Jardiner à l’école : Jardin et biodiversité
De l’éducation à l’environnement à une éducation au développement durable
Le jardin est un lieu délimité créé par l’homme où celui-ci reproduit et structure un environnement naturel
particulier pour ses besoins, ses goûts esthétiques mais aussi pour le lien social.
Le jardin à l’école peut donc être un lieu privilégié d’éducation à l’environnement et à la citoyenneté. Mais
pour qu’il puisse devenir un lieu d’éducation au développement durable, il faut amener les élèves à
pratiquer, expérimenter, s’interroger pour savoir comment devenir des jardiniers responsables et engagés,
comment faire en sorte que le jardin reste ou devienne un lieu de ressources naturelles, paysagères,
culturelles et patrimoniales.
1.« Jardiner à l’école » dans les programmes
Cours préparatoire et Cours élémentaire première année
- Découvrir le monde du vivant
Les caractéristiques du vivant et les interactions entre les êtres vivants et leur environnement
 Découvrir ce qui caractérise le vivant lors de semis et de plantation de végétaux en classe et dans le jardin.
 Prendre conscience des besoins vitaux de ces végétaux.
 Observer le développement de quelques végétaux, de la graine au fruit à travers la pratique de plantations.
 Identifier quelques êtres vivants qui peuplent le jardin.
 Observer quelques relations entre êtres vivants du jardin.
 Identifier les régimes alimentaires de quelques animaux du jardin puis classer leurs relations alimentaires (un végétal man
par un animal, un animal mangé par un autre animal).
 Prendre conscience que les animaux dépendent des plantes pour se nourrir.
Respect de l’environnement
 Savoir que respecter les êtres vivants passe par le respect de l’environnement dans lequel ils vivent : savoir quelles actions
humaines peuvent modifier ou détruire l’environnement et l’équilibre naturel du jardin.
 Être sensibilisé aux déchets produits au cours d’une journée, à l’école, à la maison ; créer un compost avec les déchets
organiques.
 Être sensibilisé à l’importance de l’eau et à la nécessité de l’économiser ; connaître des solutions pour ne pas gaspiller l’eau
dans le jardin.
- Découvrir le monde de la matière et des objets
Changements d’états de la matière
 Connaître les états liquide et solide de l’eau dans la nature et en relation avec certains phénomènes météorologiques observés
(formation de glace, neige, grêle, brouillard) ; les observer dans le jardin et constater leurs effets sur les êtres vivants et les objets
du jardin.
- Se repérer dans l’espace et le temps
Représentations simples de l’espace : la représentation du jardin lors de son aménagement, de la programmation des
plantations, de sa présentation ou pour un circuit de visites… sous forme de dessins et plans légendés.
Comparaison avec d’autres milieux et espaces plus lointains : crire et comparer jardin et prairie, jardin et champs, jardin de
l’école et jardin public ou jardin partagé ; connaître différents types de jardins et leurs utilisations.
Formes usuelles de représentation de l’espace : Faire découvrir le jardin à l’aide de photographies, plans, légendes intégrés
dans un panneau, sur un CD, sur un site numérique ou dans un film.
Repères temporels : Suivre l’évolution des semis, des plantations, des présences animales suivant les saisons, à l’aide d’un
calendrier, d’un carnet d’observation annoté régulièrement au cours de l’année.
Évolution des modes de vie : Comparer l’utilisation du jardin, les méthodes de jardinage, les outils utilisés à l’époque de ses
grands-parents et aujourd’hui.
Cours élémentaire deuxième année- Cours Moyen
- Éléments de connaissances et de compétences sur la matière
Les déchets : réduire, réutiliser, recycler (CE2) les déchets organiques en compostant.
L’eau, une ressource, le maintien de sa qualité pour ses utilisations (CM1)/l’eau à utiliser dans les jardins.
- Éléments de connaissances et de compétences sur l’unité et la diversité du vivant
Présentation de la biodiversité (CM)
 Rechercher des différences et des ressemblances entre espèces vivantes du jardin (insectes, oiseaux, mollusques, petits
mammifères).
 Proposer des tris en fonction des différentes caractéristiques mises en évidence, justifier ses choix.
 Constater la biodiversité animale et végétale du jardin (CM2)
Présentation de la classification du vivant (CM2)
 À partir de 3 ou 4 espèces d’animaux et de végétaux du jardin, approcher la notion de caractère commun avec le support de
schémas simples (ensembles emboîtés) puis interpréter les ressemblances et les différences en terme de parenté.
