LE XVIIIème siècle. Ce siècle s`ouvre sur ce que Paul Hazard

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LE XVIIIème siècle.
Ce siècle s’ouvre sur ce que Paul Hazard nomme La Crise de la Conscience Européenne
(1685-1715).
Cette crise est d’abord d’ordre politique : la fin du règne de Louis XIV se distingue avant tout par
l’abus des guerres, des impôts, et la révocation de l’Edit de Nantes.
Certains esprits commencent à s’interroger sur la valeur du pouvoir absolu, ou dit absolu, car il
s’agit d’un pouvoir essentiellement administratif et bourgeois.
Ses penseurs, ses philosophes sont Saint-Evremond, Bayle, Fontenelle.
L’expression « Les Lumières » désigne un mouvement européen qui va profondément
transformer les mentalités et ouvrir la voie à la Révolution française.
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I- Le combat historique et économique.
Il dure de la fin du règne de Louis XIV jusqu’à Louis XVI.
Il connaît une forte expansion économique qui s’étale sur la première moitié du siècle.
Il connaît l’essor de la colonisation et du commerce extérieur (Voyages de Bougainville).
Il s’illustre par des difficultés des monarchies européennes (Guerres, problèmes
économiques).
Il est célèbre pour l’essor fantastique des sciences et des techniques.
II- L’esprit critique.
L’idée de base est l’idée de libre examen. Les Lumières n’ont condamné, en réalité, aucun système
(Même Rousseau), mais condamnent tout pouvoir qui est un état de fait.
→ Aucun domaine n’échappe à l’esprit critique, à cette investigation de la raison.
1°- La religion.
Les philosophes, sauf Rousseau, restent en général déistes ou athées. L’essentiel est que la
religion ne soit pas le produit d’une révélation. Celle des Ecritures est contestée. Il faut chercher Dieu
dans l’ordre du monde.
- Voltaire, qui est déiste, met au-dessus de toutes formes religieuses un Dieu qui est l’Etre
Suprême. Il doit être au-dessus des cultes. Son adversaire est le fanatisme et
l’intolérance.
- Tous se sont révoltés contre la révocation de l’Edit de Nantes (1685) qui concernait
l’expulsion des protestants. Pour eux, c’est aussi une faute économique, puisque les
protestants qui ont dû fuir la France étaient des cadres techniques, des avocats, des
ingénieurs. (cf. Dupont de Nemours, Rockefeller, ancien Baron de Roquefeuille)
La Bible est pour beaucoup de philosophe source d’ironie. Ils sont à la recherche d’une religion à
mesure humaine. Mais Diderot va plus loin : il n’exclut pas le matérialisme.
Au XVIIème siècle, l’homme vit dans un monde clos et parfaitement expliqué : D’origine divine, il est
grand, mais corrompu par la chute, il est misérable.
═►Bayle et Montesquieu insinuent le scepticisme en multipliant les petits faits et les petites
remarques qui montrent le caractère dérisoire de cette éternité et la multiplicité psychologique de
l’homme.
Multiplier les faits de l’Histoire, et ce par toute la terre, est la meilleure arme de la philosophie
naissante, parce qu’elle détruit cette conception accablante de l’homme qu’avait échafaudée les
moralistes du XVIIème et qu’elle tend à lui substituer un homme infiniment divers, libre de toute
entrave, l’homme voltairien, prêt à construire « La cité des hommes ».
2°- La morale.
Chez Rousseau, il y a l’idée du droit naturel, c’est-à-dire des droits qui sont dans la Nature. Tout
comme Diderot, il fait confiance, non pas aux raffinements de la civilisation, mais aux forces naturelles
et spontanées de la Nature. (Diderot évoluera à propos de cette idée, pas Rousseau.)
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Le retour à la Nature est plutôt une sorte de table rase que l’on accepte avec optimisme, pour mieux
construire l’homme. Celui de Rousseau, celui du XVIIIème siècle, se dresse sur la terre, naturellement
et profondément pur. S’il a des tares, elles sont dues à la perversion de la société.
