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DOSSIER " GROUPE DE REFLEXION PHILOSOPHIQUE "
Ils ont dit :
"L'être humain est avant tout un être de langage. Ce langage exprime son désir inextinguible de rencontrer un
autre, semblable ou différent de lui et d'établir avec cet autre une communication." F. DOLTO
"Oser parler, oser prendre la parole, c'est s'affirmer en tant que Sujet (…).
“ Prendre la parole, c'est s'exposer à autrui au lieu de s'imposer par la force.”
“Prendre la parole, c'est prendre le risque et avoir la chance d'être jugé, contredit ou conforté. C'est aussi parier
sur l'écoute de l'autre." P. MEIRIEU
"Je t'ai placé au milieu du monde pour que tu puisses mieux contempler ce que contient le monde. Je ne t'ai fait
ni céleste, ni terrestre, mortel ou immortel, pour que de toi-même, librement, à la façon d'un bon peintre ou d'un
sculpteur habile, tu achèves ta propre forme." PIC DE LA MIRANDOLE
"La pensée est victoire sur la précipitation." G. GUILLOT
"Les élèves apprennent toujours des réponses à des questions qu’il ne se sont jamais posées. Une communauté
de chercheurs philosophes, c’est l’expression d’une quête de sens qui vivifie le désir de comprendre et donc
d’apprendre ” G. GUILLOT
MOMENT DE PHILOSOPHIE.

ANALYSE DES BESOINS.
L'enjeu du moment philosophie est de donner un nouveau statut social à l'élève, quels que soient son niveau et ses
résultats scolaires. Dans chaque classe, les enfants ne se sont pas "choisis" ; pas plus qu'ils n'ont choisi (à de rares
exceptions près…) d'être élève de tel ou tel enseignant.
Les enfants en souffrance, à des degrés différents certes, ontt tendance à accepter cette mise à l'écart plus ou moins
apparente, comme s'il s'agissait pour eux d'un autre aspect de la malchance, avec tout ce que cette notion véhicule de
fatalité…En récréation, il est fréquent de les voir se regrouper ; ce qui pousse à penser qu'ils font paradoxalement
de ce qui les a exclus de la "norme" (l'appartenance à un environnement familial et social "classique", par exemple)
un critère de rassemblement et un motif "valable" d'auto-exclusion de la communauté de leurs pairs.
De plus, ce qui réunit ces enfants est bien effectivement la souffrance, l'ABSENCE DE SENS parfois de la situation
actuelle et/ou passée, la perte de repères et le sentiment verbalisé parfois violemment de ne pas "compter", de n'être
pas même écoutés et encore moins compris… Quand ils ne se sentent pas eux-mêmes coupables d'être à l'origine de
la situation dans laquelle ils se trouvent…
Ce moment de philosophie peut donc proposer un lieu, un temps, un cadre, pour que l'enfant comprenne qu'il est
reconnu par l'adulte et par ses pairs. Respecté et respectable, par la parole osée, échangée, reçue, comprise…
Il y a cette assurance que l'enfant pourra dire et être entendu, même s'il n'a pas toujours "gain de cause", ça n'est pas
ici l'enjeu.
Il semble primordial que chaque enfant se rende compte que l'adulte aussi s'exprime, et qu’il n'a pas, lui non plus,
gain de cause, pour les mêmes motifs que précédemment, même s'il reste le garant des règles et de la parole. Ce qui
a pour conséquence de bouleverser le "pseudo-postulat" qu'il faut que l'enfant soit de l'avis de l'adulte et donc l'élève
de l'avis du maître !
Dans ces moments de philosophie, chaque enfant sait qu’il peut parler, faire part de ses pensées sans peur d’en être
dépossédé et qu’il pourra être respecté jusque dans ses silences….

OBJECTIFS
Permettre à chaque enfant de développer une pensée personnelle, de la dire, d'écouter celle d'autrui, d'appartenir
dans une classe à une communauté de Penseurs, de Chercheurs, d'ACTEURS… au sein de la "société-école".

