ORGANOGENESE: DERIVES DU MESODERME 1 (cours 9)

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ORGANOGENESE: DERIVES DU MESODERME 1 (cours 9)
Voir les schémas sur l'évolution du mésoderme chez le amphibiens et les amniotes
À l'issue de la gastrulation, chez les anamniotes, le mésoderme est emboîté entre l'endoderme
tubulaire et l'ectoderme, et forme la plaque chordamésodermique, plus épaisse dans la
région dorsale que dans les régions latérale ou ventrale de l'embryon. D'ailleurs, la migration
des cellules mésodermiques jusqu'au point ventral de l'embryon n'est pas achevée. Chez les
amniotes, les feuillets fondamentaux sont empilés et l'archentéron n'est pas encore délimité
mais le deviendra fort graduellement par la formation de la tige vitelline.
Très tôt, la région dorsomédiane de la plaque chordamésodermique se condense et se détache
du reste de la plaque: c'est la notochorde, présente du niveau du mésencéphale jusqu'au
niveau du cloaque, environ, sous le tube neural en formation.
Au niveau du tronc, le mésoderme situé de part et d'autre de la notochorde se distingue en
trois portions: mésoderme dorsal, mésoderme intermédiaire et mésoderme latéral. Le
mésoderme dorsal, séparé de la notochorde mais encore rattaché au mésoderme intermédiaire,
commence à se segmenter, indice de la formation des somites. En se métamérisant, les
somites se séparent graduellement du reste du mésoderme mais demeurent rattachés entre eux
dorsalement pendant un certain temps. Le mésoderme intermédiaire lui aussi tend à se
segmenter, mais un peu plus lentement que les somites et de façon moins marquée. Le
mésoderme latéral demeure non segmenté et rattaché temporairement au mésoderme
intermédiaire.
La différenciation du mésoderme en ces trois portions débute dès que s'amorce la neurulation
à un segment donné et obéit à un gradient médio-latéral. Nous verrons que le mésoderme de la
tête se différencie autrement. Donc, la segmentation du mésoderme se poursuit selon un
gradient rostro-caudal à partir de la région pharyngienne. Pendant ce temps l'embryon
s'allonge antéro-postérieurement et s'aplatit dorso-ventralement sans toutefois augmenter
considérablement son volume total. Sa portion antérieure est plus large que la postérieure. La
région postérieure au cloaque s'allonge et définit le rudiment de la queue, dans lequel les trois
feuillets fondamentaux ne sont pas encore distincts histologiquement. L'âge embryonnaire est
souvent exprimé en nombre de somites.
Au niveau céphalique, le mésoderme diffère. Rostralement aux somites et jusqu'au niveau de
la vésicule optique, se forme par condensation le mésoderme parachordal qui, comme
l'indique son nom, se situe de part et d'autre de la notochorde et un peu plus rostralement. Il
consiste en "somites" incomplètement segmentés, auxquels on donne le nom de somitomères,
pour éviter la confusion avec les somites véritables. On compte 7 paires de somitomères,
numérotées de rostral à caudal. Nous aurions pu mentionner, dans le cadre du développement
du système nerveux, que le rhombencéphale aussi se métamérise incomplètement en 7 ou 8
paires de rhombomères, transitoires. Contrairement à la moelle épinière, dont la
"métamérisation" (incomplète) succède à celle des somites, la métamérisation (incomplète) du
rhombencéphale précède celle des somitomères.
Franchement rostral à la notochorde, le mésoderme préchordal chevauche partiellement le
mésoderme parachordal, médian aux deux premiers somitomères, et s'étend rostralement sans
toutefois atteindre le point le plus rostral de la tête.
Dans la tête, le mésoderme intermédiaire est inexistant au niveau du mésoderme parachordal
et préchordal. On retrouve du mésoderme latéral, scindé en deux feuillets par un coelome,
comme dans le tronc, mais ne se rendant pas très rostralement.
Le reste des cellules occupant l'espace entre les feuillets ectodermique et endodermique, au
niveau de la tête et particulièrement dans sa région la plus rostrale, et qui subissent un sort
comparable aux cellules mésodermiques, dérivent de la crête neurale. Ce tissu interstitiel
porte le nom de mésenchyme.
Le terme mésenchyme désigne le tissu interstitiel, retrouvé un peu partout dans l'embryon,
remplissant les espaces entre les feuillets et structures bien définis. Peu abondant dans le très
jeune embryon, il augmente au cours du développement. Le mésenchyme possède une
certaine pluripotentialité, pouvant se différencier en tous les types cellulaires dérivés du
mésoderme: cellules conjonctives, chondrogéniques, ostéogéniques, sanguines et musculaires.
La plupart se différenciera en tissu conjonctif appelé "ordinaire" chez l'individu mûr. On
l'appelle souvent tissu conjonctif embryonnaire. Dans l'embryon, le mésenchyme consiste
surtout en cellules mésodermiques qui ne se sont pas condensées. Dans la région de la tête, le
mésenchyme dérive en plus de cellules de la crête neurale qui, au lieu de se différencier sur
une lignée neurogénique, se différencient comme les cellules mésodermiques.
1) Dérivés des
somites et
somitomère
s (voir
schéma)
Le somite initial
consiste en une masse
cellulaire peu dense,
creusée d'une étroite
cavité, le myocoele.
Chaque somite
s'allonge dorsoventralement et
s'aplatit médiolatéralement. La
région dorso-latérale
du somite est le
dermatome, à
l'origine du derme de
la peau. La région du
somite ventromédiane au myocoele
comprend deux
composantes: le
myotome, à l'origine
des muscles
squelettiques, et le
sclérotome, dont
dérive le squelette et
certains muscles
squelettiques. On
retrouve l'équivalent des dermatome, myotome et sclérotome dans les somitomères.