L’homme n’est pas fait pour méditer et spéculer longuement dans l’oisiveté. La pensée du XVIIIème
siècle se méfie profondément de la métaphysique spéculative : Voltaire a dessiné peu de caricatures
plus dures que celle de Pangloss, dans Candide, qui s’interroge perpétuellement sur les causes du
mal, et il ne cesse de répéter que nous sommes nés pour agir. Il importe moins de raisonner sur le
monde et sur notre nature, que de construire notre nature et d’organiser le monde.
3°- Le pouvoir politique.
Chez Montesquieu, on trouve l’idée d’équilibre des pouvoirs. Ce dernier se justifie s’il est équilibré,
d’où son rêve de séparation entre le législatif, l’exécutif et le judiciaire.
Il faut choisir un système en équilibre avec son principe : Despotisme (La crainte), monarchie
(L’honneur), démocratie (Vertu, c’est-à-dire sens civique).
Avec sa Théorie des climats, il prône le déterminisme politique, choix d’un système en équilibre
avec les conditions géographiques et économiques. Le meilleur élément de cet équilibre réside dans
les « pouvoirs intermédiaires », entre l’autorité centrale et les citoyens → Il n’y aurait donc plus de
pouvoir absolu, de pouvoir venu d’une tradition ou d’une transcendance. Ce n’est plus Dieu
qui fait l’Histoire, elle est une projection de volontés, elle est soumise à des causes.
Le XVIIIème siècle voit le premier grand essor de l’Histoire, parce qu’il s’est aperçu qu’il n’y a pas
d’essence humaine éternelle, mais un homme en perpétuelle dépendance de son époque.
L’homme dépend aussi du hasard, c’est-à-dire de modifications souvent imprévisibles, de causes
qui agissent sur lui, et non d’une essence générale ou d’une fatalité divine.
4°- La critique de l’économie.
Rôle des physiocrates.
5°- La métaphysique.
Elle est d’autant plus critiquée que le XVIIIème siècle voit l’essor de la méthode scientifique. Elle est
TOUT ce que l’on ne peut pas prouver scientifiquement, à savoir Dieu, la religion, la
superstition, la voyance, l’astrologie… On s’appuie sur l’expérience, on privilégie le fait, on
compare les témoignages basés sur l’expérience et les croyances, au détriment de ces dernières.
→ Pensées diverses sur la comète de Bayle.
→ Histoire des oracles de Fontenelle.
On fait la guerre à la théologie, à la science prônée par Aristote, aux préjugés, aux
superstitions dans une lutte avouée contre l’ignorance afin de faire progresser l’homme
intellectuellement et moralement. Il ne subit plus les événements, il dispose de son destin.
III- Les idéaux des Lumières.
1°- Le bonheur.
L’homme du XVIIIème siècle recherche le bonheur, lequel se doit d’être commun, donc utile.
L’oisiveté est proscrite : à la fin du conte, Candide et ses amis se mettent au travail.
Grand rôle du plaisir, de la sensualité, de l’érotisme avec le libertinage → Il est double, au
XVIIIème siècle, à savoir le libertinage de pensée, et le libertinage de mœurs. Le libertin est
athée, il ne croit donc pas à la vie éternelle, ce qui le pousse à multiplier les expériences pour
multiplier sa sensation de vivre, persuadé qu’il est qu’il n’y a absolument rien après la mort.
Foncièrement opposé à toutes les formes d’autorité, il est libre de toute entrave, et aime à
manipuler les autres. Seules comptent ses passions, et sons plaisir.
Redécouverte de l’hédonisme, c’est-à-dire une morale basée sur la recherche du plaisir.
2°- La liberté et l’égalité.
Montesquieu souhaite la séparation des pouvoirs, Locke prône le libéralisme politique, ainsi que
Rousseau dans Du Contrat social. Cette idée trouvera son apogée dans « La Déclaration des Droits
de l’Homme » ainsi que dans celle de l’égalité des droits qui doit passer par l’abolition des privilèges.
