L’être humain et les symboles L’être humain vit entouré de multiples symboles. Le mot symbole vient du mot grec sumbolon, qui dérive du verbe (symballein) (de syn-, avec, et –ballein, jeter et signifie «mettre ensemble». Un symbole est donc deux choses qui, mises ensemble, forment un tout. Dans la Grèce antique, le symbole, au sens propre du terme, était un tesson de poterie cassé en deux morceaux et partagé entre deux personnes. Celles-ci s’engageaient, par contrat, à conserver l’une et l’autre partie de la poterie. C’était la preuve qu’elles étaient liées par cet objet dont l’une et l’autre des parties gardaient précieusement un morceau. Prenons quelques exemples de la vie courante. Le drapeau est, selon le dictionnaire, une pièce d’étoffe attachée à une hampe. Il symbolise la personnalité collective d’un groupe, d’une communauté, d’une nation. On ne piétine pas un drapeau et on ne le laisse pas traîner par terre (voir les lendemains de la Saint-Jean-Baptiste); on ne le met pas sur ses épaules en le laissant traîner par terre ; on le traite avec respect, car il symbolise toute la nation. Le drapeau du Québec ou le drapeau fleurdelisé est le drapeau officiel du Québec. Il est composé d’une croix blanche marquant l’origine chrétienne de la terre française d’Amérique et de quatre fleurs de lys de la même couleur sur fond azur (rappelant les origines françaises du Québec). Maurice Duplessis dota le Québec d’un drapeau distinct. Il fût hissé pour la première fois, à 15 heures, le 21 janvier 1948, au mât du Parlement de Québec. Lorsque je vois des gens déambulés dans les rues de Montréal, défigurant le drapeau national avec un carré rouge, je suis outré. Autre symbole. La croix. Elle se présente sous de multiples formes. L’Occident a adopté la croix latine. Elle est dans toutes les églises chrétiennes ; elle ouvre les processions, les pèlerinages, les rassemblements. Les catholiques ont l’habitude de dessiner sur eux, pendant la messe, le signe de la croix, symbole de leur appartenance à leur Église. Les premiers chrétiens n’utilisaient pas le signe de la croix. Ils craignaient que ce symbole soit un signe qui pouvait les livrer aux terribles persécutions romaines qui ont marqué les premiers siècles du christianisme. Le premier symbole des premiers chrétiens a été le poisson (en grec : ichthus). Pour deux raisons : le poisson a toujours les yeux ouverts ; il est le seul animal dont la croissance ne s’arrête jamais. Le paysage du Québec est décoré de nombreuses croix : croix de chemin, croix du cimetière, croix du Mont-Royal. Certains, par foi ou par simple attachement culturel, portent une petite croix dans leur cou. Le symbole rappelle quelque chose. Il fait vibrer. Il établit des rapports entre les faits, les objets. Le symbole relève l’être humain. Il signifie la pérennité des choses. La constance. Il est porteur de sens. La cruauté est souvent symbolisée par la panthère. La tortue symbolise la lenteur. Le lièvre symbolise la rapidité. Le symbole peut avoir une fonction transformatrice. Il peut dégager une grande énergie qui peut être amplifiée, sublimée. Les chants patriotiques jouent ce rôle. Le rassemblement des soldats autour du drapeau du pays, du chant de l’hymne national, galvanise les troupes. Le contraire du symbole (ce qui unifie) est le «diabolique» (ce qui divise). Du grec diaballein, de dia –à travers, et – ballein jeter, diviser, disperser. Le diabolique, au sens propre des Grecs, c’est le bâton qui semble cassé, rompu, lorsqu’il est plongé dans l’eau. Au sens figuré, c’est l’apparence trompeuse. Pas besoin de vous dire que le monde est souvent, d’apparence cassée, présentant une apparence trompeuse. Porter sur soi un symbole, c’est porter tout ce que le symbole représente. On ne peut prendre un symbole et le «désymboliser». Ce que le symbole signifie doit être accepté par celui qui le porte. Avec toutes ses conséquences.