- Dermatomes: derme de la peau
Les cellules des dermatomes se détachent des somites et somitomères et migrent, tout en se
divisant mitotiquement pour augmenter leur nombre, jusque sous l'ectoderme général. Celuici forme l'épiderme. Elles se différencieront en cellules du tissu conjonctif qui produisent les
fibres conjonctives ainsi qu'en cellules musculaires lisses, le tout formant la couche profonde
de la peau: le derme. Ainsi, la peau a une origine embryonnaire double: l'épiderme dérive de
l'ectoderme et le derme du mésoderme.
Ce n'est pas le derme de toute la peau du corps, toutefois, qui provient des dermatomes. Le
derme d'une bonne partie de la tête provient du mésenchyme de la tête dérivant de la crête
neurale céphalique, non métamérisée.
- Sclérotomes: squelette axial et paraxial et partie du squelette de la tête
Les cellules des sclérotomes des côtés gauche et droit migrent autour du tube neural et de la
notochorde, les enveloppent et forment le tube périchordal, initialement continu. Selon un
gradient rostro-caudal, le tube périchordal se différencie en régions de forte densité cellulaire
alternant avec des régions de faible densité cellulaire. Les régions denses deviendront les
disques intervertébraux et celles moins denses les corps des vertèbres, auxquels se fixent les
côtes. La notochorde disparaît graduellement, quoi qu'il semble maintenant établi qu'une
portion demeure et s'incorpore aux corps vertébraux ainsi qu'aux disques intervertébraux. Les
sclérotomes conduisent donc à la formation du squelette axial (vertèbres) et paraxial (côtes),
mais pas entièrement à celui de la tête.
Le squelette de la tête peut être divisé en quelques régions dérivant de précurseurs variés qui
s'agencent pour former la boîte crânienne. Les sclérotomes des 5 premiers somites ainsi que
ceux des somitomères (mésoderme parachordal), d'origine mésodermique véritable,
participent à la formation des os crâniens, particulièrement ceux de la base du crâne. Plus
rostralement, au niveau du diencéphale et du télencéphale, les trabécules proviennent du
mésoderme préchordal pour leur portion postérieure et, surtout, de la crête neurale pour le
reste. Latéralement à ces deux régions, les capsules des organes sensoriels dérivent en partie
du sclérotome de la tête et, surtout, de la crête neurale. En croissant, les trabécules fusionnent
ventralement au prosencéphale, puis avec les sclérotomes parachordaux; les capsules des
organes des sens rejoignent ces derniers et fusionnent avec eux. La croissance totale de tous
ces éléments fait qu'ils viennent à entourer entièrement l'encéphale. Ainsi, le squelette de la
tête a une origine double: mésodermique et neurectodermique. Les os formant le maxillaire et
la proéminence fronto-nasale dérivent entièrement de la crête neurale.
Nous avons vu au chapitre précédent la formation des poches pharyngiennes et leur
développement possible en fentes branchiales. Les poches et les fentes délimitent des
structures solides: les arcs pharyngiens (ou branchiaux ou viscéraux - deux qualificatifs
moins exacts). Leur nombre correspond à celui des poches: 6 paires chez les anamniotes et 4
paires chez les amniotes. Ils consistent en mésenchyme délimité sur la face externe par
l'ectoderme et sur la face interne par l'endoderme pharyngien. Le mésenchyme des arcs
pharyngiens consiste en mésoderme de la tête auquel s'ajoutent des cellules migrantes de la
crête neurale céphalique.
La 1ère paire d'arcs pharyngiens, les arcs mandibulaires, se situe antérieurement à la 1ère
paire de poches et entoure le stomodeum, qui devient la bouche. La portion osseuse de cette
paire d'arcs formera la mandibule en plus, chez les amniotes, d'osselets de l'oreille moyenne.
Différant peu du patron embryonnaire chez les anamniotes, les autres arcs pharyngiens voient
leur développement considérablement modifié chez les amniotes. La composante squelettique
de la 2e paire d'arcs, les arcs hyoïdiens, formera l'étrier et le styloïde, et celle des deux paires
caudales les os et cartilages hyoïdien et thyroïdien.
- Myotomes: Muscles striés squelettiques
Originellement, chaque myotome, l'un à la suite de l'autre, devient un muscle strié
squelettique, ou une portion de tel muscle, dans l'axe antéro-postérieur de l'embryon. D'une
localisation d'abord dorsale, ils s'étendent ventralement entre le dermatome de la peau en
formation et le mésoderme latéral. La portion dorsale du myotome: l'épimère, s'attache aux
côtes dorsales et vertèbres du squelette; la portion ventrale: l'hypomère, s'attache aux côtes
ventrales et sternum. Elle rejoint l'hypomère de l'autre côté et les deux fusionnent sur la ligne
médiane. La musculature du tronc est ainsi formée et c'est le développement maximal
qu'atteignent les myotomes chez Amphioxus, les poissons et les larves d'amphibiens.
Chez les Vertébrés terrestres, tétrapodes, l'apparition des membres et le changement du mode
de locomotion coincident avec une modification de la segmentation des muscles squelettiques.
Chez les amphibiens, la métamérisation du mésoderme dorsal (épimère et hypomère des
myotomes) s'effectue presque jusqu'au niveau du rostrum, car le cou et la tête ne sont pas
considérablement développés. Chez les amniotes, le développement important du cerveau
résulte en la formation d'une tête considérable. Le développement des muscles striés
squelettiques de la tête suit un cheminement parallèle au développement des éléments du
squelette auxquels ils sont rattachés. Des cellules des myotomes des 5 premiers somites et des
somitomères (mésoderme parachordal) formeront les muscles du cou et de la face. Les
muscles de la langue proviennent de cellules des myotomes des 5 premiers somites ayant
migré rostralement et sous le pharynx. Les muscles oculomoteurs (les 2 obliques et les 4
droits) proviennent de cellules des myotomes de somitomères (1,2,3,5) ayant elles aussi migré
rostralement.
