Appel à contributions
Civilisations vol. 57 (1-2)
A paraître en 2008
Tourisme, mobilités et altérités contemporaines
On assiste aujourd’hui un peu partout dans le monde à un développement sans
précédent de la mobilité touristique impliquant des flux à la fois humains, techniques,
financiers et culturels. Longtemps, les sciences sociales ont soit ignoré ce
phénomène notamment dans le milieu francophone-, soit l'ont cantonné à une
dimension essentiellement ludique et occidentale. C'est à cette double lacune que
sera consacré ce numéro thématique de Civilisations. Il s'agira d'une part de montrer
les implications politiques et épistémologiques du tourisme, et d'autre part d'accorder
davantage d'attention aux pratiques et aux représentations des touristes non
occidentaux.
Tourisme et anthropologie: enjeux méthodologiques et épistémologiques
Le tourisme s'accompagne de la généralisation de nouvelles formes de visualisation,
de mise en scène et de consommation des différences culturelles. Les populations
étudiées traditionnellement par les anthropologues sont engagées dans un
processus de marchandisation d'elles-mêmes visant à les transformer en objet de
désir, ce qui a d'importantes implications pour les conditions de l'enquête et le type
de savoir produit par l'anthropologie. L'un des objectifs de ce numéro spécial sera
précisément de cerner le caractère problématique de l'objet "tourisme" en
anthropologie et d'en montrer les implications méthodologiques et épistémologiques.
En quoi un ethnologue se différencie-t-il d'un touriste sur un terrain mondialisé ?
Quelle pertinence attribuer aux questions d'authenticité et comment les traiter ?
Comment le savoir ethnographique est-il utilisé par les touristes et par ceux qui en
sont les hôtes ?
Tourisme, Etat et Nation : enjeux politiques des mobilités de loisir
Le tourisme possède aussi de multiples dimensions politiques : il fait l'objet de
procédures d'encadrement particulières de la part des Etats ; il alimente la
construction de lieux et de réseaux culturels spécifiques ; il participe de la
reformulation des grilles identitaires, des rapports à l’État, à la Nation, aux
populations voisines, à l'histoire et au territoire. Historiquement, c'est le nationalisme
qui a rendu le territoire attractif et qui en a permis la valorisation et la protection. En
d'autres termes, ce ne sont pas la différence et l'extraordinaire qui ont créé les
touristes mais leur contraire, le prolongement de l'appartenance et la perspective de
prendre place dans des cultures nationales qui les attiraient (Franklin, 2004 : 298).
Au travers de ce processus, le tourisme a permis la reproduction ou la modification
de hiérarchies sociales, globales et locales. Il peut même être considéré comme un
phénomène néo-colonial, la mobilité d'une fraction privilégiée de la population
mondiale contrastant avec l'immobilité contrainte ou les migrations forcées- de ceux
qui ne peuvent prétendre être des touristes et/ou qui en sont les hôtes.
Les touristes non occidentaux : pratiques et représentations
Enfin, les touristes non occidentaux sont aujourd'hui de plus en plus nombreux -
souvent dans leurs propres pays (tourisme domestique ou national) à défaut de
pouvoir l'être facilement dans les nôtres- mais restent encore relativement peu
étudiés. Un renversement de perspective devrait mettre à jour moins des
comportements différents que des désirs asymétriques et des productions
idéologiques spécifiques aux cultures et aux nations concernées. Il montrera
également que les dynamiques sociales du tourisme expriment, sous la forme d’un
jeu de miroir, les inégalités économiques et les enjeux politiques de l’accès à la
mobilité de loisir. Enfin, ce décentrement éclairera le caractère fondamentalement
transnational de l'activité touristique, soit parce qu'elle souligne l'artificialité de
frontières héritées de la colonisation, soit parce qu'elle participe à l'échelle globale de
la reconfiguration des relations entre les pays du Sud et l'Occident.
Les articles pourront envisager ces phénomènes selon différents angles
géographiques, historiques sociologiques, anthropologiques. L’objectif général de ce
numéro sera d’inscrire la question du tourisme à la fois dans une économie globale
des signes et dans une anthropologie politique des formes de mobilités.
Les propositions d'articles, en anglais ou en français (un titre et un résumé de
200 mots maximum), sont à envoyer avant le 15 février 2008 au secrétariat de la
revue ([email protected]) et aux deux responsables du numéro : Anne
Doquet ([email protected]) et Olivier Evrard ([email protected] ou
Civilisations est une revue d’anthropologie à comité de lecture publiée par l'Institut de
Sociologie de l'Université Libre de Bruxelles. Publiée sans discontinuité depuis 1951,
la revue publie, en français et en anglais, des articles relevant des différents champs
de l’anthropologie, sans exclusive régionale ou temporelle. Relancée depuis 2002
avec un nouveau comité éditorial et un nouveau sous-titre (Revue internationale
d’anthropologie et de sciences humaines), la revue encourage désormais
particulièrement la publication d’articles où les approches de l’anthropologie
s’articulent à celles d’autres sciences sociales, révélant ainsi les processus de
construction des sociétés.
Informations et conseils aux auteurs disponibles sur :
http://www.ulb.ac.be/is/revciv.html#presentation
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