PROJET UdM - E

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Argumentaire pour la recherche de financement auprès des
Fondations d'entreprises françaises en vue du
développement de l'UdM
I. Quel problème résout l'Université des Montagnes ?
L’Université des Montagnes est née pour répondre à une multitude de problèmes dont
on peut citer deux ou trois importants d’entrée de jeu. Le 1 er problème est l’offre en
formation technique et scientifique. A l’époque, c’est-à-dire, dans les années 1990, pour un
pays qui s’en allait tranquillement vers les dix-huit millions d’habitants, nous avions une
seule école de médecine qui formait à peine soixante dix médecins par an ; ce qui était
ridicule. De même, il existait une seule école d’ingénieurs qui formait à peine une centaine
d’ingénieurs par an pour un pays qui devait se développer. Et par rapport à la santé, il y
avait une faculté de médecine mais pas du tout de formation en pharmacie, en chirurgie
dentaire, en médecine vétérinaire, etc.
On s’est donc posé la question de comment résoudre ce genre de problèmes ? Et on s’est
tout d’un coup dit pourquoi ne pas créer une université et y privilégier ces formations?
Malheureusement dans le contexte camerounais, comme des autres anciennes colonies
françaises, nous n’avions pas de tradition d’université non étatique, non publique.. On s’est
dit alors, certes cette tradition n’existe pas, mais rien ne l’interdit et donc ce qui n’est pas
interdit est permis. Alors pourquoi ne pas essayer ? Essayer… mais alors dans quel cadre ?
C’est alors
qu’un groupe d’une vingtaine de professionnels de tous horizons,
médecins, professeurs d’université, ingénieurs, avocats, architectes, administrateurs,
fonctionnaires, bref de hauts cadres de la société camerounaise, se sont réunis pour
réfléchir sur la mise en œuvre d’une telle idée. D’où l’idée de mettre sur pied une structure,
par exemple une association, qui peut porter une Université ayant le profil que nous lui
donnerions, à savoir notamment, de former du personnel de santé puisque nous étions et
sommes toujours un pays en développement ; et la première ressource pour le
développement nous paraît être la ressource humaine bien portante. Nous étions conscients
qu’il faut avoir une ressource humaine bien portante pour pouvoir assurer le
développement. C’est pour cela que nous avons pensé qu’il fallait multiplier par autant de
facteurs que possible le nombre de personnel pouvant assurer le bien être physique de la
population. D’où l’idée de créer une Ecole de médecine et des sciences de la santé en
général.
Deuxièmement, il fallait augmenter le nombre de techniciens, en formant des cadres
techniques pas nécessairement de haut niveau, mais surtout des cadres moyens pour
répondre aux problèmes spécifiques de notre société. D’où l’idée de mettre aussi en place
des formations technologiques. Et l’une des filières à laquelle nous avons pensé en premier a
été la filière d’instrumentation et de maintenance biomédicale. Et pour cause !... Même
dans les quelques hôpitaux dont disposait notre pays, les équipements médicaux étaient
abandonnés par manque de personnel de maintenance.
Et d’un autre côté, pour revenir à la santé, il se trouve que dans toute la région
Afrique Centrale il n’y avait pas de formation de pharmaciens. Or il se trouve que nous avons
dans notre pays une tradition de pharmacopée endogène qui est très riche et très réputée,
mais sur laquelle on n’a pas encore posé un œil scientifique pour pouvoir la domestiquer. Et
nous nous sommes dit que le type de pharmacie qu’on pratique dans notre région est de
tradition occidentale où l’on achète des médicaments prêts à consommer ; et où les
pharmaciens sont simplement des « boutiquiers » ou des commerçants du médicament. On
s’est donc dit pourquoi ne pas former des pharmaciens qui pourraient, tout en continuant la
pharmacie traditionnelle, domestiquer la pharmacopée endogène. C’est donc pour tout cela
que nous avons dès le départ créé la filière pharmacie.
Telles sont les premières raisons qui ont justifié la création de l’Université des
montagnes et le choix des filières à privilégier, à savoir les filières des Sciences de la Santé,
la recherche sur les plantes médicinales et les filière technologique, l’objectif étant
l’appropriation de la technologie, tout au moins des équipements minimum qui puissent
nous permettre de nous développer. Tel est, en quelque sorte, le problème que nous
voulions résoudre.
Mais la situation se trouvait encore compliquée par divers autres facteurs, dont
l’environnement économique. Il faut en effet relever qu’en ces années 1990, le Cameroun
entrait profondément dans la crise économique et que pour l’État lui-même, les moyens
étaient devenus totalement dérisoires même pour le peu de formation qu’il finançait.
