Le 23 septembre 2010 Panorama des religions : de l`esprit de

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Odon Vallet : panorama des religions.
Le 23 septembre 2010
Panorama des religions :
de l'esprit de clocher au village planétaire
d’après la conférence d'Odon Vallet, historien des religions.
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Il n'existe pas de définition universelle du mot religion.
Pour certains, il viendrait du latin religare qui signifie relier, la religion étant le moyen
privilégié qu'ont les hommes de se lier entre eux en se liant aux dieux. Pour d'autres, il
viendrait du latin religere qui signifie recueillir, mettre ensemble. Les religions de l'écrit ont
bien sûr des recueils sacrés mais il s'agit aussi du recueillement intérieur.
En grec, la religion se dit therapeia : ce sont les soins que les hommes faisaient aux dieux
(sacrifices, culte des autels...). Les dieux en retour, devaient prendre soin des hommes. C'est
la dimension thérapeutique de la religion.
En chinois, religion se dit jiao qui veut dire enseignement. La religion est une affaire
d'éducation, de transmission du savoir.
En Afrique, on utilise le mot ebassi, qui est le fichu dont les femmes devaient se couvrir la
tête, à la demande des missionnaires, pour entrer dans les églises.
La conception de la religion n'est pas la même suivant les continents. Chacun retient une
dimension de la religion, ce qui explique qu'il y ait des désaccords. Mais personne n'a la vérité
toute entière.
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Odon Vallet : panorama des religions.
I/ Panorama des religions.
Il faut être prudent avec les statistiques. En effet, la liberté d'expression n'est pas possible dans
tous les pays et en Arabie Saoudite, par exemple, on n'a pas le droit de dire qu'on est athée.
L'autre difficulté pour compter vient du fait que certaines religions se transmettent (on devient
juif par sa mère, musulman par son père) et d'autres s'acquièrent par un acte volontaire comme
le bouddhisme ou le christianisme. encore, il faut nuancer. Pour les chrétiens, on recense
tous les baptisés. Or, les évangélistes ne baptisent qu'à l'âge adulte. On sous-estime donc
certainement leur nombre puisque les enfants ne sont pas comptés.
1 Le christianisme
Avec 2 milliards de baptisés, le christianisme est la première religion au monde. Un peu
moins d'un être sur 3 dans le monde est baptisé. Ce chiffre reste stable à l'échelle planétaire. Il
faut distinguer :
- l'orthodoxie (200 millions de personnes dans le monde). C'est une religion en recul car elle a
connu les persécutions par le communisme et parce que les pays orthodoxes qui avaient peu
de colonies ont moins "exporté" leur religion ;
- le catholicisme (1 milliard 200 millions de personnes dans le monde). C'est la même
proportion qu'au début du XXe siècle mais il y a des différences. En 1939, les trois premiers
pays catholiques du monde étaient la France, l'Italie et l'Allemagne. Aujourd'hui, ce sont le
Brésil, le Mexique, les Philippines suivis des Etats-Unis. La démographie à elle seule
explique en partie pourquoi les pays les plus catholiques sont situés en dehors de l'Europe qui
connait, elle, un faible taux de natalité. La France qu'on appelait il y a cent « la fille aînée de
l'Eglise » n'est plus aujourd'hui qu'à la 6e place. Mais tout n'est pas dans les chiffres. La
France a joué un rôle essentiel sur le plan spirituel et intellectuel et notamment pour le concile
Vatican II ;
- le protestantisme (600 millions de personnes dans le monde). Les quatre premiers pays
protestants dans le monde sont les Etats-Unis, le Nigéria puis l'Allemagne à égalité avec la
Grande-Bretagne. En Corée, il y a autant de chrétiens protestants que de bouddhistes.
On note un déclin des églises historiques calvinistes et luthériennes et un développement des
nouvelles églises pentecôtistes et baptistes notamment en Afrique.
Dieu a changé d'adresse ! Le nombre de chrétiens a peu varié ; ce qui a évolué, c'est leur
répartition sur la planète.
2 L'islam
Avec 1,3 milliards de musulmans, l'islam est la deuxième religion au monde. Les pays
musulmans connaissant un fort taux de natalité, c'est une religion en progression. En 1939, les
trois premiers pays musulmans étaient, grâce à leurs empires coloniaux, la Grande-Bretagne,
les Pays-Bas et la France. Aujourd'hui, les quatre premiers pays musulmans du monde
(l'Indonésie, le Pakistan, le Bangladesh et l'Inde) sont tous situés à l'est de l'Indus ou sur les
rives de ce fleuve, qui marque la principale frontière religieuse du monde : à son couchant
naquirent les religions issues des prophètes du dieu unique (judaïsme, christianisme, islam) et,
à son levant, les religions engendrées par des maîtres d'une spiritualité plurielle (hindouisme,
bouddhisme, taoïsme, shintoïsme). Aujourd'hui, l'islam progresse de plus en plus en Extrême-
Orient. Seul un musulman sur six est arabophone même si tout fidèle de l'islam, quel que soit
son pays, a la foi enracinée en Arabie (le prophète Mahomet était arabe, le Coran est écrit en
arabe, le pèlerinage de la Mecque).
Les sunnites représentent environ 85% des musulmans et les chiites (que l'on retrouve en Iran,
en Inde, au Pakistan) 15%.
L'islam, aujourd'hui, est présent sur les cinq continents.