-
Développement squelettique et musculaire des membres
Le squelette et la musculature (striée squelettique) des membres proviennent des sclérotomes
et myotomes de certains somites, mais entre aussi dans la composition des membres une
portion du feuillet pariétal du mésoderme latéral et, bien entendu, le membre est recouvert de
peau (composantes mésodermique et ectodermique).
Le premier indice de la formation d'un membre est un épaississement de la partie supérieure
du feuillet pariétal du mésoderme latéral. Les cellules de cet épaississement se détachent du
feuillet et forment une masse mésenchymale qui migre latéralement sous la peau en formation.
Chez les amphibiens, ces épaississements se retrouvent en positions des futurs membres: aux
niveaux brachial et pelvien, bilatéralement. Chez les autres tétrapodes, ils peuvent se produire
sur presque toute la longueur du tronc mais ne continuent de se développer qu'aux endroits
des membres, régressant ailleurs. Les cellules des sclérotomes et des myotomes migrent vers
les épaississements qui font maintenant saillie à la surface: ce sont les bourgeons des
membres. Les cellules du bourgeon se divisent plus rapidement que celles adjacentes du
tronc de l'embryon. À l'intérieur du bourgeon, les cellules se divisent plus rapidement dans la
portion distale que proximale, le bourgeon croissant ainsi plus rapidement par son extrémité.
Quand la longueur du bourgeon excède sa largeur, la différenciation interne du membre
commence. Le mésenchyme central, originaire des sclérotomes, se différencie en squelette,
d'abord cartilagineux puis osseux, selon un gradient proximo-distal. Le mésenchyme qui
l'entoure, provenant des myotomes, s'allonge et se différencie en muscles striés, selon le
même gradient. Les cellules du mésoderme latéral fournissent probablement la composante
conjonctive. Les vaisseaux sanguins se forment in situ (voir chapitre suivant). L'innervation
motrice des muscles provient des neurones moteurs somatiques de la corne ventrale (plaque
basale) de la moelle épinière; elle est très précoce.
Le bourgeon du membre s'aplatit, surtout distalement. La région distale aplatie s'élargit et, de
circulaire, devient pentagonale, les pointes représentant les bourgeons des doigts. Les
bourgeons des doigts continuent de croître et le tissu entre eux se nécrose, menant à la
formation de doigts bien individualisés, sauf chez les animaux à pattes palmées chez qui la
nécrose est moins accentuée.
Une flexure se crée à l'origine du membre, l'articulant avec le tronc: l'épaule pour le membre
antérieur, la hanche pour le membre postérieur. Vers le milieu du membre, une autre flexure
se dessine et détermine la position du joint du coude ou du genou qui sépare le bras ou la
cuisse de l'avant-bras ou la jambe. Une flexure plus distale marque le joint du poignet ou de la
cheville qui sépare l'avant-bras de la main ou la jambe du pied. De plus, les mains et les doigts
de même que les pieds et les orteils s'articulent en plusieurs segments par des jointures
additionnelles.
Originellement, les muscles fléchisseurs des membres se retrouvent ventralement et les
muscles extenseurs dorsalement. Au fur et à mesure de la croissance, il se produit, chez
plusieurs tétrapodes, une rotation de l'épaule et de la hanche qui résulte en des
positionnements postérieur des fléchisseurs et antérieur des extenseurs.
Notons que les nageoires pectorales des poissons sont les précurseurs évolutifs des membres
des tétrapodes et que leur formation implique un apport du feuillet somatique du mésoderme
latéral. Nous n'entrerons pas dans ces détails.
2) dérivés du mésoderme latéral: mésentères et muscles lisses
Très tôt, et avant même que la migration ventrale soit terminée, le mésoderme latéral se
creuse d'une cavité appelée coelome général, qui le divise en feuillets pariétal (somatique)
et viscéral (splanchnique). La cavité coelomique est initialement continue sur toute la
longueur de l'embryon. Au cours du développement, des replis du feuillet somatique appelés
mésentères la partitionnent en cavités multiples:
- la plèvre tapisse la cavité pleurale et enveloppe tout le thorax
- le péricarde tapisse la cavité péricardiale et enveloppe le coeur
- le péritoine tapisse la cavité péritonéale et enveloppe l'abdomen
La cavité abdominale est séparée de la cavité thoracique par un septum additionnel, le septum
transverse, dans lequel migrent des cellules des myotomes qui formeront le muscle strié
squelettique qu'est le diaphragme.
La couche mésodermique viscérale se différencie en muscle lisse et tissu conjonctif qui
s'associent aux organes internes (organes des systèmes digestif, respiratoire, uro-génital) et
aident à leur fonction respective (broyage des aliments pour l'estomac, mouvement
péristaltique pour l'intestin, l'uretère et l'oviducte, etc.).
Nous verrons au chapitre suivant qu'une région particulière du mésoderme latéral, ventrale au
pharynx, forme le coeur.
3) Dérivés du
mésoderme
intermédiaire:
système uro-génital
(voir schémas)
- Système urinaire:
Initialement, le
mésoderme intermédiaire
est continu
antéropostérieurement, et
est ainsi appelé cordon
néphrogénétique.
Comme on l'a dit
auparavant, il se forme
selon un gradient
antéropostérieur et est
d'abord rattaché aux
somites, desquels il se
sépare tôt, et au
mésoderme latéral,
duquel il se détache plus
tard. Le cordon
néphrogénique est plus
court que la notochorde
ou les somites, ne
débutant qu'au niveau
caudal du pharynx, et sa
formation progresse
lentement caudalement.
Il se délamine en deux
couches: pariétale et
viscérale, séparées par le
néphrocoele, continu
avec le myocoele du
somite, transitoirement,
et avec le coelome
général du mésoderme latéral.
