DMV, Responsable des
Éditions Scientifiques,
Communication,
Groupe Royal Canin
DMV, PhD,
Dipl. ACVN, Dipl.
ECVCN
Directeur Scientifique
Nutrition-Santé pour
le Centre de Recherche
Royal Canin
BVSc (Hons) PhD,
Dipl. ACVIM,
Dipl. ACVN
Directrice
Scientifique
Royal Canin aux
États-Unis
Pascale Pibot Vincent Biourge Denise Elliott
Nutrition
Encyclopédie de la
Clinique Féline
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Cancer
385385
Statut nutritionnel
du chat cancéreux :
évaluation et
recommandations
diététiques
Pr. Kathryn E.
MICHEL
DMV, Dipl. ACVN
Karin U. SORENMO
DMV, Dipl. ACVIM,
ECVIM-CA (Oncologie)
AINS : anti-inflammatoires non stéroïdiens
BEE : besoin énergétique d’entretien
BER : besoin énergétique au repos
FeLV : virus de la leucose féline
ICC : indice de condition corporelle
A
BRÉVIATIONS UTILISÉES DANS CE CHAPITRE
1 - Caractéristiques de la population cancéreuse féline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 387
2 - Évaluation clinique du statut nutritionnel du chat cancéreux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 388
3 - Syndrome de cachexie cancéreuse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 392
4 - Conséquences nutritionnelles du traitement anticancéreux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 393
5 - Intervention nutritionnelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 394
6 - Intervention pharmacologique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 396
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 399
Questions fréquemment posées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 400
Références . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 401
386
Les relations entre l’alimentation et le cancer sont multiples.
D’une part, certaines habitudes alimentaires et le statut
nutritionnel ont été reconnus comme faisant partie des facteurs
de risque de développement de certains types de cancers. D’autre part,
les patients cancéreux peuvent bénéficier du rôle thérapeutique joué
par la nutrition, grâce à des régimes et des nutriments spécifiques.
Enfin, la réponse à la chimiothérapie et la tolérance au traitement
sont liés au statut nutritionnel.
En dépit du manque de données nutritionnelles relatives au chat
cancéreux, l’objectif de ce chapitre est de présenter les connaissances
cliniques sur ce sujet, la méthode consistant à évaluer le statut
nutritionnel du chat, la signification d’un mauvais statut nutritionnel
chez un chat souffrant de tumeur et les stratégies à notre disposition
pour lutter contre l’anorexie, la perte de poids et la détérioration
de la condition corporelle chez les patients cancéreux.
Statut nutritionnel
du chat cancéreux : évaluation
et recommandations diététiques
Pr. Kathryn E. MICHEL
DMV, Dipl. ACVN
Kathryn Michel a étudié à l’École Vétérinaire de l’Université de Tufts où elle a obtenu son Doctorat de Médecine Vétérinaire en 1983. Elle
a effectué un résidanat en nutrition clinique des petits animaux et un mastère à l’Université de Pennsylvanie, puis un post-doctorat avec le
Nutrition Support Service de la faculté de Médecine. Diplômée de l’American College of Nutrition, elle est actuellement Professeur
associé de nutrition et dirige le département de Médecine vétérinaire à l’Université de Pennsylvanie. Ses recherches portent sur l’évaluation
du statut et des besoins nutritionnels des animaux de compagnie hospitalisés, ainsi que sur l’optimisation des apports nutritionnels lors d’af-
fections gastrointestinales et endocriniennes.
Karin U. SORENMO
DMV, Dipl. ACVIM, ECVIM-CA (Oncologie)
Karin Sorenmo est diplômée de la Faculté vétérinaire de Norvège. Elle a effectué un résidanat de cancérologie à la Faculté vétérinaire de
l’Université de Pennsylvanie où elle est maintenant Professeur associé de cancérologie et dirige le département de cancérologie. Ses princi-
paux domaines d’intérêt concernent les tumeurs mammaires de la chienne et de la chatte ainsi que l’immunothérapie du cancer.
Cancer
1 - Caractéristiques de la population cancéreuse féline
387
Cancer
Les interactions entre alimentation et cancer ont été surtout largement étudiées en médecine humaine.
