VOCABULAIRE Anglicismes Grammaire Impropriétés
http://www.depeche.soquij.qc.ca/linguistique/ling20070723.php
Anglicismes
« À l'effet que »
« Actif »
« Adresse » et « adresser »
« Affecter »
« Agression »
« Alternative »
« Balance »
« Canceller »
« Clérical »
« Concerner »
« Conjoint »
« Contrôler »
« Défaut de » -
« Discipline »
« Drastique » et « draconien »
« Dommages »
« Élaborer »
« Émettre »
« Emphase »
« Fausses représentations »
ou « faux prétexte »
« Favoriser »
« Heures supplémentaires »
« Initier »
« Justifier de »
« Ligne »
« Loger »
« Monétaire »
« Montant » et « somme »
« Objecter »
« Originer »
« Partir »
« Poinçonner »
« Position »
« Prévaloir »
« Probation »
« Référer »
« Régulier »
« Véhicule-moteur »
Impropriétés
« Accepter », « accueillir », «
refuser » et « rejeter »;
« admissibilité » et
« recevabilité »
« À nouveau » et « de
nouveau »
« Arrêt » et « jugement »
« Assermenté »
« Connaissement »
« Contemporain » et «
concomitant »
« Criminaliser » et «
judiciariser »
« Cueillette »
« Embauche » et
« Embauchage »
« En appeler »
« En est un »
« Faire affaires »
« Forum »
« Habileté » et « habilité »
« Influencer » et « influer »
« Inventaire » et « stock »
« Quitter »
« Rouvrir »
« Sexualisation des postes »
« Suite à »
« Vidéo »
« Voir à »
Grammaire
Appellations d'emploi et titres
de fonction
« Après que » et « avant que
»
« Au besoin, le cas échéant,
éventuellement » et « s'il y a
lieu »
« Brut, net »
« Difficulté »
« Enjoindre »
« Entre autres »
« Égard » et « regard »
Gérondif
« Infliger »
« N’eût été »
Noms des fêtes
« Non seulement..., mais »
« On, l'on »
Prépositions
« Sans que »
« Tel »
Traits d'union
Le tréma
« Présumer »
Anglicismes
« À l'effet que »
La locution «à l'effet que» n'est
pas française; il s'agit d'un calque
de l'anglais to the effect that. Cet
emprunt est inutile puisqu'il existe
en français de nombreux
équivalents: selon lequel ou
laquelle, voulant que,
indiquant que, disant que, à
savoir que, etc.
On peut aussi remplacer la
proposition qui suit «à l'effet que»
par un complément déterminatif.
Exemple: La nouvelle de sa
démission n'est pas confirmée.
la place de: La nouvelle à l'effet
qu'il a démissionné n'est pas
confirmée.)
En retour, la locution prépositive à
l'effet de est française et signifie:
«pour, afin de, dans le but de,
dans l'intention de». Cette
expression n'est guère usitée
qu'en style de procédure pour
marquer un sens final. Exemple: Il
a eu recours aux services d'un
avocat à l'effet de régler ce
différend.
Quant à la locution à cet effet,
elle est également correcte et
signifie: «en vue de quoi, dans
cette intention». Exemple:
L'entreprise veut promouvoir ses
produits; à cet effet, elle y
consacre d'importantes
ressources.
Il faut toutefois noter que
l'expression à cet effet ne peut
s'employer pour signifier «selon
cette manière de penser, selon
cette façon de voir les choses»;
pour traduire cette idée, on
utilisera l'expression en ce sens
ou dans ce sens. Exemple: À
l'instar de son collègue, qui a
démontré que l'avenir de
l'Université dépend de l'attention
qu'elle accordera au virage
technologique, le professeur a pris
position en ce sens.
« Actif »
Le mot actif, dans le langage
commercial et financier, est un
terme dit collectif, c'est-à-dire
qu'il désigne un ensemble de
choses ou de personnes en
l'occurrence, l'ensemble de ce que
possède quelqu'un, ses éléments
d'actif, par opposition au passif,
qui désigne l'ensemble de ses
dettes. Il s'agit par ailleurs d'un
nom collectif singulier : il ne
s'utilise pas au pluriel.
