenait plaisir à torturer et à tuer les adversaires au Moyen-âge et c’était considéré comme légitime
(les exécutions publiques). Les fonctions du corps (manger, se moucher, uriner, etc.) ne s’accompagné
que par peu de sentiment de pudeur et de gêne par rapport à toutes ces fonctions on ne cherche pas à
la discrétion car c’est naturel : Elias cite e traité de savoir-vivre d’Erasme (1530) : « il est malpoli de
saluer quelqu’un qui urine ou défecte », etc. Les choses ont évoluées mais comment peut-on expliquer
cette évolution ?
Elias essaie de répondre : le processus de civilisation qui consiste à refouler ce que les individus
ressentent en eux-mêmes comme relevant de leur nature animale (ex : avant on mettait la bête entière
sur la table mais on était dégoûté par cette image), ce processus se fait sur très long terme et va être la
tendance à augmenter le contrôle sur tout ce qui relève de l’animalité en le rendant moins visible ou en
le refoulant dans l’intimité par exemple : l’odeur corporelle, la nudité, etc. (on ne crache plus par terre,
on se mouche dans un mouchoir, les couverts à tables) : c’est le résultat du processus de civilisation
qui amène à un adoucissement des mœurs et des manières comme le développement de la pudeur, de
la politesse, de la décence… Ce processus va se traduire par une plus grande maîtrise pulsionnelle : le
développement de l’autocontrôle, du refoulement de certains désirs, d’émotions, etc. Elias va montrer
que ce processus ne se déroule pas n’importe comment : c’est l’aristocratie (la noblesse) qui va créer
ces nouveaux comportements plus convenables aux autres catégories sociales (d’abord dans la
bourgeoisie) : on est dans une distinction de classes mais il y a un problème de déformation. Les
évolutions apparaissent dans le cercle limité puis se diffusent dans la société entière. Le comportement
quotidien c’est le résultat d’un long processus de civilisation. Pour Elias, la façon de se tenir à table,
d’assurer les fonctions naturelles, la maîtrise de la violence se fait grâce à ce processus.
-9C’est aussi le seuil de sensibilité qui se déplace avec l’apparition de la gène ou avec la progression
du seuil de ce qui est ressenti comme pénible : les mécanismes de sanctions et de répressions sont
devenus moins nécessaires car à mesure que les individus intériorisent les normes de comportement,
les contraintes sociales sont devenues des autocontraintes (notion centrale chez Elias) par le
phénomène d’intériorisation des normes de comportement.
Le processus de socialisation va être lié à la mise en place d’une autre structure émotionnelle, ce
qui est au centre de ce processus c’est le passage de normes sociales imposées à l’individu de
l’extérieur par des châtiments à un rapport d’autocontrainte, d’autocontrôle des individus qui devient
automatique : on en a même plus conscience. On peut dire que l’évolution des mœurs qu’on peut voir
au niveau collectif (sociogenèse) peut aussi être observer à un niveau individuel (psychogenèse) : ça
permet de comprendre la perspective d’Elias sur la socialisation car pour lui dans chaque individu
civilisé, depuis l’enfance, s’accomplit en raccourci un processus qui a duré des siècles.
« L’histoire d’une société se reflète dans l’histoire interne de chaque individu : chaque individu doit
parcourir pour son propre compte en abrégé le processus de civilisation que la société a parcouru
dans son ensemble ; car l’enfant n’est pas civilisé. »
Pour Elias, la famille va avoir une place centrale car c’est elle qui inculque à l’individu dès la
toute petite enfance une autocontrainte qui va rapidement se transformer en habitudes, en
automatismes. En même temps les parents ne sont que les 1ers agents du conditionnement car la réalité
c’est la société, le réseau social où évolue le jeune qui, pour Elias, va exercer une pression constante
que lui et le modeler plus ou moins à son image.
d) Pierre Bourdieu et la notion d’habitus
La théorie de Bourdieu se situe dans la ligne des conceptions déterministes qui insistent sur
l’action de la société sur l’individu. A travers cette notion d’habitus, Bourdieu va moderniser des
anciens concepts, c’est un concept central dans la sociologie de Bourdieu, il assure l’articulation entre
l’individu et le collectif. Ce concept est aussi important car il permet de comprendre de quelle manière
l’homme devient un être social mais il permet aussi de comprendre la reproduction de l’ordre social.
La socialisation, pour Bourdieu, est caractérisée par la formation de l’habitus.
Comment Bourdieu va définir cette notion ? C’est un système de disposition durable acquis par
l’individu au cours de sa socialisation (du processus de civilisation). Ces dispositions sont des
attitudes, des inclinaisons à percevoir, à sentir, à faire et à penser intériorisés par les individus.
L’intériorisation va être un mécanisme essentiel de la socialisation dans la mesure où les
comportements et les valeurs appris sont considérés comme allant de soi, comme étant naturel ou
quasi instinctifs. L’intériorisation permet d’agir sans être obligé de se souvenir des règles qu’il faut
observer pour pouvoir agir.
Il y a chez Bourdieu une double dimension de l’habitus car il est à la fois intériorisation de
structures objectives (insiste sur l’action de la société qui modèle la personnalité de l’individu) et en
même temps c’est aussi l’extériorisation au sens où l’habitus détermine des comportements : les
individus n’ont que l’illusion de pouvoir choisir car la société dicte leurs comportements par la
médiation de l’habitus. L’habitus désigne deux choses :
 c’est un résultat des apprentissages sociaux qui inculque aux individus des manières de faire et
de penser : c’est le dépôt à l’intérieur de l’individu, de ses expériences passées mais Bourdieu
explique que notre expérience sociale dépend de notre place dans l’espace social, il y a ce que
Bourdieu appelle un habitus de classe : notre expérience sociale nous conduirait à aimer
certaines choses plutôt que d’autres et l’habitus c’est à la fois la grille de lecture à travers
laquelle on perçoit et on juge la réalité et aussi le producteur de nos conduites. On a nous
même l’impression que ce type de personnalité sont des produits de l’habitus (aimer des
choses plus que d’autres) : ça résulte de la position sociale. Nos préférences sont en fait les
contraintes sociales qui apparaissent comme des choix libres.
 C’est aussi le cadre à l’intérieur duquel nous allons pouvoir agir : c’est un ensemble de
dispositions pour agir, c’est un sens de l’orientation social, l’habitus nous permet donc une
certaine liberté dans les limites de nos expériences sociales. Bourdieu « on est libre de faire
des choix, de penser mais on est libre de faire ou de penser de ce que notre habitus nous a
programmé de faire ou de penser » : contrainte de notre habitus de classe.
- 10 Bourdieu est unique dans sa conception du social car les approches étudiées insistent sur la
fonction et les effets de la socialisation du point de vue global : la socialisation est une contrainte alors
que chez Bourdieu, la conception de la société s’inscrit dans une théorie de la domination : on a les
dominants et les dominés. La société pour Bourdieu est composée par différents milieux sociaux, c’est
une sort de système de position avec des positions de dominants et de dominés. Du même coup,
Bourdieu, à travers cette manière de voir donne une place plus large à l’idée de socialisation
différenciée : la position sociale, le milieu d’origine et donc un type particulier de socialisation d’où
une transmission d’un habitus spécifique : Bourdieu parle d’habitus de classe.
Bourdieu distingue un habitus bourgeois, petit-bourgeois et populaire qui correspondent à des
manières de faire, de penser, des styles de vie, etc. différents mais qui sont prévisibles. L’habitus pour
Bourdieu va identifier l’individu à sa position. D’un côté, la classe dominante est caractérisée par des
goûts, des activités (golf, échec, piano, etc.) spécifique et d’un autre côté il y a les ouvriers (foot, vin
rouge, etc.). Il y a donc 3 styles de vie différents avec des habitus spécifiques :
 la classe dominante a un habitus fondé que la notion de distinction (du point de vue de
l’aisance corporelle, du choix du milieu où vivre, de la façon de parler, etc.), il y a un clivage
interne : 2 styles de vie différents, la nouvelle bourgeoisie et l’ancienne,
 l’habitus des petits-bourgeois correspond d’une part à un « volontarisme rigoriste » lié à leur
volonté d’ascension sociale mais aussi d’une « restriction par prétention », cette classe ne
constitue pas un groupe homogène sous l’angle des styles de vie : il y en a deux différents, les
petits-bourgeois ascendants (habitus comparable à la nouvelle bourgeoisie) avec un devoir de
plaisir et les petits-bourgeois en déclin qui se distingue par la préférence au traditionnel et est
plus austère que l’autre avec des valeurs comme l’ordre, la minutie, la rigueur et le travail, etc.
 le 3ème style de vie : les classes populaires qui ont un habitus très marqué par un sens de
nécessités et de l’adaptation à cette nécessité, on est en milieu populaire dans une soumission
à l’urgence, dans un refus à la gratuité des services esthétiques où on préfère des intérieurs
propres et des habits simples. On valorise la force physique, c’est en lien avec la position
professionnelle de ces classes populaires (travail manuel et physique).
L’habitus est un puissant facteur de reproduction sociale qui est double :
 la socialisation est au cœur de la reproduction comme continuité des structures sociales.
 La socialisation, en transmettant à chaque individu l’habitus de sa classe et les ressources,
capitaux (4 grands types de capitaux chez Bourdieu : économique, culturel, symbolique et
social) permettant d’intégrer une position sociale, assure la reproduction comme la
autorecrutement des milieux sociaux
Le schéma de l’habitus est donc une autre interprétation de la socialisation et la socialisation
désigne ici l’ensemble des expériences sociales à partir desquelles nous allons savoir et pouvoir agir
en société. Ce concept permet d’abord de montrer que l’homme est un être social et que les
comportements qui lui paraissent les plus naturels ou innés ne sont en fait que le fruit des acquis
sociaux. Par exemple, la personnalité des individus n’est qu’une variante d’une personnalité sociale
qui est constituée des et par l’appartenance à une classe sociale. On voit que Bourdieu permet à travers
cette conception de comprendre la logique des pratiques individuelles, rend compte des mécanismes
des la reproduction sociale par « l’intériorisation de l’extériorité et l’extériorisation de l’intériorité », il
donne aux individus le sentiment d’être à leur place.
Son approche est un peu plus souple que les précédentes : l’habitus n’est pas un pur déterminisme
même si on est dans une socialisation par contrainte mais c’est plus un cadre dans lequel l’acteur
social dispose d’une certaine marge de manœuvre.
Plusieurs critiques ont été formulées par rapport au développement de Bourdieu comme B. Lahire
(« l’homme pluriel ») qui va reprocher à Bourdieu que ce concept d’habitus est surtout opératoire dans
les sociétés traditionnelles qui s’inscrivent dans le registre de la communauté (Bourdieu a commencé
par société Kabyle), il critique aussi le caractère trop globalisant de l’habitus : en réalité un individu
intériorise non pas 1 mais plusieurs habitus aujourd’hui car les acteurs se caractérisent par la rencontre
d’une pluralité de contextes sociaux (un homme d’affaire, père de famille, joueur de foot : il ne va pas
être le même dans chaque contexte). Lahire dit que l’individu intègre plus ou moins consciemment,
tout au long de sa vie et dans le cadre d’expériences sociales multiples, des schèmes (manières de
- 11 penser et de sentir susceptibles d’orienter des comportements qui sont autant de dispositions à agir) et
donc l’individu range ces schèmes dans des répertoires qu’il réactive de manière sélective en fonction
du contexte d’action.
