Jardiner à l’école : Jardin et biodiversité De l’éducation à l’environnement à une éducation au développement durable Le jardin est un lieu délimité créé par l’homme où celui-ci reproduit et structure un environnement naturel particulier pour ses besoins, ses goûts esthétiques mais aussi pour le lien social. Le jardin à l’école peut donc être un lieu privilégié d’éducation à l’environnement et à la citoyenneté. Mais pour qu’il puisse devenir un lieu d’éducation au développement durable, il faut amener les élèves à pratiquer, expérimenter, s’interroger pour savoir comment devenir des jardiniers responsables et engagés, comment faire en sorte que le jardin reste ou devienne un lieu de ressources naturelles, paysagères, culturelles et patrimoniales. 1.« Jardiner à l’école » dans les programmes Cours préparatoire et Cours élémentaire première année - Découvrir le monde du vivant Les caractéristiques du vivant et les interactions entre les êtres vivants et leur environnement Découvrir ce qui caractérise le vivant lors de semis et de plantation de végétaux en classe et dans le jardin. Prendre conscience des besoins vitaux de ces végétaux. Observer le développement de quelques végétaux, de la graine au fruit à travers la pratique de plantations. Identifier quelques êtres vivants qui peuplent le jardin. Observer quelques relations entre êtres vivants du jardin. Identifier les régimes alimentaires de quelques animaux du jardin puis classer leurs relations alimentaires (un végétal mangé par un animal, un animal mangé par un autre animal). Prendre conscience que les animaux dépendent des plantes pour se nourrir. Respect de l’environnement Savoir que respecter les êtres vivants passe par le respect de l’environnement dans lequel ils vivent : savoir quelles actions humaines peuvent modifier ou détruire l’environnement et l’équilibre naturel du jardin. Être sensibilisé aux déchets produits au cours d’une journée, à l’école, à la maison ; créer un compost avec les déchets organiques. Être sensibilisé à l’importance de l’eau et à la nécessité de l’économiser ; connaître des solutions pour ne pas gaspiller l’eau dans le jardin. - Découvrir le monde de la matière et des objets Changements d’états de la matière Connaître les états liquide et solide de l’eau dans la nature et en relation avec certains phénomènes météorologiques observés (formation de glace, neige, grêle, brouillard) ; les observer dans le jardin et constater leurs effets sur les êtres vivants et les objets du jardin. - Se repérer dans l’espace et le temps Représentations simples de l’espace : la représentation du jardin lors de son aménagement, de la programmation des plantations, de sa présentation ou pour un circuit de visites… sous forme de dessins et plans légendés. Comparaison avec d’autres milieux et espaces plus lointains : Décrire et comparer jardin et prairie, jardin et champs, jardin de l’école et jardin public ou jardin partagé ; connaître différents types de jardins et leurs utilisations. Formes usuelles de représentation de l’espace : Faire découvrir le jardin à l’aide de photographies, plans, légendes intégrés dans un panneau, sur un CD, sur un site numérique ou dans un film. Repères temporels : Suivre l’évolution des semis, des plantations, des présences animales suivant les saisons, à l’aide d’un calendrier, d’un carnet d’observation annoté régulièrement au cours de l’année. Évolution des modes de vie : Comparer l’utilisation du jardin, les méthodes de jardinage, les outils utilisés à l’époque de ses grands-parents et aujourd’hui. Cours élémentaire deuxième année- Cours Moyen - Éléments de connaissances et de compétences sur la matière Les déchets : réduire, réutiliser, recycler (CE2) les déchets organiques en compostant. L’eau, une ressource, le maintien de sa qualité pour ses utilisations (CM1)/l’eau à utiliser dans les jardins. - Éléments de connaissances et de compétences sur l’unité et la diversité du vivant Présentation de la biodiversité (CM) Rechercher des différences et des ressemblances entre espèces vivantes du jardin (insectes, oiseaux, mollusques, petits mammifères). Proposer des tris en fonction des différentes caractéristiques mises en évidence, justifier ses choix. Constater la biodiversité animale et végétale du jardin (CM2) Présentation de