Des études préliminaires existent en médecine vétérinaire mais elles concernent essentiellement le
chien cancéreux. Les chats représentent néanmoins une part significative des cas de cancérologie et il
serait tentant d’extrapoler ces résultats aux patients félins. Ceci implique cependant des précautions
car la physiologie, le métabolisme et les affections rencontrées chez les chats ne sont pas superposables
à ce qui se passe dans l’espèce canine. Par exemple, il a été montré qu’une minorité de chiens cancé-
reux (5 %) sont maigres (Michel et coll, 2004). En revanche, l’examen clinique des chats cancéreux met
souvent en évidence une mauvaise condition corporelle. Une étude récente réalisée à l’Université de
Pennsylvanie confirme que 44 % des chats concernés sont maigres et plus de 90 % présentent une fonte
musculaire (Baez et coll, 2007) (Figure 1).
1 - Caractéristiques
de la population cancéreuse féline
Les chats représentent environ 26 % de tous les patients cancéreux reçus au service de cancérologie de
l’Université de Pennsylvanie et cette proportion est restée constante au cours des dix dernières années.
Bien que les chats représentent un nombre significatif des patients recevant un traitement dans le ser-
vice de cancérologie, il n’existe que peu d’information sur la façon dont la nutrition peut influencer le
traitement et le devenir de cette population. Afin de mieux caractériser la population cancéreuse féline
(en termes d’âge, de race, de sexe, de poids corporel et de types de cancers traités), des informations
concernant les chats cancéreux reçus par l’ensemble des services de l’Hôpital Vétérinaire de l’Univer-
sité de Pennsylvanie au cours des 3 dernières années ont été collectées. Cette population peut être
considérée comme représentative de la population cancéreuse féline de beaucoup d’autres centres de
cas référés en milieu urbain, même plus importants.
Données épidémiologiques
Sur un total de 712 chats atteints de tumeurs variées, 80 % sont des chats européens, avec une légère
surreprésentation des mâles par rapport aux femelles (52,7 contre 47,3 %), tous étant stérilisés sauf un.
La majorité des chats est adulte ou âgée, avec une moyenne de 11 ans et un poids corporel moyen de
4,58 kg. Soixante pour cent des chats ont des tumeurs solides de différents types et 40 % présentent un
lymphome ou une leucémie. En comparant ces deux catégories, il s’avère que les chats avec des tumeurs
solides sont significativement plus âgés et plus lourds que les chats avec lymphome ou leucémie. L’âge
moyen de chaque groupe est respectivement de 12 ans contre 10,5 ans (p<0.0001) et le poids moyen
de 4,7 kg contre 4,4 kg (p=0.049). Cette différence n’est pas surprenante car la plupart des chats atteints
de lymphome présentent des signes cliniques généraux et une atteinte de plusieurs organes au moment
du diagnostic.
Lymphomes félins
Les chats avec lymphome représentent une part significative (40 %) de la population féline cancéreuse
totale de l’hôpital et un pourcentage encore plus élevé de la population du service de cancérologie
puisque la plupart d’entre eux sont traités par chimiothérapie. Le système initial de la World Health
Organization Classification classait les lymphomes en différentes formes: généralisée, digestive, thy-
mique, cutanée, leucémique (vraie, c’est-à-dire atteinte exclusive du sang et de la moelle osseuse) et
autres (Owen, 1980). Un système de classification simplifié et plus pratique reconnaît maintenant seu-
lement 4 groupes de lymphomes félins en fonction de la zone anatomique touchée: les formes thora-
cique, digestive, multicentrique plus un groupe de lymphomes divers (formes cutanée, leucémique, ner-
veuse, nasale, etc.) (Moore et coll, 2001).
Le lymphome digestif constitue le type de lymphome le plus fréquemment diagnostiqué dans notre
hôpital. La situation est probablement la même dans la plupart des centres de cancérologie car actuel-
lement la majorité des chats atteints de lymphome sont négatifs vis-à-vis du virus de la leucose féline
(FeLV) et présentent une atteinte digestive primaire. Le lymphome médiastinal classiquement ren-
contré chez les jeunes chats FeLV positifs, vivant à l’extérieur, est devenu rare (Gabor et coll, 1998; Vail
Figure 1 - Une étude réalisée à
l’Université de Pennsylvanie indique
que plus de 90 % des chats atteints de
cancer présentent une fonte musculaire
(Baez et coll, 2007).