Conclusion de la 1ère partie :
Ces différentes approches sont assez fécondes et montrent que notre environnement culturel,
social conditionnent nos manières de faire et de penser, il y a donc intériorisation de l’extérieur. Les
individus dans cette perspective sont le produit de leur société : ils baignent dans leur culture et ils en
sont imprégnés souvent de manière inconsciente ce qui rend la socialisation d’autant plus efficace. En
même temps, toutes ces approches présentent la particularité et peut-être le défaut d’insister sur
l’aspect déterministe de la socialisation, cela caractérise l’ensemble de la 1ère partie sur l’aspect du
déterminisme de la socialisation comme conditionnement, comme contrainte et Boudon dit que ces
approches partagent une conception hyper socialisée. Elle considère l’individu comme une
décalcomanie de la société qui l’entoure et finalement peu de place à l’acteur et à ses choix.
II-
La socialisation comme produit des interactions sociales
Elle accorde une place plus importante à l’acteur social, ce sont des théories qui placent l’interaction
au centre de la réalité sociale et bien évidemment la socialisation est un processus auquel personne
n’échappe mais l’individu n’est pas passif : il intervient dans ce processus. Il y a l’idée que l’individu
peut avoir un rôle actif, ces approches insistent sur le rôle de l’expérience dans la construction de
l’individu et on retrouve l’idée que les individus ne sont pas des simples supports des structures
sociales et ces individus construisent leur identité dans l’interaction, dans la relation aux autres à partir
des expériences sociales qu’ils vivent. Ces individus participent eux-mêmes à la production de la
société : la socialisation n’est donc pas qu’un processus de réception passive, la socialisation implique
aussi la volonté des individus : c’est une approche compréhensive de la socialisation comme chez Max
Weber, Mead, Piaget, Erikson, Luckmann et Berger, etc.
A) les formes de la socialisation chez Simmel (1858-1918)
Simmel est un contemporain de Durkheim et de Weber, il a été un peu oublié et il n’a pas été
identifié comme un des auteurs fondateurs de la sociologie. On a vu avec Durkheim que la
socialisation correspond à l’éducation donc la socialisation est l’ensemble des mécanismes
d’apprentissage qui font que les individus intériorisent les valeurs et les normes sociales : processus
d’intériorisation et le social va avoir la primauté sur l’individu. L’entrée de l’individu dans des
groupes est déjà formée : primauté de la société dur l’individu. Avec Simmel, l’accent est mis sur la
capacité des individus à former des liens avec et contre d’autres individus : Simmel va privilégier ce
que Durkheim met au 2nd rang, c'est-à-dire la notion d’interaction, de complémentarité. De ce point de
vue, il y a une proximité avec la sociologie de Weber, la vie sociale chez Simmel est un mouvement
par lequel ne cesse de se renouveler les relations entre les individus. Simmel créé un concept pour
analyser ces relations : « l’action réciproque » (l’influence que chacun exerce sur autrui). Les
motivations des individus sont diverses mais ce qui compte c’est que l’ensemble de ces actions
contribue à unifier la totalité de ces individus dans une société globale. L’objet d’analyse de Simmel
n’est pas l’individu ni la société en tant que tels mais c’est plutôt sur l’interaction créatrice entre ces
deux pôles extrêmes que sont l’individu et la société : la production de la société par les individus et le
façonnement permanent de l’individu par la société vont être la matrice du lien social.
Simmel ne dit pas qu’il oublie les structures lourdes qui pèsent sur les individus mais il met
l’accent sur la société qui est en train de se faire : c’est complémentaire à Durkheim. La société pour
Simmel ne se limite pas aux actions réciproques durables qu’on retrouve à travers les figures
uniformes (églises, Etat, famille, groupes sociaux, etc.). Derrière ces formes cristallisées, ces cations
réciproques durables, il existe un nombre infini de formes réciproques entre les hommes qui peuvent
être banales mais qui contribuent à constituer la société telle qu’on la connaît comme par exemple des
regards, une bousculade, s’écrire des lettres, prendre un repas en commun, etc. ce sont des actions
réciproques immédiates. Simmel dit que ces formes d’actions réciproques immédiates c’est réduire le
corps : la société découle des actions réciproques, les interactions qui traversent la société et ces
actions réciproques n’en sont ni la cause ni la conséquence de la société, elles sont elles-mêmes déjà
société pour Simmel, c'est-à-dire mode et forme de socialisation. La socialisation c’est le processus qui
conduit à la formation d’une société, c'est-à-dire l’entrée ou le passage dans une société.
- 12 -
La socialisation pour Simmel consiste non seulement dans la capacité de former des liens avec
d’autres pour agir de concert mais ça consiste aussi dans l’agir conflictuel, c'est-à-dire avec et contre
d’autre et là il y a un exemple de socialisation important étudié par Simmel : la mode ; elle vient
répondre à un double besoin, elle correspond à un besoin de d’imitation et de conformité mais aussi à
un besoin de distinction et de démarcation : le phénomène de mode à une double fonction « qui est de
réunir un cercle tout en isolant des autres », c'est-à-dire que la mode signifie le rattachement de
l’individu à ses paires et du même coup la fermeture de ce groupe vis-à-vis des inférieurs, des
étrangers (des autres).
Simmel dit associer et distinguer telles sont les 2 fonctions de base, ici, inséparables dont la 1ère
bien que ou parce que l’opposé logique de la seconde est la condition même de sa réalisation : « la
fragilie de la culture ».
Simmel a développé une approche sociologique de la conscience et du secret qui sont des formes
de socialisation pour lui, il a aussi développé la sociologie du conflit.
Le conflit a une signification sociologique car il suscite et modifie des communautés
d’intérêts d’où un regroupement. Pour les sociologues, le conflit est le sujet au centre de ce qu’ils vont
étudier. A l’inverse de la plupart des sociologues de son époque, Simmel va considérer le conflit
comme une forme fondamentale et fondatrice de toute socialisation : il a une vision positive du conflit.
« Si toute action entre les hommes est une socialisation alors le conflit qui en est une des plus actives
doit être considéré comme une forme une socialisation ». Le conflit c’est d’abord le signe d’une
opposition qui implique un objet commun qui est le prétexte de litige et qui réunit les acteurs : les
protagonistes peuvent s’entendre sur un règlement non conflictuel du litige. Il y a à la fois hostilité et
socialisation autour du litige. « Un groupe qui serait centripète et harmonieux, une simple réunion
n’aurait pas de raison car la société a besoin d’un certain rapport d’harmonie et de dissonance,
d’antipathie et de sympathie qui fonde la vie sociale et l’existence de la société » : il pose l’idée qu’un
groupe harmonieux n’a pas vraiment d’existence, ce n’est pas trouvable de manière empirique car la
société a besoin d’un élan qui va mêler harmonie et dissonance, la société a besoin d’une certaine
entente mais en même temps d’une certaine opposition entre les membres. C’est le rôle d’intégration
positif de l’antagonisme et il attire notre attention sur l’illusion qu’il y aurait à croire que la vie
collective serait plus riche et plus pleine si on éliminait les énergies répulsives qui sont aussi
considérées isolément destructrice, idée importante : la concurrence socialise car elle crée des liens
sociaux avec des arbitres de non concurrence, ceux qu’on recherche à séduire, à convaincre.
Il y a une importance centrale des interactions chez Simmel et une complémentarité avec Durkheim et
Weber.
B) Les deux formes de socialisation chez Max Weber (1964-1920)
Il va développer une sociologie très différente de Durkheim : il considère que les individus sont au
fondement de la vie sociale, des actions sociale et pour lui, Durkheim a exagéré en disant que c’est la
société qui s’exprime à travers les individus. L’action des individus n’est pas le pur produit d’un
déterminisme extérieur comme le disait Durkheim mais au contraire les individus sont des acteurs
pour Weber donc il faut analyser le sens que les hommes donnent aux choses : quelle signification ils
donnent à leurs actions ? Il faut prendre en compte les intentions des acteurs (individuelles ou
collectives) : il faut analyser les valeurs qui les motivent. Au travers de ce point de vue, Weber ne nie
pas l’apport en sociologie d’une démarche statistique qui permettrait d’établir des lois, etc. mais il ne
privilégie pas cela : il prend en compte des intentions subjectives des acteurs sociaux, cette démarche
de compréhension subjective doit permettre la mise en évidence des cause et cela aussi bien que la
démarche statistique d’où la définition de la sociologie par Weber : « nous appelons sociologie […]
une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale et par là d’expliquer
causalement le déroulement et les effets de cette activité ». Pour Weber, une activité est sociale à partir
du moment où elle est relationnelle c'est-à-dire à partir du moment où il y a réciprocité entre au moins
2 acteurs. Weber privilégie donc l’étude des relations entre acteurs, l’étude aussi de chaque stratégie
d’action en fonction de celle d’autrui. Cette conception de place de l’acteur va mener Weber à faire la
distinction entre deux socialisations. La question de la socialisation n’est pas séparable de celle des
formes de l’activité humaine et notamment des modes d’orientation d’un comportement individuel par
rapport à ceux d’autrui. Weber propose deux formes générales de formes d’orientation des
- 13 comportements d’un individu par rapport à ceux d’autrui et là, Weber part de l’opposition classique en
sociologie (et il s’inspire d’un livre de Ferdinand Tonies) entre communauté et société : cette
opposition renvoie à deux type de groupement sociologiques :
 la communauté fondée sur l’histoire, la similitude des individus, la tradition comme la tribu, le
village ;
 la société fondée sur le choix, la volonté de mettre quelque chose en commun comme la vie
dans un quartier d’une grande ville, la participation à la vie économique, du travail, de
l’entreprise : type de groupe social dominant dans le monde moderne.
A cette opposition correspondent 2 formes de socialisation différentes :
 la socialisation communautaire : elle correspond à un conditionnement passif, c’est donc un
processus d’inculcation des coutumes, des valeurs partagées par la communauté. Il est très
puissant car il produit des individus très semblables et on peut même dire que c’est ce
processus de socialisation qui va donner à la communauté don aspect fusionnel et on a avec
celle-ci un type de lien social qui repose sur le sentiment d’appartenance à un collectif qui
mobilise les ressources affectives, émotionnelles fortes chez l’individu. Donc cet aspect
fusionnel de cette forme de socialisation tend à inhiber le conflit : on retrouve cette
socialisation dans les sociétés pré modernes.
 la socialisation sociétaire : elle est moins exigeante, c’est une forme plus souple qui repose
sur l’entente, l’engagement mutuel pour poursuivre des intérêts économiques, certaines
valeurs par exemple. La société repose donc sur l’association et l’adhésion volontaire à un
groupe en vue de poursuivre un but commun. L’existence d’une société exige que les
individus partagent des règles communes et des intérêts communs. Pour Weber, la modernité
peut s’interpréter comme un vaste processus de rationalisation (il parle de « désenchantement
du monde »), c'est-à-dire un processus qui tend de plus en plus à substituer des activités
rationnelles aux activités dictées par l’émotion ou la tradition. La rationalisation conduit à
privilégier la société par rapport à la communauté donc certaines relations sociales qui avaient
un sens plutôt communautaire vont devenir plus sociétaire. Ce passage se fait grâce à la
rationalisation. Dans les sociétés, cette socialisation est un processus plus léger : ce n’est pas
et ce ne peut plus être un processus de conditionnement de l’individu. La socialisation désigne
pour Weber un processus plus ouvert qui laisse une part plus active à la liberté des individus.
Weber considère du même coup que d’autres sociologues, comme Durkheim, sont trop
déterministes et ces auteurs vont élaborer une théorie qui ne correspondrait pas au monde moderne : 2
raisons :
 cette conception serait inadaptée car la société moderne n’a plus la possibilité de contraindre
aussi fortement les individus ;
 cette conception serait inutile car une société n’a pas besoin d’autant de conformité pour
durer.
L’opposition de Weber et sa conception plus souple de la socialisation vont susciter d’autres
recherches qui affirment que la socialisation est une construction à laquelle les individus prennent part
et que les individus ne sont pas totalement soumis et conditionnés.
C) La socialisation de l’enfant à partir de 2 auteurs essentiels : Jean Piaget et
Georges Herbert Mead.