En anglais, ces termes se
traduisent par des noms collectifs
pluriels (assets et liabilities), et
c'est probablement sous cette
influence que l'on parle
erronément «des actifs» de
quelqu'un au lieu de son actif
(alors que, étrangement, on n'a
jamais commis la même erreur en
parlant du passif, que l'on voit
toujours au singulier).
Il existe ainsi quelques noms
collectifs toujours singuliers en
français, que l'on ne devrait donc
jamais utiliser au pluriel. C'est le
cas notamment des vocables
effectif, procédure et politique.
« Adresse » et « adresser »
Sans cesse à l'affût de l'anglicisme
-- flagrant ou sournois --, nous
avons décelé au moins trois
risques, en français, au sujet des
mots adresse et adresser.
Tout d'abord, une «adresse» n'est
jamais une allocution ou un
discours, contrairement à l'anglais
(the president gave a television
address). En français, si quelqu'un
donne une adresse, il s'agira de
son nom et de l'endroit où se
trouve son domicile, de son
adresse électronique, de
renseignements permettant de
situer un bon restaurant, etc.
Ensuite, si l'on peut adresser une
remarque au chauffeur de
l'autobus, adresser une carte
d'anniversaire à un collègue ou
adresser une cliente mécontente
au superviseur, il faut absolument
éviter de calquer l'anglais et
d'«adresser un problème ou une
question». On s'attaque à un
problème, on le considère; on
aborde une question, on
l'examine; on se penche sur le
point en litige; etc. Les
synonymes ne manquent pas!
Enfin, comme si cela ne suffisait
pas, on doit se méfier de
l'orthographe. L'anglais, en effet,
qui nous a emprunté le mot
«adresse», a notamment ajouté
un «d» à sa graphie, pour des
raisons... sans doute valables et
que nous n'aborderons pas pour
l'instant. Donc, il faut demeurer
vigilant et ne pas écrire, en
français, «une addresse» ni «les
chroniques linguistiques
s'addressent à tous».
« Affecter »
Certains mots ont été si bien
admis ou reconnus par l'usage
qu'on en arrive à les utiliser sans
retenue.
Prenons pour exemple le verbe
affecter au sens de «produire un
effet sur». À la lumière de la
documentation consultée, il
semble que les experts ne
s'accordent pas sur cette dernière
acception. Si certains l'ignorent,
d'autres la dénoncent. Pour ces
derniers, affecter, en ce sens,
appartiendrait au domaine
physiologique ou psychique (Le
départ de son ami l'a beaucoup
affectée).
En revanche, par souci de
diversité et de précision, notons
qu'il existe une gamme
d'équivalents pour nuancer la
pensée. En voici quelques-uns:
Affaiblir (les facultés, etc.)
Atteindre, toucher, viser (une
personne, un service, etc.)
Avoir des répercussions sur
(les négociations, etc.)
Bouleverser (des familles, etc.)
Compromettre, nuire à (une
activité, un programme, etc.)
Entraver (des travaux, etc.)
Faire grimper (des prix, etc.)
Frapper (des régions, etc.)
Fausser, influencer, influer
sur, modifier (un résultat, des
données, etc.)
Mettre en péril (la sécurité des
travailleurs, etc.)
Porter atteinte à (une
réputation, etc.)
Souffrir (du froid, de la chaleur,
etc.)
« Agression »
C'est commettre un anglicisme
que d'employer le mot «assaut»
au sens d'agression. En effet, si
l'anglais assault a les deux sens,
le mot français assaut est
principalement un terme d'art
militaire et désigne la partie finale
d'une attaque.
Le mot s'emploie aussi au figuré
pour illustrer des forces qui
semblent livrer combat: «Les
assauts des vagues contre la
falaise produisent un grondement
sourd.» Ainsi, un salarié ne peut
être congédié pour «assaut» sur la
personne d'un collègue; on devrait
parler d'agression ou de voies
de fait.
