Alors que cette seconde voie a initialement été considérée de manière
négative, perçue comme une attitude de renoncement ou de passivité face au
défi de la limitation des émissions de GES et à la transformation des modes
de production et de consommation qui s’ensuit (Schipper
et al.
, 2008),
l’adaptation apparaît aujourd’hui comme tout bonnement indispensable, en
complément à l’atténuation (New
et al.
, 2011).
Car le temps presse. Tandis que de nombreux effets négatifs des
changements climatiques sont déjà observés à l’heure actuelle (Blunden
et
al.
, 2012 ; GIEC, 2012), le rythme d’accumulation des GES dans l’atmosphère
pousse un nombre croissant de scientifiques à envisager un réchauffement
global de 4°C dans le courant de la seconde moitié du XXIe siècle (Betts
et al.
,
2011 ; New
et al.
, 2011 ; Banque mondiale, 2012). Une cascade de
changements « cataclysmiques » – dont des vagues de chaleur extrême, une
chute des stocks alimentaires et une montée du niveau de la mer frappant
des centaines de millions de personnes – bouleverserait alors la face de notre
monde, en frappant disproportionnellement les pays et les populations les
plus pauvres (Banque mondiale, 2012). En outre, les émissions historiques de
GES liées aux activités humaines et les effets d’inertie propres au système
climatique rendront inévitable au moins un certain niveau de réchauffement
du climat quels que soient les efforts entrepris pour réduire nos émissions
(Remanathan & Feng, 2008 ; Solomon
et al.
, 2009)
. Qui plus est, les impacts
des changements climatiques occasionneront des coûts décuplés pour
l’économie mondiale si aucune mesure adaptative n’est mise en œuvre
(Stern, 2007 ; Banque mondiale, 2010 ; DARA, 2012).
L’adaptation spontanée, réactive ou autonome des individus et des sociétés
ne saurait suffire pour faire face à l’ampleur et à la rapidité d’occurrence des
impacts associés au phénomène des changements climatiques ; pour réduire
les pertes et saisir les opportunités associées à ce phénomène, un certain
degré de planification de l’adaptation est absolument nécessaire (Adger &
Barnett, 2009 ; Tubiana
et al.
, 2010 ; GIEC, 2012)
. L’adaptation aux
changements climatiques apparaît ainsi comme l’un des défis politiques
majeurs du XXIe siècle (New
et al.
, 2011 ; Smith
et al.
, 2011) et, parce qu’elle
renvoie indirectement aux questions d’équilibre environnemental et d’équité
socioéconomique et culturelle, comme l’une des voies privilégiées pour mettre
en œuvre le développement durable (Smit
et al.
, 1999 ; Dovers, 2009 ;
Giddens, 2009).
prévu pour 2013-2014. Lorsque le caractère autonome de l’adaptation souhaite être exprimé, il convient
de se référer explicitement à l’« adaptation autonome ».
En effet, même dans le scénario tout à fait hypothétique où nous réussirions à arrêter aujourd’hui
toute émission de GES, la concentration de ces gaz dans l’atmosphère resterait constante pendant
encore plusieurs dizaines d’années, conduisant irrémédiablement à certains changements climatiques
(Parry
et al.
, 2009).
C’est cette forme d’adaptation – dite « planifiée » – qui nous occupera principalement dans le présent
article. L’ « adaptation planifiée » est souvent interprétée comme étant le résultat d’une décision
délibérée de la part d’une entité publique, basée sur la conscience du fait que les conditions climatiques
ont changé, sont en train de changer ou vont changer et que des actions sont nécessaires afin de
minimiser les pertes et de maximiser les opportunités découlant de ces changements (GIEC, 2001).