© K.Michel & K. Sorenmo
et coll, 1998; Richter, 2003; Louwerens et coll, 2005; Milner et coll, 2005). Les formes digestives de lym-
phome posent souvent un problème au clinicien d’un point de vue thérapeutique et nutritionnel.
La liste des signes cliniques associés au lymphome n’est pas encore complètement définie et laisse une
certaine place à la subjectivité. Elle inclut en général tous les symptômes généraux au moment du dia-
gnostic, qu’ils soient associés directement au lymphome, de nature paranéoplasique ou proviennent
d’une affection concomitante. La plupart de ces signes cliniques sont classiquement des motifs de
consultation lors de la première présentation. Baisse d’appétit, anorexie, vomissement, diarrhée, perte
de poids et asthénie sont les principaux symptômes associés à un lymphome digestif (Richter, 2003). Le
tableau clinique peut évoluer depuis des semaines à des mois et beaucoup de chats présentent un sta-
tut nutritionnel très altéré au moment du diagnostic. Le traitement de ces patients repose sur l’asso-
ciation d’un traitement efficace de la tumeur, c’est-à-dire la chimiothérapie, et d’un bon contrôle des
vomissements, de la diarrhée, de l’anorexie tout en apportant un soutien nutritionnel approprié.
2 - Évaluation clinique du statut
nutritionnel du chat cancéreux
Le bilan nutritionnel se base non seulement sur le statut nutritionnel du chat mais il s’intéresse éga-
lement à l’alimentation que le chat reçoit et à la manière dont l'aliment est distribué. Ces aspects doi-
vent être pris en compte tout au long du traitement afin que le régime et les recommandations nutri-
tionnelles soient progressivement adaptés aux réponses du chat à la thérapie. L’estimation du statut
nutritionnel demande de respecter plusieurs étapes (Figure 2). Cette évaluation subjective se base
d’abord sur les commémoratifs et l’examen clinique. La consommation alimentaire spontanée du chat
doit ensuite être appréciée. Une fois ces éléments pris en compte, d’autres aspects cliniques sont à
considérer, incluant: le type de cancer et son degré d’évolution, le mode de traitement choisi et l’éven-
tuelle présence d’affections préexistantes ou concomitantes. Toutes ces informations sont nécessaires
à la formulation d’un programme nutritionnel adapté à chaque patient.
2 - Évaluation clinique du statut nutritionnel du chat cancéreux
388
F
IGURE
2 - É
TAPES SUCCESSIVES DE L
ÉVALUATION NUTRITIONNELLE CHEZ LE CHAT CANCÉREUX
Contrairement à ce qui se passe pour le
chien, le lymphome du chat est généra-
lement diagnostiqué lorsque des signes
cliniques apparaissent. D’après de nom-
breuses études, la présence de signes
cliniques généraux secondaires à un
lymphome de sous-type B s’accom-
pagne d’un mauvais pronostic. Chez le
chien, le sous-type B est considéré
comme un facteur pronostique négatif
plus fiable que le stade du lymphome
(Valerius et coll, 1997; Baskin et coll, 2000;
Garrett et coll, 2002; Simon et coll 2006)
.
Cancer
3 aspects à considérer
Détermination du statut
nutritionnel du patient
Évaluation de la consommation
alimentaire spontanée
Prise en compte de l’ensemble
du tableau clinique
Commémoratifs médicaux indicateurs
d’un état de malnutrition
Examen physique évocateur d’un état
de malnutrition
- Type et stade du cancer
- Traitement entrepris
- Affections pré-existantes ou concomittantes
- Perte de poids pré-existante ou évolutive
- Perturbation du comportement
alimentaire
- Signes cliniques gastrointestinaux
- Capacité fonctionnelle réduite
- Impact d’une maladie concomitante sur les
besoins nutritionnels
- Changement de la composition corporelle
- Fonte musculaire
- Diminution des réserves adipeuses
- Présence d’ascite ou d’œdème
- Lésions cutanées ou muqueuses
- Dégradation de l'état cutané et du pelage
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