1 - Caractéristiques de la population cancéreuse féline
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Cancer
Les interactions entre alimentation et cancer ont été surtout largement étudiées en médecine humaine.
Des études préliminaires existent en médecine vétérinaire mais elles concernent essentiellement le
chien cancéreux. Les chats représentent néanmoins une part significative des cas de cancérologie et il
serait tentant d’extrapoler ces résultats aux patients félins. Ceci implique cependant des précautions
car la physiologie, le métabolisme et les affections rencontrées chez les chats ne sont pas superposables
à ce qui se passe dans l’espèce canine. Par exemple, il a été montré qu’une minorité de chiens cancé-
reux (5 %) sont maigres (Michel et coll, 2004). En revanche, l’examen clinique des chats cancéreux met
souvent en évidence une mauvaise condition corporelle. Une étude récente réalisée à l’Université de
Pennsylvanie confirme que 44 % des chats concernés sont maigres et plus de 90 % présentent une fonte
musculaire (Baez et coll, 2007) (Figure 1).
1 - Caractéristiques
de la population cancéreuse féline
Les chats représentent environ 26 % de tous les patients cancéreux reçus au service de cancérologie de
l’Université de Pennsylvanie et cette proportion est restée constante au cours des dix dernières années.
Bien que les chats représentent un nombre significatif des patients recevant un traitement dans le ser-
vice de cancérologie, il n’existe que peu d’information sur la façon dont la nutrition peut influencer le
traitement et le devenir de cette population. Afin de mieux caractériser la population cancéreuse féline
(en termes d’âge, de race, de sexe, de poids corporel et de types de cancers traités), des informations
concernant les chats cancéreux reçus par l’ensemble des services de l’Hôpital Vétérinaire de l’Univer-
sité de Pennsylvanie au cours des 3 dernières années ont été collectées. Cette population peut être
considérée comme représentative de la population cancéreuse féline de beaucoup d’autres centres de
cas référés en milieu urbain, même plus importants.
Données épidémiologiques
Sur un total de 712 chats atteints de tumeurs variées, 80 % sont des chats européens, avec une légère
surreprésentation des mâles par rapport aux femelles (52,7 contre 47,3 %), tous étant stérilisés sauf un.
La majorité des chats est adulte ou âgée, avec une moyenne de 11 ans et un poids corporel moyen de
4,58 kg. Soixante pour cent des chats ont des tumeurs solides de différents types et 40 % présentent un
lymphome ou une leucémie. En comparant ces deux catégories, il s’avère que les chats avec des tumeurs
solides sont significativement plus âgés et plus lourds que les chats avec lymphome ou leucémie. L’âge
moyen de chaque groupe est respectivement de 12 ans contre 10,5 ans (p<0.0001) et le poids moyen
de 4,7 kg contre 4,4 kg (p=0.049). Cette différence n’est pas surprenante car la plupart des chats atteints
de lymphome présentent des signes cliniques généraux et une atteinte de plusieurs organes au moment
du diagnostic.
Lymphomes félins
Les chats avec lymphome représentent une part significative (40 %) de la population féline cancéreuse
totale de l’hôpital et un pourcentage encore plus élevé de la population du service de cancérologie
puisque la plupart d’entre eux sont traités par chimiothérapie. Le système initial de la World Health
Organization Classification classait les lymphomes en différentes formes: généralisée, digestive, thy-
mique, cutanée, leucémique (vraie, c’est-à-dire atteinte exclusive du sang et de la moelle osseuse) et
autres (Owen, 1980). Un système de classification simplifié et plus pratique reconnaît maintenant seu-
lement 4 groupes de lymphomes félins en fonction de la zone anatomique touchée: les formes thora-
cique, digestive, multicentrique plus un groupe de lymphomes divers (formes cutanée, leucémique, ner-
veuse, nasale, etc.) (Moore et coll, 2001).
Le lymphome digestif constitue le type de lymphome le plus fréquemment diagnostiqué dans notre
hôpital. La situation est probablement la même dans la plupart des centres de cancérologie car actuel-
lement la majorité des chats atteints de lymphome sont négatifs vis-à-vis du virus de la leucose féline
(FeLV) et présentent une atteinte digestive primaire. Le lymphome médiastinal classiquement ren-
contré chez les jeunes chats FeLV positifs, vivant à l’extérieur, est devenu rare (Gabor et coll, 1998; Vail
Figure 1 - Une étude réalisée à
l’Université de Pennsylvanie indique
que plus de 90 % des chats atteints de
cancer présentent une fonte musculaire
(Baez et coll, 2007).
© K.Michel & K. Sorenmo