1) Les stades de développement mental : Durkheim, Simmel et Piaget
Les 1ères et toute les études faites sur la socialisation par les psychologues et les sociologues
insistent sur l’importance et le poids de la socialisation de l’enfant : tous les sociologues qui
appartiennent à différentes écoles se retrouvent sur ce point. L’idée c’est que la socialisation permet
aux individus de tenir leur place dans la société et d’assurer la continuité du lien social à travers les
générations et ces 2 phénomènes là ne vont pas l’un sans l’autre.
Simmel a, par exemple, montré l’importance de la socialisation des jeunes générations dans le
processus de reproduction de la société et le processus de socialisation repose sur un phénomène
majeur à savoir que les différentes générations ne se succèdent pas simplement : elles s’entrecroisent
et donc la société est un continuum qui voit les jeunes générations arriver alors que les plus âgés sont
encore présents. L’entrée des jeunes générations ne se fait pas au même rythme que les sorties des plus
- 14 anciennes : les jeunes générations sont en contact physique avec eux, c’est dans l’interaction entre les
générations que se transmettent les rôles et les valeurs.
Piaget a donné une approche de la socialisation qui va surtout s’intéresser au développement
mental de l’enfant (la socialisation = élément essentiel). Ce développement peut être envisagé comme
une construction continue qui consiste à passer d’un état d’équilibre à un équilibre supérieur, il insiste
sur ce développement : c’est un processus actif d’adaptation à des formes mentales et sociales toujours
plus complexes et cette adaptation correspond pour chaque stade à l’articulation de 2 mouvement
différents et complémentaires en même temps : l’assimilation et l’accommodation.
L’assimilation consiste à incorporer les choses et les personnes externes aux structures déjà
construites : on va le retrouver très tôt comme chez les nouveaux nés avec la succion du sein, du
biberon, etc. ça procède d’un mouvement d’assimilation. Le réflexe du sourire est une autre étape de
l’assimilation : il y a donc différents stades dans ce mouvement.
L’accommodation consiste à réajuster les structures en fonction des transformations extérieures
comme le changement d’environnement qui sont des sources constantes d’ajustement comme le
passage du sein au biberon ou le sourire différencié selon les personnes rencontrées. Piaget va
identifier 6 stades du développement mental (6 stades de socialisation) qui vont de la naissance (=
égocentrisme initial) à la sortie de l’adolescence (adulte (= insertion finale) :
 l’égocentrisme initial
 le 1er sentiment différencié
 imitation comme 1ère socialisation de l’action
 soumission contrainte aux adultes
 sentiment et pratique de coopération
 l’insertion sociale et professionnelle
Ce passage de la soumission par l’autonomie de la personne à la coopération volontaire est un
point essentiel dans la conception et l’analyse de la socialisation chez Piaget : c’est quelque chose qui
va le distinguer de Durkheim.
4 stades qui correspondent à 4 conceptions de la norme dans un ouvrage de Piaget :
 stade moteur et individuel : avant 2 ans. Règle de motricité ;
 stade égocentrique : de 2 à 5 ans quand l’enfant reçoit les règles codifiées de l’extérieur, les
enfants jouent chacun pour soir ;
 stade de coopération naissante : 7 à 12 ans quand chacun cherche à gagner, à prendre
avantage sur les autres d’où un contrôle mutuel, d’où l’idée d’une certaine unification des
règles ;
 stade de codification de la règle : après 12 ans quand les joueurs prennent conscience de
l’existence et la nécessité de règles formelles.
Le processus de socialisation de l’enfant va être résumé par 4 transformations qui
parcourent la socialisation de l’enfant :
 le passage du respect absolu des parents au respect mutuel entre enfants et entre enfants et
adultes ;
 le passage de l’obéissance personnalisée au sentiment de la règle ;
 le passage de l’hétéronomie totale à l’autonomie réciproque : sentiment de justice, etc.
 le passage de l’énergie à la volonté qui constitue un réglage actif de l’énergie.
Il y a une importance centrale de la réciprocité entre la structure mentale et la structure sociale.
2) Georges Herbert Mead
G. H. Mead (1863-1931) est un des grands auteurs qui va fonder une école de la sociologie mais
aussi un fondateur de la psychologie sociale. Son texte clé : « play & game » (« l’esprit, le soi et la
société »). On peut le considérer comme un behavioriste social car d’après lui, pour comprendre la
spécificité du comportement humain par rapport à l’animal, il faut analyser la genèse de la conscience.
Pour cela, il faut partir de la façon dont des organismes individuels entrent en coopérant et en
communiquant dans un processus d’interactions où il va y avoir une adaptation réciproque de leur
conduite. Importance centrale de la notion d’interaction, de la relation avec les autres car Mead a une
place importante dans la sociologie car il est considéré comme le père fondateur d’un courant
théorique important : l’interactionnisme symbolique (école qui se construit début du tiers du 20ème) qui
- 15 va parcourir tout le 20ème siècle, c’est un courant important dans la sociologie américaine du 20ème et
qui inspire encore des sociologues aujourd’hui.
C’est l’un des premier sociologue à décrire la socialisation comme la construction d’une identité
sociale dans et par l’interaction avec les autres – qu’il appelle le soi (« le self ») – qui peut être la
communication (interaction entre au moins 2 personnes). L’homme, pour Mead est un organisme doté
d’un soi mais ce soi n’existe pas à la naissance : il se constitue progressivement, il apparaît dans
l’expérience, l’activité sociale, l’idée de Mead est que la socialisation de l’individu se fait par
interaction avec autrui : la formation du soi se fait à travers l’échange avec la communauté (classe
sociale, parti politique, entreprise, etc.). Est-ce que c’est ce soi qui définit l’homme ? Il est
essentiellement réflexif (capable de se prendre lui-même comme un objet) : l’être humain est auto
conscient : il se caractérise par sa capacité constante à évoluer, se percevoir et se contrôler, ce n’est
rien d’autre que l’intériorisation de la conversation intérieure « le soi en tant qu’objet pour soi est
essentiellement une structure sociale et naît dans l’expérience sociale ». La conscience de soi est une
action de sentir l’attitude d’autrui envers soi : être conscient de soi c’est donc, pour Mead, devenir un
objet pour soi du fait de ses relations avec autrui.
Dans cet ouvrage, Mead s’intéresse à la formation du soi en analysant la socialisation de l’enfant :
pour avoir accès à moi-même, il faut emprunter une attitude d’autrui face à moi. Mead déduit cette
représentation de soi à travers l’emprunt d’autrui, il va y avoir un passage par l’autre mais pas
seulement par imitation. On retrouve une théorie de l’apprentissage car l’individu n’est pas ce qu’il est
spontanément ou directement : il n’y a pas d’immédiateté de soi a soi. En fait, l’enfant commence à
emprunter des rôles qui existent dans la société et les attitudes d’autrui doivent être entendues dans un
sens large, ce sont des manières, un langage, des concepts, des connaissances, des coutumes, des
principes moraux, etc.
Le mécanisme de la socialisation et la formation du soi correspond, pour Mead, au processus où
l’individu prend l’attitude et le rôle d’autrui, c’est du point de vue et depuis la perspective de l’autre
que l’individu commence à se percevoir lui-même : pour être soi, il faut passer par autrui d’où
l’importance de l’interaction. Quand on dit que l’enfant imagine la façon dont les autres le perçoit,
l’imagination est une intériorisation des valeurs, des attentes d’autrui ; l’enfant réagit aux actions de sa
mère qui vont se faire par rapport aux actions de l’enfant. Quand l’enfant prend l’attitude, le rôle
d’autrui, c’est une intériorisation des valeurs, des attentes d’autrui, il y a 3 étapes de la socialisation
selon Mead :
 le « play » : dans les 1ères année de la vie d’un enfant :
C’est la prise en charge par l’enfant des rôles de ses proches que Mead appelle « ses autrui
significatifs » (la référence du tout petit enfant). L’enfant joue un rôle qui est un ensemble de gestes
qui fonctionnent comme des symboles signifiants, associés pour former un personnage socialement
connu et reconnu qui est un de ses proches. Mead dit à travers cela que l’enfant commence à se
socialiser en recréant par gestes organisés par exemple le rôle d’un proche (ex : le rôle de la mère avec
ses poupées, etc.). Quand on est dans cette 1ère étape, l’enfant s’invente un double avec qui il prend des
attitudes, les doubles imaginaires servent à organiser les réactions qu’il provoque chez les autres et
donc en lui-même. Dans cette étape, l’enfant avec ses jeux libres imite les personnages de son
entourage, à travers ce jeu de rôle il commence à intégrer le point de vue d’autrui sur lui-même.
 Le moment de rentrer à l’école maternelle : le « game »
L’enfant passe du jeu libre au règlement et à partir de ce moment, l’enfant doit être « capable de
prendre l’attitude de tout individu qui partage la partie » d’où le terme de « game ». On a affaire à un
apprentissage long et progressif, c'est-à-dire que, par exemple, quand les enfants se réunissent pour
jouer à l’indien, chacun peut se faire son cinéma et finalement on ne fait pas attention à ce que font les
autres : on est encore dans la 1ère phase car chacun interprète le rôle comme il en a envie ; la 2ème
phase, c’est à partir du moment où ils vont jouer au foot (par exemple) car chaque joueur a un rôle
organisé : les choses sont plus spécifiques et l’enfant doit intérioriser les règles, c'est-à-dire que
l’attitude de l’un entraîne une attitude appropriée de l’autre ou des autres. Le passage du jeu libre où
on assume le rôle des autrui significatifs au jeu règlementé où on suit les règles extérieures entraîne le
fait que l’on accède à une compréhension plus élaborée de l’autre. C’est un stade où l’enfant participe
à des jeux collectifs où il y a un ensemble articulé de rôles complémentaires. A partir de ce moment,
l’enfant adopte le point de vue de la société et intériorise les règles générales qui définissent
l’articulation des différents groupes : ça s’apparente à l’intériorisation de règles générales. Ici, autrui
- 16 change de signification, ce n’est plus quelqu’un de proche mais c’est ici l’organisateur des attitudes de
ceux qui sont engagés dans le même processus social comme par exemple la communauté, l’équipe de
foot, le groupes (familial ou social), etc. C’est ça qui donne à l’individu l’unité de soi, c’est ce que
Mead appelle « l’autrui généralisé ». C’est la compréhension de l’autrui généralisé qui lui donne
d’unité de soi. C’est un mécanisme central pour Mead dans le processus de socialisation car c’est
l’identification à l’autrui généralisé qui va permettre la construction du soi. Grâce à cette socialisation,
l’individu aboutit à une vision de l’ordre social, de la nature coopérative entre les membres du groupe
et à une conception de soi comme membre compétent du même groupe. L’acquisition du langage va
être une condition nécessaire à la formation du soi selon Mead et la communication c’est un processus
à la fois d’intériorisation des normes et un mode d’autorégulation de la société, il y a un effet
d’interdépendance entre la socialisation et le fonctionnement de la société. La socialisation c’est le
résultat d’une intégration progressive par l’individu dans la société mais c’est ce qui rend aussi
possible le fonctionnement de la société. Une homme, dit Mead, possède une personnalité car il
appartient à une communauté, il utilise comme moyen pour recevoir sa personnalité et ensuite à
travers un processus d’adaptation des différents rôles, l’individu arrive à adopter des attitudes des
membres de la communauté : l’homme conscient de soi adopte les attitudes sociales organisées donc
celle du groupe social ou de la communauté à laquelle il appartient. Le soi dans cette 2ème phase se
développe à partir d’un processus social qui implique d’abord les interactions des individus dans un
groupe mais aussi son existence, l’individu ne possède un soi qu’en relation avec le soi des autres
membres de son groupe social : on peut dire que la structure sociale de son soi exprime le modèle
général de comportement du groupe social auquel il appartient.