Anglicismes
« Alternative »
Une alternative, selon Le Petit
Robert, est une «situation dans
laquelle il n'est que deux partis
possibles». Par exemple, un
travailleur, en raison de
problèmes d'ordre financier,
pourrait être dans l'alternative
suivante: ou bien essayer de
réduire le plus possible ses
dépenses, ou bien effectuer des
heures supplémentaires pour son
employeur.
Sous l'influence de l'anglais, on
rencontre souvent des emplois de
ce mot tels que: «Il faut trouver
des alternatives à ce problème.»
Dans ce sens, il faut parler de
solutions de remplacement, de
solutions de rechange, d'autres
possibilités, etc.
« Balance »
Le mot «balance», dans les
expressions «balance des
inconvénients», «balance des
probabilités» et «balance de la
preuve», constitue un anglicisme
qu'il est possible d'éviter en le
remplaçant notamment par le mot
prépondérance. Il faut toutefois
prendre certaines précautions.
En effet, le mot «balance» fait
image en nous rappelant
l'instrument de pesage, et c'est la
raison pour laquelle, même si
l'expression est erronée, on a en
quelque sorte raison de dire que
cette supposée balance «penche»
en faveur de l'une ou l'autre des
parties en présence. Il n'en va pas
de même de la prépondérance,
qui est la qualité de ce qui a plus
de poids comparativement à autre
chose. On ne peut donc pas dire,
par exemple, que «la
prépondérance des inconvénients
penche en faveur de l'employeur».
Ce que l'on cherche à savoir dans
ce cas précis, c'est si les
inconvénients que subira une
partie sont plus graves (ou
prépondérants) par rapport à ceux
que pourrait subir l'autre. De la
même façon, ce n'est pas la
prépondérance de la preuve qui
démontre quelque chose, mais
bien la preuve elle même...
surtout si elle est prépondérante.
On dira donc: «Le plaignant a
démontré par une preuve
prépondérante...» au lieu de «La
prépondérance de la preuve
penche en faveur du plaignant».
« Canceller »
Commençons l'année du bon pied
en pourfendant un autre
anglicisme bien ancré dans nos
habitudes: le verbe «canceller»
(to cancel). Plusieurs seront
surpris d'apprendre que ce mot
n'existe absolument pas en
français -- et n'a jamais existé non
plus. Reste à espérer qu'il
n'existera jamais: une pléthore de
verbes bien français nous
dispensent en effet de cet
inégant emprunt:
annuler une réunion,
une commande;
contremander un
ordre;
décommander un taxi;
résilier, dénoncer un
contrat;
révoquer un acte
juridique.
Il va sans dire que le substantif
«cancellation» doit aussi être
banni au profit des substantifs
dérivés des verbes qui précèdent.
« Clérical »
L'adjectif «clérical» signifie «relatif
au clergé», en français. On ne
peut donc parler de travail clérical,
d'un employé clérical ou d'une
erreur cléricale lorsque le contexte
n'est pas du tout ecclésiastique.
Les expressions correctes sont:
du travail de bureau;
un employé de bureau;
une erreur matérielle,
d'écriture ou de
transcription.
« Concerner »
C'est sous l'influence de l'anglais
que s'est répandue l'utilisation au
passif et au participe passé du
verbe concerner, nous dit le
Nouveau Petit Robert (qui n'en
cite pas moins Albert Camus, ce
qui prouve bien que nul n'est à
l'abri de ce genre de faute). Les
tournures auxquelles cela donne
lieu ne sont donc pas des plus
heureuses.
Au premier chef, l'affreuse
expression «en autant que je suis
concerné», calque de l'anglais
insofar as I am concerned, devrait
être remplacée par en ce qui me
concerne, pour ma part, quant
à moi, à mon avis, etc.
De même, il vaudrait mieux parler
des personnes touchées,
intéressées ou visées par une
directive, une sentence ou autre
chose, et dire que l'on se sent
inquiet ou préoccupé plutôt que
«concerné» par le taux de
chômage.
« Conjoint »
L'adjectif conjoint s'emploie en
parlant d'une chose liée, unie,
reliée à une autre. Il ne signifie
pas «partagé par plusieur
comme son équivalent anglais
joint. Les autres sens de joint se
traduisent autrement en français.
