« Il n’a pas considéré comme une proie à ravir d’être l’égal de Dieu » (6)
« Mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux
hommes et reconnu à son aspect comme un homme » (7). De nos jours nous
sommes familiers avec une telle terminologie ; ce n’était pas le cas à l’époque
patristique et bien des confusions se sont produites alors entre les questions de
nature, de consubstantialité, de personne en Jésus Christ ; en un mot, ce Jésus
qu’est-il, est-il Dieu, est-il homme, que comprendre ?
Saint Jean Chrysostome dans son admirable commentaire de cette épître va
expliciter à propos de ce verset la pensée de l’Église au sujet de Jésus Christ telle
que nous la connaissons aujourd’hui en ces termes : « demeurant ce qu’il est (il
s’agit de Jésus, de nature divine), il prend ce qu’il n’était pas, à savoir la nature
humaine différent toutefois de nous par la naissance virginale et l’absence de
péché ». Près de 50 ans avant le Concile de Chalcédoine il en affirme déjà le
principal enseignement dans des termes pratiquement identiques : « gardons-nous
autant de confondre les natures (divine et humaine) que de les séparer (de la seule
et unique personne du Fils). En lui un seul Dieu, un seul est le Fils de Dieu ; un,
vous dirai-je, par union, mais non par mélange ni confusion ; cette nature infinie de
Dieu, tout en s’adjoignant l’autre nature, n’a pas dégénéré, elle lui est simplement
unie. »
« Il s’est abaissé devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix » (8)
Parmi tant de genres de mort si différents, celle que le Seigneur endura était
regardée comme la plus honteuse ; elle était le comble de l’ignominie car « celui
qui est pendu, dit l’Écriture, est un objet de malédiction auprès de Dieu » (Deut 21,
23). Et c’est entre deux brigands qu’il fut crucifié pour qu’on eût de lui et d’eux
même mépris, et que la Parole de l’ Écriture s’accomplît : « Il a été mis au nombre
des malfaiteurs » (Isaïe 53, 12).
Mais la gloire de Jésus Christ ne subit pas la moindre atteinte, au contraire :
« c’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a conféré le Nom qui est au-
dessus de tout nom ». (9)
En retour de son abaissement, le Père exalte son Fils en lui donnant le Nom au-
dessus de tout nom. Cette notion du nom suprême n’est pas unique chez Paul : aux
Éphésiens en effet, il déclare : « Dieu l’a fait asseoir à sa droite au-dessus de toute
domination, de toute autorité, de toute dignité et de tout nom qui peut être nommé,
non seulement dans le siècle présent mais encore dans le siècle à venir » (Eph 1,
21).
Peut-être, faut-il s’arrêter quelques instants sur la notion du nom dans la Bible. Le
nom n’est pas seulement une indication de pure commodité de langage ; il traduit
les caractéristiques intimes de son porteur, il manifeste son essence profonde.
Connaître le nom de quelqu’un c’est connaître sa nature intérieure. Dans la Bible,