 Etre reconnu comme membre de ces communautés auxquelles l’enfant s’est identifié :
Cette reconnaissance du soi implique que l’individu ne soit pas considéré comme un membre passif du
groupe mais qui a un rôle actif, utile, reconnu, etc. Pour Mead, le soi est bipartite. On voit que l’enfant
devient un acteur qui a un rôle reconnu et son identité est projetée par autrui. Finalement, on est ce que
les autres nous renvoient mais cette identité ne correspond pas toujours à ce que l’on pense de nous et
donc il y a un dédoublement, une inadéquation de l’image de ce que les autres nous renvoie et ce que
l’on pense de nous, entre le moi qui est projeté par les autres et le je pensé par moi-même. Le je c’est
une partie de soi même comme sujet individuel, non collectif : c’est une réaction créatrice de
l’individu aux réactions extérieures.
Conclusion : Pour Mead, la consolidation de l’identité sociale et cet achèvement du processus de
socialisation dépendent de l’union de ces 2 dimensions du soi. La socialisation va de paire avec
l’individualisation à savoir que plus on est soi-même, mieux on est.
D) La socialisation primaire et la socialisation secondaire : Berger et Luckmann.
« La construction sociale de la réalité », on a deux sociologues américains qui appartiennent a un
courant : le constructivisme phénoménologique qui va être lancé par Schütz. Ils veulent bâtir une
sociologie de la connaissance qui ne soit pas trop limitée à la connaissance théorique, donc qui soit
élargie à la connaissance ordinaire et donc du même coup à l’ensemble des processus de construction
de la réalité. Ils vont s’intéresser à la connaissance de la vie quotidienne, la société est une réalité
objective pour eux, c'est-à-dire une réalité extériorisée, il existe donc des manières autonomes par
rapport aux acteurs qui la produise et une réalité objectivée car elle est constituée de monde d’objets
séparés des sujets, des individus. La société pour Berger et Luckmann c’est aussi une réalité
subjective, c'est-à-dire une réalité qui est intériorisée pendant ou à travers la socialisation, ils donnent
une définition de la socialisation comme « l’installation continue et consistante d’un individu à
l’intérieur d’un monde objectif d’une société ou d’un secteur de celle-ci ». Berger et Luckmann
reprennent et prolongent les analyses de G.H. Mead mais en y introduisant une distinction entre la
socialisation primaire et la socialisation secondaire.
La socialisation primaire c’est la socialisation qui se développe pendant l’enfance et qui donc se
développe de manière plus marquante et, dans leur analyse de la socialisation primaire, ils introduisent
la problématique des savoirs : l’idée c’est que finalement la socialisation est une immersion des
individus dans le mondé vécut qui est à la fois un univers symbolique et culturel mais qui est aussi un
savoir sur ce monde. L’enfant absorbe le monde social dans lequel il se trouve non pas comme un
univers possible parmi d’autres mais comme le seul monde existant et concevable, il le fait à partir
- 17 d’un savoir de base, pré réflexif et qui fonctionne comme une évidence et comme une réserve de
catégories qui vont lui permettre différentes choses :
 se sont des catégories qui permettent de programmer des schémas par lesquels l’individu
perçoit le monde objectif,
 ça va lui permettre d’objectiver le monde extérieur à l’intérieur d’un langage,
 ça va lui permettre d’ordonner de l’intérieur du langage des objets qui sont appréhendés en
tant que réalité,
 ça va lui permettre de fournir à l’individu la structure à l’intérieure de laquelle tout ce qui
n’est pas connu va être connu un jour.
Donc le processus essentiel de la socialisation primaire va être l’incorporation de ce savoir de base
qui se fait grâce au langage (parler puis lire et écrire). Le langage va permettre la possession subjective
d’un moi et donc la constitution de rôles sociologiques qui sont pour ces auteurs des modèles
prédéfinis de conduite typique et des codes qui permettent la définition sociale des situations. Ces
savoirs de base permettent donc à la fois de catégoriser les situations mais aussi de savoir comment se
comporter dans telles ou telles situations sociales, ils sont acquis pendant la socialisation primaire et
dépendent des rapports entretenus entre la famille et l’école car l’école va légitimer certains savoirs au
détriment d’autres : favorisation de certaines familles donc il y a un rôle dans la distribution sociale du
savoir. Les savoirs de base dépendent aussi de la relation entre enfant et adultes. La socialisation c’est
l’installation d’un individu à l’intérieur du monde objectif d’une société ou d’une partie de la société :
la socialisation primaire va être la 1ère socialisation que l’individu va subir pendant l’enfance et c’est
grâce à elle qu’il devient un membre de la société.
La socialisation secondaire : c’est un processus postérieur qu permet d’incorporer l’individu dans
de nouveau secteurs de la société à partir d’un âge plus avancé que la socialisation primaire. Il faut
concevoir la socialisation secondaire comme quelque chose qui est différent de la socialisation
primaire, qui n’est pas comme la reproduction de la socialisation primaire : qui est d’une autre nature.
La socialisation secondaire se situe à la fois en complémentarité et en rupture à la socialisation
primaire. Pour Berger et Luckmann, la socialisation n’est jamais complètement réussie, la socialisation
n’est jamais total ou terminée : la socialisation est un processus ouvert d’où l’importance de mettre
l’accent sur la socialisation secondaire « qui correspond à l’intériorisation de sous mondes
institutionnels spécialisés » et à l’acquisition de savoirs spécifiques, de rôles qui sont directement ou
non enracinés dans la division du travail, c'est-à-dire que ce qui est de l’ordre de la socialisation
professionnelle est importante. Cette socialisation est caractéristique dans des sociétés modernes où il
y a une division du travail et donc la fonction de socialisation, c’est favoriser l’intériorisation de
normes, de valeurs spécifiques à chaque groupe particulier dans lequel l’individu participe quand il est
adulte. Il y a avant tout une incorporation de savoirs spécialisés qui sont professionnels, ce sont des
savoirs d’un genre nouveau qui comprennent du vocabulaire, des procédures, des savoirs et un univers
symbolique et tout ça constituent à véhiculer une conception particulière du monde, de la société… A
la différence des savoirs de bases, on va avoir des savoirs construits en référence à un champ
spécialisé d’activité, l’acquisition de ces savoirs suppose la socialisation primaire antérieure et
l’acquisition de ces savoirs pose un problème de consistance entre l’intériorisation de la socialisation
primaire et la nouvelle : problème de mise en cohérence entre ces deux savoirs, plusieurs cas de
figures sont possibles :
 le simple prolongement de la socialisation primaire à la socialisation secondaire avec l’idée
d’une continuité entre les deux et une concordance de la socialisation secondaire avec le
contenu de la socialisation primaire.
 Une transformation complète de la réalité subjective construire pendant la socialisation
primaire, ça suppose que la socialisation secondaire constitue une rupture par rapport à la
socialisation primaire. Ex : un enfant qui devient plus âgé et qui considère le monde de sa
famille comme étant celui des classes inférieures : remise en question car il évolue
socialement et professionnellement.
Il faut plusieurs chocs biographiques selon Berger et Luckmann pour qu’il y ait rupture,
changement de conception entre la socialisation primaire et la socialisation secondaire. Ces chocs
biographiques suppose un changement de monde : + la distance entre les contenus est grand, + ça va
être difficile pour l’individu car quand il y a une rupture importante, l’individu devient de quelqu’un
- 18 de complètement différent : ce sont des alternations (quand l’individu change complètement sa
conception du monde : rupture complète entre la socialisation primaire et la socialisation secondaire
d’où une transformation de l’identité de l’individu).
Ex : quelqu’un qui a évolué dans une famille laïque et qui entre dans une conversion religieuse très
forte ; la psychothérapie ; l’endoctrinement politique ; etc.
On va retrouver l’idée de rupture biographique qui suppose un travail biographique, de redéfinition
des évènements passés et un travail de réinterprétation de la biographie passée : on va avoir une idée
de réinterprétation du passé vécu, le processus de conversion de l’identité de l’individu qui passe par
ce travail.
2 types de situation de rupture :
 celle où la socialisation primaire a été ratée pour des raisons diverses (décès des parents, etc.),
la socialisation secondaire va permettre à l’individu de se construire une identité plus
satisfaisante.
 les entités antérieures deviennent problématiques et où les identifications aux autrui
significatifs deviennent faibles ou inexistantes. L’individu accède à une conscience
généralisée de la relativité de tous les mondes, c'est-à-dire que le monde de la socialisation
primaire n’est plus reçu comme le seul possible. Ex : situation de forte mobilité sociale,
transformation de la division du travail, etc.
La socialisation secondaire devient un enjeu important dans la réussite du changement social.
Conclusion : Il n’y a pas de détermination mécanique de la socialisation primaire sur la socialisation
secondaire mais elles ne sont pas complètement indépendantes. La socialisation secondaire n’efface
jamais totalement l’identité générale qui va être construite pendant la socialisation primaire donc il
peut y avoir une identité spécialisée changée en une autre identité spécialisée. La question de
différenciation sociale est liée à la généralisation de l’existence, le changement social peut être vu
comme la transformation d’une identité spécialisée et la construction d’un monde spécifique : on peut
avoir une rupture entre la socialisation primaire et la socialisation secondaire.
- 19 Chapitre 2 : les agents de socialisation et quelques dimensions spécifiques du processus
de socialisation
Introduction :
L’idée de la partie est le travail que quelques grands agent qui vont participer à la socialisation
de l’individu et la dimension du processus de socialisation.
Définition de l’agent de socialisation : on appelle les structures ou les institutions plus ou moins
formelles qui participent de façon active au processus de socialisation en diffusant aux individus les
modes d’agir et de penser propres à leur environnement. Cette définition est large car la socialisation
est un processus complexe dans lequel l’individu est soumis à beaucoup d’influences, il faut
considérer que la socialisation n’est pas seulement le résultat du groupe formel (comme la famille, le
syndicat, etc.) mais il faut aussi prendre en compte les différents moyens de communication (TV,
radio, presse, etc.) mais on ne peut pas dire que l’on en fait partie.
On verra l’impact et le rôle de ces différents agents : la famille, l’école et le travail. On va
porter un regard sur 2 ou 3 aspects de la socialisation : le politique et deux formes de socialisation
particulière (le corps et les émotions).
L’intervention de plusieurs agents n’entraîne-t-elle pas une perturbation du processus de
socialisation ? Un décalage problématique ?
2 modèles d’affrontent : l’école (les disciplines) et les médias (les influences).
On peut regrouper les agents autour de critères pertinents : on ne hiérarchise pas les instances
de socialisation car les agents n’ont pas le même rôle et ce que montre l’histoire c’est que les agent de
socialisation n’ont pas le même rôle hier et aujourd’hui (Elias : l’école a un rôle socialisateur récent,
etc.). Dans toute hiérarchisation de la socialisation il y a un double danger : oublier l’histoire et la
diversité des sociétés. On risquerait de tomber dans un ethnocentrisme anti-historique, c'est-à-dire de
croire que les choses ont toujours été comme elles le sont aujourd’hui : c’est le discours commun et
courant. Le recours à l’histoire important pour montrer spécifiquement les agents aujourd’hui.
Plusieurs classements sont possibles :
 le critère de la fonction :
Est-ce que la socialisation est leur but 1er ? NON pas pour tous. Certains agents interviennent
indirectement : c’est le critère fonctionnaliste (mission reconnue aux différents agents).
La 1ère catégorie : leur but est la socialisation = l’école, le mouvement de jeunesse (scoutisme dans un
esprit militaire), etc.
La 2ème catégorie : leur but est la socialisation mais indirectement (c’est un moyen pour réaliser autre
chose), leur but n’est pas de former et d’éduquer = l’entreprise, les syndicats, les bandes de jeunes
(elles soumettent de nouvelles recrues à des parcours initiateurs : il a des sélections, des rites
d’intégration, de pratique à avoir), etc.
 le critère de la nature du groupe :
La 1ère catégorie : les agents de socialisation qui appartiennent à un groupe identifiable = famille,
école, entreprise.