la classification du vivant (CM2) À partir de 3 ou 4 espèces d’animaux et de végétaux du jardin, approcher la notion de caractère commun avec le support de schémas simples (ensembles emboîtés) puis interpréter les ressemblances et les différences en terme de parenté. Les stades du développement d’un être vivant (CE2) En privilégiant la pratique de plantations et d’élevages : construire le cycle de vie naturel d’un végétal (de la graine à la plante, de la fleur au fruit, du fruit à la graine) ; construire le cycle de vie d’un animal, étude de la croissance continue et de la croissance discontinue (un animal à métamorphose/insecte). Les conditions de développement des végétaux et des animaux (CM1) Mettre en évidence, par une pratique de l’expérimentation, les besoins d’un végétal en eau, lumière, sels minéraux, conditions de température. Identifier certaines conditions de développement des animaux (notamment celles liées au milieu). Connaître les conditions favorables au développement des végétaux et des animaux dans le jardin. Les modes de reproduction des êtres vivants (CM2) Distinguer les formes de reproduction végétale sexuée et asexuée. Pour la forme asexuée, identifier les organes responsables (tige, feuille, racine) et découvrir quelques techniques (marcottage, bouturage). -Éléments de connaissances et de compétences sur le fonctionnement du corps humain et la santé Hygiène et santé L’alimentation Connaître les actions bénéfiques ou nocives de nos comportements alimentaires Connaître les différentes catégories d’aliments, leur origine et comprendre l’importance de la variété alimentaire dans les repas. Prendre plaisir à jardiner et apprendre à apprécier les fruits et légumes cultivés dans un potager. Places et rôles des êtres vivants ; notions de chaînes et de réseaux alimentaires Établir des relations de prédation (CE2). Établir la notion de ressources alimentaires, de peuplement (CE2) Mobiliser ses connaissances pour mettre en évidence le rôle et la place des êtres vivants et leur interdépendance dans le jardin (CM1) Établir des chaînes et des réseaux alimentaires (CM1). L’adaptation des êtres vivants aux conditions du milieu (CM2) Associer les caractéristiques morphologiques et comportementales des animaux à leur adaptation au milieu (membres / déplacement, becs / alimentation, organes respiratoires / lieux de vie, migration / saisons…). 2. Ecologie et jardinage L'écologie est la science qui étudie les êtres vivants dans leur milieu et les interactions entre eux. Le terme écologie vient du grec oikos (maison, habitat) et logos (science) : c'est la science de la maison, de l'habitat. Il fut inventé en 1866 par Ernst Haeckel, biologiste allemand pro-darwiniste. Dans son ouvrage Morphologie générale des organismes, il désignait par ce terme « la science des relations des organismes avec le monde environnant, c'est-à-dire, dans un sens large, la science des conditions d'existence. » Une définition généralement admise, particulièrement utilisée en écologie humaine, consiste à définir l'écologie comme étant le rapport triangulaire entre les individus d'une espèce, l'activité organisée de cette espèce et l'environnement de cette activité. L'environnement est à la fois le produit et la condition de cette activité, et donc de la survie de l'espèce. Les éléments de l’environnement, tels que le sol, le sous-sol, le climat ou l’eau constituent le milieu dans lequel évoluent les êtres vivants, plantes, animaux et champignons ; c’est le biotope. L’ensemble des animaux (insectes, oiseaux, mammifères…) et des plantes (qui peuvent servir de refuge ou de nourriture aux animaux) dans un biotope constitue la biocénose. En écologie, un écosystème est l’interaction entre le biotope et la biocénose, qui établissent entre eux un réseau d’échanges qui permet le maintien et le développement des espèces animales et végétales. Le terme fut forgé par Arthur George Tansley en 1935 pour désigner l'unité de base de la nature. Unité dans laquelle les plantes, les animaux et l'habitat interagissent au sein du biotope. Dans l'écosystème, le rôle du sol est de fournir une diversité d'habitats, d'agir comme accumulateur, transformateur et milieu de transfert pour l'eau et les autres produits apportés. En 2004, les auteurs du rapport commandité par