Formation d'étoiles et Feedback : Interaction entre un Flot moléculaire et un Coeur pré-stellaire dans L1689N
Le nuage moléculaire L1689N contient un coeur pré-stellaire, caractérisé par un niveau de
deutération élevé, indiquant une forte densité et condensation des molécules sur les grains de
poussière. Des observations avec Herschel, ALMA Compact Array (ACA), et le télescope
submillimétrique de Caltech (CSO) menées par une équipe internationale, dirigée par des
astronomes de l'Observatoire de Paris, confirment que le coeur est affecté par un flot
moléculaire venant de la proto-étoile proche IRAS 16293-2422. Le changement de la vitesse et
de la largeur de la raie NH2D à travers le coeur fournit des indications claires d'une
interaction avec le flot, tracé par l'émission à grande vitesse des molécules d'eau.
La formation d'étoiles de faible masse est connue pour se produire exclusivement dans les intérieurs protégés de
coeurs de nuages moléculaires, lorsque la gravité l'emporte sur les pressions thermique, magnétique et turbulente et
que le coeur s'effondre. Le lancement de ce processus est parmi les étapes les moins bien comprises de la
formation d'étoiles. Pourtant, il est essentiel de comprendre certains de ses aspects les plus fondamentaux, tels que
la fonction initiale de masse, la fraction de binarité et sa dépendance en la masse stellaire, et l'efficacité de la
formation des étoiles. Une grande partie de notre connaissance de la structure des coeurs de nuages sans étoiles
vient d'observations de l'émission millimétrique de la poussière. Cependant, les observations du continuum ne
donnent qu'une image partielle de la structure des nuages, car la coagulation de la poussière est un processus clé
aux fortes densités des coeurs sans étoiles, ce qui modifie le coefficient d'opacité des grains et cache efficacement
une grande partie de la masse de la poussière. De plus, les études de poussière ne fournissent pas d'informations
directes sur la dynamique de ces coeurs, ni sur leur chimie.
De même, les observations moléculaires sont également connues pour fournir une vue biaisée des coeurs sans
étoiles. Cela reflète la condensation des espèces sur des manteaux de glace aux densités élevées. Cependant, pour
des raisons qui ne sont pas entièrement comprises, les espèces contenant l'azote, notamment l'ammoniac, ne
semblent pas participer à cette condensation. Les espèces deutérées, y compris les isotopologues de l'ammoniac ou
N2D+, forment la deuxième exception. Une haute deutération des espèces en phase gazeuse est, en effet, une
conséquence directe de la condensation sur les grains, et de la disparition fortuite d'ortho-H2 de la phase gazeuse,
sans laquelle aucune deutération ne se passerait. Cela entraîne à son tour l'abondance en phase gazeuse et la
fractionation de H3+.
Copyright © Observatoire de Paris centre de recherche et enseignement en astronomie et astrophysique relevant du Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.Page 2/4