La 2ème catégorie : les agents de socialisation qui constituent une collectivité large = les médias, etc.
 le critère de l’homogénéité du groupe :
On a affaire à des populations diverses plus ou moins délimitées.
La 1ère catégorie : les agents sont un groupe d’âge homogène = les mouvements de jeunesse, les
équipes de sport, certaines associations, etc.
La 2ème catégorie : les agents sont un groupe d’âge non homogène = la famille, l’église, les syndicats,
les partis politiques, etc.
On a des instances qui vont relever de ces 2 catégories comme l’école.
- 20 I-
La famille comme agent de socialisation
Le milieu familial va avoir une influence sur l’enfant, Lautrey (Classe sociale, milieu familial et
intelligence) va étudier le développement cognitif et Kellerhals et Motandon (stratégies éducatives
familiales) vont étudier les styles éducatifs (valeurs, types d’enfants élevés, etc.).
A) Lautrey
Lautrey va créer une théorie su développement de l’enfant et la notion d’adaptation des influences
extérieures (Piaget) ou plutôt l’équilibration ce qui fait que pour se développer le système cognitif est
un système en équilibration au niveau connaissance. Pour que ce soit optimum, il faut que l’on aide a
des équilibrations successives : il y a deux temps, l’élément perturbateur qui éveil la curiosité de
l’enfant (a progresser vers l’adolescence) et celui-ci fait un rééquilibre. Il faut l’aider à rééquilibrer son
système cognitif. Donc on a besoin de nouvelles situations inattendues mais aussi que le milieu aide à
la rééquilibration : un environnement est d’autant plus favorable au développement cognitif quand 2
caractéristiques apparaissent :
 la source de perturbation et la résistance,
 offrir l’aide nécessaire à la rééquilibration.
L’environnement doit être riche en évènement et doit permettre à l’enfant de les dépasser.
3 types de structuration de milieu :
 la structuration faible : quand il y a un changement important mais qui est imprévisible et on
n’aide pas l’enfant a restructurer son milieu.
 la structuration rigide : quand il y a un changement importants mais qui est prévisibles. Les
règles s’appliquent toujours de la même manière sans exception.
 la structuration souple : il y a des évènements mais une régularité suffisante entre les
évènement : on peut identifier les modalités d’adaptation nécessaires, l’enfant peut avoir des
points de repaire facilement car on l’aide.
Il y a un 4ème type : une absence de milieu avec aucune stimulation et d’aide (milieu vide et pas de
progrès possible) mais Lautrey ne travaille pas dessus.
Hypothèses : la structuration souple est la plus stimulante et la plus aidante pour l’éveil de la curiosité
et aide l’enfant d’où un développement cognitif.
Tout cela renvoie à 2 questions : est-ce qu’il y a des évènement qui peuvent surgir de manière
imprévue ? Est-ce que la réponse aux évènement est rigide, programmée ?
Exemple : La TV, il y a plusieurs types de réponses quand il y a une structuration faible aucune règle
ne permettra à l’enfant de savoir si il pourra ou non regarder la TV, il n’y a pas de règles explicites ;
dans la structuration souple, la règle est jusque 20h30 mais il y a des exceptions en fonction de ce qui
se passe le lendemain et le contenu du programme le soir (il comprend pourquoi) ; dans la
structuration rigide, c’est jusque 20h30 sans exception.
Il y a deux types d’outils pour comprendre le développement de l’enfant : la réussite scolaire et le
QI. On va trouver un lien statistique fort entre le niveau culturel familial et le type de structuration : +
on monte dans la hiérarchie sociale, on sera plus souvent dans un structuration souple et inversement
(rigide quand on descend). Lautrey s’est intéressé aux valeurs que les familles veulent promouvoir :
 le milieu populaire : la soumission de l’enfants aux adultes et le contrôle extérieur (c’est aux
parents de punir).
 Le milieu à statut social élevé : l’initiative et l’intériorisation de son contrôle par l’enfant,
c'est-à-dire qu’il doit savoir quand il a fait une bêtise lui-même.
Lautrey propose plusieurs remarques :
 il y a un lien fort entre la place dans le système de production et le système de valeur familial,
ce n’est pas étonnant que l’on retrouve ces tendances,
 les conditions de vie sont la conséquence du rôle important des la production et la
compréhension de ces valeurs (structuration souple : pas de contrainte en terme d’espace, de
temps, d’argent, etc.),
 ces 2 remarques se renforcent l’une et l’autre.
- 21 Il ne faut pas tomber dans la caricature, Lautrey attire notre attention sur le fait de rappeler ces
règles ne doit pas nous amener à un déterminisme mécanique.
L’enfant élevé dans la structuration souple et dont la famille accentue le côté initiative donne les
meilleures performances intellectuelles. Dans ce cas là, on peut considérer que le système éducatif
familial est une variable intermédiaire entre la classe sociale et le développement cognitif de l’enfant,
c'est-à-dire que toutes enquêtes sur la reproduction sociale de l’école se fait quand la famille à ce rôle
intermédiaire. Constater cet état de fait ne veut pas dire l’accepter fatalement, on peut réagir : il faut
réfléchir sur des moyens mis à la disposition des enfants qui n’ont pas les meilleurs performances
intellectuelles. Il faut offrir un système éducatif qui leur permet d’éveiller leur curiosité et de
progresser en l’aidant à lire ses erreurs pour le mettre sur la piste de la cause de ses erreurs. Il faut
intervenir dans les conditions de vie des familles pour avoir une structuration souple mais ce n’est pas
équivalent.
B) Kellerhals et Motandon
Ils s’appuient sur le travail de Lautrey mais l’objet est de comprendre les styles éducatifs des
familles. L’enquête est centrée sur les parents (sociologie compréhensive) : la façon dont la famille
s’organise avant d’avoir des enfants, etc. A partir de leurs enquêtes anciennes, la typologie de la
famille se fait autour de 2 axes : l’intégration interne et externe. Par l’intégration interne on entend la
manière dont le membre du groupe se relie entre eux et par l’intégration externe on entend la manière
dont le groupe s’ouvre sur l’extérieur.
Schéma en 4 types de couples (ce sont des positions extrêmes) :
Fermeture (intégration ext.)
Ouverture (intégration ext.)
Autonomie (intégration int.)
Famille « parallèle »
Famille « association »
Fusion (intégration int.)
Famille « bastion »
Famille ‘campagnonage »
En terme de fusion/autonomie, ça se présenté sous forme de 2 question aux parents : cette
labellisation est souvent utilisée en sociologie. C’est un système de ventilation pour regrouper les
familles semblables qui ont des points communs.
½ des familles sont de type campagnonage (répartition inégale).
¼ des familles sont de type bastion (classe populaire).
1/5 des familles sont de type association (classe supérieure).
1/13 des familles sont de type parallèle.
Constats :
 lien très fort entre la situation sociale et le type d’organisation familiale : + les ressources
économiques et culturelles de la famille augmentent, + on va se trouver dans une ouverture et
une autonomie,
 la majorité des parents mettent l’accent sur l’autonomie, la responsabilité personnelle mais si
on regarde bien elle est plus mise en avant quand on est dans des classes supérieures et quand
on est de type association,
 ces 2 liens existent même sous contrôle de l’autre.
Au niveau de l’autorité, est-ce que tout parents ont la même conception de l’autorité ? Les auteurs
utilisent une question ouverte dans le questionnaire. Il y a plusieurs formes :
 forme coercitive (1/2 des parents) : renvoie à l’accentuation entre le rôle et le statut de l’enfant
et de l’adulte.
 forme persuasive ou négociatrice (1/3 des parents) : renvoie à l’importance de donner des
explications à l’enfant pour qu’il sache pourquoi il doit obéir, négocier.
 forme structurante (1/3 des parents) : on considère l’enfant comme un partenaire à qui il faut
donner des points de repaire.
Ces 3 formes d’autorité vont marquer différemment la socialisation de l’enfant : ça varie selon le
niveau culturel de la mer (forme coercitive quand le niveau d’étude est bas et forme structurante quand
le niveau d’étude est élevé) ; ça varie selon le milieu social (métier du père) quand il est peu qualifié la
forme est coercitive ; ça varie selon, l’organisation de la famille (la famille bastion est plus dans la
forme coercitive que les autres).
- 22 La différence dans le choix de la méthode coercitive est beaucoup plus forte dans les classes
supérieures que dans les classes populaires.
Autre dimension : la coordination avec l’extérieur, les parents ne sont pas les seuls éducateurs
dans enfants. Quelle place donnent-ils aux autres institutions ? Acceptent-ils l’influence ? Coopèrentils avec ? Les auteurs vont isoler 3 types d’instance : la TV, l’école et le groupe de paire.
Il y a plusieurs styles de coordinations avec l’extérieur :
 l’opposition : quand on ne reconnaît pas un rôle important à ces instances pour la socialisation
de l’enfant : il n’est pas nécessaire de travailler sur l’influence que peuvent avoir ces
institutions.
 la délégation : quand on reconnaît une influence importante mais on n’essaie pas de s’articuler
avec, on reste à l’écart.
 la médiation : quand on reconnaît une influence limitée à certains aspects et on est d’accord
pour travailler cet aspect avec l’institution.
 la coopération : quand on reconnaît une influence très variée et très diffuse et on accompagne
au sens large ces institutions.
Le résultat : il y a une importance entre le milieu social et le type d’organisation familial. La
coopération est plus fréquente dans les classes supérieures et la famille association, à l’inverse dans la
famille bastion on est plutôt dans l’opposition et la délégation.
Conclusion : l’ensemble des processus éducatifs dans la famille est très dépendant de la situation de la
classe des parents. Une partie des différences dans ces styles éducatifs est le produit indirect du style
d’organisation familial. La façon dont la famille s’organise d’une part l’appartenance de la classe et
d’autre par les styles éducatifs sont fortement liés mais ne sont pas en correspondance totale. La
famille association conduit ou offre un mode de socialisation particulièrement favorisé dans nos
société puisqu’il permet l’estime de soi des adolescents et un meilleur épanouissement de plusieurs
qualités cognitives et personnelles qui sont les plus favorables : l’organisation familiale est différente
dans le type de socialisation de l’enfant.
II-
La socialisation politique
Un système politique ne peut se maintenir, se perpétuer si les jeunes générations n’apprennent pas
les règles du jeu, l’objet des travaux de la socialisation est de chercher à comprendre le processus de
formation des valeurs et des attitudes politiques. La définition de la socialisation politique d’Annick
Percheron : « désigne les mécanismes de formation et de transformation des systèmes individuels de
représentations, les opinions et les attitudes politiques ». A travers cette définition, on peut voir que ça
correspond à un processus, un phénomène qui se déroule tout au long de la vie pourtant cette notion a
été utilisée dans un sens plus limité : elle sert aussi à évoquer le phénomène de construction du
politique pendant l’enfance et l’adolescence uniquement.
Parler de la socialisation politique, c’est aussi parler d’un processus qui nous conduit à participer à
la vie politique de telle ou telle façon, il y a deux aspect :
 l’intensité : plus ou moins forte et on peut distinguer 4 grands types de participation : les
apathiques qui sont ceux qui ne participent pas du tout à la vie politique ; les passifs qui se
contentent de voter ; les actifs qui votent et s’investissent dans la vie associative de la vie
politique ; les actifs protestataires qui ont en plus un investissement dans des formes de
participation non conventionnelles (émeutes, manifestations, etc.).
 l’orientation : plus ou moins marquée et se mesure par les sociologues et les politologues sur
une échelle gauche/droite.
Quel est le rôle de la socialisation politique dans ces pratiques ? Comment comprendre la
socialisation politique ?