Deuxièmement, la crise économique ne permettait plus l’envoi à l’étranger par l’Etat ; et
pour cause il ne pouvait plus offrir de bourse pour les formations en Médecine, Pharmacie
et Ingénierie. Par ailleurs, et toujours du fait de cette crise, les parents qui prenaient aussi en
charge les frais des études de leurs enfants à l’étranger n’étaient plus en mesure de le faire.
Troisièmement, à cette même époque, il y avait dans les pays européens et même africains
de moins en moins de
places réservées aux enfants d’autres nationalités du fait du
« numerus clausus » qui faisait que le nombre des étrangers était limité dans les universités
européennes et même dans les universités africaines. Ainsi donc, on se trouvait à un
moment où l’offre de formation était de plus en plus réduite notamment dans les domaines
de la santé et de l’ingénierie, d’autant plus qu’en ces années 1990 la fermeture des
frontières, que ce soit des pays de l’hémisphère Nord, ou même dans les pays de
l’hémisphère Sud, est devenue une réalité ; et il est devenu de plus en plus difficile aux
ressortissants camerounais et aux ressortissants des pays du tiers monde d’une manière
générale de s’expatrier pour les besoins de formation dans les pays de l’hémisphère Nord et
même dans certains pays de l’hémisphère Sud.
II. Quelle a été notre solution et comment nous l'avons implémentée?
1. Puiser dans nos diverses expériences individuelles.
Compte tenu donc de cet environnement et de cette équation qui nous interpellaient
de manière historique, nous nous sommes demandé quelle solution y apporter ? Et alors
chacun a essayé de trouver dans son expérience, dans sa formation, dans son parcours, des
esquisses de solutions qu’on pouvait apporter. Il y en avait parmi nous qui avaient fait leurs
études et avaient une expérience professionnelle dans les pays de l’Amérique du Nord(EtatsUnis, Canada) ou qui avaient fait leurs formations ou avaient travaillé dans des universités
qui n’étaient pas nécessairement publiques, qui avaient vu comment la société civile
américaine pouvaient s’organiser pour créer des institutions universitaires répondant aux
besoins spécifiques de la communauté, de l’environnement, du pays. A partir de ce moment,
compte tenu du fait que dans notre pays toute initiative de ce type requiert énormément de
moyens matérielles, ces expériences nous ont amené à penser que l’on n’avait pas
nécessairement besoin de grands moyens, immédiatement, pour créer une université et
c’est la raison pour laquelle nous nous sommes mis ensemble pour créer une association et
pour qu’à l’intérieur de l’association (AED) nous réfléchissions ensemble pour trouver les
moyens intellectuels et matériels pour la création de l’université.
Une fois l’idée conçue, et la question juridique de ce qui n’est pas interdit est permis
réglée, il fallait trouver les moyens matériels de sa mise en œuvre. Nous avons commencé
par frapper aux portes des nantis de notre société, parce que dans ce pays il faut bien le dire,
il ya des gens qui ont des moyens financiers énormes. Malheureusement, la tradition du
mécénat n’est pas connue de notre environnement. Même les gens qui ont d’énormes
moyens financiers hésitent à financer des projets d’intérêt communautaire qu’ils ne peuvent
pas nécessairement contrôler par eux-mêmes ou pour eux-mêmes. Donc le mécénat n’est
pas connu chez nous. Raison par laquelle après avoir fait le tour d’un certain nombre de
groupes d’opérateurs économiques et de personnes titulaires de portefeuilles passablement
fournis, on s’est rendu compte qu’on ne pouvait pas compter sur ces gens là pour créer
notre université. Nous avons dès lors choisi de nous inspirer du modèle nord américain où la
société civile intervient pour résoudre ses propres problèmes. Nous nous sommes aussi dit
qu’on pouvait s’appuyer sur la diaspora camerounaise et son réseau de relations installée en
Europe, en Amérique, en Asie et qui a une autre expérience du développement, une autre
expérience de service à la communauté. On s’est donc dit que l’on va faire ce que nous
pouvons à notre niveau et par la suite on va tendre la main à la diaspora camerounaise
installée un peu partout dans le monde. Voilà quelle est donc l’approche que nous avons
choisie pour résoudre ce problème d’une université d’un type nouveau que nous avons
décidé de créer.