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Odon Vallet : panorama des religions.
3 L'hindouisme
Avec ses 850 millions de fidèles, l'hindouisme reste avant tout la religion du sous-continent
indien. C'est la religion d'une civilisation : hindouisme et indianité sont inséparables.
L'hindouisme est le ciment de l'unité indienne.
4 Le bouddhisme
Avec ses 450 millions de fidèles, le bouddhisme est une religion en recul. En effet, il n'y a pas
plus de bouddhistes qu'en 1900 alors que la population mondiale a été multipliée par 6. On
retrouve les mêmes raisons que pour l'orthodoxie (les persécutions sous le communisme, et
les pays pratiquants n'avaient pas de colonies).
En dépit de sa popularité mondiale, le dalaï lama est le chef spirituel d'une école qui
représente à peine 2% des bouddhistes ; 98% des bouddhistes vivent en Asie c'est à la fois
une religion et une philosophie. Les spiritualités extrême-orientales, si elles séduisent les
Occidentaux, restent cependant confinées à leur région d'origine. Il est vrai aussi qu'elles
n'encouragent guère le prosélytisme.
5 L'animisme
Ce sont les religions qui ont des cultes de la Nature et qui se trouvent dans les sociétés de
l'oral essentiellement en Afrique et en Océanie. Avec 200 millions de fidèles, ces religions
sont en fort recul. Les religions de l'oral sont très vulnérables aux conversions.
6 Le sikhisme
Il y a environ 18 millions de sikhs et principalement en Inde. C'est une sorte de synthèse entre
l'islam et l'hindouisme.
7 Le judaïsme
Il représente 14 millions de personnes, comme en 1900. Religion en recul du fait des
persécutions et parce qu'elle n'est plus prosélyte aujourd'hui. Encore une fois, on ne peut
réduire une religion à des chiffres. Le judaïsme a donné au XXe siècle quelques-uns de ses
plus grands génies : Freud qui a révolutionné la psychanalyse, Einstein qui a révolutionné la
physique et Trigano qui avec son Club Med sur le modèle des kibboutz, a révolutionné les
loisirs !
Aujourd'hui, plus d'un terrien sur deux (les juifs, les chrétiens et les musulmans) se réfèrent au
père Abraham. La mondialisation des échanges a favorisé les religions issues d'Abraham.
II/ Ces religions favorisent-elles la coexistence pacifique ou l'affrontement ?
Aucune religion n'a le secret de la paix, ni le monopole de la guerre. Aucune religion
n'échappe non plus au fanatisme. Le christianisme a été tour à tour persécuté et persécuteur.
Le bouddhisme, qui est une religion pacifique, a eu aussi ses moines fanatiques. Il y a des
religions dont la genèse-même est liée à des événements militaires. La genèse du judaïsme
antique par exemple est liée à des événements violents : exode d'Egypte, lutte contre les
Philistins, exil à Babylone, guerre des Maccabées, guerre contre les Romains. La genèse de
l'islam est aussi assez militaire. Le Prophète a livrer trois grandes batailles contre les
polythéistes de la Mecque.
Il est dangereux de chercher dans les livres saints des intentions pacifiques ou belliqueuses.
Les textes sacrés ne sont pas univoques, tout dépend de leur interprétation.
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Odon Vallet : panorama des religions.
Aujourd'hui, il y a des faits nouveaux qui ont commencé ni en terre musulmane ni en terre
juive, mais dans les tranchées de la Somme. En 1917, la déclaration de Balfour promet un
foyer national juif en Palestine. Par le traité de Sèvres (1920), l'Empire ottoman qui avait été
l'allié des Allemands, est démantelé. Le traité de Saint-Germain va démembrer l'empire
austro-hongrois. Suite à tous ces traités, le Proche-Orient est devenu une poudrière qui
menace d'exploser.
Ce n'est pas la religion qui crée des conflits. Elle peut juste les exacerber. L'erreur
fondamentale a été de croire que l'on pouvait faire vivre ensemble des civilisations
concurrentes. Une seule terre pour deux peuples. La question palestinienne n'est pas glée.
Elle n'explique bien sûr pas tout, mais cette cause palestinienne est quand même pratiquement
le seul ciment d'unité de l'islamisme violent.
Mais il y a aussi d'autres causes comme les inégalités économiques et l'archaïsme de certaines
civilisations comme l'Afghanistan. Dans un tel contexte, il devient alors facile de prêcher le
djihâd ou guerre sainte.
Ce n'est pas la religion qui fait la guerre mais elle peut exalter soit la paix, soit la guerre selon
l'interprétation que l'on fait des textes sacrés.
De l'esprit de clocher au village planétaire, qu'est ce qui a changé ? C'est qu'autrefois, dans un
même pays, chacun avait la même religion. Aujourd'hui, avec la mondialisation des échanges,
on a dans un même pays des gens de toutes les religions et il va bien falloir apprendre à vivre
ensemble.
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Bibliographie
Les enfants du miracle (Albin Michel 2009)
Dieu et le village planétaire (La Croix Bayard 2008)
Les spiritualités indiennes (Gallimard 2007)
Dieu n’est pas mort…mais il est un peu malade (Bayard 2007)
Les religions dans le monde (Flammarion 2006)
Livre sur Odon Vallet :
Odon Vallet, biographie philanthropique (Democratic books 2010)
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