1 « La philosophie aujourd`hui –la philosophie demain = au service

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« La philosophie aujourd’hui –la philosophie
demain = au service des peuples, appropriable
par eux ? »
CONGRES CUPHI III
LOS ANGELES le 12 JUILLET 2014
CONTRIBUTION DE GUY CREQUIE
Ce jour, il m’a été demande vous parler de philosophie, mais je
précise de suite que je veux éviter un malentendu. Il n’y a pas d’un
côté, un beau parleur magistral, un enseignant qui théorise certes à
partir d’un langage philosophique adapté, qui a ses règles.
Cependant, comme l’a indiqué DIDEROT : « hâtons-nous de rendre
la philosophie populaire ». Tout le monde peut intervenir sur les
problématiques humaines à condition d’en respecter une
déontologie de principes et parler philosophie, c’est aussi vivre
comme philosophe, c’est une pratique comme l’a rappelé
GRAMSCI.
Un philosophe n’est pas nécessairement celui qui écrit une œuvre,
crée un système. SOCRATE est selon HEGEL : un vrai philosophe
précisément : parce qu’il a vécu sa doctrine au lieu de l’écrire. Le
philosophe ALAIN et ses chroniques relevaient de la même
approche.
Etre philosophe disait SOCRATE ne consiste pas à savoir
beaucoup de choses mais à être tempérant.
C’est seulement par déviation, et depuis, que la philosophie est
devenue un métier, une forme d’enseignement rétribuée que la
notion de philosophe a perdu sa signification originaire de type
exemplaire de chercheur désintéressé, soutenu par sa seule
vocation. Depuis lors, il n’y a plus de philosophes remarque HEGEL
mais des philosophies, des systèmes de pensée.
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Longtemps, les philosophes ont récapitulé le savoir de leur époque.
Beaucoup étaient à la fois : des scientifiques, des herboristes, des
poètes des philosophesPrésentement avec le développement
prodigieux des sciences et des techniques, les autres disciplines
autonomes n’ont pas besoin de l’aura du philosophe pour leurs
travaux. Par contre, pour la vulgarisation de leurs découvertes et
ses relations avec la conscience, l’éthique, la morale, la philosophie
si elle n’est pas une science en tant que telle = intervient donc sur
des connaissances établies en dehors d’elle ; elle a une fonction
critique et de mise en relations qui sont essentielles, elle est faite
pour fonctionner.
L’ambiguïté de la notion antique de SOPHIA (Recherche de la
sagesse) qui évoque à la fois un savoir de la vérité et une pratique
de la morale, a suscité deux interprétations de la philosophie :
- La première qui remonte aux physiciens ioniens (VIe siècle
avant J.C) se développe chez HEGEL et dans le positivisme
anglo-saxon, et conçoit la philosophie essentiellement comme
une connaissance rationnelle, une recherche d’intelligibilité.
- La seconde qui se recommande de SOCRATE, de KANT, de
l’existentialisme moderne, considère la philosophie comme
une recherche morale, celle de notre destinations véritable et
comme un apprentissage de la vertu.
Cependant, s’il est vrai qu’il puisse y avoir des philosophes qui
n’aient point écrit de philosophie comme SOCRATE ou votre
modeste serviteur, la notion de philosophe n’ en implique pas
moins le développement d’un savoir rationnel, d’un système de
pensée.
J’ai parlé du philosophe ALAIN, il est un philosophe parce qu’il fut
un essayiste ; la philosophie d’ALAIN correspond à l’ensemble de
ses idées mises en système.
On parle au contraire de la philosophie de KANT, de HEGEL, de
SARTRE, de HEIDDEGER.
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La philosophie est donc par vocation une tentative d’explication
cohérente du réel.
Je sais que l’essentiel des présents ici ne sont pas spécialistes en
philosophie ; c’est pourquoi, j’essaie de ne pas utiliser un langage
trop compliqué.
Aujourd’hui, par exemple avec la mondialisation des échanges, des
images, des signes, ou tout va vite, trop parfois tout est dense,
maitriser sa discipline tout en ayant la faculté rapide d’une
autonomie de pensée devient nécessaire et de ce point de vue
j’admire par exemple notre ami Ernesto KAHAN, lequel, à mon avis,
préfigure en ce XXIème siècle ce que devra être au XXIIème siècle,
un intellectuel complet de notre temps à la fois : scientifique, poète
et philosophe.
Au rythme de nos contingences actuelles, on peut se poser la
question : que faire dans le monde ou quoi faire dans ce monde :
l’enjeu ?
L’importance est la dimension vécue de la philosophie ce qui nous
renvoie aux débats entre SARTRE et MERLEAU-PONTY.
En effet, nourri des concepts sans que cela ne présente aucune
incidence sur nos vies semble réduire la philosophie à un pur jeu
spéculatif, à la simple expression d’une virtuosité.
