L’Académie des sciences réfute les
arguments des climato-sceptiques
EMMANUELLE RÉJU
Dans le rapport remis hier à la ministre de la recherche, Valérie Pécresse, l’Académie des
sciences affirme que les activités humaines sont bien à l’origine de l’accélération du
réchauffement climatique
Sa mission était de ramener le calme dans le débat scientifique sur le réchauffement
climatique. L’Académie des sciences a donc choisi ses mots pour ne froisser personne, et en
particulier l’un des siens, Claude Allègre. Il n’empêche: le rapport remis hier à la ministre de
la recherche Valérie Pécresse est une réfutation en règle des affirmations du chef de file des
«climato-sceptiques».
Le document, publié hier, est une synthèse des contributions écrites demandées à plus d’une
centaine de scientifiques de tous horizons, et du débat qui a eu lieu le 20 septembre dernier à
l’Académie des sciences. Un débat fortement critiqué pour avoir eu lieu à huis clos. « Nous
voulions assurer à chacun une totale liberté de parole et faire en sorte que toutes les
questions, même provenant de scientifiques non spécialistes, puissent être posées», a assumé
hier le président de l’Académie des sciences, Jean Salençon. Parfois houleux mais au final
constructif physiciens et climatologues ont ainsi admis qu’ils devaient davantage «se
parler» le débat a abouti à la rédaction d’un rapport adopté à l’unanimité. «Ce document est
donc le résultat du consensus des scientifiques français aujourd’hui sur la question du
réchauffement climatique», a insisté Valérie Pécresse.
Et que dit ce consensus? D’abord que l’augmentation du réchauffement climatique depuis
1975 est incontestable. Ensuite, que cette augmentation est « principalement due» à
l’augmentation de la concentration du CO2 dans l’atmosphère.
Enfin, que l’augmentation de ce CO2
est «incontestablement due» à l’activité humaine. Bref, rien d’autre que ce qu’avait conclu en
2007 le rapport du groupe d’experts internationaux sur le climat (Giec) contesté fortement par
Claude Allègre. Ce dernier mettait pour sa part en avant le rôle de l’activité solaire dans le
réchauffement climatique. «L’activité solaire, qui a légèrement décru en moyenne depuis
1975, ne peut être dominante dans le réchauffement observé sur cette période», tranche pour
sa part l’Académie. Et si les travaux du géophysicien Vincent Courtillot ont mis en évidence
des corrélations entre l’activité solaire et certaines variations de la température terrestre, «il
s’agit de variations à court terme qui ne remettent pas en cause la tendance générale du
réchauffement liée au CO2 », assure le rapporteur Jean-Loup Puget.
Le rapport ne nie pas que des incertitudes demeurent, notamment le rôle des glaces ou des
nuages. Mais, affirme l’Académie, les projections climatiques sur trente à cinquante ans –
celles-là même qui intéressent les décideurs «sont peu affectées par ces incertitudes».
Seules les prédictions à cent ans pourraient en souffrir. «C’est notre seule petite nuance par
rapport au Giec, affirme Jean-Loup Puget. Il semble difficile de faire des prédictions à cent
ans. Et si ces réserves sont bien présentes dans le rapport du Giec, elles ont été un peu lissées
dans le résumé exécutif.» Malgré la réfutation de la plupart de ses arguments, Claude Allègre
s’est dit satisfait des conclusions de l’Académie des sciences, qui contiennent « douze fois le
mot incertitudes».
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