l'ONU et intitulé l'Évaluation des écosystèmes pour le millénaire, ont explicitement intégré la nécromasse en définissant un écosystème comme un « complexe dynamique composé de plantes, d’animaux, de micro-organismes et de la nature morte environnante agissant en interaction en tant qu’unité fonctionnelle ». La biomasse est le terme qui, en écologie, désigne la masse totale d'organismes vivants dans un biotope déterminé à un moment donné. Elle peut être estimée par unité de surface s'il s'agit d'un milieu terrestre ou bien par unité de volume s'il s'agit d'un milieu aquatique. Par extension, on appelle aussi biomasse la quantité d'individus de chaque étape de la chaîne alimentaire nécessaire pour que le mangeur final prenne une unité de poids. Dans un écosystème naturel, la biomasse est stabilisée à chaque niveau grâce aux interactions avec les autres niveaux. Un écosystème naturel est …naturellement équilibré…durable. 2.1. Le jardin est un véritable écosystème : Sans l’intervention humaine donc, sous un climat et sur un type de sol donné, une végétation associée à une faune riche et diversifiée s’établit. Il s’agit d’un écosystème naturel. Par sa présence et son implication dans le jardin, le jardinier agit à la fois sur le biotope, en modifiant les conditions naturelles de l’environnement, et sur la biocénose, en apportant ou en éliminant des espèces végétales et animales. Le jardin est le résultat de l’action du jardinier : c’est un écosystème cultivé. Au jardin, comme dans un milieu naturel, des relations s'établissent entre les êtres vivants et tendent vers un équilibre. Des équilibres vont se créer entre les différentes plantes, entre les plantes et les êtres vivants, sans oublier ceux guidés par le jardinier, qui intervient pour modeler le jardin selon ses désirs. 2.2. Diversité des relations des habitants du jardin : • Le parasitisme s’établit quand une espèce dépend directement d’une autre, sans rien lui offrir en retour. Par exemple, le puceron se nourrit de la sève du rosier. • Certains animaux sont carnivores, et se nourrissent d’autres animaux, on parle alors de prédation. Les larves de coccinelles dévorent les pucerons par exemple. • La compétition est le cas le plus fréquent dans la nature, surtout entre espèces végétales. Il s’agit pour une espèce de se développer, si nécessaire au détriment d’une autre, pour utiliser au maximum les réserves de l’environnement (eau, lumière, éléments nutritifs). • La coopération (ou mutualisme) a lieu quand deux espèces interagissent pour des bénéfices mutuels. Les abeilles se nourrissent par exemple du nectar et d’une partie du pollen des fleurs; en contrepartie, elles assurent la pollinisation. • Le commensalisme définit le cas où une espèce tire profit d’une autre sans contrepartie pour cette dernière. Il ne s’agit cependant pas de parasitisme, puisque l’espèce opportuniste ne tire pas ses ressources en nourritures de la seconde plante. C’est le cas du liseron, qui utilise le rosier pour s’accrocher et profiter de la lumière. • L'amensalisme est une interaction biologique entre deux espèces différentes dans laquelle une espèce inhibe le développement de l'autre, par son comportement ou son métabolisme. C'est l’opposé du commensalisme. Il n’est pas suffisamment significatif pour exclure totalement une espèce au profit d’une autre, et ne peut être utilisé en lutte biologique. Chez les végétaux, l’amensalisme est souvent lié à des phénomènes d’allélopathie. Par exemple, la phacélie possède une biomasse importante qui concurrence la germination et le développement des herbes indésirables. • L’allélopathie désigne l’ensemble des relations biochimiques directes ou indirectes, positives ou négatives, entre une plante et un autre organisme au moyen de métabolites secondaires. Elle joue un rôle important dans la compétition aux ressources environnementales mais aussi un rôle de défense des plantes contre leurs prédateurs. Les feuilles de noyer sécrètent par exemple une toxine, qui lorsqu’elle est lessivée par la pluie et tombe sur le sol, empêche le développement de beaucoup de plantes herbacées: il réduit la compétition pour les ressources et augmente ainsi ses chances de développement. On nomme bioagresseurs les organismes qui nuisent aux végétaux des jardins. On compte parmi eux les insectes phytophages, les mollusques, les champignons, les bactéries et les virus, responsables de nombreux dégâts. Les mauvaises herbes peuvent aussi être considérées comme des bioagresseurs, par la concurrence (compétition) qu’elles exercent sur les plantes cultivées. A gauche, feuille de vigne contaminée par le champignon Plasmopara viticola, responsable du mildiou, et à droite, une feuille de concombre atteinte du virus de la mosaïque. 