Beaumarchais dénonce les abus de la noblesse, Voltaire, la prostitution et l’esclavage dans
Candide, Montesquieu, l’esclavage dans De l’Esprit des lois, et dans les Lettres persanes.
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Ce désir de liberté et d’égalité s’applique aussi à la femme dont le statut au XVIIIème siècle est
pitoyable : Elle n’a aucun droit, sa fortune est gérée par son père, un membre masculin de sa famille,
ou son mari, elle peut être répudiée par son mari, et placée dans un couvent (Pour cause d’adultère
ou si elle ne lui a pas donné d’enfant mâle.). Les Lumières commencent à lui octroyer des droits,
pensent qu’elle doit être instruite, car ils la considèrent comme aussi intelligente que les hommes.
Plusieurs femmes du XVIIIème siècle ont fait date, dont :
- Madame de Tencin : Entrée au couvent, contre sa volonté, à 15 ans, elle a mis 15 années
pour en sortir légalement. Elle s’est illustrée, par la suite, par ses écrits, et par ses salons
littéraires.
- Madame du Chatelet : Maîtresse de Voltaire, elle était férue de science, et a gagné plusieurs
concours scientifiques, sous l’identité de son amant, car en tant que femme, elle ne pouvait y
avoir accès.
- Madame Lavoisier, qui a aidé son époux dans son travail.
3°- La tolérance.
Elle s’illustre par le respect de l’autre que l’on doit accepter avec ses différences, qu’elles
concernent les mœurs, la religion. (Lettres persanes de Montesquieu, l’Ingénu de Voltaire.)
De plus, l’homme du XVIIIème siècle lutte contre la superstition (Bayle), et le fanatisme (Les affaires
Calas et du Chevalier de la Barre avec Voltaire.)
Cela amènera la tolérance des Catholiques en Angleterre, en 1780 et l’émancipation des juifs en
France, en 1731.
III- L’amour des sciences.
Tous les auteurs des Lumières, qu’ils soient philosophes ou non ont été fasciné par les sciences.
Le siècle de Louis XIV est une époque où l’Homme connaît des peurs qui sont liées et à l’ignorance et
à la superstition : En 1680, lors du passage d’une comète dans le ciel français, la population eut
tellement peur d’une éventuelle fin du monde que plusieurs de ses membres se suicidèrent. Les
Lumières se sont donc élevés contre cela, en prônant les sciences, lesquelles ont progressé de
manière fulgurante au XVIIIème siècle.
- Quelques scientifiques de renom :
Les Lavoisier.
Jean le Rond d’Alembert.
Condorcet.
Madame du Chatelet.
- Quelques découvertes scientifiques : (En choisir 3, selon vos goûts, et les savoir.)
Composition de l’eau (Lavoisier).
Réaction de combustion (Lavoisier).
Limites infinies (D’Alembert).
Mouvements lunaires, équinoxe (D’Alembert).
Calculs intégrales (Condorcet).
Probabilités (Condorcet, Madame du Chatelet).
Le premier vaccin contre la variole, essayé en France, par Daniel Bernoulli, et appliqué
sur les petits-enfants de Louis XV.
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L’ENCYCLOPEDIE.
I- Sa Genèse : les souhaits de Diderot.
● Son dictionnaire ne sera pas une simple traduction de celui de Chambers, Il sera une
encyclopédie originale, une somme de connaissances, acquises à ce jour, dans tous les domaines,
une pépinière d’idées neuves relevant de cet esprit philosophique qui doit illustrer le siècle.
● Pour entreprendre cette œuvre hardie, il faut des hommes nouveaux ayant une pleine liberté de
pensée et d’action. Le libraire Le Breton, qui a sollicité Diderot, ne s’occupera que du coté technique
et ne devra pas empiéter sur les prérogatives de Diderot.
II- L’Encyclopédie.
Elle sera d’abord un dictionnaire universel par son contenu et sa portée. Elle va être écrite
durant vingt ans, et offrira au public en 1772 dix-sept volumes de textes et onze volumes de
planches. Un premier arrêt frappe l’ouvrage collectif en 1752, puis en 1759 sa vente est
interdite et il perd l’accord de la censure royale, son « privilège », l’Eglise l’inscrit sur la liste
des ouvrages interdits. La publication reprend cependant, et les derniers volumes, des
planches, paraissent en 1772.