Le cordon néphrogénique se métamérise; chaque segment s'appelle néphrotome. Chaque
néphrotome s'allonge considérablement par divisions mitotiques actives des cellules de sa
paroi pariétale: on l'appelle tubule urinifère ou tubule rénal. La portion du tubule constituée
du feuillet viscéral entre en contact intime avec un réseau de capillaires sanguins appelé
glomérule (formé depuis le mésenchyme local). La couche viscérale du tubule et le glomérule
forment ensemble le corpuscule rénal. C'est au contact de l'épithélium capillaire
(endothélium) et de l'épithélium viscéral du tubule rénal (donc le corpuscule) que s'accomplit
la fonction de filtration du plasma sanguin, i.e., la fonction urinaire.
La connexion entre le néphrocoele et le coelome général demeure chez les Vertébrés
inférieurs. Ainsi, chez les cyclostomes et certains poissons, dans chaque métamère il se
développe un tubule urinifère à partir d'un néphrotome et chacun excrète son produit urinaire
dans le coelome. Chez les animaux supérieurs, cette connexion est perdue. Les néphrocoeles
des tubules urinifères établissent alors une communication entre eux, à leur extrémité distale,
créant un canal excréteur commun: le canal pronéphrétique.
L'organe entier constitue le pronéphros et implique dans sa formation environ le tiers
antérieur du cordon néphrogénétique. Les tubules rénaux (pronéphrétiques) et le canal
pronéphrétique s'allongent considérablement. Les tubules rénaux, en conséquence, deviennent
extrêmement contournés. Le canal pronéphrétique, droit, croît postérieurement dans
l'embryon jusqu'au cloaque, dans lequel il se jette. C'est ainsi que les déchets urinaires
peuvent être acheminés à l'extérieur de l'organisme.
Bien que fonctionnel chez l'embryon anamniote, le pronéphros se développe chez l'amniote
sans jamais être fonctionnel. Les tubules pronéphrétiques dégénèrent mais la portion du canal
pronéphrétique caudale au pronéphros demeure. Pendant que dégénère le pronéphros, le
mésonéphros se forme à partir du tiers moyen (environ) du cordon néphrogénique, de façon
similaire au pronéphros et en association avec des capillaires sanguins (glomérules). Les
néphrocoeles de ces tubules rénaux (mésonéphrétiques) entrent en communication avec des
ramifications du canal pronéphrétique; ce dernier devient canal mésonéphrétique (ou de
Wolff).
La partie antérieure du mésonéphros dégénère chez plusieurs, le reste demeure et constitue le
rein fonctionnel des poissons et amphibiens adultes. Chez les reptiles et les oiseaux, le
mésonéphros fonctionne chez l'embryon, jusqu'à l'éclosion. Chez l'embryon mammifère, le
placenta se charge de l'élimination des déchets métaboliques.
Le rein définitif des amniotes est le métanéphros, qui se développe de façon similaire, à
partir de la portion postérieure du cordon néphrogénique, adjacente au cloaque. Le
métanéphros conserve le segment postérieur du canal mésonéphrétique en guise de canal
excréteur, très court et tout près de sa jonction avec le cloaque; on l'appelle maintenant canal
métanéphrétique ou uretère. Le segment antérieur du canal mésonéphrétique dégénère chez
la femelle, mais chez le mâle il sera incorporé au système reproducteur, comme nous verrons
bientôt.
Le canal métanéphrétique (l'uretère) s'allonge et se jette dans un renflement du cloaque appelé
vessie urinaire. À proximité du métanéphros, l'uretère s'embranche, et chaque branche forme
un tubule collecteur qui se rattache à plusieurs tubules rénaux. Nous parlerons de la
subdivision du cloaque plus loin.
Le rein retient sa position caudale chez les reptiles mais migre antérieurement chez les
oiseaux et les
mammifères,
moyennant un
allongement de
l'uretère.
-
Système
reproducte
ur (voir
schéma):
Comme nous avons
vu dans les
chapitres traitant de
la gamétogenèse, le
système
reproducteur
comprend deux
composantes
principales: les
gonades et une
série de canaux
excréteurs auxquels
s'associent des
glandes.
Les gonades
proviennent d'un
épaississement de
la région supérieure
du mésoderme
viscéral, au niveau
du mésonéphros: la
crête génitale
(germinale). La
crête génitale fait
saillie dans le
coelome, rattachée
au mésoderme
viscéral par un
court mésentère.
Initialement
composée de
cellules du mésoderme viscéral, la crête génitale devient colonisée par un second type
cellulaire: les cellules germinales primordiales (gonies), qui s'insèrent parmi les cellules
mésodermiques.
Les cellules germinales ont migré à partir de l'endoderme du tube digestif (anamniotes) ou du
sac vitellin (amniotes) mais n'en dérivent pas. Elles se sont apparemment différenciées très tôt,
durant l'étape de clivage, et se sont insérées dans l'hypoblaste puis l'endoderme. Les cellules
germinales ne sont donc pas considérées comme appartenant à l'un ou l'autre des trois feuillets
primordiaux de l'embryon, ceux-ci ne générant que les cellules somatiques; elles constituent
une lignée propre, la lignée germinale.
Le mésoderme latéral initial contribue peu au tissu de la future gonade. Des cellules du
cordon mésonéphrétique qui ne participent pas à la formation du rein migrent jusque dans la
crête génitale, où elles entourent les cellules germinales primordiales. Elles se différencieront
en cellules de soutien, probablement sous l'effet inducteur des cellules germinales. Les deux
types cellulaires forment ensemble les cordons sexuels primitifs. La crête génitale ainsi
constituée prend le nom de gonade indifférenciée.
Chez le mâle, les cordons sexuels se creusent d'une cavité, devenant tubulaires: les tubules
séminifères. Leur paroi est constituée de cellules provenant du cordon mésonéphrétique: les
cellules de Sertoli, et des cellules germinales primordiales: les spermatogonies. Au sortir du
testicule, les tubules séminifères deviennent les tubules de l'épididyme qui se réunissent en un
tubule de l'épididyme unique qui se jette dans le canal mésonéphrétique. Celui-ci devient le
canal déférent. Le mésentère rattachant le testicule à la paroi abdominale prend le nom de
mésorchium.
