des colonies citoyens de seconde zone et jusqu’à la relation homme femme avec
laquelle on en a pas fini, ni dans la société ni dans l’Église.
La révélation chrétienne nous fournit cependant des éléments de réflexion. Le
mythe de Babel nous a appris le danger de l’uniformisation, d’une trop grande volonté
d’unité, du refus des différences, de la volonté d’intégration. Il y a mieux à faire entre
nous quand le récit de Pentecôte, sous la symbolique des langues de feu fait valoir
l’unicité de chacun comme expression différenciée d’une unité originelle. Le même
récit dit de manière fort imagée que lorsque chacun parle sa langue, il peut être
entendu de tous. Le pape Jean-Paul II dans un célèbre discours de son pontificat a
développé l’idée que l’unité est le fondement
. Entre deux êtres humains la différence
n’est presque rien en rapport avec ce qu’ils ont en commun. Christian de Chergé a
montré comment la différence est simplement une manière de décliner cette unité
foncière.
II- Le choix et l’engagement de l’Église catholique
Ceci me conduit à la deuxième partie de cet exposé. Je voudrais rappeler
l’engagement de l’Église afin que nous puissions dans un troisième temps situer la vie
des établissements dans cet engagement. Au concile Vatican II l’Église s’est
solennellement engagée dans le dialogue entre les religions. Mais ce choix ne revèle
vraiment sa pertinence que si nous l’inscrivons dans l’histoire récente. Le dialogue
interreligieux a son origine dans le drame de la Shoah.
La shoah
La shoah est l’événement décisif du XXe siècle. Il reste pour une bonne part
incompréhensible. Il marque une rupture décisive de civilisation. Il est le coup de
grâce porté à la chrétienté, laquelle a largement participé à ce drame par des siècles
d’antijudaïsme qui ont anesthésié les consciences. Pendant la guerre, la hiérarchie
catholique fut largement pétainiste et son assourdissant silence lors du décret du statut
des juifs
augurait du silence complice d’une grande majorité d’entre eux
. A la
libération le très catholique de Gaulle a imposé le départ du nonce, et demandé le
départ de 25 évêques que le nouveau nonce, le philosémite Roncalli, futur Jean XXIII
et fin diplomate, parviendra à ramener ultimement à trois. La trahison de l’Église de
France, et pire encore de l’Église d’Allemagne
, ne doit pas faire oublier la réaction
Jean Paul II, « Discours aux cardinaux et aux membres de la curie du 22 décembre 1986 ».
Le premier statut des juifs, octobre 1940.
Le 30 septembre 1997 les évêques français ont reconnu leurs torts dans un acte de repentance lu à
Drancy par olivier de Berranger. « Trop de pasteurs de l’Église ont par leur silence offensé l’Église
elle-même et sa mission. Aujourd’hui nous confessons que ce silence fut une faute… »
Quelques chrétiens allemands, peu nombreux, entrèrent en résistance, dont Dietrich Bonhoeffer.