2.3. Diversité biologique ou biodiversité du jardin : La biodiversité désigne la diversité des organismes vivants, qui s'apprécie en considérant la diversité des espèces, celle des gènes au sein de chaque espèce, ainsi que l'organisation et la biodiversité répartition des écosystèmes. Le maintien de la biodiversité est une composante essentielle du développement durable (Journal officiel du 12 avril 2009). Le concept de « diversité biologique » est apparu dans les écrits de Thomas Lovejoy, biologiste américain, en 1980. Le terme « biodiversité » lui-même a été inventé en 1985, lors de la préparation du « National Forum on Biological Diversity », organisé par le « National Research Council » en 1986. Il a été repris dans le titre du compte rendu de ce forum, en 1988. Le Sommet de la terre à Rio de Janeiro, en 1992, a retenu une première définition du terme diversité biologique dans la convention sur la diversité biologique (CDB), première convention internationale, ratifiée par 190 pays à ce jour. L’usage du mot biodiversité est donc relativement récent mais la biodiversité est, elle, très ancienne puisqu’elle est le résultat de la longue histoire de la terre et de l’évolution du monde vivant qui s’étale sur plusieurs milliards d’années. La biodiversité est le tissu vivant de notre planète. Plus précisément, la biodiversité recouvre l’ensemble des milieux naturels et des formes de vie (plantes, animaux, champignons, bactéries, virus…) ainsi que toutes les relations et interactions qui existent, d’une part, entre les organismes vivants eux-mêmes, d’autre part, entre ces organismes et leurs milieux de vie. Nous autres humains appartenons à une espèce Homo sapiens - qui constitue l’un des fils de ce tissu. La notion même de biodiversité est complexe car elle comprend trois niveaux interdépendants : • • • la diversité des milieux de vie à toutes les échelles : des océans, prairies, forêts… au contenu des cellules (pensons aux parasites qui peuvent y vivre) en passant par la mare au fond de son jardin ou encore les espaces végétalisés en ville… ; la diversité des espèces (dont l’espèce humaine !) qui vivent dans ces milieux, qui interagissent entre elles (prédation, coopération, symbiose…) et qui interagissent avec leur milieu de vie ; la diversité des individus au sein de chaque espèce (autrement dit, nous sommes tous différents !). Les scientifiques parlent de diversité génétique. La biodiversité considère donc l’ensemble des êtres vivants qui occupent un milieu, ou niche écologique. Une niche écologique est une place occupée par une espèce dans un écosystème. Le terme concerne aussi bien l'habitat de cette espèce que le rôle qu'elle joue sur le plan trophique (régime alimentaire). C'est une partie d'un écosystème occupée par une seule espèce qui est parfaitement adaptée aux conditions écologiques qui y règnent. Une niche écologique ne se définit pas par l'emplacement géographique occupé par l'espèce mais par l'emplacement fonctionnel au sein de l'écosystème. On peut se placer à différents niveaux d’observation, depuis l’ensemble de la planète jusqu’à une minuscule flaque d’eau qui peut abriter plusieurs dizaines d’espèces d’algues ou de crustacés microscopiques. Quelque part entre ces deux extrêmes, le jardin constitue un très bon exemple de niche(s) écologique(s). La biodiversité du jardin est une richesse importante. Plus la diversité est importante, plus le système tend vers un équilibre. Les variétés (potagères, fruitières, ornementales) de plantes cultivées, mais aussi les animaux qui fréquentent le jardin sont les gages d’un jardin en bonne santé. Il constitue une assurance contre les éventuels changements de l’environnement et les agresseurs. 