2 constats illustrent la complémentarité des théories (on retrouve l’idée de conditionnement et de
construction).
A) Le rôle de la famille dans la socialisation politique.
Un certain nombre de travaux s’inspirent des théories de Durkheim (rôle de la société, importance
des mécanismes d’apprentissages, des normes sociales, etc.), on a une sociologie américaine qui
- 23 s’inspire de l’anthropologie culturelle qui insiste sur les modèles culturels et les types d’éducation
dispensés dans la famille
a- l’univers politique des enfants.
Le point de départ de ces travaux sont les valeurs démocratique et partisanes des adultes qui ont
été construites et forgées pendant la période de l’enfance et de l’adolescence (2ème définition). On va
insister sur le rôle essentiel de la famille qui transmet ses valeurs et ses croyances à l‘enfant. 2
américains (Easton et Dennis) vont proposer 4 étapes pour l’intégration politique des enfants et
proposent un modèle de la socialisation politique comme mécanisme de formation d’un soutien diffus
à l’égard du système qui se veut universel : modèle d’apprentissages politiques en 4 temps forts de la
socialisation qui a lieu entre 7 et 14 ans environ :
 la politisation : phase initiale de sensibilisation à l’univers politique
 la personnalisation du système politique : l’enfant commence à identifier quelques figures
clés marquantes comme le président.
 l’idéalisation : l’enfant exprime un sentiment, des affects positifs ou négatifs assez marqués à
l’égard de ces figures marquantes.
 l’institutionnalisation : l’enfant a une conception personnalisée du système politique dans
son ensemble, l’enfant élargit et rationalise donc sa perception du système politique en y
intégrant les structures institutionnelles qui sont abordées de façon personnalisée dans un 1er
temps.
Le processus de socialisation repose sur l’intégration de la complexité du système politique peu à
peu. Les investissements affectifs précèdent l’acquisition des aspects cognitifs. On trouve un modèle
de politisation qui renvoie à une conception de l’autorité personnalisée marquée par un lien affectif,
c’est très caractérisé dans l’univers politique américain d’où le fait que ce soit beaucoup critiqué par
les français et Percheron qui montre que l’enfant développe un rapport au système politique
complètement différent. Ces études américaines sont trop spécifiques au contexte américain et à une
période historique américaine donc ce n’est pas si simple : cette conception est trop déterministe car
on voit la socialisation comme un processus d’inculcation de normes à un individu complètement
passif.
b- la famille et l’entrée dans la vie politique des jeunes.
A. Muxel est une politologue contemporaine qui montre que la famille est importante dans
l’entrée dans la vie politique des jeunes entre 18 et 25 ans (« l’âge des choix politiques ») : comment
se fait la transition entre la socialisation politique primaire (pendant l’enfance et l’adolescence) et
l’exercice des droit politiques des jeunes citoyens adultes (âge charnière qui se concrétise dans l’entrée
officielle en politique). Sa population est les jeunes qui ont eu le droit de vote en 1986 : qui
participaient aux mouvements étudiants et elle suit leur comportement face aux élections de 1988
(présidentielle, municipale et référendum sur la Nouvelle Calédonie). Elle remarque que ces jeunes ont
pu retarder leur entrée en politique et on voit qu’en 1988 la proportion des non inscrits sur les listes
électorales est de 29% à 19ans, 18% à 21 ans et 11% à 25ans. On a donc des jeunes qui expriment
l’importance de l’accès des droits civiques et qui commencent par ne pas participer : c’est une chose
que l’on retrouve régulièrement partout.
2 remarques importantes des Muxel :
 les familles très actives politiquement : l’entrée des jeunes dans la vie politique est la plus
précoce. On remarque que ceux qui sont engagées dans le mouvement étudiant ont des parents
militants.
 ceux qui ne votent pas en 1988 appartiennent à des familles peu engagées politiquement et en
difficulté économique et sociale (36% des non votants sont dans des familles touchées par le
chômage).
La transmission d’un intérêt et la construction chez les jeunes d’un sentiment de compétence
politique qui se retrouve chez les jeunes issus de milieu culturellement et socialement favorisés
(paradigme de la compétence sociale). Cette compétence politique est une déclinaison de cette
- 24 compétence sociale car ces jeunes sont familiarisés avec les enjeux politiques, les discussions
politiques, etc. au sein de leur famille.
Mais on doit aussi tenir compte de l’influence du degré d’implication personnel en politique pour
expliquer les conditions de l’entrée en politique : s’inscrire et voter est le fait d’individus qui déclarent
s’intéresser à la vie politique et ce type d’intérêt peut compenser en grande partie les handicaps liés à
l’incompétence sociale. L’orientation gauche/droite est tributaire de la famille, c'est-à-dire que le poids
de la socialisation politique initiale et notamment l’influence du contexte familial et la conduite
politique parentale va être ici prépondérante. Muxel a demander aux jeunes de se classer sur cette
échelle : 50% se classent sans difficulté et 75% de ceux qui se classent à gauche situe aussi leur père à
gauche ; 86% de ceux qui se classent à droite situent aussi leur père à droite : il y a un phénomène de
transmission des valeurs politiques entre enfants et parents, il existe donc une transmission
intergénérationnelle en politique. L’intensité et l’orientation des comportements des jeunes dépendent
des pratiques des parents. On a dans ce type d’étude une conception déterministe, c'est-à-dire des
valeurs héritées des générations antérieures qui expliquent les formes d’entrée politiques des jeunes
mais c’est insatisfaisant et simpliste car ça ne permet pas de comprendre 2 choses : les ruptures entre
générations et les cassures dans les trajectoires individuelles.
Or, les sociologues ont montré que les générations politiques se suivent mais ne se ressemblent
pas ; la génération des années 60 inquiète en raison de la crise ; la génération des années 80 est une
génération morale car en grève par rapport à l’école, l’antiracisme, etc. ; la génération des années 90
est une génération sans étiquette qui est née de la crise de la représentation politique, qui refuse la
différence entre gauche et droite et rejette le discours politique.
Comment peut-on expliquer ces différences générationnelles si on considère que la socialisation
politique est un conditionnement ? Pour comprendre ça, il faut analyser la socialisation politique et
intégrer une vision des politologues.
B) La socialisation politique comme adaptation permanente.
Percheron est un politologue qui offre une nouvelle approche interactionniste de la socialisation
politique. Pour elle, il faut réintroduire l’individu, c'est-à-dire l’enfant qui n’est pas un être passif :
l’individu dispose d’un certain patrimoine de gestes, de savoirs et de croyances qu’il peut laisser de
côté ou mobiliser selon les circonstances et le moment : la socialisation fonctionne donc sur une
logique de tri et pas seulement sur une logique d’accumulation « l’héritier peut construire son identité
personnelle ne retient qu’une part de son héritage » mais en fait, il faut que l’héritier s’approprie et
fasse vivre le contenu de la transmission : c’est une dimension centrale car l’individu devient actif.
Percheron rejoint Muxel sur l’idée que la réussite dépend de certaines caractéristiques du milieu
familial. Percheron dit que la transmission politique se fait par rapport à la capacité des parents à
transmettre le message selon le niveau culturel élevé et l’intégration politique forte : elle se fera mieux
quand le choix des parents ont plus de visibilité et qu’il est mieux perçu par les enfants. Elle a fait un
suivi sur une longue période d’un même groupe de jeunes et elle montre que la socialisation n’est pas
acquise une fois pour toute : elle fait l’objet de renégociation permanente au sein du groupe que
fréquente les jeunes, c'est-à-dire que les parents ne sont pas les seuls acteurs de la socialisation
politique de leurs enfants, il y a d’autres influences comme les pairs (l’école, le milieu professionnel)
d’où une redéfinition de la socialisation politique car pour elle, il ne s’agit pas d’une transmission de
valeur politique toutes faites comme le socialisme, etc.
La socialisation politique c’est la construction par un individu d’une représentation du monde
politique à partir des représentations que les jeunes empruntent à sa famille (lutte des classes, impôts
trop lourds, fonctionnaires qui ne font rien, grève comme seule solution, etc.) : il construit sa propre
représentation du monde politique et de la réalité sociale donc l’individu est un acteur et mobilise une
partie de son héritage, la socialisation politique ce n’est pas que la famille.
La socialisation politique apparaît comme l’interprétation de l’individu qui est une construction
susceptible d’évoluer et la construction qui est le résultat d’un processus interactif dans lequel les
individus sont engagés ; ça dépend de plusieurs éléments :
 la socialisation politique à travers l’appartenance à des groupes professionnels : l’individu
tend à se rapprocher de l’opinion moyen de l’ensemble du groupe quelque soit leur
représentation du monde. C’est ce que l’on peut voir dans l’enseignement avec la tendance à
se rapprocher du voter PS ; armée avec la droite ; etc. donc selon le milieu professionnel, il y a
- 25 un alignement sur le type de croyance, les individus sont donc amenés à réinterpréter leur
système de référence.
 La socialisation politique à travers les conditions de l’offre politique, par rapport aux enjeux
politiques du moment, selon les questions posées, le programme des partis, les sondages et les
thèmes de campagne.
 La nature de l’élection.
La socialisation politique repose sur 3 mécanismes :
 l’identification aux parents et à différents modèles sociaux ;
 l’intériorisation de normes et de savoirs ;
 l’expérimentation et l’élaboration progressive des attitudes politiques.
Donc la socialisation ce n’est pas simplement une accumulation de connaissances, un
apprentissage de comportements ou une reproduction à l’identique des opinions et des comportements
d’une génération à une autre. La socialisation politique c’est en grande partir la transmission d’un
héritage mais pas d’une reproduction ! Mais il y a appropriation par l’individu des valeurs, des
préférences et des normes qu’il hérite : il va pouvoir éventuellement en modifier le contenu et aussi en
modifier l’usage. Il peut enrichir ce patrimoine par l’apport de ses propres expériences (dimension
d’interaction avec le groupe). Ce qui compte et ce qui est durable c’est la transmission et la formation
chez l’enfant de prédisposition et d’attitudes qui la trame de base qui pourront donner lieu à des
comportement et des attitudes différentes de celles de leurs parents : il n’y aura pas forcément
reproduction mais il y aura continuité. Il n’y a pas de relation directe et simple de cause à effet entre
les prédispositions et les attitudes acquises pendant l’enfance et les comportements des individus,
c'est-à-dire que la connaissance des phénomènes de la socialisation politique ne suffit pas à savoir qui
va voter qui demain.
Si on s’interroge sur les effets de la socialisation politique, sur la persistance de cette socialisation
au-delà du passage à l’âge adulte, on doit faire 3 types de remarques :
 la socialisation politique n’est pas quelque chose qui se termine à l’âge adulte ;
 l’idée que la période enfance et adolescence est une formation d’un bagage qui va produire ses
effets à la majorité de façon continue, ça ne se passe pas du tout comme ça : dans de
nombreux pays, les jeunes vont accorder une importance à l’accès aux droits civiques mais
vont commencer par ne pas participer, on a une phase de remise en question des choses
acquises, on retrouve un intérêt pour la nouvelle formation d’expression politique, une
solidarité entre eux, etc. On a quelque chose qui rentre dans l’ordre ;
 savoir quels comportements et attitudes peuvent est décrit comme une persistance (50 ont le
même choix que leurs parents). Que devient ce groupe ? Que fait l’autre moitié qui a une
transmission qui n’est pas réussie ? Ça peut se faire par rapport à des périodes plus ou moins
longues de cette transmission parentale.
Quelles conditions, facteurs peuvent remettre en question les effets de la 1ère socialisation ? Il y a
2 grands types de conditionnement :
 lié aux conséquences de la mobilité sous différentes formes :
Mobilité familiale qui peut conduire à un rapprochement des opinions entres les époux par une
socialisation réciproque
Mobilité géographique qui peut entraîner le desserrement du tissu de la sociabilité initiale et on a pour
le migrant l’adoption éventuelle d’idées nouvelles.
