Appel à projet pour 2 allocations de recherche doctorale / 4 aides au terrain de master Socio-anthropologie de l’évolution de la prévention, des modes de prise en charge et de l’intégration/transfert des activités de réponse à la malnutrition dans le cadre des projets de MSF à Maradi, Zinder et Tahoua L’Observatoire de l’Innovation Médicale (OIM) du LASDEL développe, dans le cadre d’un financement des différentes sections de MSF au Niger, un projet de recherche visant une analyse socio-anthropologique en vue d’alimenter les interventions médicales de l’ONG. Ce projet se structure autour de 4 objets de recherche: les dynamiques de prévention de la malnutrition aigüe, les stratégies de dépistage précoce et le suivi allégé et décentralisé, notamment au niveau des mères, de la prise en charge de la malnutrition, les options d’amélioration des interactions soignant/soigné lors de la prise en charge de la malnutrition et des pathologies associées (paludisme, VIH…) en CRENAS et CRENI, l’identification et la documentation des modalités d’intégration / transfert des activités nutritionnelles au MSP et à ses PTF. Ces objets ouvrent des champs de recherche et d’analyse importants relevant aussi bien de l’anthropologie de la santé, de l’anthropologie du développement, et de la sociologie de l’innovation et des sciences Dans ce cadre, sont proposées à partir de 2016, 2 allocations de recherche doctorale et 4 financements d’aide au terrain dans le cadre d’une recherche de master. Les étudiants et jeunes chercheurs retenus viendront intégrer l’équipe de ce projet. . Contexte et cadre de l’appel à projet Les réponses humanitaires aux crises alimentaires qui se succèdent depuis 2005 dans le Sahel et les innovations qu’elles ont déployées à large échelle ont conduit à une visibilité nouvelle de la question de la malnutrition aiguë de l’enfant (Crombe et Jezequel, 2007). En 2013, avec plus de 400 000 enfants atteints de malnutrition aigüe sévère (MAS) soignés, contre à peine quelques milliers moins de 10 ans auparavant, le Niger (avec une population de 17 millions d’habitants) représentait à lui seul 20% des enfants malnutris pris en charge dans le monde (Caremel 2015). En quelques années, cet Etat est passé d’un pays en crise à un épicentre de la mobilisation humanitaire puis à une « success story » de la santé publique transnationale. L’importance de la problématique de la MAS de l’enfant et la mobilisation dont elle a fait l’objet a conduit à une inscription dans le temps des dispositifs et des acteurs de l’aide d’urgence et a fait du Niger un des laboratoire à ciel ouvert dans lequel ont été développées des innovations radicales pour améliorer les modes de prise en charge et de prévention de la malnutrition (Caremel 2016), conduisant à intégrer certaines activités (VIH), à déployer des recherches sur de « nouveaux » paquets de soins préventifs... Ce renouveau s’explique par le déploiement conjoint de nouveaux outils de diagnostics, qui ont opéré une transformation de la métrique des corps dénutris (Caremel, 2015 b), et des Aliments Thérapeutiques Prêts à l’Emploi (ATPE) et leur déclinaisons (ASPE, LNS…), qui ont permis de transformer un traitement qui reposait sur une hospitalisation longue en une prise en charge à domicile confiée à l’entourage familial (Caremel 2015, Defourny 2007). Plus qu’un changement de cadre thérapeutique ce sont les frontières du normal et du pathologique que ces évolutions techniques initiées par la médecine humanitaire ont induit, ouvrant la porte à une série de transformations majeures et d’appropriations locales (Caremel 2016). Pourtant, malgré ces succès techniques évidents, le pays reste un des foyers de malnutrition au niveau mondial. Le taux de taux de malnutrition aiguë globale (MAG) parmi les enfants de 6-59 mois est constamment au-dessus du seuil d’alerte (10%). L’enquête nutritionnelle annuelle de 2014 1 a confirmé une situation nutritionnelle toujours préoccupante avec des taux de MAG de 14,8 %2 et de MAS de 2,7 %3. L’épidémiologie de la malnutrition reste caractérisée par une saisonnalité très marquée, malgré des initiatives de prise en 1Enquête SMART (Standard Methodology for Assessment of Relief and Transition) conduite entre août et juillet 2014. (OCHA, rapport hebdomadaire sept 2014) 2L’OMS fixe le seuil d’urgence pour la MAG à 15%. 