Chez la femelle, les cordons sexuels ne se creusent pas; les cellules originaires du cordon
mésonéphrétique deviennent les cellules folliculaires entourant les cellules germinales ou
ovogonies qui deviennent ovocytes. Une cellule germinale et les cellules folliculaires
associées forment un follicule ovarien. Le mésentère est le mésovarium. La gonade mâle se
développe un peu plus tôt et à un rythme plus rapide que la gonade femelle.
Chez les amphibiens, la médulla de l'ovaire dégénère et l'organe devient creux. L'ovulation se
produit néanmoins à la face corticale de l'ovaire. Chez les oiseaux, seul l'ovaire gauche se
développe complètement. La gonade droite demeure indifférenciée, avec des cordons
cellulaires sans cellules germinales, celles-ci ayant dégénéré. Contrairement à la condition
mâle, les canaux mésonéphrétiques dégénèrent chez l'embryon femelle. Une seconde paire de
canaux se forme, les canaux paramésonéphrétiques (de Müller), tant chez le mâle que chez
la femelle. Ils ne sont retenus que chez la femelle cependant: les oviductes, non continus avec
les ovaires mais les recouvrant par leur extrémité agrandie en entonnoir. Ils dégénèrent chez le
mâle.
Les deux canaux paramésonéphrétiques rencontrent postérieurement un renflement du
cloaque, l'utérus, qui est en réalité la fusion des oviductes à leur extrémité caudale. Chez les
sous-mammaliens, les oviductes demeurent séparés sur presque toute la longueur. Au niveau
du cloaque, l'utérus rétréci devient le vagin, séparé par un septum de la portion urinaire du
cloaque (l'urètre).
Chez le mâle, le canal mésonéphrétique, ou canal déférent, rejoint l'urètre passé la vessie, et
l'urètre sert de canal excréteur tant pour l'urine que pour le sperme. Chez plusieurs
mammifères, le canal déférent s'allonge considérablement, permettant la descente des
testicules dans la paroi abdominale et même chez des espèces leur sortie extérieure dans un
repli cutané périnéal appelé scrotum (dont l'homologue femelle constitue les lèvres majeures).
Cette migration des testicules semble contrôlée par la testostérone et une autre substance
sécrétée par les testicules. Chez certaines espèces scrotales, dont l'humain, les testicules sont
en permanence dans le scrotum. Chez l'humain, les testicules atteignent le scrotum vers le 7e
ou 8e mois de grossesse. Environ 1% des naissances humaines mâles se caractérisent par la
condition appelée cryptorchidisme, i.e., un ou deux testicules ne se trouvent pas dans le
scrotum (le taux est plus élevé chez les prématurés). Chez d'autres espèces scrotales, les
testicules sont rétractables, migrant vers le scrotum à la période de reproduction et demeurant
dans l'abdomen le reste du temps.
Voir schéma sur les conduits urogénitaux
- Détermination sexuelle chez les mammifères euthériens:
Le développement des mammifères se produit dans la direction "femelle", à moins d'être
affecté par un produit mâle. Par exemple, en l'absence de gonades l'individu ressemble
davantage à une "femelle", avec des voies ressemblant plutôt à celles de la femelle qu'à celles
du mâle.
Le développement des testicules chez les mammifères semble dépendre de la présence du
gène TDF/Tdy (aussi SRY) lié au chromosome Y, gène qui n'agirait pas seul mais en
coopération avec un ou des gènes liés au chromosome X et aux autosomes. L'existence du
gène TDF/Tdy déclencherait une cascade d'événements aboutissant à la formation des
testicules tandis que son absence mènerait à une séquence d'événements différents résultant en
la formation des ovaires. Les gènes autres que TDF/Tdy (i.e. ceux liés à X ou aux autosomes)
sont les mêmes chez le mâle et la femelle. L'on ne sait pas encore combien de gènes au total
sont impliqués dans la détermination sexuelle chez les mammifères.
Une fois formé, le testicule sécrète deux hormones principales:
testostérone: masculinise le foetus en stimulant la formation du pénis et autres
structures, et en détruisant les primordia des glandes mammaires. Chez la femelle, la
canal mésonéphrétique (de Wolff) privé de stimulation de testostérone régresse. Il
s'agit donc d'une induction permissive chez le mâle.
AMH: hormone anti-müllerienne, une glycoprotéine qui détruit le canal
paramésonéphrétique (de Müller), lequel se développe en oviducte chez la femelle.
Un gène analogue à TDF/Tdy aurait été conservé durant toute l'évolution des Vertébrés, chez
le sexe hétérogamétique. Chez les mammifères, le mâle est XY (la femelle est XX); chez les
oiseaux, la femelle est ZW (le mâle est ZZ).
Chez les mammifères marsupiaux, les caractères sexuels secondaires apparaissent avant la
différenciation sexuelle des gonades; ils ne peuvent donc dépendre des hormones sexuelles
produites par les gonades et seraient, semble-t-il, déterminés génétiquement.
ORGANOGENESE: DERIVES DU MESODERME 2:
SYSTEME CARDIOVASCULAIRE (cours 10)
On observe, chez les Métazoaires, une spécialisation des fonctions, et à ces fonctions diverses
sont consacrés des organes divers. Une telle spécialisation morphologique et fonctionnelle
nécessite un système de transport entre les différents organes. Chez la plupart des organismes,
ce système de transport comprend un véhicule fluide amené d'un organe à l'autre par un
réseau de conduits tubulaires grâce à une pompe qui inflige une pression au fluide.
Le fluide est de deux natures: le sang et la lymphe; les conduits de distribution sont les
vaisseaux sanguins et lymphatiques; la pompe est le coeur pour le sang, la circulation
lymphatique en est dépourvue.
