DOCUMENT D’INFORMATION DU PROJET (PID)
EVALUATION Report No.: AB6227
Nom du Projet
Intégration du changement climatique dans la mise en œuvre du
Plan Maroc Vert
Région
Moyen Orient et Afrique du Nord
Secteur
Agriculture, pêche et forêt (30%); Cultures (30%); Irrigation et
drainage (30%); Services agricoles et recherche (10%)
Numéro du Projet
P117081
Area focale FEM
Changement climatique
Emprunteur(s)
Royaume du Maroc
Agence Responsable
Agence pour le Développement Agricole (ADA)
103 Av. Fal Oueld Omeir Agdal
Rabat, Maroc
Téléphone : (212) 537 276543
Télécopie : (212) 537 670994
Catégorie
environnementale
[ ] A [X] B [ ] C [ ] FI [ ] TBD (à définir)
Date de Préparation du
PID
9 mars 2011
Date d’Approbation de
l’Evaluation
14 février 2011
Date d’Approbation du
Conseil d’Administration
17 mai 2011
1. Contexte national et sectoriel
Le secteur agricole joue un rôle important dans l'économie marocaine, mais le niveau de vie des
zones rurales reste encore bien inférieur à celui des zones urbaines. Ce secteur représente
actuellement 15 % du Produit intérieur brut (PIB), 23 % des exportations et emploie près de la
moitié de la population active. Malgré que le potentiel de croissance du secteur soit important,
les populations rurales restent économiquement vulnérables. Le chômage est fréquent, en
particulier chez les jeunes, et une bonne partie de la population occupe des emplois informels et
à bas salaire. Les agriculteurs marocains doivent, en outre, faire face à une pénurie croissante des
ressources en eau, des sols fragiles, une érosion et une dégradation des terres et des ressources
hydriques.
La croissance agricole est limitée par la nature duale du secteur. La majorité des exploitations
agricoles sont des exploitations de subsistance avec une faible productivité, une qualité de
production insatisfaisante et une intégration aux marchés limitée. Ces exploitations sont petites,
essentiellement pluviales et situées dans les zones marginales. Elles ont souvent à leur tête des
chefs de ménage âgés avec un faible niveau d'éducation. Leur utilisation des technologies est
limitée et ils sont dépourvus de savoir-faire technique. Ces petits exploitants pratiquent
généralement des cultures de faible valeur commerciale, des céréales par exemple, pour satisfaire
leurs besoins alimentaires propres et assurer l'alimentation animale. Parallèlement à cette
agriculture de subsistance, un groupe restreint mais efficace d'agriculteurs adopte des conduites
culturales moderne et pratiquent des cultures de grande valeur commerciale.
Le changement climatique représente un risque pour l'économie marocaine et creuserait l'écart
entre l'agriculture de subsistance et l'agriculture commerciale. Les températures du Maroc ont
progressé de 0,16°C par décennie depuis les années 60. De nouvelles hausses sont prévues qui
devraient dépasser les augmentations mondiales moyennes des températures. Les précipitations
ont déjà diminué, reculant de 30 % depuis 1970. Le Rapport sur le développement mondial
(2010) place le Maroc parmi les pays qui, à l'échelle de la planète, souffriront le plus des impacts
négatifs du changement climatique sur les rendements agricoles. Les variations de la
pluviométrie se sont déjà répercutées sévèrement sur l'économie marocaine. Les petits
exploitants sont particulièrement vulnérables au changement climatique. Les producteurs de
cultures commerciales peuvent disposer de savoir-faire techniques et de ressources financières
leur permettant de faire face aux problèmes liés aux nouvelles conditions climatiques, tandis que
l'agriculture de subsistance n'a aucun moyen de les atténuer.