3. Pratiques et aménagements favorisant la biodiversité du jardin : 3.1. Les auxiliaires biologiques sont des animaux qui se nourrissent de ou parasitent les ennemis de nos cultures. Le hérisson et le carabe doré mangent les limaces ; la larve de coccinelle se régale de pucerons ; les araignées, les oiseaux, les crapauds, les musaraignes et d’autres apportent une aide précieuse au jardinier. Leur présence contribue à la régulation des populations de nuisibles au jardin. L’utilisation de pesticides contre les nuisibles peut atteindre aussi les auxiliaires risquant ainsi de rompre l’équilibre en construction. Favoriser l'accueil ou le maintien d'auxiliaires dans le jardin est le premier pas de la lutte biologique. On l'appelle la lutte biologique passive. Dès lors que le jardinier introduit des auxiliaires biologiques au jardin, on parle de protection biologique intégrée(PBI) ou encore de lutte biologique "active". 3.2. Les zones hôtes sont des lieux d’accueil où peut s’installer, se nourrir, se réfugier la faune auxiliaire. - Les haies variées et massifs champêtres sont des associations végétales de plusieurs espèces bien adaptées au sol et au climat, en accord avec le paysage naturel. Plus ce massif est varié, moins il sera vulnérable aux attaques des maladies, et plus il offrira un équilibre riche pour les oiseaux, insectes, sans oublier la qualité esthétique des différences de formes et de couleurs des fleurs, fruits et feuillages. De nombreuses espèces, attirées entre autres par les fleurs, les baies ou l’abri ainsi offert, peuvent élire domicile dans un massif champêtre : oiseaux, insectes, reptiles et autres petits mammifères, qui réguleront les populations d’insectes ravageurs du jardin. Selon les régions, on y trouve des rapaces diurnes et nocturnes (faucons, buses, éperviers, chouettes et hiboux), mais aussi des serpents (couleuvres, vipères) et petits carnassiers de l'ordre de mammifères : belettes, etc. Ces espèces carnivores protègent le jardin en mangeant les nuisibles (campagnols et autres souris), sans toucher aux cultures. Tous les passereaux, même les granivores, consomment des insectes, limitant la population d'insectes nuisibles dans les cultures. Les haies et massifs leur offrent un lieu de vie idéal en leur procurant baies, graines, insectes, larves… Les haies constituent même de véritables réserves d'auxiliaires qui peuvent protéger les cultures. - Les zones humides et aquatiques sont des milieux très favorables à l’installation et au maintien de la biodiversité. Parmi les milieux naturels, les marais sont ceux qui ont été le plus fortement dénaturés par l’homme. Malgré de vastes programmes de protection et de réhabilitation, ces écosystèmes uniques et irremplaçables restent menacés. Dès 1971, une conférence internationale (Ramsar, Iran) réunissait des naturalistes pour alerter l’opinion sur la nécessité de sauvegarder les milieux palustres et une convention a été ratifiée pour protéger ces habitats. Par la création de jardins aquatiques, en ville comme à la campagne, le jardinier participe à la sauvegarde de la biodiversité (faune et flore) des zones humides. Des plantes variées favorisent la présence d’une vie animale riche, qui permettra d’atteindre un équilibre biologique favorable au jardin d’eau. La présence d’une végétation exubérante, apportant abri et nourriture, est particulièrement utile pour les insectes auxiliaires du jardin. Les oiseaux sont très dépendants des zones humides. Ils trouvent dans le bassin et ses abords de quoi se désaltérer, se baigner, se nourrir et parfois nicher. Les batraciens, amphibiens et insectes (libellules) sont également intimement liés à la présence d’un réseau de zones humides stable et abondant. De très nombreuses espèces de ces groupes sont menacées, principalement en raison de la disparition de leur milieu. Les amphibiens peuvent s’aventurer loin du point d’eau pour chasser ou pour hiverner ; l’aménagement d’abris (tas de compost, bois mort, muret de pierres sèches…) peut les inciter à rester aux alentours du jardin. Dans un bassin bien aménagé, avec des zones de faible profondeur, des berges douces et des zones marécageuses, une abondante faune viendra spontanément s’établir. Les escargots, tritons, salamandres, grenouilles ou poissons participeront à la vie du bassin. En mangeant les algues et les insectes, ces animaux participent à l’équilibre naturel du bassin. - Les abris pour les auxiliaires durant l’hiver naturels (fagots de bois, tas de pierres ou rochers, hautes herbes…) ou fabriqués par le jardinier (refuge pour insectes, mangeoires pour oiseaux…). 