On commet un anglicisme
lorsqu'on parle, par exemple, de
«comité conjoint» (joint
committee) pour désigner un
comité où siègent ensemble des
représentants patronaux et
syndicaux puisque le comité n'est
lui-même lié à rien d'autre. Il
s'agit en fait d'un comité mixte.
De même, une déclaration n'est
pas «conjointe», mais commune
ou collective; un compte
«conjoint» est en réalité un
compte en participation, et il
vaut mieux parler d'un
engagement solidaire plutôt que
«conjoint».
« Contrôler »
Le verbe contrôler signifie, en
français, «inspecter, surveiller au
nom d'une autorité, vérifier».
Malheureusement, l'utilisation à
toutes les sauces (anglaises,
évidemment) de ce verbe nous
prive d'une quantité d'autres
verbes bien français et tout à fait
pertinents.
En voici quelques-uns, parmi
lesquels on pourra choisir le plus
approprié selon le contexte:
Administrer une entreprise
Arrêter une épidémie
Commander une manœuvre
Conduire une machine
Diriger une usine
Dominer ses sentiments
Enrayer l'inflation
Gérer un service
Gouverner un pays
Maîtriser sa colère, son véhicule, un incendie
Régir un secteur d'activité
Régler la circulation
Réprimer une manifestation.
Anglicismes
« Défaut de »
L'expression défaut de, si elle
est parfaitement correcte
lorsqu'elle a un nom pour
complément («à défaut de
preuves, le salarié a été
acquitté»), est à proscrire
lorsqu'elle est suivie d'un verbe à
l'infinitif («le salarié a fait défaut
de contester à temps la décision
de la CSST»). Il s'agit alors, en
effet, d'un calque de l'expression
anglaise failure to.
On peut remplacer «faire défaut
de» ou «à défaut de» par l'une ou
l'autre des tournures suivantes:
ne pas, manquer à l'obligation
de, faute de, omettre de.
Notons par ailleurs que
l'expression faire défaut
s'emploie très bien sans
complément, au sens de
«manquer»: «la main-d’œuvre
spécialisée nous fait actuellement
défaut».
« Discipline »
En droit du travail, le principe qui
veut que l'on impose à un salarié
fautif des mesures disciplinaires à
la sévérité croissante avant d'en
venir au congédiement s'appelle le
principe de la progressivité, de
la progression ou de la
gradation des sanctions ou des
mesures disciplinaires. On ne
saurait parler de «principe de
discipline progressive» sans
commettre un anglicisme, inspiré
de l'expression anglaise
progressive discipline approach.
En français, le mot discipline a
deux sens principaux : 1)
Ensemble des règles qui régissent
le comportement des individus
dans une organisation: «Ce
professeur fait régner la discipline
dans sa classe»; 2) Branche
d'études ou de connaissances: «Il
enseigne plusieurs disciplines
connexes.» Comme on le voit, la
discipline ne peut en aucun cas
être «progressive» : elle est ou
elle n'est pas.
Par ailleurs, le verbe discipliner
signifie, entre autres choses:
donner à quelqu'un le sens de
l'ordre, du devoir, de l'obéissance
à des règles. Il ne faut donc pas
l'utiliser au sens de punir,
d'imposer une sanction,
également emprunté à l'anglais to
discipline.
« Drastique » et « draconien »
Les dirigeants d'entreprise
décident parfois d'adopter des
mesures (drastiques ou
draconiennes ?), qui ne servent
au bout du compte qu'à inquiéter
le personnel et non à améliorer le
rendement. Dans l'exemple
précédent, on écrira de préférence
des mesures draconiennes.
L'adjectif «draconien» signifie
«d'une excessive sévérité», est
synonyme de «radical»,
«énergique», «rigoureux» et tire
son origine du nom de Dracon,
législateur d'Athènes réputé pour
sa sévérité.
L'adjectif «drastique» se rapporte
à la médecine et signifie «qui
exerce une action très puissante».
