
Anglicismes
« À l'effet que »
La locution «à l'effet que» n'est
pas française; il s'agit d'un calque
de l'anglais to the effect that. Cet
emprunt est inutile puisqu'il existe
en français de nombreux
équivalents: selon lequel ou
laquelle, voulant que,
indiquant que, disant que, à
savoir que, etc.
On peut aussi remplacer la
proposition qui suit «à l'effet que»
par un complément déterminatif.
Exemple: La nouvelle de sa
démission n'est pas confirmée. (À
la place de: La nouvelle à l'effet
qu'il a démissionné n'est pas
confirmée.)
En retour, la locution prépositive à
l'effet de est française et signifie:
«pour, afin de, dans le but de,
dans l'intention de». Cette
expression n'est guère usitée
qu'en style de procédure pour
marquer un sens final. Exemple: Il
a eu recours aux services d'un
avocat à l'effet de régler ce
différend.
Quant à la locution à cet effet,
elle est également correcte et
signifie: «en vue de quoi, dans
cette intention». Exemple:
L'entreprise veut promouvoir ses
produits; à cet effet, elle y
consacre d'importantes
ressources.
Il faut toutefois noter que
l'expression à cet effet ne peut
s'employer pour signifier «selon
cette manière de penser, selon
cette façon de voir les choses»;
pour traduire cette idée, on
utilisera l'expression en ce sens
ou dans ce sens. Exemple: À
l'instar de son collègue, qui a
démontré que l'avenir de
l'Université dépend de l'attention
qu'elle accordera au virage
technologique, le professeur a pris
position en ce sens.
« Actif »
Le mot actif, dans le langage
commercial et financier, est un
terme dit collectif, c'est-à-dire
qu'il désigne un ensemble de
choses ou de personnes en
l'occurrence, l'ensemble de ce que
possède quelqu'un, ses éléments
d'actif, par opposition au passif,
qui désigne l'ensemble de ses
dettes. Il s'agit par ailleurs d'un
nom collectif singulier : il ne
s'utilise pas au pluriel.
En anglais, ces termes se
traduisent par des noms collectifs
pluriels (assets et liabilities), et
c'est probablement sous cette
influence que l'on parle
erronément «des actifs» de
quelqu'un au lieu de son actif
(alors que, étrangement, on n'a
jamais commis la même erreur en
parlant du passif, que l'on voit
toujours au singulier).
Il existe ainsi quelques noms
collectifs toujours singuliers en
français, que l'on ne devrait donc
jamais utiliser au pluriel. C'est le
cas notamment des vocables
effectif, procédure et politique.
« Adresse » et « adresser »
Sans cesse à l'affût de l'anglicisme
-- flagrant ou sournois --, nous
avons décelé au moins trois
risques, en français, au sujet des
mots adresse et adresser.
Tout d'abord, une «adresse» n'est
jamais une allocution ou un
discours, contrairement à l'anglais
(the president gave a television
address). En français, si quelqu'un
donne une adresse, il s'agira de
son nom et de l'endroit où se
trouve son domicile, de son
adresse électronique, de
renseignements permettant de
situer un bon restaurant, etc.
Ensuite, si l'on peut adresser une
remarque au chauffeur de
l'autobus, adresser une carte
d'anniversaire à un collègue ou
adresser une cliente mécontente
au superviseur, il faut absolument
éviter de calquer l'anglais et
d'«adresser un problème ou une
question». On s'attaque à un
problème, on le considère; on
aborde une question, on
l'examine; on se penche sur le
point en litige; etc. Les
synonymes ne manquent pas!
Enfin, comme si cela ne suffisait
pas, on doit se méfier de
l'orthographe. L'anglais, en effet,
qui nous a emprunté le mot
«adresse», a notamment ajouté
un «d» à sa graphie, pour des
raisons... sans doute valables et
que nous n'aborderons pas pour
l'instant. Donc, il faut demeurer
vigilant et ne pas écrire, en
français, «une addresse» ni «les
chroniques linguistiques
s'addressent à tous».
« Affecter »
Certains mots ont été si bien
admis ou reconnus par l'usage
qu'on en arrive à les utiliser sans
retenue.
Prenons pour exemple le verbe
affecter au sens de «produire un
effet sur». À la lumière de la
documentation consultée, il
semble que les experts ne
s'accordent pas sur cette dernière
acception. Si certains l'ignorent,
d'autres la dénoncent. Pour ces
derniers, affecter, en ce sens,
appartiendrait au domaine
physiologique ou psychique (Le
départ de son ami l'a beaucoup
affectée).
En revanche, par souci de
diversité et de précision, notons
qu'il existe une gamme
d'équivalents pour nuancer la
pensée. En voici quelques-uns:
Affaiblir (les facultés, etc.)
Atteindre, toucher, viser (une
personne, un service, etc.)
Avoir des répercussions sur
(les négociations, etc.)
Bouleverser (des familles, etc.)
Compromettre, nuire à (une
activité, un programme, etc.)
Entraver (des travaux, etc.)
Faire grimper (des prix, etc.)
Frapper (des régions, etc.)
Fausser, influencer, influer
sur, modifier (un résultat, des
données, etc.)
Mettre en péril (la sécurité des
travailleurs, etc.)
Porter atteinte à (une
réputation, etc.)
Souffrir (du froid, de la chaleur,
etc.)
« Agression »
C'est commettre un anglicisme
que d'employer le mot «assaut»
au sens d'agression. En effet, si
l'anglais assault a les deux sens,
le mot français assaut est
principalement un terme d'art
militaire et désigne la partie finale
d'une attaque.
Le mot s'emploie aussi au figuré
pour illustrer des forces qui
semblent livrer combat: «Les
assauts des vagues contre la
falaise produisent un grondement
sourd.» Ainsi, un salarié ne peut
être congédié pour «assaut» sur la
personne d'un collègue; on devrait
parler d'agression ou de voies
de fait.
Anglicismes
« Alternative »
Une alternative, selon Le Petit
Robert, est une «situation dans