Le Plan Maroc Vert (PMV) est une stratégie gouvernementale ambitieuse qui veut faire de
l'agriculture un moteur de croissance économique équitable. Lancé en 2008, le PMV se fixe
comme objectif de doubler la valeur ajoutée agricole en une décennie. Il repose sur deux Piliers
et sur une série d'interventions transversales. Le Pilier I veut appuyer les exploitants pratiquant
une agriculture de marché et promouvoir leur intégration dans l'économie mondiale. Le Pilier II
vise les exploitations agricoles de subsistance et leur intégration au marché national. Il s'agit de
combattre le dualisme du secteur agricole marocain en mettant en place un environnement dont
les petits exploitants des zones marginales puissent tirer profit. Pour rapprocher les petits
exploitants des agriculteurs à orientation commerciale, près de 550 projets Pilier II devraient
être mis en œuvre dans l'ensemble du pays d'ici à 2020, pour un investissement total d'environ
2,37 milliards de dollars EU.
Les avantages que les petits agriculteurs tireront des projets Pilier II pourront être maximisés et
seront plus durables si l'adaptation au changement climatique est intégrée dans le PMV. Le
changement climatique risque de compromettre les avancées offertes par le PMV en augmentant
la probabilité de récoltes faibles ou nulles dans les zones marginales. Ce sont les petits
exploitants qui seront les plus touchés, ceux dont les ressources et les emplois dépendent
essentiellement d'une agriculture pluviale utilisant peu d'intrants. Dans la mesure les chocs
climatiques vont devenir plus intenses et/ou plus fréquents, le changement climatique risque de
limiter les impacts sociaux positifs des projets Pilier II. A cet effets, il existe des technologies et
des pratiques qui améliorent à court terme la production agricole et renforcent la résilience au
changement climatique. Cependant, la lenteur des transferts des connaissances résultant de la
recherche aux agriculteurs, la faiblesse des niveaux de formation scolaire et les ressources
financières limitées des petits exploitants entravent l'adoption des adaptations au changement
climatique.
Le Projet d’intégration du changement climatique dans la mise en œuvre du Plan Maroc Vert
(PICCPMV) renforcera les capacités des acteurs concernés dans l’intégration des adaptations au
changement climatique dans des projets d'agriculture dans cinq régions du Maroc. Il permettra de
renforcer les capacités du personnel d'organismes publics et privés chargés de la planification et
de la mise en œuvre des projets Pilier II en matière d'adaptation au changement climatique. Le
PICCPMV appuiera également la dissémination des adaptations au changement climatique
auprès des agriculteurs.
2. Objectifs
L'objectif de développement du projet est de renforcer les capacités des institutions publiques et
privées et des agriculteurs concernant l’intégration des adaptations au changement climatique
dans les projets d’agriculture dans cinq régions ciblées.
3. Rationalité d’un engagement de la Banque Mondiale
Le PICCPMV est parfaitement aligné sur les objectifs et priorités du Cadre de partenariat
stratégique (CPS) 2010-2013. Les activités prévues au titre du Pilier 3 du CPS (Développement
durable dans un contexte de changement climatique) viennent appuyer l'engagement renouvelé
du Gouvernement du Maroc en faveur des objectifs à long terme de durabilité environnementale
et répondent aux défis futurs résultant du changement climatique. Le CPS note que les aspects
liés au changement climatique représentent un exemple d'élargissement des interventions de la
Banque mondiale, dépassant le cercle habituel des activités menées dans le pays. La Banque
appuiera la conception et la mise en œuvre de projets pilotes d'adaptation dans le secteur
agricole, associant investissements, prêts et assistance technique à des ressources du FEM. En
ciblant les petits exploitants agricoles des zones rurales vulnérables, le PICCPMV répond à trois
défis de développement à long terme auxquels le Maroc devra faire face tels qu’identifiés par le
CPS : (i) renforcer la croissance et l'emploi ; (ii) réduire les inégalités sociales ; et (iii) assurer la
durabilité des ressources naturelles.
