II- Dérogations et carences de l'état du droit
A - La liberté de procréation
1. Le refus de procréer : l’IVG
Sous l’Ancien Régime, avortement = crime. Puis délit depuis la loi du 27 mars 1923. Or en 42,
redevenu un crime contre la sûreté de l’Etat, punissable à la peine de mort… En 45 : retour à la loi de
1923, réprimant l’avortement et toute incitation (Jusqu’en 71).
1971 : événement politique et social : mouvement de protestation suscité par le procès de Bobigny
« Manifeste des 343 » + création du MLAC (Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et la Contraception).
Loi Veil du 17 janvier 1975 qui suspend pour 5 ans l’application de l’art 317 du Code Pénal pour les
« IVG qui se déroulent conformément aux conditions posées par la loi de 1975 ». Modification en 79.
Conditions pour l’IVG en France :
- la décision n’appartient qu’à la femme qui s’estime en situation de détresse
- le recours à l’IVG n’est légal que s’il a lieu pendant les 12 premières semaines de grossesse.
- il doit être pratiqué dans un hôpital public ou une clinique agréée mais refus du médecin
possible
- conditions de procédure : consultation d’un médecin + conseiller familial
- délai de réflexion d’au moins une semaine
- Possibilité d’avorter avec le RU 486 mais dans les 5 semaines et dans les étabs. agréés.
Les IVG qui ne répondent pas à ces conditions restent pénalement sanctionnées ; ainsi que les
pratiques qui donnent les moyens de la faire soi-même. (Loi du 27 janv. 93 : ‘délit d’entrave à l’IVG).
2. La Procréation Médicale Assistée (PMA)
PMA = toutes les pratiques cliniques, biologiques qui permettent la procréation en dehors du
processus naturel (in vitro, transfert des embryons, inséminations artificielles…) 3 problèmes :
- Problème d’établissement de liens de filiation dés lors qu’on a recours à un tiers pour les
dons de gamètes.
- Risque d’eugénisme avec les manipulations génétiques impliquées par la PMA.
- Ouvre la voie à des techniques de reproduction par clonage, susceptibles d’altérer la
définition même de la personne humaine.
La PMA pose donc des problèmes à la fois éthiques et juridiques. Elle obéit à plusieurs conditions :
Principe de gratuité : (car développement à la recherche d’un profit avant 90…) Lois de 91
et 94 : l’activité de recueil, traitement et conservation de gamètes ne peut être organisée
qu’à but non-lucratif.
Principe de parentalité : ne peuvent bénéficier de la PMA que des couples mariés ou en
concubinage stable (hétérosexuels) suppose un projet parental, le consentement du
couple donneur et du receveur. mais ne fait pas forcément intervenir un tiers : la fécondation
in vitro homologue est totalement libre. (Ex dp 94, interdiction de l’insémination post-mortem).
Seule la PMA avec l’intervention d’un tiers fait l’objet d’une réglementation (conditions) :
- la receveuse doit être mariée ou en concubinage + consentir à un entretien psycho.
- le donneur doit être marié ou père, + accord de l’épouse, + enquête génétique.
Contre l’eugénisme, or pratique de l’étiquetage et tri des spermatozoïdes pour assurer une
meilleure fécondation in vitro ; ou permettre à un couple stérile de procréer. PMA également utilisée
à d’autres fins : prévention de maladies… Or risques de manipulations du vivant.
Pour résoudre la stérilité féminine, dons d’ovules : fécondation in vitro ou fécondation avec ‘location
de ventre’ : convention de ‘gestation’ interdite en droit français (depuis 92) malgré sa pratique dans
les années 80 et l’hésitation des tribunaux judiciaires (mais légal aux USA : mère porteuse payée…)
Principe de la finalité thérapeutique : la PMA est aussi utilisée pour :
- prévention VIH (implantation gamètes après traitement)
- pour les couples avec maladies graves et avérées : embryon testé avant implantation
- dans certains pays, pour trier selon le sexe, et les différentes caractéristiques… (diagnostic
préimplantatoire avec la PMA)
Pratiques en marge de la loi : vide juridique ?
Les labos définissent un code éthique : ex du tri limité pour un seul gène… + ex de créations des
« bébés-médicaments » par certains labos étrangers.
Dérogations très nombreuses
par la loi (ou son silence)