● Titre projeté : Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers.
● Elle s’adressera donc aux savants, aux artistes, aux gens de métiers, mais aussi aux curieux.
Rien ne lui échappera : Géométrie, astronomie, algèbre, industrie diverses, littérature, peinture,
musique.
● Pour exécuter ce plan, il faudra des collaborateurs nombreux et à compétences variées : Des
savants tels que d’Alembert, des artistes comme Diderot lui-même, des économistes, des
techniciens.
● La présentation devra être claire, le texte intelligent et illustrés par des planches et des dessins.
Mais l’Encyclopédie devra être plus et mieux qu’un bilan de connaissances, elle doit être
pénétrée par l’esprit nouveau, et se tenir à l’avant-garde du combat philosophique.
● Elle ne reconnaîtra ni l’autorité, ni la tradition les yeux fermés. La raison et l’Esprit critique auront
le droit de tout juger, d’où son incursion dans tous les domaines (Religieux, politiques…), jusque là
réservés. Il convient de continuer l’œuvre d’émancipation intellectuelle entreprise par Bayle.
● La philosophie nouvelle, sans se désintéresser absolument des problèmes de métaphysique,
s’intéressera, de préférence, aux problèmes d’ordre social, pédagogique, politique, et économique.
● En matière d’art, la « Querelle des Anciens et des Modernes » étant sans objet, il faudra se
dégager des sentiers battus, chercher plus de réalisme en peinture, plus de spectacle au théâtre,
plus de réalité familière dans le roman.
III- Les difficultés que rencontrera Diderot.
● Les difficultés d’ordre pécuniaire : De grosses sommes doivent être engagées pour assurer la
publication du dictionnaire. Il compte sur les substantielles avances de la part de Le Breton,
commercialement intéressé au succès de l’entreprise, et sur la générosité du Chevalier de Jaucourt.
● Les difficultés d’ordre gouvernemental : La publication de l’Encyclopédie soulèvera
vraisemblablement la réprobation des pouvoirs publics et provoquera un veto officiel (Refus de
privilège), peut-être même des lettres de cachet.
Deux parades sont envisagées par Diderot :
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Faire la conquête de quelques gens en place qui pourront mettre leur influence au service
de L’Encyclopédie, discrètement ou d’une manière ouverte.
- Prévoir une tactique appropriée comprenant, par exemple, l’usage de formule expressive
dans les articles d’apparence bénigne, l’insertion de développements importants sur des
questions brûlantes dans des articles à première vue neutres, jouer sur les renvois →
Pour reconstituer un corps de doctrines sur tel ou tel grand problème philosophique, il
faudra donc un clavier de références.
═► Diderot sera payé de ses espérances si l’œuvre a du succès, si l’esprit nouveau qui doit l’animer
se répand progressivement dans le public, dans le corps de la Nation dont les philosophes doivent
achever l’émancipation intellectuelle.
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IV- L’Encyclopédie en elle-même.
● L’armée encyclopédique, plus nombreuse que disciplinée, fut conduite à l’assaut des doctrines et
des institutions du passé par des chefs qui ne furent pas toujours d’accord
● Ils triomphèrent, néanmoins, grâce au fond d’idées communes : restituer à l’humanité ses titres de
gloire, dénoncer les abus, proposer des réformes.
═► Ainsi, au XVIIIème siècle, ils aboutissent à l’Encyclopédie. Elle enrôle un précurseur comme
Montesquieu, un conservateur grand admirateur des Anciens tel que Voltaire, un Rousseau souvent
opposé à tous, à coté des vrais chefs qui furent d’Alembert et Diderot.
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Quelques auteurs des Lumières.
Montesquieu.
En 1751, d’Alembert publie le discours préliminaire, et Montesquieu est très flatté d’y trouver son
nom. On lui demande, en 1753, un article sur « Démocratie » et « Despotisme ». L’auteur de De
l’Esprit des lois ne marque aucun empressement à les écrire, pensant avoir déjà traité la question
dans ses ouvrages. Il propose un article sur le « Goût », mais il meurt, en 1755, sans l’avoir achevé.