Les stades du développement d’un être vivant (CE2)
 En privilégiant la pratique de plantations et d’élevages : construire le cycle de vie naturel d’un végétal (de la graine à la plante,
de la fleur au fruit, du fruit à la graine) ; construire le cycle de vie d’un animal, étude de la croissance continue et de la croissance
discontinue (un animal à métamorphose/insecte).
Les conditions de développement des végétaux et des animaux (CM1)
 Mettre en évidence, par une pratique de l’expérimentation, les besoins d’un végétal en eau, lumière, sels minéraux, conditions
de température.
 Identifier certaines conditions de développement des animaux (notamment celles liées au milieu).
 Connaître les conditions favorables au développement des végétaux et des animaux dans le jardin.
Les modes de reproduction des êtres vivants (CM2)
 Distinguer les formes de reproduction végétale sexuée et asexuée. Pour la forme asexuée, identifier les organes responsables
(tige, feuille, racine) et découvrir quelques techniques (marcottage, bouturage).
-Éléments de connaissances et de compétences sur le fonctionnement du corps humain et la san
Hygiène et santé
L’alimentation
 Connaître les actions bénéfiques ou nocives de nos comportements alimentaires
 Connaître les différentes catégories d’aliments, leur origine et comprendre l’importance de la variété alimentaire dans les
repas. Prendre plaisir à jardiner et apprendre à apprécier les fruits et légumes cultivés dans un potager.
Places et rôles des êtres vivants ; notions de chaînes et de réseaux alimentaires
 Établir des relations de prédation (CE2).
 Établir la notion de ressources alimentaires, de peuplement (CE2)
 Mobiliser ses connaissances pour mettre en évidence le rôle et la place des êtres vivants et leur interdépendance dans le
jardin (CM1)
 Établir des chaînes et des réseaux alimentaires (CM1).
L’adaptation des êtres vivants aux conditions du milieu (CM2)
 Associer les caractéristiques morphologiques et comportementales des animaux à leur adaptation au milieu (membres /
déplacement, becs / alimentation, organes respiratoires / lieux de vie, migration / saisons…).
2. Ecologie et jardinage
L'écologie est la science qui étudie les êtres vivants dans leur milieu et les interactions entre eux.
Le terme écologie vient du grec oikos (maison, habitat) et logos (science) : c'est la science de la maison, de
l'habitat. Il fut inventé en 1866 par Ernst Haeckel, biologiste allemand pro-darwiniste. Dans son ouvrage
Morphologie générale des organismes, il désignait par ce terme « la science des relations des organismes
avec le monde environnant, c'est-à-dire, dans un sens large, la science des conditions d'existence. » Une
définition généralement admise, particulièrement utilisée en écologie humaine, consiste à définir l'écologie
comme étant le rapport triangulaire entre les individus d'une espèce, l'activité organisée de cette espèce et
l'environnement de cette activité. L'environnement est à la fois le produit et la condition de cette activité,
et donc de la survie de l'espèce.
Les éléments de l’environnement, tels que le sol, le sous-sol, le climat ou l’eau constituent le milieu dans
lequel évoluent les êtres vivants, plantes, animaux et champignons ; c’est le biotope.
L’ensemble des animaux (insectes, oiseaux, mammifères…) et des plantes (qui peuvent servir de refuge ou
de nourriture aux animaux) dans un biotope constitue la biocénose.
En écologie, un écosystème est l’interaction entre le biotope et la biocénose, qui établissent entre eux un
réseau d’échanges qui permet le maintien et le développement des espèces animales et végétales.
Le terme fut forgé par Arthur George Tansley en 1935 pour désigner l'unité de base de la nature. Unité dans
laquelle les plantes, les animaux et l'habitat interagissent au sein du biotope. Dans l'écosystème, le rôle du
sol est de fournir une diversité d'habitats, d'agir comme accumulateur, transformateur et milieu de transfert
pour l'eau et les autres produits apportés.
En 2004, les auteurs du rapport commandité par l'ONU et intitulé l'Évaluation des écosystèmes pour le
millénaire, ont explicitement intégré la nécromasse en définissant un écosystème comme un « complexe
dynamique composé de plantes, d’animaux, de micro-organismes et de la nature morte environnante
agissant en interaction en tant qu’unité fonctionnelle ».