4. Diversité des insectes dans le jardin : « utiles » et « nuisibles » 4.1. Les insectes utiles : L’une des principales actions des insectes «utiles » vivant dans le sol est de consommer de la matière organique morte qui est alors transformée. Ils font partie d’une chaîne permettant la transformation des débris végétaux en molécules disponibles pour les plantes. 4.2. Ceux qui aident : Certains insectes complètent l’action des bactéries, des champignons et des vers du sol pour décomposer la matière organique morte (débris végétaux morts ou petits insectes et animaux). La larve de cétoine en est un exemple. Elle apprécie la chaleur et la protection du compost dans lequel elle grignote les débris et favorise la transformation en humus. De nombreux asticots (larves de diptères) se développent dans le sol et fragmentent les débris morts sans présenter de menace pour les végétaux vivants. Il faut une bonne connaissance de ces larves pour discerner celles qui sont utiles des autres. Certains insectes de la litière sont des prédateurs utiles tels que les staphylins ou les carabes. 4.3. Ceux qui peuvent être des auxiliaires mais causent parfois quelques dégâts : Les perce-oreilles, sont des auxiliaires du jardinier car ils mangent des débris végétaux et aussi de petits insectes et des chenilles. Il est à noter que ces insectes sont de très bons parents, ce qui est très rare chez les insectes. Ils pondent et surveillent leurs œufs dans des cavités du sol, puis ils s’occupent des jeunes larves toujours dissimulés sous terre. Considérés à tort comme nuisibles car il leur arrive de consommer certains fruits blessés sur les arbres, les perce-oreilles méritent d’être accueillis au jardin. C’est aussi le cas de la courtilière. Cet insecte omnivore creuse des galeries et se nourrit de tout ce qu’il rencontre devant lui, débris végétaux, petits insectes et animaux morts mais aussi quelques fois des racines et tubercules. Leur pullulation dans les terres riches en humus (anciens marais) peut poser problème. La meilleure solution pour limiter leur nombre est de favoriser les auxiliaires (hérissons, musaraignes, carabes, staphylins…). Cet insecte très rapide et agile vous surprendra par sa taille (environ 7cm) ainsi que par la ressemblance de ses pattes avant avec celle d’une taupe. Les fourmis créent de vastes labyrinthes dans lesquelles elles abritent toute leur société. Ces galeries permettent l’aération du sol. De plus le travail des fourmis nettoie le jardin des cadavres de petits insectes. Cependant, les fourmis élèvent aussi des pucerons dont elles consomment le miellat. Elles éloignent alors les auxiliaires telles que les coccinelles, les syrphes ou les chrysopes. Pour les maintenir loin des colonies de pucerons, vous pouvez installer des colliers de glue autour des branches et troncs. Surveillez ces dispositifs fréquemment car lorsqu’une colonne de fourmis s’est engluée, les suivantes empruntent ce pont pour continuer leur travail auprès des pucerons. 5. Le jardinage responsable Le jardinier ne cherche pas à reproduire la nature. Cultiver des rosiers pour une floraison abondante et odorante ou des pommiers pour obtenir des pommes tous les ans n’a en effet rien de naturel ! Ce sont les objectifs du jardinier qui lui font rechercher un équilibre en sa faveur entre les plantes et leur environnement. Pour trouver un tel équilibre, respectueux de l’environnement, le jardinier devra être capable d’établir des seuils de tolérance pour les pertes liées aux agresseurs et chercher les méthodes de lutte qui ont l’impact le plus limité sur l’environnement et les espèces non nuisibles. Laisser s’installer des prédateurs en acceptant la présence limitée des ravageurs et choisir les végétaux adaptés à votre environnement permet de trouver l’équilibre qui conviendra à votre jardin. L’utilisation de pesticides, si elle a un effet immédiat, peut rompre ces équilibres au jardin. Respecter la biodiversité et les équilibres du jardin constitue le premier pas vers un jardinage responsable. 