PROTOCOLE.
Deux plages horaires de 30 minutes par semaine sont réservées aux enfants des classes de cycle 3 pour cet atelier de
réflexion philosophique.
Durant les premières séances, les groupes d'enfants seront constitués par les Maîtresses du cycle, sur des critères
réfléchis au préalable et discutés avec moi.
Il est évident que ces modalités seront amenées à évoluer dans le temps, il me semblerait en effet intéressant de
laisser les enfants s'inscrire de leur propre initiative dans des groupes de réflexion qu'ils auront eux-mêmes choisis
en fonction des désirs qui sont les leurs et des questions dont ils souhaitent débattre particulièrement.

LES INSTRUCTIONS OFFICIELLES.
Elles sont toujours là pour nous rappeler toute l'importance de l'apprentissage du "VIVRE ENSEMBLE DANS
L'EDUCATION A LA CITOYENNETE".
L'école est en effet une société et non une communauté ; à savoir que les individus qui la composent (enfants et
adultes) ne se sont pas "choisis" pour réaliser une tâche commune. Ils doivent donc apprendre à vivre ensemble,
avec toutes leurs ressemblances et toutes leurs divergences aussi.
Or, pour que ces divergences puissent s'exprimer autrement que par la violence, il faut que chacun des membres ait
droit à la parole ; car "Interdire la violence sans proposer d’autres possibilités d’expression est une violence bien
plus grande encore."
Francis IMBERT rappelle que la tâche principale de l'enseignant est d'interposer les dispositifs qui obligent à
l'échange, qui mettent en situation de se séparer des images aliénantes.

INTERET DE CES "MOMENTS DE PHILOSOPHIE".
Ce temps offert aux élèves leur montre combien ce qu'ils disent et pensent est important, a de la valeur et peut
apporter au groupe et à chacun.
Il est là aussi pour que chaque enfant se sente en situation de faire l'expérience de sa capacité à penser les grands
problèmes, comme le ferait une grande personne (et mieux, parfois même…).
Parler, dans le cadre de cet atelier philosophie, procure à l'enfant un statut social, celui de quelqu'un qui voudrait
améliorer le Monde, en cherchant à le construire avec les autres.
Ce mode d'expression rend à l'enfant le passage possible entre les Zones Proximales de Développement, c'est-à-dire
qu'il lui permet de grandir, à partir de l'état de sa pensée (là où il en est), vers les progrès qu'il peut faire.
En Latin, "infans" signifie : l'être privé de parole. Grâce à la philosophie, l'enfant reconnu comme un interlocuteur à
part entière accède au STATUT D'ELEVE, par l'intermédiaire de LA MEDIATION DU MAITRE.
Dans ce cas, l'enfant n'est plus infantilisé mais il prend son droit à la parole.

LE ROLE DU MAITRE.
Il est de fonder l'espace de la discussion et d'inviter à un partenariat du questionnement.
Si l'objectif de la philosophie n'est pas de trouver "la bonne réponse" à une question posée, il est au contraire de
permettre à des élèves de co-fabriquer de la pensée.
Il s'agit donc en fait de pratiquer une espèce de solidarité face à des énigmes. Et c'est cette même solidarité qui
parvient à faire faire le deuil à l'enseignant d'une pédagogie exclusivement transmissive.
L'esprit philosophique n'advient pas, un jour, en classe de Terminale… Il se prépare !
Les pratiques philosophiques se fondent sur ce que l'on pourrait appeler éthique de la délibération, de la
discussion.
Elles mettent en avant l'autonomie du sujet comme étant, dixit KANT, "le rapport de la liberté à la Loi."
Ces pratiques philosophiques permettent aux enfants de construire du savoir, de la connaissance, à partir du
questionnement.
La question posée aux élèves ne s'inscrit pas dans une logique de transmission, mais plutôt dans une logique
d'appropriation de la connaissance. Ce qui est nouveau pour ces enfants qui sont plutôt d'ordinaire dans une logique
du "on m'a appris" et non du "j'ai appris" !!!
Le souci philosophique n’est pas périphérique : il est au cœur même de l’acquisition des savoirs grâce auxquels
l’enfant apprend à penser et à juger par lui-même en connaissance de cause…
“Le moment philosophique a vocation d’habiter l’acte d’apprendre”. G. GUILLOT
LES TROIS MODES D'ELABORATION DE LA PENSEE, AU COURS DES TROIS
CYCLES.
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