Le projet tire parti de l'expérience déjà acquise au Maroc par la Banque mondiale au travers de
ses opérations de prêt et de ses travaux analytiques. Le PICCPMV s'inscrit aussi dans le
prolongement des actions prévues par les ries programmatiques en cours de deux Prêts de
politique de développement (DPL) à tranche unique dans le secteur agricole. Le PICCPMV,
centré sur les projets Pilier II et sur la participation des agriculteurs, s'inscrit pleinement dans
l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH). Dans la mesure le bassin Oum-
Er-Rbia fait partie des régions identifiées comme les plus vulnérables au changement climatique
dans le présent projet, le PICCPMV vient aussi compléter le projet de Modernisation de
l'agriculture irriguée d'Oum-Er-Rbia. Dans la même région, un Don à l'appui du développement
des fonctions de planification et d'administration (PHRD) vise à renforcer les capacités de
l'Agence du Bassin Oum-Er-Rbia de suivi des impacts du changement climatique sur les
ressources en eau et de promotion des mesures d'adaptation. Le projet de Développement de
l'agriculture pluviale s'attache à promouvoir dans les zones de cultures pluviales du Maroc
l'implication communautaire dans les processus de décision, en intégrant la recherche-
développement centrée sur la gestion de la sécheresse. Les études les plus pertinentes
correspondant au PICCPMV sont notamment les suivantes : le Rapport sur la stratégie agricole
(2010), le rapport « Agriculture et changement climatique : impacts et actions à mener » et l'EES
sur les « Impacts du changement climatique sur les ressources en eau ». Dans le cadre du Cadre
stratégique pour le développement et le changement climatique, les adaptations au changement
climatique financées par le PICCPMV seront analysées afin d'estimer leur contribution à
l'atténuation.
4. Description
Composante 1 : Développement des capacités des institutions publiques et privées concernant
l’intégration des adaptations au changement climatique dans les projets d’agriculture dans cinq
régions ciblées.
La composante 1 permettra au PICCPMV d'avoir une influence sur les mécanismes de sélection
des projets Pilier II dans une prospective d’adaptation au changement climatique. L'ADA sera
l'entité chargée de la mise en œuvre de cette composante. Le budget alloué à cette composante
sera utilipour mener à bien les tâches suivantes : (i) organisation de sessions de formation,
ateliers, et de visites de terrain ; (ii) production de documents de sensibilisation et d'information ;
(iii) lancement de campagnes de sensibilisation pour diffuser les connaissances sur les concepts
de changement climatique, les impacts du changement climatique sur l'agriculture au Maroc, les
avantages et les coûts des adaptations au changement climatique et les enseignements tirés de la
Composante 2 ; (iv) couverture des besoins en formation du personnel des entités chargées de
l'exécution du projet ; et (v) prise en charge des coûts de coordination et de gestion du projet.
Composante 2 : Diffusion des adaptations au changement climatique auprès des agriculteurs dans
cinq régions ciblées.
Pour chacun des sous-projets du PICCPMV, les agriculteurs bénéficieront de financements du
PICCPMV appuyant la mise en œuvre d'adaptations au changement climatique, des formations
et/ou de la sensibilisation. Le Ministère de l’Agriculture et de la Pèche Maritime (MAPM) sera
l'organe d'exécution de cette composante. Le budget alloué sera réparti entre les sous-projets
PICCPMV. Pour chacun des sous-projets PICCPMV, le budget alloué sera utilisé pour : (i)
mettre en œuvre les adaptations au changement climatique (financement de biens tels que
semences, engrais et pesticides ; et le financement de travaux, notamment la préparation de
systèmes de collecte des eaux pluviales ; (ii) organiser des sessions de formation, ateliers, visites
sur le terrain et activités de sensibilisation ; et (iii) assurer le suivi-évaluation (S&E).
5. Financement
Source:
($m.)
