sujet VF3 TB 2012

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Banque «Agro-Véto»
AT - 0112
SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE
Durée : 3 heures
L’usage d’une calculatrice, d’abaques et de tables est interdit pour cette épreuve.
Si, au cours de l’épreuve, un candidat repère ce qui lui semble être une erreur d’énoncé, il le signale sur sa copie et
poursuit sa composition en expliquant les raisons des initiatives qu’il a été amené à prendre.
Chaque candidat est responsable de la vérification de son sujet d’épreuve : pagination et impression de chaque page. Ce
contrôle doit être fait en début d’épreuve.
En cas de doute, il doit alerter au plus tôt le chef de centre qui contrôlera et éventuellement remplacera son sujet.
Adaptation des Angiospermes à des conditions de vie difficiles
Le sujet comporte 2 parties indépendantes.
Première partie
Il est demandé au candidat d’utiliser ses connaissances pour répondre à la question posée. La
réponse devra être présentée sous forme d’un exposé structuré par un plan apparent et
encadré par de courtes introduction et conclusion.
Seconde partie
Elle comporte 3 thèmes dépendants.
Le candidat s’appuiera essentiellement sur une analyse détaillée des documents, pour
répondre aux questions posées en début de chaque thème.
Aucune introduction n’est attendue. En revanche, une courte conclusion s’appuyant sur un
schéma bilan est attendue en fin de chaque thème.
Le candidat ne doit pas rédiger de longs développements de ses connaissances sur le thème,
indépendamment de l’exploitation des documents.
Les documents peuvent être découpés et collés sur la copie à condition d’être légendés, commentés
et exploités ; des croquis légendés peuvent également être proposés.
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Partie 1
Durée conseillée : 1h00
En régions tempérées, les Angiospermes sont soumises à des variations des
conditions climatiques. Vous expliquerez comment ces êtres vivants peuvent
supporter le passage de l’hiver et assurer ainsi la pérennité de l’espèce.
L’exposé se limitera à l’étude des plantes herbacées : on ne traitera pas le cas des
arbres et arbustes.
On veillera à envisager les différentes échelles du vivant.
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Partie II
Durée conseillée : 2h00
L’adaptation des plantes à métabolisme CAM (Métabolisme Acide
Crassuléen) à l’aridité
Les plantes grasses, succulentes ou encore crassulescentes comme les cactus ou les agaves se trouvent
communément dans les régions arides où les précipitations annuelles oscillent entre 100 et 300
mm/an (en climat tempéré, les précipitations varient entre 500 et 1500 mm/an). Ces plantes
présentent des adaptations morphologiques, anatomiques et physiologiques aux conditions extrêmes
de ces milieux.
Du point du vue métabolique, les plantes CAM, comme les “plantes en C4”, associent une
photosynthèse en C3 et une photosynthèse en C4. Cependant, chez les plantes CAM, le
découplage entre les deux phases de photosynthèse n’est pas spatial mais temporel.
Certaines espèces comme Mesembryanthemum crystallinum peuvent présenter un métabolisme
exclusivement C3 ou un métabolisme CAM, en fonction de leur développement et/ou des
conditions du milieu.
Thème 1 : Les mécanismes de la photosynthèse des plantes CAM
A partir des documents 1.1 à 1.3 et de vos connaissances, déterminez les
caractéristiques de la photosynthèse des plantes CAM. Vous résumerez
vos hypothèses et/ou conclusions sous forme d’un schéma en précisant
où et quand se font les photosynthèses en C3 et C4.
Document 1.1 : Immunolocalisation de la PEPc (PhophoEnolPyruvate Carboxylase)
dans le mésophylle d’une feuille de M. crystallinum (Mesembryanthemum
crystallinum, une plante ayant un métabolisme CAM dans les conditions de
l’expérience).
L e s a n t i c o r p s s e c o n d a i re s, q u i s e fi xe n t
spécifiquement sur les anticorps anti-PEPc, sont
couplés à des particules d’or qui apparaissent en noir
sur le cliché. L’observation est réalisée en MET.
C : chloroplaste
S : grain d’amidon
mt : mitochondrie
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Document 1.2 : Absorption de CO2 et activités de la PEPc et de la RuBisCO
(ribulose-1,5-diphosphate carboxylase/oxygénase)
Document 1.2.A : Taux d'absorption nette de CO2 mesuré sur des feuilles de 2
espèces
Pour chaque espèce, une feuille est placée pendant 36h dans une chambre confinée de façon à
pouvoir mesurer en continu les échanges gazeux. Deux espèces sont utilisées :
- espèce à métabolisme CAM : Kalanchoe ̈ daigremontiana (KD)
- espèce à métabolisme en C3 : Peperomia obtusifolia (PO)
Les régions en gris correspondent aux périodes de nuit.
Les taux d’absorption sont donnés en µmol. m-2 de surface foliaire. seconde-1.
Document 1.2.B : Activités de deux enzymes (PEPc et RuBisCO) chez des plantes à
métabolisme CAM
1 : Activité de la PEPc mesurée pendant 24h dans des feuilles de M. crystallinum. Les résultats sont
donnés en pourcentage de l’activité maximale de l’enzyme.