1- Formation du coeur
- Chez les amphibiens:
Au niveau du pharynx, des
cellules mésodermiques se
distinguent des autres
cellules mésodermiques, et
ceci dès l'étape de la
neurulation. Ces cellules,
libres, constituent les deux
fronts de migration du
mésoderme latéral qui
progressent ventralement:
ce sont les cellules
angiogéniques ou
angioblastes. Ces cellules
mésodermiques déjà
spécifiées ne se retrouvent
qu'au niveau du pharynx, et
non pas plus caudalement
dans le mésoderme latéral.
Leur migration terminée,
les angioblastes
s'assemblent autour d'une
cavité, formant le tube
endocardial, détaché du
reste du mésoderme latéral.
Quant à ce dernier, les
fronts de migration des
côtés gauche et droit, en
réalité les feuillets
bilaminés décrits au
chapitre précédent, se
rejoignent ventralement au
tube endocardial. En
fusionnant, ils forment le
mésocarde ventral, qui
disparaîtra sous peu. Le
tube endocardial repose
donc sur le feuillet viscéral du mésoderme latéral fusionné. Le tube s'y enfonce, et le feuillet
viscéral se referme autour de lui et y adhère: c'est l'épimyocarde. L'épimyocarde est relié
dorsalement au reste du mésoderme latéral par le mésocarde dorsal, qui lui aussi est appelé à
se résorber. Le coelome autour du coeur (entre les feuillets viscéral et pariétal du mésoderme
latéral) s'appelle cavité péricardiale.
L'épimyocarde est à l'origine du myocarde, autour de l'endocarde, et de l'épicarde, autour du
myocarde. Les cellules du myocarde se différencient en cellules musculaires cardiaques
typiques et en cellules modifiées pour la conduction. Les cellules de l'épicarde se différencient,
avec le matériel intercellulaire, en tissu conjonctif.
Le feuillet pariétal du mésoderme latéral renferme donc la cavité péricardiale: on appelle ce
mésentère péricarde; il ne fait pas partie intégrante du coeur.
-
Chez les amniotes:
Au cours de la neurulation,
des cellules du feuillet
viscéral du mésoderme
latéral, au niveau du
pharynx, se différencient
en angioblastes (cellules
angiogéniques), non aisées
à distinguer
morphologiquement. Les
angioblastes se retrouvent
donc des côtés gauche et
droit dans l'embryon,
puisque le mésoderme
latéral des deux côtés ne
s'est pas encore rencontré
ventralement. Au sein du
groupe de cellules
angiogéniques,
bilatéralement, se creuse
une cavité qui marque la
formation du tube
endocardial. Ce dernier est
donc pair. Les cellules
mésodermiques latérales
au tube endocardial
constituent le rudiment de
l'épimyocarde. Le coelome
qui borde latéralement ces
structures cardiaques
devient la cavité
péricardiale, elle aussi
paire.
Éventuellement, à mesure
que se forme la tige
vitelline, le mésoderme se
referme
ventromédialement. Au
niveau du pharynx, ceci
signifie l'apposition des coeurs gauche et droit: la formation d'un coeur unique divisé en
moitiés gauche et droite par un septum d'endocarde. La fusion mésodermique ventromédiane
amène la création d'un mésocarde ventral, qui se trouve à rattacher le coeur au reste du
mésoderme latéral et qui disparaîtra rapidement, ainsi que d'un mésocarde dorsal qui rattache
le coeur au mésoderme recouvrant le pharynx et qui disparaîtra également. Le filet
d'endocarde qui divisait en deux la cavité cardiaque se désintègre, créant une chambre
cardiaque unique.
Le coeur ainsi formé se trouve à "l'extérieur" de l'embryon. Ce n'est que plus tard qu'il
migrera postérieurement et à l'intérieur de la cavité thoracique.
Chez les anamniotes comme chez les amniotes, les cellules de l'épimyocarde rudimentaire
amorcent dès lors des mouvements de contraction rythmique, autonomes, avant même de
recevoir une innervation. Celle-ci ne s'implante que plus tard. Le coeur est le premier
organe fonctionnel de l'embryon.
La cavité péricardiale se sépare du reste du coelome par un repli mésodermique pariétal, le
septum transverse, dans lequel se différenciera le diaphragme (muscle respiratoire), et le
coeur devient ainsi isolé des organes rudimentaires de la cavité abdominale.
À chacune de ses extrémités, le coeur bifurque. Antérieurement émergent les deux aortes
ventrales, postérieurement les deux veines omphalomésentériques. Au point d'émergence
des aortes ventrales, à partir du ventricule, se trouve le cône artériel, et au point d'émergence
des veines omphalomésentériques, partant de l'oreillette, se trouve le sinus veineux.
Une constriction délimite deux dilatations du coeur: le ventricule antérieurement (se
continuant dans le cône artériel) et l'oreillette postérieurement (se continuant dans le sinus
veineux). Initialement droit, le coeur subit des flexures, un peu comme le tube neural
céphalique. Leur ampleur varie chez les différents groupes mais chez tous on en retrouve un
minimum. Ainsi, le bout postérieur du coeur est repoussé vers l'avant, moyennant une pliure
vers le bas, puis une vers la droite. D'autres replis se produisent vers la gauche, le haut et
l'avant. La portion du coeur autrefois postérieure, l'oreillette, devient maintenant en position
dorsale et antérieure. La portion originalement antérieure, le ventricule, se retrouve ventrale et
postérieure. Les repliements du coeur obéissent à des forces intrinsèques. Un résultat de ces
mouvements est que le coeur est repoussé vers la moitié gauche de l'animal. Ceci est
probablement le premier indice de latéralisation d'un organe, une notion amenée à la fin du
chapitre sur la gastrulation. D'autres organes se latéralisent plus tard.