La biomasse est le terme qui, en écologie, désigne la masse totale d'organismes vivants dans un biotope
déterminé à un moment donné. Elle peut être estimée par unité de surface s'il s'agit d'un milieu terrestre
ou bien par unité de volume s'il s'agit d'un milieu aquatique.
Par extension, on appelle aussi biomasse la quantité d'individus de chaque étape de la chaîne alimentaire
nécessaire pour que le mangeur final prenne une unité de poids.
Dans un écosystème naturel, la biomasse est stabilisée à chaque niveau grâce aux interactions avec les
autres niveaux. Un écosystème naturel estnaturellement équilibré…durable.
2.1. Le jardin est un véritable écosystème :
Sans l’intervention humaine donc, sous un climat et sur un type de sol donné, une végétation associée à une faune
riche et diversifiée s’établit. Il s’agit d’un écosystème naturel.
Par sa présence et son implication dans le jardin, le jardinier agit à la fois sur le biotope, en modifiant les
conditions naturelles de l’environnement, et sur la biocénose, en apportant ou en éliminant des espèces
végétales et animales.
Le jardin est le résultat de l’action du jardinier : c’est un écosystème cultivé.
Au jardin, comme dans un milieu naturel, des relations s'établissent entre les êtres vivants et tendent
vers un équilibre. Des équilibres vont se créer entre les différentes plantes, entre les plantes et les êtres
vivants, sans oublier ceux guidés par le jardinier, qui intervient pour modeler le jardin selon ses désirs.
2.2. Diversité des relations des habitants du jardin :
Le parasitisme s’établit quand une espèce dépend directement d’une autre, sans rien lui offrir en
retour. Par exemple, le puceron se nourrit de la sève du rosier.
Certains animaux sont carnivores, et se nourrissent d’autres animaux, on parle alors de prédation.
Les larves de coccinelles dévorent les pucerons par exemple.
La compétition est le cas le plus fréquent dans la nature, surtout entre espèces végétales. Il s’agit
pour une espèce de se développer, si nécessaire au détriment d’une autre, pour utiliser au
maximum les réserves de l’environnement (eau, lumière, éléments nutritifs).
La coopération (ou mutualisme) a lieu quand deux espèces interagissent pour des bénéfices
mutuels. Les abeilles se nourrissent par exemple du nectar et d’une partie du pollen des fleurs; en
contrepartie, elles assurent la pollinisation.
Le commensalisme définit le cas où une espèce tire profit d’une autre sans contrepartie pour cette
dernière. Il ne s’agit cependant pas de parasitisme, puisque l’espèce opportuniste ne tire pas ses
ressources en nourritures de la seconde plante. C’est le cas du liseron, qui utilise le rosier pour
s’accrocher et profiter de la lumière.
L'amensalisme est une interaction biologique entre deux espèces différentes dans laquelle une
espèce inhibe le développement de l'autre, par son comportement ou son métabolisme. C'est
l’opposé du commensalisme. Il n’est pas suffisamment significatif pour exclure totalement une
espèce au profit d’une autre, et ne peut être utilisé en lutte biologique. Chez les végétaux,
l’amensalisme est souvent lié à des phénomènes d’allélopathie. Par exemple, la phacélie possède
une biomasse importante qui concurrence la germination et le développement des herbes
indésirables.
L’allélopathie désigne l’ensemble des relations biochimiques directes ou indirectes, positives ou
négatives, entre une plante et un autre organisme au moyen de métabolites secondaires. Elle joue
un rôle important dans la compétition aux ressources environnementales mais aussi un rôle de
défense des plantes contre leurs prédateurs. Les feuilles de noyer sécrètent par exemple une
toxine, qui lorsqu’elle est lessivée par la pluie et tombe sur le sol, empêche le développement de
beaucoup de plantes herbacées: il réduit la compétition pour les ressources et augmente ainsi ses
chances de développement.
On nomme bioagresseurs les organismes qui nuisent aux végétaux des jardins. On compte parmi eux les
insectes phytophages, les mollusques, les champignons, les bactéries et les virus, responsables de
nombreux dégâts. Les mauvaises herbes peuvent aussi être considérées comme des bioagresseurs, par la
concurrence (compétition) qu’elles exercent sur les plantes cultivées.
A gauche, feuille de vigne contaminée par le champignon Plasmopara viticola, responsable du mildiou, et à
droite, une feuille de concombre atteinte du virus de la mosaïque.