2 : Activité de la RuBisCO mesurée pendant 24h dans des feuilles de Kalanchoë daigremontiana.
L’activité est quantifiée en µmol CO2. m-2 de surface foliaire. seconde-1 (µmol. m-2. s-1).
Elle reste inférieure à 15 µmol CO2 . m-2. s-1 entre 20h et 6h (non visible sur le graphique).
1
2
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Document 1.3 : Evolution de la teneur en malate dans des feuilles de plante à
métabolisme CAM
Des extraits sont réalisés à partir de feuilles de M. crystallinum ayant un métabolisme CAM. Le
malate est dosé à partir de la matière fraîche de ces extraits. Les résultats sont donnés en µmol par
gramme de matière fraîche (µmol. g mat fraîche -1).
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Thème 2 : Adaptations morphologiques, anatomiques et physiologiques
des plantes à métabolisme CAM.
A partir des documents 2.1 à 2.5, montrez en quoi la morphologie,
l’anatomie et la physiologie des plantes à métabolisme CAM sont
adaptées aux milieux arides.
Document 2.1 : Anatomie d’une feuille d’Aloes
L’Aloes (Aloe vera) est une plante à métabolisme CAM caractéristique des zones arides : elle possède
des feuilles charnues bordées d’épines.
C : Coupe transversale dans la
partie supérieure de la feuille
(MO, x25)
0,5 m
0,2 cm
A : Morphologie de la plante
B : Coupe transversale
de feuille d’Aloès
parenchyme aquifère riche
en mucilage (gel hydraté)
parenchyme
chlorophyllien
faisceau cribro-vasculaire
D : Coupe transversale dans le mésophylle
d’une feuille fixée (MO, x10)
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Document 2.2 : Mesure de l’épaisseur et de la taille des cellules des feuilles de
plantes CAM et C3.
Caractéristiques anatomiques d’espèces CAM
Espèces
(Famille)
Epaisseur des
feuilles (µm)
Epaisseur du
mésophylle (µm)
Taille des
cellules du
mésophylle (µm2)
Ananas comosus
(Broméliacées)
480
350
830
Mesembryanthemum salmii
4960
4910
2110
Crassula argentea
(Crassulacées)
2220
2140
3270
Clusia rosea
(Clusiacées)
760
540
900
Kalanchoe tomentosa
(Crassulacées)
3550
3500
6740
Caractéristiques anatomiques d’espèces C3
Espèces
Epaisseur des
feuilles (µm)
Epaisseur du
mésophylle (µm)
Taille des
cellules du
mésophylle (µm2)
Euphorbia millii
(Euphorbiacées)
290
260
340
Chenopodium album
(Chenopodiacées)
310
270
560
Zygopetalum intermedium
(Orchidacées)
410
370
1680
Document 2.3 : Caractéristiques du mésophylle des feuilles de plantes CAM
A : Coupe de feuille montrant le mucilage.
B : Valeurs de potentiel hydrique chez des plantes C3 et CAM
Potentiel hydrique du mésophylle d’une plante en C3 : valeur comprise entre -0,2 et -0,3 MPa.
Potentiel hydrique du parenchyme hydrique de cactus (plante CAM) : -0,5 à -1 MPa.
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Document 2.4 : Etude du lien entre la proportion de CO2 fixé la nuit et la succulence
des feuilles chez différentes espèces : espèces à métabolisme C3, espèces
intermédiaires entre C3 et CAM et espèces totalement CAM.
-
Le degré de succulence est défini comme le
rapport entre la quantité d’eau contenue à
saturation dans l’organe et la surface de l’organe.
0
Degré de succulence
On mesure le flux net de CO2 échangé entre la
plante (différentes espèces d’Aeonium) et
l’atmosphère.
Un flux positif correspond à une entrée nette de
CO2.
Un flux négatif correspond à une sortie nette de
CO2.
0
0
0
+
nuit
jour
Document 2.5 : Etude de l’ouverture des stomates d’un cactus (plante CAM) et de
l’évolution du potentiel hydrique du sol au cours de l’année dans le désert du
Colorado
L’ouverture des stomates est mesurée
chaque mois chez Ferocactus acanthodes, un
cactus vivant dans le désert du Colorado.
On mesure en parallèle la quantité de
précipitations et le potentiel hydrique du
sol (ψ sol).
La résistance stomatique (rs) rend compte
directement du degré de fermeture des
stomates. La valeur indiquée correspond
au minimum de résistance mesurée au
cours de la journée.
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Thème 3 : Induction du métabolisme CAM chez Mesembryanthemum
crystallinum au cours d’un stress hydrique.
A partir des documents 3.1 à 3.4, reconstituez la séquence d'événements
qui conduit au passage d’un métabolisme en C3 à un métabolisme CAM
dans les conditions naturelles en justifiant chaque étape.
Vous pourrez proposer des hypothèses pour les étapes non traitées dans
les documents.
Mesembryanthemum crystallinum (M. crystallinum) ou ficoïde glaciale est une plante annuelle présentant
successivement un métabolisme en C3 puis un métabolisme CAM.