Chez les Vertébrés pulmonés, donc développant une circulation pulmonaire, le coeur se
sépare en deux moitiés. La moitié droite reçoit le sang désoxygéné des différents organes (par
les veines caves) et apporte ce sang aux poumons (par les artères pulmonaires); la moitié
gauche reçoit le sang oxygéné des poumons (par les veines pulmonaires) et l'envoie aux autres
organes de l'animal (par l'aorte).
Cette séparation s'effectue à des degrés plus ou moins avancés, selon les groupes zoologiques.
Elle s'annonce déjà chez les poissons dipneustes. Chez les amphibiens, une partition s'établit
dans le sinus veineux et l'oreillette. L'oreillette droite est rattachée aux veines caves,
l'oreillette gauche à la veine pulmonaire qui bifurque immédiatement vers les poumons. Les
oreillettes déversent cependant leur sang dans un ventricule unique. Chez les amniotes,
oreillettes et ventricules sont pairs, sauf pour certains reptiles qui présentent des stades
intermédiaires.
2- Formation des vaisseaux sanguins
Il semble que chaque
portion de l'organisme qui
nécessite un apport sanguin
soit effectivement pourvue
en vaisseaux sanguins. Les
artères et veines se forment
in situ à partir de cellules
du mésoderme local
appelées angioblastes. Les
cellules angioblastiques
peuvent provenir de toutes
les régions mésodermiques
de l'embryon, sauf la
notochorde et la plaque
préchordale. Ceci inclut
donc les somites, le
mésoderme intermédiaire,
les deux feuillets du
mésoderme latéral et le
mésenchyme interstitiel.
Les angioblastes peuvent
migrer sur des distances
considérables, avant même
de s'assembler en tubules
(voir ci-après), leurs
directions de migration
n'étant altérées que par le
contact avec les tissus
épithéliaux. Les vaisseaux
de la tête ne se forment pas
à partir du mésenchyme
originaire de la crête
neurale mais uniquement à
partir de mésoderme
véritable.
Les angioblastes s'assemblent en un épithélium simple pavimenteux, l'endothélium, autour
d'une lumière, formant une structure tubulaire, les tubules endothéliaux, à diamètre constant.
Le signal permettant aux angioblastes de s'assembler en tubules, déterminant donc le site de
formation des vaisseaux, provient d'interactions avec l'environnement local et est indépendant
de l'origine des angioblastes.
Les vaisseaux originaux ne sont pas droits mais tortueux et forment des réseaux, des
anastomoses. Une fois le réseau de tubules endothéliaux en place, des tubules peuvent se
former par embranchement de tubules existants, de nouveaux tubules peuvent se connecter
aux tubules en place, des tubules peuvent disparaître; tout cela selon les besoins locaux. Donc,
une plasticité considérable se manifeste dans la formation des vaisseaux sanguins d'une région
donnée; il en découle une certaine variation d'un individu à l'autre.
Le développement subséquent de la paroi des vaisseaux dépend de la quantité et de la
direction du sang qui y circule. Les tubules recevant plus de sang ou du sang sous plus forte
pression ajoutent à l'épaisseur de leur paroi. Autour de l'endothélium s'additionnent muscle
lisse et tissu conjonctif à partir du mésoderme local. La paroi des vaisseaux renferme trois
couches, plus ou moins bien développées selon le type de vaisseau (artère ou veine) et selon le
diamètre du vaisseau:
- tunica intima: endothélium et tissu conjonctif délicat; seule couche des capillaires
- tunica media: muscle lisse et tissu conjonctif élastique
- tunica adventitia: tissu conjonctif
Le coeur et les vaisseaux sont formés avant que ne s'établisse la circulation du sang.
3- Formation des cellules sanguines
Les cellules sanguines se différencient à partir de cellules souches pluripotentes: "colony
forming units" ou CFU. Chez les mammifères, seul le sac vitellin serait à l'origine des CFU?
Chez les oiseaux et autres, le sac vitellin et des îlots sanguins locaux dans des tubules
endothéliaux seraient à l'origine de CFU.
À partir du sac vitellin, des CFU migrent d'abord au foie en formation, puis à la rate en
formation, puis à la moelle osseuse, où s'effectue à tour de rôle l'hémopoïèse chez l'embryon.
Chez plusieurs animaux mûrs, seule la moelle de certains os, et parfois la rate, retiennent la
fonction d'hémopoïèse. Ce qui induit les CFU à se différencier en cellules sanguines semble
venir de l'environnement local: "hemopoietic inductive microenvironment" ou HIM.
4- Circulation sanguine
- Circulation artérielle (voir schéma)
Les aortes ventrales, continuations du cône artériel, amènent le sang rostralement, vers le
pharynx et la tête. Une paire d'aortes dorsales se développe in situ dorsalement au pharynx;
l'aorte dorsale est connectée à l'aorte ventrale du même côté par 6 arcs aortiques qui
traversent les arcs pharyngiens (branchiaux), dont nous avons déjà parlés. Les arcs aortiques
se développent à partir du mésenchyme local selon un gradient antéro-postérieur. Six paires
d'arcs aortiques se développent, même chez les Vertébrés qui ne possèdent que 4 paires d'arcs
pharyngiens. Les deux aortes dorsales se réunissent postérieurement au pharynx pour former
l'aorte descendante qui parcourt le tronc, dorsalement au tube digestif. Chez les Vertébrés
aquatiques (poissons et amphibiens larvaires), les arcs aortiques 2 à 5 apportent le sang aux
branchies, organes de la respiration. À l'intérieur des branchies se développent des réseaux
capillaires. Le retour sanguin des branchies s'effectue via les aortes dorsales, continues en
aorte descendante, qui amènent le sang oxygéné au corps. Les réseaux capillaires (en fait, les
branchies) sont perdus chez les amphibiens qui se métamorphosent mais un vaisseau continue
de relier les aortes ventrales et dorsales aux mêmes endroits.
Les 2 premières paires d'arcs aortiques dégénèrent plus ou moins chez les amphibiens et
totalement chez les amniotes.