Mobilité sociale ascendante ou descendante.
 Lié au poids des évènements qui peuvent soit se jouer au niveau individuel comme les
rencontres avec des groupes, des évènements, des instances (la participation à une guerre,
l’entrée dans des mouvements, etc.) croisées avec une socialisation assez forte dans ces
évènements :
Les évènements peuvent avoir une dimension collective et prendre une forme dramatique (guerre et
révolution) et donc qui entraînent des transformations décisives (politique) ou progressives (le système
et l’éventail des partis politiques) : les normes et les pratiques politiques se transforment elles aussi,
- 26 les opinions initiales s’adaptent au paysage qu’on a. Il n’y a pas de modèle universel de la socialisation
car c’est le fruit de la rencontre de l’histoire de chacun avec la société entière.
Valérie Lafont dit que l’on vit dans un univers différent qui peut avoir un impact sur la
fonction d’intégration sociale et politique dans une société où des personnes sont menacées
d’isolement et les évènements extérieurs. Importance centrale des évènements de vie et de relations
sociales qui entraînent une interaction entre l’individu et son contexte, une production de liens sociaux
et une construction, un remodelage en fonction de la trame acquise pendant l’enfance. Rien n’est
déterminé : il y a une continuité par rapport à la socialisation initiale des individus.
Conclusion : le comportement politique des individus n’est pas le résultat d’un pur conditionnement,
les individus héritent de stéréotypes mais il y a une idée de changement dans cette socialisation. Le
comportement politique n’est pas déterminé par cet apprentissage, il se construit aussi dans les
interactions avec les autres tout au long de la vie.
- 27 Chapitre 3 : les agents de socialisation
I.
Les groupes de jeunes comme agent de socialisation
Les sociologues ont fait pas mal de travaux sur les groupes de jeunes qui sont avant tout les
phénomènes de bandes (ce ne sont pas les mouvements de jeunesse), la différence vient au fait que les
mouvements de jeunesse sont fait pour socialiser les jeunes. Les bandes sont des groupes organisés
spontanément à l’échelle d’un quartier et leur but n’est pas la socialisation, pourtant, ils vont jouer un
rôle non négligeable : il y a bien une action socialisatrice de ces bandes, c’est relativement récent
(20ème) car l’existence de ces bandes suppose que l’on est jeune une fois dans sa vie et ce n’est pas
évident.
Bourdieu : « la jeunesse n’est qu’un mot », le mot jeunesse (Galland) désigne une réalité complexe
et difficile à définir, ça ne renvoie pas forcément à un âge biologique : c’est lié à une liberté liée à
l’absence de responsabilités, ce style de vie n’a pu s’instaurer que récemment chez les 15-25ans car on
passait du monde de l’enfance au monde du travail donc la jeunesse était une tranche de vie qui
n’existait pas. Cette évolution résulte des lois sur le travail de l’enfant (12 ans au début du siècle
contre 16ans aujourd’hui), la démocratisation de l’école et l’allongement de la scolarité.
Ces évolutions ont produit une période intermédiaire avant l’accès au monde du travail donc la
jeunesse désigne une transition entres les âges, la période de latence entre l’enfance et la vie adulte.
Cette période est une invention spécifique au 20ème siècle c’est pour cela que ce phénomène de bande
est propre à la jeunesse et que c’est un phénomène récent souvent présenté comme antisocial, amoral
mais c’est produit par le sens commun : c’est aussi une forme de sociabilité formée par les jeunes.
Il y a 3 interprétations principales en sociologie :
La bande comme manifestation délinquante domine dans la sociologie américaine (l’école de
Chicago) à partir de l’entre deux guerre. Cette sociologie de Chicago s’intéresse aux transformations
de la ville : sa croissance désordonnée et ses conséquences. Thrasher publie en 1927 « de bandes » qui
est le résultat de la désorganisation sociale, la désarticulation de la ville en gangs, en parcelles
juxtaposées, le découpage de la ville entraîne l’émergence de groupes qui vont s’identifier à cette
zone. Ces gangs ne s’opposent pas tellement entre eux, ils constituent des écoles de mauvaises
conduites (violence, maniement des armes à feu, etc.) et le goût de l’indépendance et des expériences
nouvelles : ça va freiner leur adaptation à la vie sociale. Le gang fonctionne comme un piège qui
empêche un retour à la vie normale.
La bande comme expression d’une sous-culture ouvrière se développe depuis les années 60
dans un contexte de déclin de la classe ouvrière et plus en plus rapide dans la société française. Les
sociologues anglais et français dénoncent la 1ère explication qui est une interprétation nouvelle : la
bande porte l’empreinte de la classe ouvrière, elle dénonce et exprime les difficultés et l’isolement du
monde ouvrier. La bande sert d’exutoire à des jeunes en situation de dominés. La bande n’est pas le
signe de la délinquance même si elles sont violentes : ce sont des groupes organisés dans lesquels ces
jeunes trouvent des repères, ils ne peuvent s’identifier à l’école ou au monde du travail mais à un
univers restreint, narcissique et protecteur. La bande est d’autant plus valorisée qu’elle apporte une
réponse à l’anomie et à la désorganisation de la vie ouvrière. La bande donne un repère, des conduites,
des activités communes donc cette bande est productrice d’une identité de substitution à l’identité
ouvrière. Dubet (fin des années 80) écrit sur la « galère » de ces jeunes.
La bande comme expression des conflits des générations. La bande est aussi associée à la
discontinuité entre les générations donc les bandes exprimeraient une culture juvénile forcément en
décalage avec celle des parents. A partir des années 60 s’oppose dans la société occidentale une
société rigide (le monde des parents) et le monde de la consommation, des loisirs qui séduit les jeunes.
La bande exprime le divorce entre les générations : elle traduit les nouveaux besoins des ados et la
bande permet l’expression de la crise d’adolescence (de se distinguer des adultes) par les vêtements,
les attitudes provocatrices et un vocabulaire spécifique, ésotérique et argotique à certains milieux au
par référence culturelle (musique, etc.) : ça permet aux jeunes de partager une culture propre éloignée
de la culture officielle des adultes. La bande sert de sasse vers le monde adulte : c’est une étape avant
l’âge adulte.
Conclusion : finalement ces 3 interprétations sont mêlées. Aujourd’hui, certains gangs américains
s’opposent à la décomposition sociale, à la discrimination sociale et produisent en même temps de la
- 28 délinquance. Ce phénomène doit être pris au sérieux dans la socialisation : elle favorise la diffusion de
différences, de références et d’attitudes communes, il a donc un rôle socialisateur mais il peut entrer en
conflit avec la socialisation institutionnelle.
II.
L’école
Elle joue un rôle socialisateur fondamental, c’est un dispositif clé dans la socialisation dans les
sociétés modernes. Cf. Durkheim qui insistait sur l’école comme lieu d’éducation des jeunes
générations.
Elle va être un dispositif central dans l’éducation, on peut dire que la société de la 2ème moitié du 20ème
va transformer l’école en agent de socialisation avec l’ouverture du marché du travail aux femmes, les
conditions de vie moderne qui vont limiter l’influence de la famille qui n’exerce plus les mêmes
choses de la même manière. Le rôle de l’école est d’autant plus grand que la famille ne peut plus jouer
le sien. L’école est un point de fixation de la socialisation de la jeunesse.
3 grands développements sur l’action de l’école :
 la pédagogisation de la socialisation de la jeunesse :
Le phénomène caractéristique de la période est la domination du mode de la socialisation scolaire. La
pédagogie (rapport du scolaire au savoir) a une influence croissante dans la socialisation des jeunes et
cette emprise de l’école résulte de 3 facteurs : la prolongation de la scolarité qui recouvre la totalité de
l’enfance et de la jeunesse (l’école conserve une part croissante de la jeunesse) ; l’intégration à l’école
d’autres types de formations qui étaient auparavant séparés de l’école (apprentissage, etc.) et la
pénétration de caractères scolaires dans d’autres pratiques éducatives extérieures à l’écoles.
On peut remarquer que l’objet de beaucoup d’activités est de faire l’éducation de l’enfant. Chaque
activité est une activité éducative dans le but de former le corps et l’esprit et cette pédagogisation se
remarque à travers l’école spécifique (danse, musique, etc.) mais on peut aussi la remarquer dans les
pratiques familiales, de tout ce qui vise l’éveil d’attitudes scolaires est valorisé, le développement des
loisirs à objectif éducatif (développement du rapport à la lecture, les choix de jouets éducatifs et les
visites au musée, etc.). Les pratiques socialisatrices des familles sont très différentes, Lahire montre
que derrière la reproduction des inégalités, il y a aussi des stratégies, des efforts déployés par les
familles de milieux aisés pour augmenter la capacité scolaire de leurs enfants.
 le rôle socialisateur de l’école :
L’école est une instance de socialisation essentielle d’où l’importance des fonctions que remplissaient
l’école, elle inculque aux enfants les valeurs morales qui sont le ciment de la société : elle prépare
chacun à la place qu’il va avoir dans la division sociale du travail. Parsons dit que l’école inculque le
sens de l’intérêt collectif (loyalisme). Bourdieu et de nombreux auteurs reconnaissent l’importance de
l’école, elle ne corrige pas les inégalités de la société, elle reproduit la division de la société mais c’est
nécessaire à la pérennité de la société.
Comment l’école joue ce rôle ? On peut décomposer l’action socialisatrice de l’école en 2 : l’école
joue un rôle socialisateur direct et indirect.
Un rôle indirect car la socialisation intervient d’abord au travers des échanges entre les élèves. Toutes
recherches montrent que l’école favorise une sociabilité infantile : ça permet l’émergence d’un univers
enfantin distinct du monde des adultes, la question principale est de savoir si l’école est seulement un
lieu où s’effectue ces échanges ou bien si l’école contribue à structurer ces échanges. Le réponse n’est
pas tranchée et on peut faire 2 remarque : les enfants se rencontrent et s’organisent selon des critères
souvent extérieurs à l’école (le sexe, l’appartenance ethnique, sociale, etc.). Les recherches montrent
que l’école intervient dans la structuration de sa relation entre les enfants : le classement scolaire est
important dans la constitution des groupes d’enfants et les enseignants vont avoir des attitudes
différentes selon le sexe de l’enfant. Les travaux les plus importants vont porter sur les cancres, les
groupements entre cancres produisent un effet de continuité : ils s’entraînent les uns les autres d’où
une culture anti-école qui se développe se qui entraîne qu’ils ne se plient pas aux exigences de la
classe d’où la remise en cause du classement scolaire. Les travaux proposent une autre pédagogie
fondée sur le travail collectif, une nouvelle notation : ça permet de limiter le phénomène de groupe par
niveaux et la mise à l’écart de certains, l’objectif de l’école c’est aussi de différencier, c’est conforme
à la division du travail : l’école doit diviser et classer les élèves, c’est son rôle social.
- 29 La 2ème action socialisatrice de l’école est un rôle de socialisateur direct, 3 idées principales : la
séparation, la transmission et l’individualisation.
La séparation : l’école implique la séparation car elle retire l’enfant du contexte familial, ça a deux
conséquences : ça limite les identifications à un groupes (familial, ethnique ou culturel) et ce retrait
inculque aux enfant un sens du rythme de la vie sociale (temps de travail, respect des horaires, temps
de loisir, etc.). C’est donc une préparation au rythme du monde du travail.
La transmission : l’école est une agence de diffusion de savoirs et de connaissances.
Qu’est ce que l’école choisit de transmettre ?
Elle transmet des savoirs tels que la biologie, la géographie, l’économie, etc. le reste est laissé aux
médias et à la famille car ils constituent des manières de vivre. 2 raisons majeures :
 raison sociopolitique assez importante : en France, on a eu un pays divisé et l’Etat a été
conduit à jouer un rôle unificateur (assurer la cohésion et l’unité de la société) à travers
l’école avec l’apprentissage d’une langue, d’une histoire et d’une géographie communes.