En ce sens, on peut parler de
«purgatif drastique». Toutefois, on
commet un anglicisme lorsqu'on
qualifie des mesures, des lois ou
des moyens de drastiques.
« Dommages »
En français, le terme dommages
désigne exclusivement le
préjudice subi par quelqu'un.
C'est, semble-t-il, sous l'influence
de l'anglais damages que l'on a
accordé au mot «dommage» le
sens d'«indemnité». «Réclamer
des dommages» équivaut donc à
demander un préjudice, ce qui
n'est généralement pas le but visé
par une poursuite !
Les sommes demandées ou
accordées en compensation des
dommages subis par une
personne sont en fait des
dommages-intérêts, des
dommages et intérêts ou, tout
simplement, des indemnités.
Les «dommages exemplaire
prévus dans le cas d'une violation
délibérée des chartes des droits de
la personne ne devraient pas
échapper à cette règle: il faudrait
parler de dommages-intérêts
exemplaires.
« Élaborer »
En français, le verbe élaborer n'a
que deux sens : 10 préparer par
un long travail intellectuel :
«élaborer un projet de loi, un
plan, un ouvrage»; 20 (en parlant
d'un organisme vivant) assimiler
ou transformer une substance :
«le foie élabore la bile, le rein
élabore l'urine, l'arbre élabore la
sève».
C'est un verbe transitif qui,
contrairement à son équivalent
anglais, elaborate, ne s'emploie
jamais absolument (c'est-à-dire
sans complément direct ou
indirect).
C'est ainsi que nous commettons
un anglicisme chaque fois que
nous disons : Il n'a pas voulu
«élaborer» au lieu de préciser sa
pensée, développer, s'étendre
-dessus, s'expliquer. De plus,
le participe passé du verbe
élaborer ne s'emploie pas comme
adjectif.
C'est sous l'influence de l'anglais
que nous qualifions d'«élaborés»
un travail soigné, fini, détaillé,
un style travaillé, un outil
complexe, une cuisine raffinée,
une oeuvre fouillée, une coiffure
compliquée.
« Émettre »
En français, le verbe émettre
signifie «produire au-dehors,
mettre en circulation, exprimer».
Par exemple: Émettre des signaux
ou un son; émettre un chèque,
des billets de banque, une
nouvelle pièce de monnaie;
émettre un souhait, une opinion,
une hypothèse.
Par ailleurs, sous l'influence de
l'anglais («to issue»), on emploie
fréquemment ce verbe de manière
fautive. Voici une liste
d'expressions correctes dans
lesquelles on évitera de substituer
le verbe émettre au verbe
utiliser:
accorder, adresser ou
prononcer une injonction
délivrer un passeport, un
permis, un diplôme
donner, formuler ou
imposer des directives
lancer un mandat -
prendre ou rendre un
décret
produire un rapport
prononcer un verdict
publier un communiqué
remettre un reçu
rendre une ordonnance,
une décision.
Anglicismes
« Emphase »
Le mot emphase, en français, a
une connotation nettement
péjorative. S'exprimer avec
emphase, c'est pérorer, employer
un style déclamatoire et
grandiloquent. Emphase est aussi
synonyme d'affectation,
d'exagération (dans la
manifestation des sentiments).
L'expression «mettre l'emphase
sur» quelque chose est un calque
de l'anglais to lay emphasis on. Il
ne faut pas dire: «Le président a
mis l'emphase sur la performance
de l'entreprise», mais Le président
a mis l'accent, a fait ressortir,
a insisté sur la performance de
l'entreprise.
« Fausses représentations
» ou « faux prétexte »
Au Québec, il est courant d'utiliser
les expressions «fausses
représentations» ou «faux
prétexte» pour de mauvaises
raisons. Ainsi:
Elle a été accusée de fausses
représentations.
Son employeur l'a congédié sous
un faux prétexte.
Le témoin a fait de fausses
représentations.
Dans les phrases précédentes,
non seulement on altère le sens
des mots, mais on commet un
anglicisme (false pretences/under
false pretence/make false
representation, false pretences).
Il est préférable d'écrire:
Elle a été accusée de fraude,
d'abus de confiance.