5.1. Les 4 principes du jardinage responsable (selon « jardiner-autrement ») : 1. Faire connaissance avec l'environnement de son jardin : La bonne plante au bon endroit s'épanouit mieux et demande moins de soins. Bien connaître la nature du sol de son jardin et les conditions climatiques locales permet de choisir les végétaux les mieux adaptés et les planter dans des conditions qui répondent au mieux à leurs exigences. 2. Adapter ses pratiques de jardinage aux caractéristiques de son jardin : Travail du sol, arrosage et fertilisation doivent être adaptés aux caractéristiques du sol, du climat et des végétaux. Une plante en bonne santé est moins sensible aux attaques des ravageurs et maladies, ce qui permet de limiter les traitements. 3. Prévenir plutôt que guérir : Observer et privilégier les mesures préventives aux traitements curatifs, au jardin comme ailleurs mieux vaut prévenir que guérir. 4. Accepter de redonner des droits à la nature : Rechercher un équilibre entre différentes formes de vie au jardin, sans viser à tout prix la perfection. Cela veut dire: • • • privilégier les interventions manuelles ou naturelles tolérer un certain degré d'infestation avant d'intervenir chimiquement accepter parfois des fruits et légumes peut-être plus petits et une récolte moins abondante. 5.2. Comment diminuer le recours aux pesticides dans le jardin ? (selon www.developpement-durable.gouv.fr) L'abus des pesticides est dangereux. Les produits utilisés pour lutter contre les pucerons ou les limaces, pour détruire les mauvaises herbes ou pour combattre les maladies, ne sont pas des traitements anodins. Ce sont des pesticides. Ces produits ont des conséquences sur l’environnement, les nappes phréatiques, la biodiversité, la santé. C’est pourquoi, il est important d’apprendre à jardiner autrement pour en limiter les usages. Biodiversité : La plupart des pesticides ne sont pas sélectifs et ont des conséquences sur la biodiversité. Autrement dit, en utilisant des produits chimiques, on porte atteinte au bon fonctionnement d’ensemble du jardin : élimination d’insectes utiles pour la pollinisation des fleurs, plantes ou des insectes auxiliaires naturels de culture, dégradation de la qualité des sols, fragilisation de la plante elle-même, etc. C’est tout l’équilibre de la nature qui est bousculé. Pollution des eaux : Par ruissellement et par infiltration, les produits de traitement se retrouvent dans les eaux de surface et souterraines. Sans en avoir conscience, beaucoup de jardiniers amateurs sont responsables d’une part de la pollution des eaux. Santé : Si l'usage des produits pesticides ne présente pas de risque inacceptable dans les conditions normales d’utilisation, le risque peut toutefois augmenter (et devenir inacceptable) en cas de non-respect des doses prescrites, d’usages inadaptés, d’usages à un mauvais moment. Traiter régulièrement son jardin avec des pesticides, c’est risquer de mettre en contact les enfants ou les animaux domestiques avec des produits potentiellement dangereux pour leur santé. Alimentation : Les pesticides utilisés pour traiter un potager se retrouvent bien souvent dans les assiettes, sous forme de résidus. Ces résidus même en très faible quantité, ingérés quotidiennement peuvent se révéler dangereux pour la santé. 5.2.1. Méthodes préventives : Au lieu de combattre les parasites et les maladies une fois qu’ils menacent les cultures, le jardinier peut créer des conditions qui freinent leur développement, et ce à toutes les étapes de la culture : Bien choisir les variétés de plantes cultivées : • • • Choisir des plantes et arbres adaptés au jardin (sol, climat, exposition…) Sélectionner des plantes en fonction de leur résistance ou leur tolérance aux parasites ou aux maladies : Ex : choisir plutôt certaines variétés de tomates (Fandango, Pyros, Ferline) ou de pommes de terre (Eden, Naturella, Bernadette) qui sont moins sensibles au mildiou ; Ex : Choisir un gazon résistant au piétinement (sport, jeux) et facile d’entretien, plutôt qu’un gazon fin « de prestige » qui nécessite un entretien incessant, coûteux et polluant ; Associer les plantes en fonction des voisinages qui leur sont le plus favorables : Ex : les liliacées protègent les fraisiers et les laitues contre les pourritures ; Ex : les plantes aromatiques (lavande, thym, sauge…) exercent une certaine protection des plantes voisines contre les