3L’OMS fixe le seuil critique pour la MAS à 3%. charge de la Malnutrition Aigüe Modérée(MAM) et des activités de prévention. Les activités de CPS conduites par MSF ces dernières années (dont un premier passage à l’échelle en 2015), malgré leur succès, n’enregistrent pas les performances attendues. Ainsi, malgré 10 ans d’intervention des acteurs de l’aide humanitaire et une succession remarquable d’innovations techniques, les défis d’une prise en charge de masse de la MAS au Niger restent importants. Thématiques centrales et enjeux du projet de recherche Le partenariat entre MSF et le LASDEL, vise à proposer un éclairage et un accompagnement des stratégies d’innovation médicale de l’ONG (Dodier 2009) en apportant une lecture de socio-anthropologie de 3 grandes orientations thérapeutiques qui constituent les priorités opérationnelles de santé publique: 1. La poursuite de la décentralisation des activités de prévention, de dépistage, de diagnostic et de prise en charge, 2. L’amélioration de la PEC dans les CRENAS et CRENI, y compris pour les pathologies associées (VIH, palu…), en renforçant le rôle central de l’entourage familial et surtout en améliorant la qualité des interactions soignants-soignés, 3. La définition des conditions et des modalités d’intégration/transfert des activités nutritionnelles au MSP et à ses PTF. Il s’agit enfin pour l’équipe du LASDEL-OIM, d’une occasion pour: 1. accompagner la transformation en actions des savoirs anthropologiques produits suite à une recherche initiée avec Epicentre (Caremel et Issaley 2014 et 2015) et dans le cadre d’autres programmes de recherche passés, 2. poursuivre des réflexions en cours sur des axes de recherche transversaux que constituent : - l’innovation médicale (malnutrition, CPS, Rotavirus…) et ses logiques d’inscription dans les politiques publiques4, - les problèmes négligés des systèmes de santé (pratiques professionnelles, supervision et accompagnement, retrait des ONG)5 - les possibilités de réforme et d’innovation « par le bas » dans l’administration en partant de la réalité des pratiques6, ici dans le cadre particulier du transfert d’activités d’acteurs extérieurs. 3. articuler et approfondir les résultats de différentes recherches passées et en cours sur les enjeux de RH de santé, d’anthropologie de la maladie et du médicament, d’anthropologie des soins… - des approches systématiques d’anthropologie symétrique des acteurs de l‘aide, 4. développer des réflexions sur des thématiques nouvelles (les dynamiques d’autodiagnostic/auto prescription au Niger, l’évolution et la redéfinition des rôles familiaux dans la gestion des problèmes de santé…) Nous invitons les étudiants intéressés par ces thématiques à soumettre un projet de recherche en vue de l’obtention d’une aide au terrain dans le cadre d’un master de recherche ou d’un financement doctoral. Laboratoire d’accueil, encadrement Le travail de recherche doctorale se fera en cotutelle avec un directeur de thèse d’une université française et un directeur de thèse de l’UAM de Niamey, et avec un appui du chercheur coordinateur du projet. Le chercheur-doctorant sera en accueil au LASDEL et pourra suivre les cours du master d’anthropologie de la santé et les séminaires doctoraux mensuels. Le travail de recherche sera conduit en lien avec MSF et alimentera la conduite des activités de terrain de l’organisation. Dans ce cadre, des facilités logistiques et d’accès aux terrains seront assurés par cette structure. 