LUONG Can-Liêm LE VIETNAMIEN Quinze clés pour mieux le

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LUONG Can-Liêm
LE VIETNAMIEN
Quinze clés pour mieux le connaître
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Du même auteur :
Bouddhisme et Psychiatrie, 1992. Paris, L’Harmattan.
Psychothérapie bouddhique. Méditation, éthique, liberté, 2002.
Paris, L’Harmattan.
Psychologie politique de la citoyenneté, du patriotisme, de la
mondialisation. Sept études cliniques, 2002. Paris,
L’Harmattan.
De la psychologie asiatique. L’humain, le politique, l’éthique,
2004. Paris, L’Harmattan.
Psychologie transculturelle et psychopathologie. Occident et
Asie orientale, 2006. Paris, You Feng.
Conscience éthique et Esprit démocrate. Etude sur l’harmonie et
le politique. Paris, 2009, L’Harmattan.
Expériences psychologiques de Bouddha Siddharta Gautama et
du Bouddhisme, 2013. Paris, L’Harmattan.
Ouvrages collectifs :
Enfance : état de lieux. Le Vietnam au cœur de la
Francophonie, 1998. Paris, L'Harmattan.
Dictionnaire des thérapeutiques médicopsychologiques et
psychiatriques. Sous la direction de H.N. Barte, 2001. Paris,
Ellipse.
Manuel de psychiatrie transculturelle. 2e édition. Sous la
direction de M.R. Moro, 2006-2007. Paris, La Pensée sauvage.
Précis d’expériences transculturelles. Cliniques de l’enfance et
de l’adolescence en France et au Vietnam. Sous la direction de
Dana Castro, 2012. Paris, Les éditions du journal des
psychologues.
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.1.
Plusieurs noms pour une histoire nationale
Il y a des événements et des noms de pays dont les gens s’en
souviennent. Et la mémoire du XXe siècle retient les mots de
Vietnam et de la guerre du Vietnam. Depuis, le monde a
tendance à écrire son nom en un seul mot alors que le
Vietnamien l’écrit aujourd’hui en taché et autrefois avec un
trait d’union puisque ce mot est composé de deux déterminants.
Le Vietnam a plusieurs fois changé de noms depuis sa
fondation. Aux premiers temps de la nation (l’époque Hng
ng, de 2079 à 258 avant J.C.), le pays s’appelait n Lang
des rois Hùng, nom qui veut dire Brave. Entre 257 et 207 avant
J.C. (le roi An Dương Vương), c’était Âu Lc en référence aux
mythes des origines des Vietnamiens, tous enfants de
descendance céleste de la reine Âu Cơ et du roi Lc Long Quân.
Ce couple eut cent enfants qui vont se séparer pour peupler le
territoire : la moitié ira en plaine et l’autre moitié vers les
hauteurs. Vient une longue domination des Han : le pays sera
d’abord trois provinces chinoises : Giao Ch, Cu Chân et Nht
Nam puis réunies administrativement en une seule, le Giao
Châu. En 544 après avoir chassé les envahisseurs, le roi
appellera le pays Vn Xuân (Mille printemps) mais cette
dynastie des Ly antérieurs ne durera pas. En 602, nouvelle
invasion chinoise et retour au nom de Giao Châu. Quand les
Tang (618-907) ont pris le pouvoir à Pékin, Giao Châu sera
baptisé An Nam (le Sud pacifié).
Avec Ngô Quyn et les rois Ngô (939-965 après J.C.), la
reconquête du territoire sera bientôt définitive. En 968, Đinh
Tiên Hoàng vainqueur des envahisseurs venus du nord, rétablit
la paix. Avec la maison Đinh, le pays s’appelle au Đại C Vit
(le Très Grand Viêt). A partir de 1054, c’est le Đại Vit (le
Grand Viêt) par la dynastie des Ly postérieurs jusqu’en 1804
la dernière dynastie des Nguyn posa le nom de Vietnam que
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nous connaissons aujourd’hui. Avec un intermède en 1838
voulu par la roi Minh Mng d’appeler le pays : Đại Nam (le
Grand Sud).
En 1858, la France colonisatrice arrive au Vietnam ; le pays n’a
plus de nom et sera coupé en statuts différents. Sa région du
centre est placée sous protectorat avec l’ancien nom d’Annam
(Le sud pacifié) comme le sera, le Tonkin au nord. Au sud, la
Cochinchine aura un statut différent de colonie. Il n’y a plus de
Vietnamiens, que des Annamites, des Tonkinois et des
Cochinchinois. En 1945, le pays encore sous la tutelle
coloniale, proclame son indépendance et son intégrité
nationales avec la République Démocratique du Vietnam (la
RDVN). A partir de 1954 et malgré les Accords de Genève, la
partition du territoire est effective : la RDVN est au nord et la
République du Vietnam (RVN) au sud. En 1976, le pays sera
réunifié sous le nom de République Socialiste du Vietnam.
On remarquera trois faits.
Le nom du pays peut changer mais la nation reste elle-même.
Sa pulsion d’unité date de plusieurs siècles. Son désir de paix
aussi. Un adversaire sait devenir un partenaire et inversement :
le sentiment national apprend la prudence et la patience.
Les temps historiques furent marqués par plus de 10 siècles
d’occupation chinoise continue puis d’incessantes
intrusions terrestres : la dernière date de 1979. Encore
aujourd’hui, quelques îles vietnamiennes restent occupées,
disputées. Entre 939 et 1945, pas moins de 15 dynasties et
grands seigneurs-shogunats. Ces invasions dans le passé étaient
parfois facilitées par la corruption ou le dilettantisme des rois,
seigneurs et élites. Aussi, il y a toujours eu une course de
vitesse dans la construction d’un Etat séculaire et d’un
environnement humain, culturel et politique apaisé. La
population peut être pressée par les événements pour se faire
confiance dans la durée.
Aucun pays dans le monde n’a affirmé son identité de façon
aussi nette, à la fois par le nom de l’ethnie principale, les Viêt et
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par sa position géographique, géopolitique et géoculturelle
relative, le Nam qui veut dire le Sud.
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