Coût total du projet (FSCC/FEM):
Cofinancement (Gouvernement) :
4,35
26,95
6. Mise en œuvre
La coordination du PICCPMV sera confiée à l'ADA. L'ADA coordonnera les partenaires du
projet pour les aspects techniques, administratifs, fiduciaires et ceux relatifs aux sauvegardes.
Elle sera responsable du S&E, de l'établissement des rapports de suivi et de l'audit et servira
d'interface pour la Banque mondiale. La responsabilité financière relèvera de l’ADA, en
coordination avec la Direction Financière du MAPM et, quand nécessaire, le Ministère de
l'Économie et des finances (MEF). Les entités d'exécution seront : (i) l'ADA pour la Composante
1 ; et (ii) le MAPM pour la Composante 2.
7. Viabilité
La viabilité du PICCPMV dépendra largement de la réussite de l'intégration de la composante
d'adaptation au changement climatique dans le processus de sélection des projets Pilier II. La
viabilité du PICCPMV pendra en plus de l'intégration d'une approche participative au niveau
local. Pour que les agriculteurs décident de continuer à adopter les adaptations au changement
climatique, au-delà du terme du PICCPMV, il faudra que soient réunies les conditions suivantes :
(i) des résultats positifs auront été obtenus en termes de rendement au cours de la mise en œuvre
du PICCPMV ; (ii) les ménages auront disposé de ressources financières suffisantes ; et (iii) les
adaptations au changement climatique auront été accessibles et disponibles.
8. Leçons tirées d'opérations similaires dans le pays/secteur
Il est généralement reconnu que les agriculteurs ont tendance à minimiser les risques en matière
de choix des nouvelles technologies et pratiques. Une nouvelle technologie donnant des résultats
médiocres, même s'ils sont dus à des raisons contingentes, risque de compromettre la volonté des
agriculteurs de tester de nouvelles technologies et pratiques. C'est tout particulièrement vrai dans
le cas des agriculteurs ayant un faible niveau d'éducation et des revenus limités. Le PICCPMV
n'a donc retenu que des adaptations au changement climatique déjà testées au Maroc.
Il est reconnu qu'il faut disposer d'une masse critique de financement pour impliquer les entités
chargées du projet et réaliser une mise en œuvre rapide. Compte tenu de ces principes, les
dispositifs institutionnels du PICCPMV ont été considérablement simplifiés. La simplification de
la structure du projet permettra au personnel de la Banque de se concentrer sur le renforcement
des capacités nécessaires d'un nombre limité de partenaires impliqués dans le projet, évitant ainsi
toute dilution de l'appui. En se cantonnant aux cinq gions ciblées, sans retenir l'approche
globale initialement envisagée, la mise en œuvre sera facilitée. Il sera facile, le cas échéant, si de
nouvelles ressources sont ultérieurement disponibles, de répliquer le projet et de le développer.
9. Sauvegardes (y compris consultations)
Le PICCPMV peut apporter d'importants avantages environnementaux et sociaux. Au même
temps, une attention particulière est accordée aux possibles impacts négatifs environnementaux
et sociaux du PICCPMV. Compte tenu de la nature programmatique du PICCPMV, une Etude de
cadrage des impacts environnementaux et sociaux (ECIES) a été développé. L'objectif de
lECIES était de: (i) évaluer si le PICCPMV et ses sous-projets pourraient déclencher des
politiques de sauvegarde de la Banque mondiale; (ii) définir quels sont les effets positifs et
négatifs potentiels des sous-projets qui peuvent être déjà défini à ce niveau, et (iii) établir un
cadre pour l'étude des impacts environnementaux et sociaux (EIES) pour chaque sous-projet
PICCPMV. LECIES fournit des indications sur quelles données doivent être enregistrées, quel
processus de consultation doit être effectué, et la définition des mesures d'atténuation possibles.
Il détaille également les arrangements institutionnels ainsi que les mesures de renforcement des
capacités nécessaires pour assurer un suivi adéquat de l'ECIES.
1 / 6 100%