Un milieu naturel qui
marque le territoire
Simple fleuve pour le profane, la Seine est pour
le scientifique comme pour le gestionnaire un
véritable système constitué d’une variété de
milieux en interaction. Comprendre le fonction-
nement de ce système vivant, c’est retracer l’his-
toire de sa formation, connaître les milieux et
étudier la dynamique du fleuve dans le temps et
dans l’espace.
La richesse faunistique et floristique a justifié le
classement d’une grande partie des berges en
espaces naturels sensibles. De plus, le “ Schéma
des services collectifs des espaces naturels et
ruraux “, dans sa contribution francilienne, iden-
tifie la vallée de la Seine comme une liaison
écologique d’importance nationale, entre l’Est et
l’Ouest.
Les espaces naturels sensibles
La Seine et ses berges constituent un point fort du “Schéma
des espaces naturels sensibles“. Deux des sept objectifs
traitent d’ailleurs de cette problématique.
Sur les soixante-six kilomètres de berges, trente-trois ont été
répertoriés comme espaces naturels sensibles soit soixante-
quatorze hectares. Cette décision a été motivée par quatre
raisons principales :
- la vallée de la Seine est un corridor écologique d’intérêt
national dont la continuité doit impérativement être préser-
vée,
- les berges de Seine constituent un important potentiel d’ac-
cès à la nature pour les habitants du nord du département :
soit pour l’intérêt intrinsèque du fleuve et de ses rives, soit
pour la possibilité qu’offrent ces berges de relier entre eux
les principaux espaces verts,
- les îles constituent des sites privilégiés où la végétation
reste très prégnante et qu’il convient de préserver au cœur
de l’agglomération,
- ces zones humides possèdent un très fort potentiel écologi-
que et une dynamique de reconquête unique dans les écosys-
tèmes terrestres des régions tempérées. Ce sont donc des
milieux à mettre en avant pour la renaturation des zones
urbaines.
Cette démarche est d’autant plus intéressante qu’elle s’intè-
gre dans une volonté affirmée de protéger les zones humides
à l’échelon tant national qu’européen.
> Nénuphars sur le fleuve à Neuilly-sur-Seine > Canards colverts sur la Seine
17
2
1 cm = 630 mètres
N
Une géographie fluviale
contrastée
La Seine prend sa source en Côte-d’Or, sur le plateau de
Langres, à 471 mètres d’altitude et se jette dans la Manche
après un parcours de 776 kilomètres dont la dernière partie,
en aval de Charenton, est allongée par de nombreux méan-
dres.
Le fleuve draine d’abord la Champagne (passant à Troyes),
longe la Brie (où il arrose Melun), traverse Paris et sa ban-
lieue puis atteint la Normandie en passant par Rouen, avant
de rejoindre la Manche par un estuaire d’une largeur d’en-
viron 10 km à son embouchure.
L’Aube, l’Yonne, le Loing, la Marne, l’Oise et l’Eure sont,
d’amont en aval, ses principaux affluents. Les crues sont par-
fois redoutables mais, ses colères passées, la Seine est un
long fleuve tranquille et navigable sur une grande longueur.
La Seine et les Hauts-de-Seine
La Seine traverse les Hauts-de-Seine - d’Est en Ouest - sur
39 kilomètres, en traçant deux larges méandres. Ses 66 kilo-
mètres de berges, dont 15 concernent les îles, marquent
fortement le paysage.
Au nombre de trente-quatre il y a deux siècles contre six
aujourd’hui, les îles participent au charme du fleuve. En
amont, l’île Saint-Germain, à Issy-les-Moulineaux, précède
l’île Seguin. Plus loin, l’île de Puteaux forme un chapelet avec
l’île de la Jatte. Dans la Boucle nord, l’île Saint-Denis, longue
et étroite, sépare les Hauts-de-Seine de la Seine-Saint-Denis.
Plus en aval encore, l’Ile fleurie, ou Ile de Chatou appelée
encore Ile des impressionnistes, est marquée par les séjours
de peintres célèbres.
Les trois boucles - celle de Boulogne-Billancourt, celle de
Gennevilliers et celle de Croissy - limitent le département à
l’Est, au Nord et à l’Ouest.
Des coteaux, véritables balcons sur la vallée et sur Paris, sou-
lignent le tracé du fleuve. Ceux du Val de Seine dominent la
Boucle de Boulogne-Billancourt et dessinent des reliefs élevés
et escarpés qui surplombent de plus de 140 mètres le niveau
du fleuve. Ils se prolongent jusqu’au Mont-Valérien, butte et
ultime témoin du plateau de la Beauce. Plus en aval, le
coteau d’Orgemont, de moindre ampleur, délimite la Boucle
de Gennevilliers. Enfin, au sortir du département, la Seine se
frotte à nouveau aux reliefs marqués de Rueil-Malmaison et
de Bougival.
De larges plaines alluviales environnent le fleuve. Les plaines
de Boulogne-Billancourt, de Villiers (de Neuilly-sur-Seine à
Clichy-la-Garenne), de Gennevilliers, de Nanterre et des
Closeaux à Rueil-Malmaison, longtemps restées submersibles
et dévolues aux caprices du fleuve, ont repoussé l’urbanisa-
tion à distance sur les premiers reliefs.