Cette étude scolaire a permis la normalisation des esprits des enfants, c’est le rôle majeur de
l’école sous la 3ème république et ce rôle continue aujourd’hui ;
 raison économique car il est évident que dans tous les pays ce qui est transmis à l’école
correspond aux besoins, aux impératifs de l’économie comme l’enseignement technologique
dans les années 50 et l’informatique dans les années 90. Il y a des enjeux derrière cette
question car quand elle y répond, elle répond et donne le rôle social des individus donc à
travers le contenu des formations, l’école exerce un contrôle social sur les individus.
Qu’est ce que l’école transmet effectivement ?
Le contenu des formations c’est ce que l’on appelle le curriculum, c'est-à-dire ce que l’école est censée
transmettre officiellement dans les différentes disciplines : elle diffuse un ensemble de réflexes
intellectuels (manière d’interpréter, etc.) aux enfants. On dit que ka socialisation scolaire diffuse un
sens commun, c'est-à-dire que l’école dote les enfants d’un mode de fonctionnement intellectuel
commun mais à côté de ce curriculum on identifie aussi le curriculum caché qui véhicule un ensemble
de normes de comportement, de valeurs morales.
Par exemple, l’école transmet certaines règles de vie sociale comme une discipline individuelle ou
collective. Elle enseigne le respect de l’autre, la courtoisie avec l’autre et le respect de l’autorité de
l’enseignant. Elle apprend aux élèves un nouveau rapport aux émotions (dans la famille, le rapport à
l’affection est important et présent mais à l’école, l’enfant n’est plus le centre du monde et il doit
apprendre à dissimuler ses émotions) : il doit faire la différence entre la sphère publique et la sphère
privée. Cela varie selon les méthodes pédagogiques : certaines favorisent la soumission et d’autres
l’autonomie, la créativité, la prise de responsabilité.
L’individualisation : la socialisation scolaire forme une individualité particulière, elle inculque
des connaissances séparées de la pratique (on engrange des choses qui n’ont pas d’utilité pratique et
immédiate) donc l’élève, à travers tout ça, apprend à dépasser le rapport pratique aux choses, à faire
des choses dont l’utilité n’est pas visible d’où sa capacité d’abstraction (prendre de la distance par
rapport aux choses). L’école favorise la mise à distance par rapport à soi même, c'est-à-dire que par la
rédaction (par exemple) d’un texte littéraire l’élève doit faire un retour sur lui-même, prendre une
posture objective donc l’élève s’interroge que ce qu’il fait mais aussi sur ce qu’il est. La socialisation
scolaire contribue donc à construire une personne capable de prendre de la distance entre ce qu’il fait
par rapport à ce qu’il est (individu plus réflexif, etc.) et cela participe à la formation et à la
construction sociale de l’individu moderne dont la société a besoin pour fonctionner
 la scolarisation comme expérience :
L’école est un lieu auquel on s’adapte, les enfants apprennent leur métier d’élève, c'est-à-dire qu’ils
vont développer des comportements particuliers selon la situation scolaire qu’ils rencontrent. Les
élèves vont développer des stratégies particulières (sentiments et goûts) : on ne s’intéresse plus à
l’école en tant qu’agent de conditionnement mais à une vision plus empiriste (attitudes de l’élève dans
le milieu de l’école).
Dubet montre que les élèves ont une marge de manœuvre, ils participent à leur socialisation
scolaire donc cette socialisation scolaire ne vient pas d’en haut comme un moule dans lequel il faut se
fondre mais elle est aussi une construction et les élèves utilisent à leur avantage la situation
pédagogique et institutionnelle : ils manipulent les règles de l’école (la négociation avec l’enseignant
pour défendre leur travail et améliorer leur résultat, etc.), ce sont des acteurs qui construisent des
- 30 stratégies, qui font des choix. Ils s’approprient l’école comme l’école se les approprie. La même chose
est valable face à l’échec scolaire : les élèves supposent une bonne connaissance du fonctionnement,
des règles et des points faibles du monde scolaire.
L’école a une tâche difficile car elle doit faire 2 choses en partie inconciliables :
 contribuer à la cohésion sociale en diffusant des valeurs communes ;
 différencier et classer les élèves.
Elle doit rassembler et diviser en même temps. La fonction de l’école dans la société entraîne
beaucoup de discussions dans la société et de débats entre les sociologues, certains résultats sont
parfois étonnant : les américains disent que le comportements de leurs élèves est plus calme et moins
agressif, etc.
III.
Faut-il parler de crise des instances de socialisation ?
A) la remise en cause des institutions de socialisation
C’est une idée que l’on retrouve dans la littérature sociologique tel que le constat de l’effritement
des institutions de socialisation : Dominique Schnapper (« la France de l’intégration ») qui constate
qu’il y a une remise en cause des institutions de socialisation telles que :
La famille (cf. le cours).
L’armée qui avait une importance particulière dans la 3ème république (elle était complémentaire à
l’école) car elle formait les soldats et permettait le brassage social.
Les syndicats qui sont victimes d’une crise de légitimité : 55% des salariés étaient syndicalisés dans
les années 60 contre 13% aujourd’hui. Ce déclin du syndicalisme laisse un vide pour les jeunes qui
sont « réduis à la galère ».
La religion qui connaît une crise de fréquentation, c’est la fin de la civilisation paroissiale, le sentiment
religieux est encore fort mais il s’exprime en dehors de la société ecclésiastique.
L’école est en difficulté : les moyens de transmettre et d’éduquer les jeunes générations devient
difficile d’où les sciences de l »éducation où l’on cherche à mettre au point de nouvelles méthodes
pour améliorer sa transmission et renforcer son rôle socialisateur.
Le sociologue doit essayer de comprendre et d’expliquer ce que recouvre l’idée de crise.
B) La crise et la mutation de l’école : le ses de l’expérience scolaire.
Il y a effectivement une crise de l’école mais on ne sait pas très bien quelle est la nature de cette crise :
elle vient du fait qu’elle cristallise les valeurs et les espoirs de notre société. Le rôle de la genèse, la
confiance en le progrès, la démocratie et l’ascension sociale sont les espoirs qui semblent déçus et
l’école est remise en cause. On accuse l’école de mal remplir son rôle car elle est incapable de gérer la
génération des jeunes, elle est source de désenchantement pour la famille car le niveau de la formation
augmente mais les chances de promotion sociale stagnent (mobilité a rebours), on fait des critiques sur
l’égalité des chances, la promotion scolaire et le sens même de l’école. Qui désigne les 3 crises de
l’école :
La crise pédagogique : l’école est accusée de mal former la population, on prétend que l’école
diminue de niveau pour la lecture, les résultats du bac. Ce discours est dénoncé par 2 sociologues :
Baudelot et Establet qui disent que la permanence de ce discours est récurent depuis le 19ème siècles,
ils montrent le paradoxe de cette critique : comment peut-on expliquer que le progrès technique soit le
résultat de personnes moins bien formée que leurs aînés ? Ces auteurs proposent une interprétation de
cette critique à savoir d’abord que déplorer la baisse du niveau scolaire et le moyen le plus sûr de le
faire monter, ce n’est pas seulement l’école mais aussi la population que l’on délimite pour lui réserver
des avantages (remise en cause de la démocratisation de l’école et la fin des privilèges réservés à une
élite).
La crise démographique : Bourdieu et Passeron affirment que l’école est une institution de
domination sociale car elle reproduit les inégalités sociales par un mécanisme culturel. Les enfants
disposent d’un capital scolaire, c'est-à-dire culturel différent : l’école va prendre en compte ces
différences de capital culturel et elle est indifférente aux différences donc elle traire de manière égale
des inégaux face à l’école, c'est-à-dire que la neutralité de l’école se transforme en principe
d’exclusion pour un grand nombre. Derrière la l’idéologie du métier, il y a un principe de sélection
social très grand ce qui aide à comprendre certaines difficultés de l’école : Dubet dit que la violence à
l’école ne résulte par de la violence dans les quartiers difficiles mais du fonctionnement du système
scolaire car il trie, sélectionne à l’aveugle et place en position d’échecs individuels qui renvoient, en
apparence, à leur seule responsabilité alors qu’ils ont aussi une origine sociale : « quand ces jeunes
- 31 choisissent la violence, ils défendent leur honneur contre un système qui les stigmatisent et qui leur
font perdre leur propre estime ».
La crise de son sens : le système scolaire idéal mis en avant est celui de Jules Ferry. Jusqu’aux
années 50, la sélection se faisait en un monde de l’école, les élèves motivées et les familles mobilisées
réussissaient tandis que les autres élèves étaient abandonnés très tôt à la vie active. Ce schéma a
disparu depuis la massification de l’école, cet équilibre est donc rompu. En 1800, 1% d’une classe
d’âge accédé au BAC contre 62% en 1996. 97% d’une classe d’âge accède au collège de nos jours. On
ne retrouve plus seulement des héritiers à l’école : on trouve des élèves qui n’adhèrent pas à l’école
donc elle ne repose plus sur une culture partagée par ceux qui la fréquente donc elle ne peut plus
compter sur sa culture. Elle cherche à se légitimer sur la nécessité des diplômes mais c’est ce qui est
remis en cause car certains sont inaccessibles et improbables : l’utilité de l’école diminue.
Aujourd’hui, son but est de donner du sens à l’expérience scolaire (Dubet et Mortucelli) mais
comment faire ? Il faut rendre l’obligation scolaire moins pénible, c’est ce qui rend si difficile le
travail des enseignants aujourd’hui.
Conclusion : faut-il parler de crise des agents de socialisation ? Ce terme désigne un changement
rapide, décisif et qui accompagne la dégradation de la situation initiale : ça renvoie à une vision
idéalisée du passé. Or école, autrefois, on ne diffusait pas un bon niveau de connaissances (75%
d’échecs au certificat d’étude) et ça ne permettait pas l’épanouissement de l’enfant. Il faut considérer
la crise comme un processus d’adaptation à un environnement social changeant pour un individu
moins soumis à la tradition, qui ne veut pas subir de type de conditionnements mais qui entend
participer, être un acteur reconnu : ça explique les difficultés contemporaines. Luhmann parle d’auto
socialisation, la crise des agents de socialisation désigne une phase d’adaptation des institutions à ce
phénomène d’auto socialisation.
C) La socialisation des étudiants
Finalement, on vient de traverser la processus de socialisation mais pas à son achèvement : c’est un
groupe social étudié par les sociologues qui a subit des transformations depuis 30ans pour leur mode
de vie, leurs attentes, etc. Il faut essayer de voir dans quelle mesure on a affaire à un mode de vie
spécifique plus ou moins radical à la période antérieure du lycée. Le 1er travail que doit faire l’étudiant
est d’apprendre le métier d’étudiant car ils durent plusieurs années à l’université (le plus dur est d’y
rester et non d’y entrer) : ça veut dire qu’il faut apprendre ç devenir étudiant et que cette entrée est un
passage de statut et il y a une initiation : l’affiliation. Les étudiants qui n’y arrivent pas échouent.
L’étudiant doit montrer son savoir-faire car c’est une condition de sa réussite.
Les 3 grandes phases classiques qui correspondent à une structure de rites d’initiations sont émises par
Coulon (qu’il a repris de Van Genaep) :
 la séparation : l’étudiant perd les repères antérieurs (lycée) pendant quelques semaines ;
 la marge : le passage le plus dangereux, douloureux, incertain, l’étudiant est entre deux, il
n’a plus de repères et il n’est pas encore dans la restructuration : c’(est une période de
latence, d’apprentissage ;
 l’agrégation : période de restructuration, c’est le passage significatif de son nouvel état.
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