La 3e paire devient une paire d'arcs carotidiens. Rostralement aux arcs carotidiens, les deux
aortes ventrales deviennent les artères carotides externes et les aortes dorsales deviennent les
artères carotides internes. L'arc carotidien est relié au 4e arc aortique par l'artère carotide
commune, de chaque côté.
La 4e paire d'arcs aortiques devient une paire d'arcs systémiques. Entre les arcs carotidiens et
systémiques les aortes dorsales dégénèrent.
La 5e paire d'arcs aortiques dégénère.
La 6e paire devient une paire d'artères pulmonaires, qui perdent leur connexion avec la paire
d'aortes dorsales.
Juste avant la jonction des aortes dorsales pour former l'aorte descendante, émerge une paire
d'artères sous-clavières, desservant les membres antérieurs notamment.
Chez les mammifères, l'arc systémique gauche demeure tel que décrit chez les autres amniotes
mais le droit perd sa connexion avec l'aorte descendante et devient l'artère sous-clavière droite.
L'artère sous-clavière gauche émerge toujours de l'aorte dorsale gauche, maintenant
déconnectée de la droite.
La réduction et la disparition de certains arcs aortiques et portions de vaisseaux dépendent de
la diminution du flot sanguin qui les parcourt.
À partir de l'aorte descendante émergent des artères (paires) irriguant chaque métamère (les
artères intersegmentaires), des artères irriguant les viscères, une paire d'artères irriguant les
membres postérieurs (les 2 artères iliaques), en plus, chez les amniotes, d'artères irriguant le
sac vitellin (les 2 artères vitellines) et l'allantoïde (les 2 artères allantoïdiennes). Par
analogie, on donne souvent le nom d'artères vitellines aux artères irriguant la paroi du tube
digestif chez les anamniotes. L'aorte descendante se poursuit jusqu'à la queue (artère
caudale).
- Circulation veineuse
Les veines cardinales antérieures drainent le sang de la tête et de la région pharyngienne, les
veines cardinales postérieures le sang du tronc, dont du pronéphros. Ces dernières sont le
résultat de la bifurcation de la veine caudale unique qui draine la queue. Les deux paires de
veines cardinales se jettent dans les veines cardinales communes reliées au sinus veineux.
Une paire de veines vitellines apporte le sang enrichi des produits nutritifs, du sac vitellin
(paroi du tube digestif chez les anamniotes) au sinus veineux. Elles passent au travers du foie
en formation où elles établissent un réseau capillaire, les sinusoïdes hépatiques. La portion des
veines vitellines entre le foie et le sinus veineux prend le nom de veines hépatiques.
Quand se développe le mésonéphros, une paire de veines sous-cardinales s'y forme
médialement.
Comme les pronéphros disparaissent, la portion des veines cardinales postérieures qui les
irriguait dégénère; la portion postérieure au bris devient veine porte rénale, latérale au
mésonéphros, la portion antérieure au bris se connecte à la veine sous-cardinale. Les veines
sous-cardinales, médiales aux mésonéphros, sont connectées aux veines portes rénales,
latérales aux mésonéphros, par des réseaux capillaires traversant les mésonéphros.
Chez les tétrapodes, une paire de veines iliaques, se jetant dans les veines portes rénales,
dessert les membres postérieurs.
Chez les amniotes, à mesure que disparaissent les mésonéphros, les deux veines souscardinales migrent médialement et fusionnent pour former une veine sous-cardinale unique,
médiane. La veine vitelline droite s'y connecte, le tout devenant veine cave inférieure. La
veine vitelline gauche devient veine porte hépatique, qui draine les intestins.
Les veines portes rénales disparaissent. Dans la veine cave inférieure se jettent une paire de
veines rénales, associées aux métanéphros, et la paire de veines iliaques. Les veines
cardinales postérieures disparaissent, sauf une portion de la droite qui devient veine azygos.
Les veines cardinales antérieures deviennent veines jugulaires internes, les veines cardinales
communes deviennent veine cave supérieure, qui reçoit la veine azygos.
Chez les amniotes les veines allantoïdiennes (ombilicales chez les mammifères) atteignent le
sinus veineux via les veines cardinales communes.
Chez le foetus mammifère, une ouverture dans la paroi séparant l'aorte et l'artère pulmonaire,
le ductus arterosius, dirige le sang de l'artère pulmonaire vers l'aorte et, donc, vers le
placenta. Il n'y a pas de sang acheminé vers les poumons par l'artère pulmonaire, ni de sang
qui en revienne par la veine pulmonaire dans l'oreillette gauche. Pour que le sang rejeté dans
l'oreillette droite soit pompé dans la circulation systémique, une ouverture dans la paroi
interauriculaire, le foramen ovale, le laisse s'échapper vers l'oreillette gauche et, de là, au
ventricule gauche.
À la naissance, le nouveau-né n'est plus rattaché au placenta et le sang doit être
immédiatement redistribué vers les poumons. À la première respiration, l'O2 sanguin élevé
induit les muscles septaux entourant le ductus arteriosus à le refermer, séparant ainsi
complètement aorte et artère pulmonaire. Comme la pression du côté gauche du coeur
augmente, elle fait refermer une valve qui clôt le foramen ovale, séparant complètement
oreillettes gauche et droite, et donc les circulations pulmonaire et systémique. Quand la
respiration s'amorce chez le nouveau-né, la circulation respiratoire est dirigée du placenta vers
les poumons.
Croissance
Jusqu'à présent nous avons étudié les deux premières étapes de la phase progressive du cycle
vital. Une fois les rudiments des organes en place, le développement subséquent se caractérise
non pas tant par des changements ou des remaniements de tissus comme par l'accroissement
de la taille des structures en place. Ainsi, une durée importante du développement animal
consiste en une étape de croissance. Chez le mammifère, cette période de croissance suivant
le développement embryonnaire s'appelle période foetale, et l'embryon prend le nom de
foetus.
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