Un cycle d'activité analogue à celui du Soleil découvert dans une étoile lointaine
Grâce aux données du satellite CoRoT (Convection, Rotations et Transits planétaires) du
CNES, une équipe internationale1, incluant des chercheurs français du CEA, de
l'Observatoire de Midi-Pyrénées et de l'Observatoire de Paris, décèle dans une étoile située à
100 années-lumière un cycle d'activité magnétique analogue à celui du Soleil. Ce résultat,
obtenu pour la première fois par la technique de sismologie stellaire, est publié le 27 août
2010 dans Science.
CoRoT s'intéresse aux oscillations des étoiles. À l'instar des instruments de musique, toutes les étoiles oscillent dans
différents modes, caractéristiques de leur structure sphérique. L'un des objectifs de la mission est de détecter ces
oscillations, et en particulier des oscillations analogues à celles observées dans le Soleil. La mesure de leur
fréquence, de leur l'amplitude et de leur durée de vie apporte des informations sur l'état physique interne de l'étoile.
Cette technique dite de « sismologie stellaire » présente l'avantage d'ausculter des étoiles lointaines, à des distances
bien supérieures à ce que permettent les techniques d'observation classiques.
Elle a ainsi permis aux auteurs de l'article d'analyser les variations au cours du temps de ces oscillations dans l'étoile
HD49933 située à 100 années-lumière dans la constellation de la Licorne, à l'est d'Orion. Les infimes variations de
leurs fréquences et de leurs amplitudes ont une périodicité d'environ 120 jours. Les scientifiques attribuent ces
variations à l'activité
magnétique qui entraîne des modifications dans la structure de l'étoile et en particulier dans la répartition des taches
stellaires en surface, comparables aux taches solaires. Bien que de tels phénomènes aient déjà été observés dans
certaines étoiles, c'est la première fois qu'ils le sont par la sismologie stellaire.
"Nous avons découvert un cycle d'activité magnétique sur cette étoile, semblable à ce que
nous observons dans le Soleil. Ceci nous permettra d'examiner potentiellement des centaines d'étoiles", explique
Jérôme Ballot, coauteur du papier.
Cette technique ouvre la voie à l'observation de l'activité magnétique de plusieurs centaines
d'autres étoiles. Elle aidera à mieux comprendre comment les cycles d'activité magnétique
diffèrent d'une étoile à l'autre et à percevoir les mécanismes qui les sous-tendent. L'enjeu est aussi de lever le voile
sur les processus qui régissent l'activité magnétique au coeur du Soleil, de mieux cerner les effets induits sur la
Terre comme un éventuel impact sur le climat, et d'améliorer les prévisions du cycle solaire et des orages
géomagnétiques, à l'origine d'importantes perturbations sur les réseaux électriques et de communication.
"Pour la première fois, la sismologie démontre sa capacité à fournir des outils pour accéder
aux indicateurs à long terme et à grande échelle de l'activité magnétique. Ce résultat pionnier sera complété par les
missions actuelles et futures", explique Annie Baglin, coauteur du papier et responsable scientifique de la mission
CoRoT au Laboratoire d'Etudes Spatiales et d'Instrumentation en Astrophysique de l'Observatoire de Paris.
L'équipe espère également comprendre comment les étoiles peuvent accueillir des planètes, en particulier celles qui
seraient capables d'abriter des formes de vie. " Comprendre l'activité des étoiles abritant des planètes sera
nécessaire parce que les conditions magnétiques à la surface de l'étoile pourraient influer sur la zone où la vie
pourrait se développer", explique Rafael Garcia, auteur principal de l'étude et chercheur au CEA.
Les scientifiques ont examiné 187 jours de données recueillies par CoRoT, réparties sur deux périodes distantes
d'un an.
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