Diderot, sous le mot « Eloge », regrette qu’il n’ait pu l’achever et le présente comme l’un des leur.
═► Si l’humeur frondeuse en politique, philosophie et morale, si sa haine du despotisme, si sa
foi en la grandeur de l’Institution sociale rapprochent Montesquieu de l’Encyclopédie, il reste
néanmoins un modéré, ennemi de toute violence, c’est un libéral, un tolérant, un prudent, car il
fait parler des personnages fictifs pour ne pas se compromettre.
Diderot.
Il fut le premier à être sollicité par le libraire Le Breton, et lui suggère l’idée de publier
l’Encyclopédie, se chargeant du travail matériel, du recrutement des collaborateurs, de la
surveillance de la composition des articles. Il en écrit de nombreux portant sur la théologie, la
philosophie, la morale, la politique… L’article « Artichaut » est de lui, Voltaire s’étant chargé des
différentes manières de l’accommoder.
Il est écrivain avant tout : auteur de romans tels que Jacques le fataliste ou Le Neveu de Rameau,
il est également celui d’une histoire de la Grèce et fabrique des sermons à la pièce.
Exubérant, bavard, dévoué, laborieux, il consacre 25 ans de sa vie à cette œuvre et fournit plusieurs
dizaines d’articles.
D’Alembert.
Grand géomètre égaré dans les Lettres et la philosophie, il est une cheville de l’Encyclopédie. Il
écrit des articles de physique et de mathématiques. A 30 ans, il est membre de l’Académie des
Sciences et attire par son prestige, une haute considération sur l’Encyclopédie.
Il a rédigé le « Discours préliminaire » où il a annoncé une certaine unité dans cet ouvrage, laquelle
n’a pas été maintenue. Après l’article de « Genève », produit par Diderot, il se retire, en même temps
que Rousseau, suivi aussi par Voltaire. Sur 17 volumes de prévus, il aura collaboré à cette entreprise
jusqu’au septième.
Voltaire.
Il joue un rôle très important dans cet ouvrage que l’on peut comparer à une machine de guerre. Au
début, il écrit sous le nom de d’Alembert, l’âme de l’entreprise. Son nom trop compromettant ne figure
pas sur la liste des auteurs, mais il a rédigé les articles suivants : « Elégance », « Eloquence »,
« Esprit »... En 1756, il écrit : « J’envoie au bureau qui instruit le genre humain, les articles
« Gazette », « Généreux », « Gens de Lettres », « Gloire », « Grandeur », « Goût », « Grâce » . Je
vous donne mes cailloux pour fourrer dans quelques coins du mur (de votre édifice immortel.). »
Quand d’Alembert se retire de l’affaire, il le suit, jure de ne plus donner une seule ligne mais ne
cesse de s’y intéresser.
- Ce qui l’attache à l’Encyclopédie :
C’est l’hostilité contre tout ce qui entrave le pouvoir de l’esprit : magistrat, prêtres,
financiers.
C’est la haine de l’autorité et de la tradition.
C’est la haine du catholicisme.
C’est la croyance dans le progrès, la foi en l’avenir de l’humanité, qu’il va perdre à la fin
de sa vie.
C’est son zèle pour les réformes judiciaires, économiques et sociales.
- Ce qui l’éloigne de l’Encyclopédie :
C’est le décousu du plan, conséquence fatale de l’ordre alphabétique.
La disproportion des articles. Par exemple, ½ colonne pour Athènes, une colonne sur la
manière d’accommoder les artichauts…
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La médiocrité d’une foule d’articles bâclés.
La circonspection excessive des encyclopédistes sur les articles ayant rapport avec la
religion et la théologie.
C’est le dépit de ne pas être le chef de cette entreprise.
Le chevalier de Jaucourt.