Son employeur l'a congédsous
le prétexte de..., sous le faux
motif de..., sous des prétextes
fallacieux.
Le témoin a fait des
déclarations mensongères, a
déguisé la vérité, a trompé le
tribunal.
« Favoriser »
On peut utiliser le verbe favoriser
dans le sens suivant: «contribuer
à la progression, au
développement de (une chose)»
(par ex.: Le directeur favorise la
promotion de ce programme
d'enseignement.), ou encore dans
ce sens: «accorder un traitement
de faveur à (une personne)» (par
ex.: L'examinatrice a favori
cette candidate.).
Toutefois, on évitera de confondre
le verbe favoriser avec les termes
préconiser, prôner, recommander
et préférer. Ainsi, il est incorrect
d'écrire: favoriser telle méthode,
tel remède, etc., car il s'agit d'un
emprunt à l'anglais (to favor such
method, remedy).
« Heures supplémentaires »
Les heures de travail effectuées
en sus ou en dehors des heures
normales sont des heures
supplémentaires.
Les anglicismes «temps
supplémentaire» et «surtemps»
(overtime) sont à éviter à toute
heure et en tout temps.
« Initier »
En français, on ne peut «initier
quelque chose» comme en anglais
(to initiate something). On peut
cependant initier quelqu'un à une
religion, à un secret, à une
méthode de travail. On peut
également s'initier à un métier, à
une technique, à une profession.
En français correct, on lance une
opération, un programme; on
ouvre un dossier; on inaugure
une politique nouvelle; on
entame des négociations, une
poursuite, des pourparlers; et on
prend l'initiative d'une
démarche.
« Justifier de »
L'emploi de l'expression «justifié
de» dans le cas de personnes
constitue un anglicisme.
Il faut écrire: «L'employeur était
fondé à imposer cette mesure au
salarié», et non était justifié
d' imposer. Toutefois, on peut
écrire: «Cette mesure était
justifiée», car il s'agit ici d'une
chose.
Sur le plan administratif ou
juridique, justifier de (qqch.)
signifie faire, apporter ou donner
la preuve. «Il a justifié de son
identité en montrant ses papiers.»
« Ligne »
Si le mot anglais line traduit
adéquatement la plupart des
acceptions françaises du mot
ligne, la réciproque n'est pas
vraie : on utilise à tort ce terme
dans plusieurs expressions
calquées sur l'anglais. Voici les
plus fréquentes, avec les
expressions correctes qui
devraient les remplacer :
Au téléphone
« avoir en ligne » : au bout du fil,
au téléphone, être en
communication
« gardez la ligne » : ne quittez
pas
« ouvrir, fermer la ligne » :
décrocher ou raccrocher (le
récepteur)
« être sur la ligne » : être à
l'écoute
Travail
« ligne de montage, de
production » : chaîne de montage
ou de production
Commerce, affaires
« ligne de crédit » : marge de
crédit
« ligne de produits » : série,
modèle, collection, type, sorte,
gamme de produits
Quant à l'expression « ligne de
piquetage », utilisée surtout au
Québec, elle est tout à fait
acceptable au sens de piquet de
grève, selon l'Office de la langue
française.
« Loger »
En français, le verbe loger a
principalement trait à la demeure
d'une personne: soit qu'elle habite
en un endroit, soit qu'elle héberge
quelqu'un. Ce verbe n'a
absolument pas le sens de son
faux ami to lodge. Par
conséquent, on ne «loge» pas un
grief, une plainte ou une
réclamation: on les pose, on
les présente, on les formule, ou
encore on porte plainte.
Il en va ainsi des appels: on
interjette appel d'une décision ou
d'un jugement et on fait un appel
téléphonique.
Anglicismes
« Monétaire »
L'adjectif «monétaire» signifie
«qui a rapport à la monnaie (d'un
pays)» et non, comme l'anglais
monetary, «relatif à l'argent».
On dira donc d'une entreprise
qu'elle a fermé ses portes pour
des raisons financières ou
pécuniaires, mais jamais pour
des raisons monétaires.
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