4 Objet de deux thèses au LASDEL et qui constitue le cœur même de l’OIM Pour plus d’informations sur ce programme voir : le programme « Problèmes négligés des systèmes de santé » http://lasdel.net/etude.php 6 Sur ce sujet, voir par exemple le bilan des comportements des agents de l’Etat réalisé par le LASDEL pour le Haut Commissariat à la Modernisation de l’Etat (HCME), www.lasdel.net/spip/IMG/pdf/247.pdf 5 Conditions pour des bourses de recherche de master et de l’allocation doctorale Allocation de terrain pour le Master Une somme forfaitaire de 200 000 fcfa est allouée pour effectuer au moins 2 mois de terrain Allocation de recherche doctorale L’allocation doctorale s’élève à 20 000 000 fcfa pour les 3 années de la recherche repartis, à titre indicatif, comme suit : - une allocation mensuelle de 350 000 CFA pendant 36 mois couvrant l’ensemble des frais de la recherche (inscription, terrain, visas, matériel de recherche…), - 1 000 000 fcfa pour l’acquisition de matériel de travail - 2 billets aller-retour vers la France - un complément de 500 000 fcfa par mois pendant 6 mois en France pour permettre la conduite de recherches en bibliothèque, la participation à des ateliers et séminaires, et la réalisation d’entretiens complémentaires. Organisation et charge de travail dans le cadre de la recherche doctorale Les financements doctoraux constituent un travail à plein temps. Le temps de travail s’organise sur la durée de la thèse comme suit : - 50% du temps sur le terrain (Madarounfa, Maradi et Bouza-Madaoua) : collecte de données, documentation et appui aux interventions… - 25% du temps à Niamey : traitement des données, revue de la littérature, écriture de rapports, d’articles et de la thèse… - 25% du temps en France : travail en bibliothèque, conférences, séminaires…. Critère d’éligibilité des candidats 1. Il n’existe pas de critère de nationalité ou d’âge. La maitrise du haoussa est une condition essentielle, et une connaissance minimale de l’anglais est requise, la plupart des publications sur le sujet étant publiées dans cette langue. 2. Les candidats à la bourse doctorale doivent être titulaire d’un master dans un champ pertinent au regard des thématiques de l’AP (sociologie, anthropologie, santé publique), ou être en cours de master 2 d’anthropologie de la santé. 3. Les candidats aux bourses d’aide au terrain doivent être titulaires d’une licence ou équivalent Procédures Les dossiers complets devront être soumis par voie électronique 1. Pour les bourses d’aide au terrain de master : avant le 31 décembre 2015 à minuit 2. Pour les financements doctoraux avant le 1er Mars 2016 à minuit. Les dossiers seront adressés aux adresses suivantes: Jean-Francois Caremel OIMT : [email protected] copie à - LASDEL : [email protected] - Ali Bako Gestionnaire de la recherche LASDEL : [email protected]. La sélection sera faite par un jury de quatre personnes issues du LASDEL (2) et de MSF (2) pour les bourses doctorales, de 2 chercheurs du LASDEL pour les bourses de terrain. La sélection s’opérera dans un premier temps sur dossier. Dans un second temps, un entretien avec les candidats pré-sélectionnés pourra être organisé. Le versement de l’allocation doctorale par le LASDEL débutera au 1er mMai 2016. Composition du dossier de candidature Pour les bourses d’aide au terrain de master - un projet de recherche n’excédant pas 25 000 signes, notes de bas de page et bibliographie incluses, présentant l’intérêt de la recherche, le terrain et sa faisabilité, - un CV du candidat, - les publications et travaux de recherche éventuels. Pour les financements doctoraux - un projet de recherche n’excédant pas 40 000 signes, notes de bas de page et bibliographie incluses, présentant l’intérêt de la thèse et sa faisabilité, - un CV du candidat, - les publications et travaux de recherche éventuels Personnes contacts Pour les questions relatives à l’appel à proposition, pour recevoir des élements plus détaillés sur le projet de recherche LASDEL-MSF : - Jean-Francois Caremel LASDEL-OIM : [email protected] Pour les modalités de dépôt des dossiers, les questions administratives : - Ali Bako, gestionnaire de la recherche LASDEL :[email protected].