Noble infiniment cultivé, scientifique, médecin, il a écrit un nombre impressionnant d’articles, et,
parce que ces derniers, vu leur nombre, étaient de qualité inégale, a parfois été méprisé par Diderot,
qui a quand même reconnu son importance dans l’entreprise encyclopédique.
Rousseau.
Il figure sur la liste des auteurs. Il traite la partie musicale, mais Diderot oublie de lui payer son
travail. En 1750, ce dernier publie son Discours, dans lequel l’article « Genève » provoque, chez
Rousseau, la « Lettre sur les spectacles » (1758), qui est aux antipodes de l’esprit qui anime les
encyclopédistes, d’où la rupture. Malgré elle, Rousseau se sent à la fois très loin et très près de ses
anciens amis.
- Ce qui le rapproche de l’Encyclopédie :
Il veut, comme eux, l’affranchissement de l’individu à l’égard des conventions sociales
et mondaines.
Il approuve Diderot et le Baron d’Holbach, ses anciens collègues, qui dénoncent
l’oppression du peuple par les riches.
Il professe, comme eux, le dogme de la bonté originelle, de la bonté de la Nature et
préconisent un certain égalitarisme.
- Ce qui l’éloigne de l’Encyclopédie :
Leur esprit critique : Rousseau est croyant.
Leur dédain pour la Bible et les Evangiles qu’il admire sincèrement.
Le pouvoir excessif qu’ils attribuent à la raison raisonnante, au détriment du cœur et de
l’imagination (cf. Rêveries d’un promeneur solitaire, les vendanges de Clarens dans
Julie ou la Nouvelle Héloïse).
Il n’apprécie guère leur culte pour le progrès matériel.
Buffon.
L’avertissement du tome II de l’Encyclopédie annonçait un article de Buffon sur la Nature. Il était
promis, mais ne fut pas écrit : Buffon avait une autre conception de la Nature que Diderot. Il la chantait
en tant que poète, la considérait comme « Un système établi par le Créateur pour l’existence des
choses et la succession des êtres.». Il ne reconnaissait donc pas le matérialisme de ses collègues, ni
le sensualisme de Condillac : Il est cartésien.
Néanmoins, très peu religieux, il leur ressemble en cela. Il ne croit pas au péché originel.
═►Sciemment, ou à leur insu, les plus grands écrivains du XVIII ont donc collaboré à la
gigantesque entreprise.
Directement ou indirectement, ils ont contribué, par les tendances de leur esprit, à la
fabrication de cette machine de guerre, l’Encyclopédie, la plus puissante qu’on eût encore
dressée contre le passé et ses institutions.
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SYNTHESE INDISPENSABLE.
● Le mouvement des Lumières est européen.
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« Lumières », en français.
« Aufklärung », en allemand.
« Enligthment », en anglais.
● Il s’illustre principalement par l’Encyclopédie.
Ce n’est pas le premier dictionnaire, Bayle et Chambers en avaient déjà fait un en leur temps, mais
la portée de celui-ci est universelle. On y trouve des articles portant sur la géométrie, l’astronomie,
l’algèbre, l’industrie, la littérature, la peinture, la musique, la philosophie.)
● Le but des Lumières.
Ils veulent sortir le peuple de l’ignorance, lutter contre la métaphysique, la sclérose de la religion par
le biais de l’expérience, de l’examen rationnel des faits.
● Leur religion.
Ils sont en majorité déistes, certains athées, d’autres, beaucoup plus rares, croyants, tels Rousseau.
● Le moteur de ce mouvement est l’esprit critique.
Il doit aider l’homme à sortir de la superstition, lui donner la liberté, l’égalité, le pouvoir de tolérance
car il est l’unique moyen de lutter contre l’ignorance. Rien n’échappe à l’investigation de la raison :
religion, politique, économie, histoire.
● L’idée du bonheur.
L’homme a droit au bonheur, il peut faire de sa vie une quête du bonheur, mais ce dernier doit être
utile et commun.
═► Les mots d’ordre déjà lancés par Bayle, Montesquieu
et Voltaire et auxquels l’Encyclopédie donnera un nouvel
élan, sont : Liberté, Tolérance, Progrès.
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