Sujet PC
« Quelle que puisse être la force d’innovation de la composition poétique […], la composition
de l’intrigue est enracinée dans une pré-compréhension du monde [...] et de son caractère temporel »,
affirme Paul RICOEUR, à propos de l'écriture romanesque, dans Temps et récit (1983).
Dans quelle mesure votre lecture de Sylvie de Gérard de Nerval et de Mrs Dalloway de Virginia
Woolf vous permet-elle de souscrire à cette affirmation ?
Lecture du sujet :
1. Que peut signifier «compr[endre] le monde et son caractère temporel » ? Vous proposerez quelques pistes
de réflexion, sans les développer ici.
2. Autour de quelle opposition la pensée de Ricoeur s'articule-t-elle ?
3. Pensez-vous que les textes de Nerval et de Woolf conduisent forcément à opposer innovation formelle et
« compréhension du monde et de son caractère temporel » ? Vous justifierez brièvement votre réponse à
l'aide des textes.
Problématique
Le caractère novateur de l'écriture de Nerval et de Woolf, loin de trahir la compréhension du monde
et de son caractère temporel dont font preuve ses deux auteurs, ne se met-il pas précisément au service de la
transcription littéraire du temps vécu ?
Plan succinct
I DEUX OEUVRES DONT LA FORCE D'INNOVATION SE TRADUIT NOTAMMENT PAR UN
EXPLOITATION DU TEMPS PROPRE A DEROUTER
Chez Nerval : peu de repères temporels au début du récit ; un ordre, dans la narration, qui peut
surprendre (cf. fin du ch. XIV) ; un usage déroutant des temps verbaux (notamment de l'imparfait).
Chez V. Woolf : une intrigue singulièrement concentrée sur quelques heures ; une entrée en matière
in medias res qui nous conduit à devoir reconstituer le passé des personnages.
II DEUX OEUVRES QUI TOUTEFOIS MANIFESTENT UNE PROFONDE COMPREHENSION
DU MONDE ET DE SON CARACTERE TEMPOREL
Les deux récits se situent, avec plus ou moins de précision, dans une temps historique.
Les personnages changent, vieillissent, meurent.
Les intrigues se construisent de relations de causes à effets entre les événements qui les constituent.
III LES INNOVQTIONS FORMELLES DONT TEMOIGNENT NOS DEUX TEXTES NE SE
METTENT-ELLES PAS EN DEFINITIVE AU SERVICE DE LA TRANSCRIPTION
SCRIPTURALE DU TEMPS VECU LA PLUS FIDELE POSSIBLE ?
Des textes qui rendent compte du caractère indomptable du temps (accélération rythmique de la fin
de Sylvie : l'existence du narrateur paraît fuir entre les doigts de ce dernier).
Deux récits qui savent dilater l'instant, traduisant alors le caractère subjectif de la mesure du temps.
Des écritures qui savent sonder la vie intérieure des êtres, et traduire leur perception singulière du
temps (temps du rêve, temps de la folie, notamment).