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de l’agrégation des intérêts individuels, c’est plus que ça : la société transcende les individus, elle a
une vie propre qui n’est pas égale à la somme des individus qui la compose.
Attention : il faut toujours chercher à expliquer les comportements individuels par l’action de la
conscience collective sur les individus. Cette notion est centrale chez Durkheim, la définition de la
conscience collective « c’est l’ensemble des croyances et des sentiments communs à la moyenne des
membres d’une même société et formant un système déterminé qui a sa vie propre ». La conscience
collective est un ensemble de mentalités partagées par la majorité de la population et qui s’impose aux
individus indépendamment de leur volonté : elle a une grande force sociale. Elle implique l’existence
de valeurs communes qui sont concrétisés par des normes et la contrainte sociale est un ensemble de
règles que se donne une société pour atteindre les dispositifs que la société met en place pour rendre
ces règles effectives. Ces règles ne sont pas innées mais transmises, les individus doivent les
intérioriser et la socialisation peut être définie comme les mécanismes de transmission des valeurs et
des normes nécessaires à l’intégration des individus et pour que ces individus puissent tenir leur place
dans la société. Cette intériorisation des normes est plus ou moins consciente, les habitudes qu’on peut
avoir dans la vie sont, pour Durkheim, des ormes qui sont appliquées machinalement tellement elles
sont bien intériorisées (ex : à table avec N. Elias).
Cette socialisation est un phénomène universel mais qui peut prendre des formes variées selon les
contextes sociaux : il n’existe pas de société sans conscience collective, ça consiste en la transmission
des modèles culturels à partir des générations adultes vers les générations montantes : l’objectif c’est
pas seulement d’introduire les individus à la vie en société et au travail mais aussi et surtout c’est
d’assurer le maintien et la reproduction de l’ordre sociale pour Durkheim.
2) Le processus d’intégration et de régulation
Dans sa théorie de la socialisation, Durkheim fait la distinction entre intégration et régulation.
L’intégration c’est la façon dont un groupe social attire un individu et se l’approprie. Ce processus
passe par des contacts fréquents (interactions) entre les membres du groupe et ça permet le partage
d’idées, de sentiments. Ce processus conduira à l’existence de passions uniformes et donc à la
poursuite de buts communs. Ce processus conduit à l’attachement au groupe selon Durkheim.
Le principe de régulation est complémentaire mais différent à celui d’intégration. Il ne fait pas
seulement intégrer l’individu mais il faut aussi harmoniser et régler son comportement : le processus
de socialisation doit jouer un rôle modérateur. Les individus ont des désirs infinis or la stabilité d’une
société exige des individus disciplinés : il faut leur apprendre la contention. La régulation sociales
c’est ce qui permet de passer de l’univers infini à l’univers fini et hiérarchisé des passions sociales : ça
conduit à l’esprit de discipline.
3) Education, école et corporation
L’éducation pour Durkheim n’a pas seulement pour objectif l’individu et ses intérêts mais c’est
surtout un moyen pour la société d’assurer sa permanence, ça permet la reproduction sociale.
« L’éducation consiste en une socialisation méthodique de la jeune génération et l’objectif est de
constituer en chacun de nous l’être social », cet être social a un système d’idées, de sentiments,
d’habitudes qui sont en nous et qui exprime le groupe ou les sous groupes différents dont on fait
partie, ce sont les opinions collectives, les croyances et les pratiques morales, les traditions (nationales
ou professionnelles), les croyances religieuses, etc. Cet être social n’existe pas dans la constitution
primitive de l’homme mais la société se trouve à chaque génération en face d’individus « vierges ».
L’idée c’est que la société ne peut vivre que si il y a une homogénéité suffisante entre les membres :
l’éducation renforce cette homogénéisation et va renforcer chez l’enfant la vie productive.
« L’éducation est l’action exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont pas encore mûres
pour la vie sociale, elle a pour objet de susciter et de développer chez l’enfant un certain nombre
d’états physique, intellectuels et moraux que réclament de lui et la société politique dans son ensemble
et le milieu social auquel il est particulièrement destiné ».
L’éducation via l’école est un processus de socialisation central : la période charnière pendant
laquelle les individus apprennent à aimer les instructions, à vivre en groupes, etc. c’est le canal
d’intégration de la société. Pour Durkheim, les institutions de socialisation ne jouent plus bien leur
rôle car l’industrie moderne va avoir 2 conséquences : la division du travail social (déracinement des
individus : les cadres sociaux traditionnels sont bouleversées) et les individus s’émancipent des
anciennes manières de faire, d’agir et de penser. L’église et la famille sont peut être moins en mesure
de jouer leur rôle socialisateur : la transmission des coutumes qui donné une stabilité de la vie sociale.