Comme l’indiquait SENEQUE : « vois si c’est dans la science
philosophique ou dans la pratique même de la vie que tu as
progressé ».
Si la philosophie décrit mais ne prescrit rien, c’est un souci ! La
philosophie est une attitude dans le monde, non une abstention.
Le socle de la vie philosophique constitue aussi cette recherche
d’une transformation de soi, à même de nous grandir en nous
permettant de forger cette existence consciente d’elle-même, aussi
cohérente que possible, visant la maitrise indépendante et créative
dans les voies qu’elle forge, d’aventuriers du concept, intensément
présente à elle-même et aux autres.
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Elle reste certes attentive et en œuvre sur l’étude millénaire des
catégories philosophiques mais branchée sur les pratiques
sociales des savoirs et au rapport global de notre pensée et de nos
actions aux faits, aux gens et aux choses.
Si mon expression est difficile pour vous, elle l’est pour moi
également, la vulgarisation philosophique reste de nos jours et
hélas, un exercice compliqué ceci, alors qu’un jour, dans un autre
siècle, viendra le moment il n’y aura plus besoin de philosophe
de métier, ceci si la philosophie est considérée comme une
discipline d’apprentissage moral, y compris dès le système scolaire
et ce pour toutes les disciplines y compris scientifiques.
Alors, à quoi sert la philosophie au XXI è siècle ? Ses
interpellations, enjeux, défis à résoudre ?
A QUOI SERT LA PHILOSOPHIE AU XXI è siècle : QUELQUES
REFLEXIONS NON EXHAUSTIVES.
L’étude philosophique au stade actuel de la mondialisation est-elle
encore une aide pour déchiffrer le présent et mieux envisager
l’avenir ?
Est-elle réservée aux élites dans les chaires philosophiques ou
peut-elle éclairée les consciences citoyennes ?
Notre monde post-moderne est devenu complexe, subtil et opaque.
Notre monde malgré les raccourcis médiatiques, les petites
phrases politiques le plus souvent à court terme, résiste à nos
analyses et exige une attitude théorique inédite plus patiente moins
emplie de certitudes. Le temps toujours plus rapide est devenu un
enjeu décisif dans nos sociétés avancées et se développant à un
rythme effréné.
Le défi que pose la société aux théoriciens est plus à chercher dans
sa virtualité, ses formes d’exclusion, ses risques, ses opportunités,
ses dissimulations, dans sa présentation d’elle-même bref dans sa
métaphysique. La société est invisible non pas au sens où elle
disparaît sous nos yeux ou qu’elle est devenue virtuelle mais plutôt
parce qu’un écart demeure entre ce qui est et ce que l’on voit. Au
lieu d’être simples et directes, les causes des phénomènes
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apparaissent dans leur dissimulation c’est pourquoi elles nous
obligent à la prudence, à la patience et à une nouvelle ouverture.
Au Moyen Age, à l’époque de la pensée scolastique, le paysan avait
l’horizon du château de son seigneur qui exigeait de lui mais le
protégeait ; aujourd’hui avec un bouton appuyé sur la TV ou un clic
sur un réseau social, on peut être transporté au bout du monde, y
découvrir ou lire, des images et quelques propos qui élargissent à
la fois et déconcertent notre conscience.
Les espaces loin d’être séparés et nets semblent se toucher,
s’interpénétrer et se confondent avec l’horizon infini.
Si les territoires de jadis s’entremêlent aujourd’hui, cela dépasse le
cadre du marché des échanges mais nos esprits sont perturbés ;
ceci car la mobilité et la vitesse brouillent les frontières et que la
notion de limite tend à se perdre dans les réalités projetées ou
dispersées. On s’interroge présentement sur le territoire local,
régional …. Mais également sur d’autres sujets : prolonger la vie,
rajeunir, changer son physique ; la science connaît des
bouleversements considérables.
Lorsque l’on pense à la disparition des frontières, à la création
d’union ou zones de pays ou régions, on pense à la perte de
repères traditionnels, on note de ce fait la fin de la politique
classique accomplie dans le cadre d’un état moderne immuable qui
opérait à partir de dialectiques métaphysiques définies par des
oppositions classifiées : ami ennemi ; intérieur-extérieur ; privé-
public ……
Le monde actuel est l’affaire de cultures ; certains parlent même de
subcultures vivant en interactions obligées, subies et de nouvelles
formes de vivre ensemble apparaissent.
Il y eut le temps des minorités culturelles identifiées, classifiées,
rassemblées souvent hélas pour ne pas dire parquées, considérées
plus comme une gêne que comme une richesse.
De nos jours, la multitude des brassages conduit nombre de nos
contemporains à penser que des réseaux invisibles car non
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