2.3. Diversité biologique ou biodiversité du jardin :
biodiversité
La biodiversité désigne la diversité des organismes vivants, qui s'apprécie en considérant la
diversité des espèces, celle des gènes au sein de chaque espèce, ainsi que l'organisation et la
répartition des écosystèmes. Le maintien de la biodiversité est une composante essentielle du
développement durable (Journal officiel du 12 avril 2009).
Le concept de « diversité biologique » est apparu dans les écrits de Thomas Lovejoy, biologiste américain,
en 1980. Le terme « biodiversité » lui-même a été inventé en 1985, lors de la préparation du « National
Forum on Biological Diversity », organisé par le « National Research Council » en 1986. Il a été repris dans
le titre du compte rendu de ce forum, en 1988. Le Sommet de la terre à Rio de Janeiro, en 1992, a retenu une
première définition du terme diversité biologique dans la convention sur la diversité biologique (CDB),
première convention internationale, ratifiée par 190 pays à ce jour.
L’usage du mot biodiversité est donc relativement récent mais la biodiversité est, elle, très ancienne
puisqu’elle est le résultat de la longue histoire de la terre et de l’évolution du monde vivant qui s’étale sur
plusieurs milliards d’années.
La biodiversité est le tissu vivant de notre planète. Plus précisément, la biodiversité recouvre l’ensemble
des milieux naturels et des formes de vie (plantes, animaux, champignons, bactéries, virus…) ainsi que
toutes les relations et interactions qui existent, d’une part, entre les organismes vivants eux-mêmes,
d’autre part, entre ces organismes et leurs milieux de vie. Nous autres humains appartenons à une espèce -
Homo sapiens - qui constitue l’un des fils de ce tissu.
La notion même de biodiversité est complexe car elle comprend trois niveaux interdépendants :
la diversité des milieux de vie à toutes les échelles : des océans, prairies, forêts… au contenu des
cellules (pensons aux parasites qui peuvent y vivre) en passant par la mare au fond de son jardin ou
encore les espaces végétalisés en ville… ;
la diversité des espèces (dont l’espèce humaine !) qui vivent dans ces milieux, qui interagissent
entre elles (prédation, coopération, symbiose…) et qui interagissent avec leur milieu de vie ;
la diversité des individus au sein de chaque espèce (autrement dit, nous sommes tous différents !).
Les scientifiques parlent de diversité génétique.
La biodiversité considère donc l’ensemble des êtres vivants qui occupent un milieu, ou niche écologique.
Une niche écologique est une place occupée par une espèce dans un écosystème. Le terme concerne aussi
bien l'habitat de cette espèce que le rôle qu'elle joue sur le plan trophique (régime alimentaire). C'est une
partie d'un écosystème occupée par une seule espèce qui est parfaitement adaptée aux conditions
écologiques qui y règnent. Une niche écologique ne se définit pas par l'emplacement géographique occupé
par l'espèce mais par l'emplacement fonctionnel au sein de l'écosystème.
On peut se placer à différents niveaux d’observation, depuis l’ensemble de la planète jusqu’à une
minuscule flaque d’eau qui peut abriter plusieurs dizaines d’espèces d’algues ou de crustacés
microscopiques. Quelque part entre ces deux extrêmes, le jardin constitue un très bon exemple de niche(s)
écologique(s).
La biodiversité du jardin est une richesse importante. Plus la diversité est importante, plus le système tend
vers un équilibre. Les variétés (potagères, fruitières, ornementales) de plantes cultivées, mais aussi les
animaux qui fréquentent le jardin sont les gages d’un jardin en bonne santé. Il constitue une assurance
contre les éventuels changements de l’environnement et les agresseurs.
3. Pratiques et aménagements favorisant la biodiversité du jardin :
3.1. Les auxiliaires biologiques
sont des animaux qui se nourrissent de ou parasitent les ennemis de
nos cultures. Le hérisson et le carabe doré mangent les limaces ; la larve de coccinelle se régale de
pucerons ; les araignées, les oiseaux, les crapauds, les musaraignes et d’autres apportent une aide
précieuse au jardinier. Leur présence contribue à la régulation des populations de nuisibles au
jardin. L’utilisation de pesticides contre les nuisibles peut atteindre aussi les auxiliaires risquant ainsi de
rompre l’équilibre en construction.
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