Berlin, enjeu de la guerre froide
Avant même la fin des combats de la Seconde Guerre mondiale, les vainqueurs
discutent de l'organisation du monde en paix, comme à Yalta en février 1945. D'ores et déjà,
l'Allemagne et Berlin sont au cœur des discussions. Très vite, sa situation fait de Berlin l'un
des enjeux et des symboles de la guerre froide.
En effet, en 1945, l'Allemagne et Berlin sont divisées en quatre zones d'occupation :
américaine, britannique, française et soviétique. Les trois secteurs occidentaux de Berlin, dans
sa partie ouest, sont donc isolés au cœur de la zone soviétique. Lorsqu'on 1947, les théories
de Truman et Jdanov marquent la fin de l'alliance entre les deux Grands et le début de la
guerre froide, Berlin devient donc une très particulière zone de contact entre les deux blocs
issus de la guerre, bloc démocratique et libéral mené par les États-Unis à l'ouest, bloc
communiste mené par l'Union soviétique à l'est.
En 1948, c'est la première grande crise de la guerre froide, et elle concerne Ber lin : les Alliés
occidentaux veulent reconstituer un État allemand indépendant. Pour s'y opposer, les
Soviétiques organisent le blocus de Berlin-Ouest. Pour les Américains, ne pas intervenir est
impensable mais une intervention directe entraînerait une guerre contre l'Union soviétique. Ils
répondent donc par la mise en place d'un pont aérien pour ravitailler Berlin-Ouest. Les
Soviétiques, malgré leur échec, maintiennent quand même le blocus pendant un an. En 1949,
naissent successivement la RFA, pro-américaine, et la RDA, démocratie populaire soumise à
Moscou. Berlin reste une enclave de liberté derrière le rideau de fer. En 1961, le
gouvernement est-allemand construit un mur pour contrôler la frontière entre les deux
secteurs de Berlin, par laquelle des milliers d'Est-Allemands prenaient la fuite. Ce mur
devient le symbole du conflit entre le monde libre et le monde communiste : en 1963,
Kennedy prononce à Berlin son fameux discours (« Ich bin ein Berliner »).
C'est pourquoi la chute du mur de Berlin en 1989 marque la fin de la guerre froide et
entraîne inévitablement la fin des régimes communistes d'Europe de l'Est.
En 1990, l'Allemagne est réunifiée ; en 1991, l'Union soviétique disparaît; c'est la fin
d'un monde bipolaire dans lequel Berlin fut l'un des enjeux les plus symboliques.