insectes ravageurs… Adopter des pratiques de jardinage permettant de limiter l’usage de pesticides : • • • • • Varier les plantes cultivées d’une année à l’autre (« rotation des plantations ») pour rompre le cycle de développement des parasites et limiter leur contact avec les cultures auxquelles ils s’attaquent ; L’idéal, si la taille du jardin le permet, est d’attendre 3 à 5 ans selon les plantes. Décaler la date de semis pour que la culture soit à un stade moins sensible de son développement lorsque les parasites attaquent ; Ne pas trop serrer les plantations et tailler régulièrement les haies et les arbustes pour faire pénétrer la lumière afin d’éviter la stagnation d’eau après la pluie et le développement des maladies. « Couvrir » le sol pour éviter le développement des herbes parasites : Recouvrir le sol notamment au pied des arbres ou des plantes, d’un « paillis » organique ou en plastique, semer des « plantes couvre-sol » esthétiques ou des plantes « engrais vert » sur la terre nue d’un potager après-récolte. Utiliser du compost ou du fumier pour améliorer la fertilité du sol et renforcer la résistance des cultures en nourrissant les plantes. Mettre en place une nouvelle esthétique du jardin : • • • • • • Adopter la tonte haute (6 à 8 cm), qui renforce l’enracinement du gazon et sa résistance à la sécheresse, et permet d’empêcher la germination de graines indésirables et le développement de la mousse. Laisser l’herbe et les fleurs vagabondes esthétiques (alysse, érigéron, lychnis, pensée, valériane, rose trémière…) se développer dans les allées gravillonnées en terre battue, ou entre les pavés : elles prendront la place des herbes indésirables. Limiter les surfaces à désherber. Ex : préférer les dalles ou les pavés aux surfaces gravillonnées ou sablées, plus difficiles à entretenir Créer des espaces favorisant la biodiversité, et la présence de certains insectes ou animaux ennemis des ravageurs donc très utiles au jardin : Aménager des coins de végétation dense, des mares, des haies fleuries… Créer des abris plus spécifiques : nichoirs et mangeoires pour les batraciens et les oiseaux, petit muret en pierre pour les lézards… 5.2.2. Méthodes curatives : Lutter contre les parasites sans recourir aux pesticides : • • • • Utiliser les prédateurs naturels pour lutter contre les ravageurs : ainsi la coccinelle permet de lutter contre les pucerons, et les trichogrammes contre les pyrales, papillons ravageurs du maïs. Désherber manuellement, ou avec un outil adapté (sarcloir mécanique, binette, couteau à désherber…). En 15 ans la Ville de Paris a diminué de 90% l’utilisation de pesticides grâce à de telles techniques de désherbage. Mettre en place des barrières ou pièges contre les animaux parasites : pièges à taupes, à limaces, voiles anti-insecte, filet de protection contre les oiseaux, collier empêchant les fourmis de remonter le long des troncs, pinces dans les galeries contre les taupes, filet de protection sur les cultures du potager, effaroucheur dans les cerisiers contre les oiseaux. Utiliser des produits naturels pour lutter contre les ravageurs et les maladies : ex : l’huile minérale de paraffine contre les insectes hivernant dans les arbres fruitiers, pièges à phéromones pour capturer les insectes ravageurs de certains arbres fruitiers (vers de la pomme et des noix, mouche de la cerise…). 5.3. Actions menées par le gouvernement pour diminuer l’usage des pesticides par les jardiniers amateurs : Depuis 2006, le gouvernement s’était engagé à réduire les impacts des pesticides en zones non agricoles dans le cadre du Plan Interministériel de Réduction des Risques des Pesticides 2006-2009 du 26 juin 2006. Depuis septembre 2008, le plan Ecophyto 2018 prévoit notamment de mener des actions spécifiques pour réduire l’utilisation des pesticides dans les zones non agricoles, par exemple : • • • • Interdire la vente aux jardiniers de produits ne portant pas la mention « emploi autorisé dans les jardins » ; Revoir les conditions d’octroi de la mention « emploi autorisé dans les jardins » ; Développer la recherche sur les impacts des solutions alternatives aux pesticides dans les zones non agricoles (ZNA) ; Former et structurer des plateformes techniques d’échange de bonnes pratiques pour les amateurs et les professionnels de ZNA