Le réseau hydrographique du fleuve, localement, est
composé de plusieurs petits affluents, tels que le ru de
Marivel ou le ru de Vaucresson, pour ne citer que les plus
importants. Ils échancrent les plateaux du centre du départe-
ment et s’écoulent vers la Seine, en formant de nombreux val-
lons. Bien peu de ces petites rivières sont encore à ciel
ouvert. Recouvertes par l’urbanisation, elles sont peu percep-
tibles. Un des affluents interdépartemental important est la
Bièvre, presqu’entièrement enterrée ; plusieurs organismes et
associations réfléchissent afin de la voir ressurgir à ciel
ouvert.
> L’écluse de Suresnes Quelques chiffres
Le débit* moyen de la Seine est de 500 m3/seconde ; il peut
varier de 250 m3/seconde en été à 2500 m3/seconde en hiver,
lors de très grandes crues.
Période de basses eaux (de juin à octobre) : en dessous de
300 m3/seconde.
Période de hautes eaux (de décembre à avril) : au dessus de
500 m3/seconde.
La quantité d’eau de pluie tombée sur l’ensemble du bassin
versant de la Seine influe directement sur le régime et sur
les crues du fleuve.
Le département est parcouru par la Seine sur
39 kilomètres. Son niveau de retenue normal est de
26,73 mètres NGF à l’amont du barrage de Suresnes et de
23,56 mètres NGF à l’aval, contrôlé par le barrage de Chatou
(source DIREN Ile-de-France). Les longueurs des deux biefs
navigables sont de 8 kilomètres à l’amont de Suresnes et de
31 kilomètres à l’aval.
La largeur moyenne du fleuve est de 160 mètres et sa pro-
fondeur moyenne de 3 mètres 50.
*débit d’un fleuve : quantité d’eau qui passe, en 1 seconde, en un point donné d’une
rivière.
19
2
> La Seine
Le nom « Seine » vient du latin Sequana,
déesse romaine qui était adorée à la
source du fleuve il y a 2000 ans. Ce nom
latin viendrait lui-même d’un mot celte
plus ancien « Squan » qui signifie
« semblable à un serpent » (tortueux).
1 cm = 630 mètres
N
Une nature dynamique
La Seine évolue selon les saisons. L’hiver, le fleuve se gonfle
progressivement, parfois jusqu’au débordement. L’été, des
orages violents et soudains peuvent générer des augmenta-
tions du niveau d’eau sur une courte période.
Le débit du fleuve varie au cours de l’année, en fonction des
précipitations (pluie et neige) et de l’évaporation (donc de la
température).
La période des hautes eaux, de décembre à avril, alterne
avec la période des basses eaux, de juin à octobre. Le
niveau maximum des crues est atteint habituellement pendant
les mois de janvier et février.
Le climat rencontré sur les territoires qui longent la Seine et
ses principaux affluents expose les rivières de son bassin et
elle-même à des crues hivernales dont certaines, dans le
passé, ont été catastrophiques.
La période des basses eaux est située l’été. L’équipement de
barrages complété par des écluses contribue à maintenir le
niveau d’eau nécessaire à la navigation et autorise la
pratique des sports nautiques.
Lors de sa traversée en région parisienne, le réseau hydro-
graphique de la Seine perd ses caractéristiques naturelles.
Les débits eux-mêmes sont régulés par quatre grands barrages-
Les formations géologiques à Paris et dans la banlieue ouest. [d’après Ch.Pomerol, découverte géologique de Paris et de l’Ile-de-France]
De la formation la plus ancienne
à la plus récente :
1 Craie campanienne surmontée localement par le
calcaire et les marnes de Meudon.
2 Argile et sables yprésiens.
3 Calcaire grossier du Lutétien.
4 Marnes et caillasses du Lutétien.
5 Sables de Beauchamp.
6 Calcaire de Saint-Ouen.
7 Sables de Monceau, marnes et masses du gypse.
8 Argile verte du Stampien.
9 Formation de Brie.
10 Marnes à huîtres et Sables de Fontainebleau.
11 Argile à meulière.
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Lit mineur
Lit majeur périodique
Lit majeur épisodique
Berges
Bourelets de rive
MURETTES ANTI-CRUES
EXISTANTES
Géologie
Il y a 1,8 million d’années, la Seine coulait encore au niveau
des plateaux, à 100 ou 150 mètres d’altitude et son enfonce-
ment progressif s’est effectué tout au long de l’ère quater-
naire.
A cette époque, le fleuve charriait des alluvions grossières.
La Seine, encombrée de bancs de galets, possédait alors une
très grande puissance d’érosion qui a facilité le creusement
de la vallée et explique sa topographie actuelle.
Sur son chemin, elle a entaillé des couches de calcaire puis
de craie, visibles encore dans les anciennes carrières des
coteaux de Meudon et d’Issy-les-Moulineaux.
Le débit actuel, plus lent qu’autrefois, ne permet plus le
creusement des rives.
2
L’hydrogéologie de la rivière
L’eau libre de la Seine est reliée à sa nappe phréatique de
part et d’autre de son lit. Cette nappe, appelée nappe des
alluvions parce qu’elle imbibe les terrains alluvionnaires
de la vallée, constitue un réservoir aquifère et surtout une
« zone tampon » lors de crues ou de montée des eaux.
Plus en profondeur, les roches perméables sont de vastes
réservoirs dont la saturation en eau dépend des entrées et
des sorties, par voie naturelle ou par prélèvement effectué
par l’homme.
Croissy
Périphérique Nord
Belleville 128 m
Bastille
Panthéon
Bois de Clamart
Meudon-la-forêt
Boucle de Boulogne
Bois de Meudon
Forêt de Malmaison
La Celle-St-Cloud
Chaville
Ru de Marivel
Ile-St-Louis
Bourrelets de rive
Berges
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