Cette espèce vit dans les environnements présentant une saison humide suivie d’une saison aride.
Son développement végétatif débute en saison humide, et est associé à un métabolisme en C3. Le
début de la saison aride coïncide avec l’apparition de structures reproductrices.
La transition développement végétatif / développement
reproducteur, qui se déroule au début de la saison sèche, est
associée à une modification irréversible du métabolisme C3 en
métabolisme CAM.
D’autres plantes telles que Umbilicus rupestris présentent
également une transition C3/CAM lorsque le milieu s’assèche.
2 cm
Document 3.1 : Etude de la transcription d’un gène codant pour la PEPcarboxylase
(PEPc1) au cours d’un stress hydrique
Des feuilles de M. crystallinum sont détachées de plantes âgées de 5 semaines cultivées en conditions
normales : les feuilles sont soumises à différentes conditions à t=0 :
- H2O : les pétioles des feuilles sont plongés dans de l’eau
- Deshyd. : les feuilles sont placées à l’air ambiant sans eau
- NaCl : les pétioles des feuilles sont plongés dans une solution à 0,4M de NaCl
La transcription de deux gènes est suivie au cours du temps à 3, 6 et 9h.
- le gène PEPc1
- un gène non impliqué dans la photosynthèse et exprimé en permanence : Fnr1
La quantification des ARNm est faite par RT-PCR sur des fragments de feuilles. La RT-PCR se fait
en deux étapes :
- les ARNm sont extraits des feuilles : une réverse transcription permet d’obtenir des brins d’ADNc,
complémentaires des ARNm présents
- une PCR est réalisée sur les ADNc obtenus : dans cette expérience, des amorces spécifiques des
gènes de la PEPc1 et de Fnr1 sont utilisées.
pb : paires de bases
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Document 3.2 : Etude du rôle des protéines kinases calcium/calmoduline
dépendantes dans l’induction du métabolisme CAM chez M. crystallinum
Des feuilles de M. crystallinum sont détachées de plantes âgées de 5 semaines cultivées en conditions
normales : elles subissent deux incubations successives.
Première incubation (3h) : les feuilles sont immergées pendant 3h :
- soit dans de l’eau (colonne H2O)
- soit dans un milieu contenant un inhibiteur des protéines kinases calcium/calmoduline
dépendantes (colonne Inhib.)
Deuxième incubation (6h) : les feuilles sont ensuite incubées pendant 6h dans différentes conditions
(identiques à celle de l’expérience du document 3.1)
- ligne H2O : les pétioles des feuilles sont plongés dans de l’eau déminéralisée
- ligne NaCl : les pétioles des feuilles sont plongés dans une solution à 0,4M de NaCl
On quantifie l’ ARNm de la PEPc par RT-PCR.
Document 3.3 : Etude du rôle de la méthylation du gène codant la PEPc1 dans
l’induction du métabolisme CAM
L’expérience est réalisée sur des plantes entières de M. crystallinum qui sont soumises à un stress salin
induisant le métabolisme CAM (milieu à 200mM de NaCl).
Les feuilles sont prélevées à différents temps : la méthylation des cytosines est étudiée dans la région
entourant le promoteur du gène codant la PEPc. Les résultats sont donnés en pourcentage de la
méthylation maximale qui correspond à celle observée à 72h.
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Document 3.4 : Etude de l’activité de la PEPc chez Umbilicus rupestris
L'activité de la PEPc est étudiée chez Umbilicus rupestris. Comme pour M. crystallinum, une
augmentation de l’aridité ou de la salinité du milieu induit le passage d’un métabolisme en C3 à un
métabolisme CAM en quelques jours.
L’activité de la PEPc est étudiée (mesure de l’absorbance) à partir d’extraits de feuilles issues de
plantes cultivées :
- en conditions normales
- en conditions de stress hydrique (= sans eau pendant 6 jours)
Les résultats sont donnés en inverse de la vitesse initiale de réaction (1/v).
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Bibliographie
Thème 1 :
Kondo et al., 1998, Journal of Experimental Botany, Vol. 49, No. 329, 1953–1961
Maxwell et al., 1999 ,Plant Physiology, Vol. 121, 849-856
Nelson and Sage, 2008, Journal of Experimental Botany, Vol. 59, No. 7, 1841–1850
Winter 1982, Planta, 154, 298-308
Meyer et al., Botanique : Biologie et physiologie végétales, Ed. Maloines 2002
Thème 2 :
Nelson et al., 2005, Functionnal Plant Biology, 32, 409-419
Ni et al., 2004, International Immunopharmacology 4, 1745–1755
Park S. Nobel, 2006, Annals of Botany 97: 469–474
Physiological Plant Ecology, Larcher, Ed. Springer, 4ème édition
Hopkins, Physiologie végétale, Ed de Boeck 2003
www.snv.jussieu.fr/bmedia/
Thème 3 :
Daniel et al., 1984, Biochemistry Journal 218, 387-393
Winter et al., 1982, Plant physiology, 69, 300-307
Taybi et Cushman, 1999, Plant Physiology, vol. 121, 545-555
Huang et al., 2010, 178, 41-46
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