EN CYCLE 1 :

La pensée de l'enfant est émotionnelle.
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Les enfants sont sur le mode du ressenti personnel, de ce qui fait écho en eux.

Ils s'expriment leurs désaccords, prennent appui sur les désaccords pour s'exprimer.
EN CYCLE 2 :

La pensée de l'enfant est référenciée à la réalité. Elle devient factuelle, empreinte de réalisme.

Les enfants utilisent les tautologies (propositions toujours vraies). Ils s'expriment en complément d'une
intervention avec laquelle ils se sentent en accord.
EN CYCLE 3 :

La pensée de l'enfant est liée au savoir d'un tiers qui est pris en compte.

Les élèves parlent moins, s'affrontent moins, comme s'ils craignaient de se séparer en gommant leurs
différences de pensées. Ils cherchent à se rassembler en se ressemblant.
VIOLENCE… ET PRISE DE PAROLE.
Nous vivons dans une société qui a perdu ses racines.
Beaucoup de manifestations de violence prennent naissance dans des groupes humains qui ont "quitté leur
territoire", c'est-à-dire leur lieu de référence, avec ses coutumes, ses habitudes, ses repères. Ces lieux
représentaient des espaces d'échange, de communication, avec une histoire, des codes de vie et des rites.
Ces notions sont essentielles à toute société.
Quand une communauté est en accord avec ses repères, ses valeurs, quand le code est partagé par tous, la
violence a moins de raison d'éclore…
Les échanges sont le fondement même de la société. Le passage par la parole est l'exutoire à toute révolte.
C'est la colère rentrée qui s'exprime et par là s'amenuise ; c'est la révolte qui se transforme en verbe et ne
devient plus geste mais tentative de communication.
Aujourd'hui, les enfants baignent dans un monde où l'information médiatique est surabondante et la
communication absente.
On reçoit des messages, des informations immédiates mais qui sont par là même tronquées ou survalorisées,
voire banalisées tant elles nous parviennent de façon uniforme.
Auparavant, les enfants venaient d'un lieu, avaient donc, par là même, une référence d'espace.
Aujourd'hui, cette référence s'est transformée en une référence de temps, avec toute la notion d'immédiateté qui
lui est inhérente.
Temps formé d'instants qui passent, se succèdent, se juxtaposent, sans forcément établir de liens de causalité
entre eux.
Nous sommes donc passés dans l'instantané. Mais pour les enfants, cet instantané impose ses codes éphémères
inventés, ses règles ponctuelles, ses repères instables puisque par essence et nécessité changeants.
L'ECOLE DOIT REDEVENIR UN "TERRITOIRE", avec ses "habitants", ses acteurs, ses règles, AVEC SES
MOYENS D'APPREHENDER LE MONDE EN LE COMPRENANT.
Dans les écoles, faisons parler nos élèves, écoutons-les. Faisons en sorte que l'enseignement, qui doit partager le
savoir, soit réel.
L'école est indéniablement liée au langage. Elle doit faire en sorte de devenir un territoire de partage, c'est-àdire qui n'exclut personne d'où qu'il vienne et quelles que soient ses particularités ; car c'est bien dans la langue,
dans les mots partagés que nous devons réinvestir nos convictions d'enseignants, spécialisés ou non…
GRILLE DE REPERAGE DES TYPES D'INTERVENTION.
Q = Question H = Hypothèse RS = Rappel du Sujet
Prénoms
QUESTION
QUESTION
Date
Date
Prises de parole
Q
1
2
3
4…
QUESTION
H
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