2. De la philosophie du financement.
Il faut dire qu’au départ, et s’agissant du financement, nous n’étions pas d’accord
entre nous, la vingtaine de professionnels qui étions là à l’origine du projet. Il y avait deux
thèses en présence. Certains d’entre nous prétendaient que sans mécènes il valait mieux
convaincre des opérateurs économiques de mettre leur argent pendant que nous mettions
nos cerveaux à leur service pour créer une entreprise dont ils se partageraient les
dividendes. Ils investiraient dans l’université comme dans une entreprise privée à actions ;
et que l’on pourrait mettre les actions en vente ; et nous les professionnels qui avions eu
l’idée, nous servirions essentiellement comme conseil dans cette entreprise qui en fait leur
appartiendrait. C’était là la première thèse.
La deuxième thèse était que dans tous les cas on ne pouvait pas compter sur des
gens qui n’avaient pas une expérience d’entreprise universitaire de ce type avec toutes les
difficultés que cela comporte et aussi du temps que cela prendrait pour être rentable. Et il
nous semblait difficile que les opérateurs économiques qui ont l’habitude des
investissements privées qui leur rapportent à plus au moins court terme puissent
comprendre les enjeux d’un tel projet. C’est pour cela qu’il ya eu une deuxième tendance qui
a pensé que, de toute façon, une université qui serait une entreprise pouvant verser des
dividendes à d’éventuels actionnaires étaient, d’après nous, voués à l’échec. Cela ne pouvait
pas fonctionner.
Nous nous sommes donc dit qu’il valait mieux commencer petit en comptant sur nos
propres moyens, sur les énergies bénévoles et sur la bonne volonté des uns et des autres, y
compris de notre réseau de relations à l’étranger, pour structurer le projet. Aussi, nombre
d’entre nous qui étions les enseignants du supérieur et qui travaillions pour l’État, nous
avons mis notre temps, notre énergie, et notre potentiel intellectuel à contribution pour
poser les jalons de cette institution universitaire ; et chacun d’entre nous y est allé de son
expérience professionnelle et de vie pour pouvoir lancer cette institution.
Mais même pour commencer petit, il fallait des locaux, il fallait un minimum
d’infrastructures et des équipements, même de seconde main, pour pouvoir lancer cette
université. Et sur ce plan là nous pouvons dire que les circonstances nous ont été
extrêmement favorables. En effet, ayant fait le tour des chefferies traditionnelles de la
région pour savoir lequel des chefs pouvait nous offrir un terrain sans que nous ayons à
débourser des sommes énormes pour l’acheter, nous avons ainsi bénéficié de 204 ha de
terrain offerts par le chef des Bangangté.
Le terrain offert, il fallait trouver les moyens d’y mettre des locaux ; il fallait des
bâtiments et nous n’avions pas les moyens de les construire. C’est pour cette raison que
nous avons décidé de chercher, dans la région de Bangangté où nous avions le terrain
définitif, des locaux provisoires pour démarrer l’institution. C’est comme cela qu’on s’est
approché de l’Eglise Evangélique du Cameroun qui avait un ancien Collège d’Enseignement
Technique à Bangangté, lequel collège avait fermé ses portes depuis une quinzaine d’années
pour des raisons économiques et dont les locaux étaient abandonnés dans la broussaille.
L’Eglise Evangélique a donc accepté de mettre à notre disposition ces locaux, bâtis sur une
superficie de 2 hectares, pour une modique contre -partie financière. Mais là encore, il a
fallu que nous les réhabilitions. Ce que nous avons fait, les transformant en un campus
provisoire qui est celui du centre ville de Bangangté et où nous avons démarré l’Université
des Montagnes en l’an 2000.Elle continue à y fonctionner jusqu’à ce jour, c’est-à-dire 10
ans après. Et si ces travaux ont pu être réalisés, c’est parce que les initiateurs du projet y ont
cru et ont accepté toutes sortes de sacrifices, y compris l’hypothèque des biens de famille.
C’est en effet ici le lieu de relever que le Pr Lazare Kaptuè, Président de l’AED, a
hypothéqué des titres fonciers personnels pour obtenir de sa banque les premiers fonds qui
nous ont permis les réhabilitations sus-évoquées. Et il nous a fallu 4 à 5 ans pour lui restituer
l’emprunt.
C’est aussi le lieu ici de dire que cette démarche participe de la philosophie
fondatrice des initiateurs de ce projet qui ont voulu se démarquer de l’approche souvent
adoptée en Afrique et qui veut que , quand on a une idée pareille, on croit toujours qu’on ne
peut la réaliser qu’en allant vers les bailleurs de fonds internationaux ou régionaux pour
trouver de l’argent.
Nous autres, nous avons cru qu’il fallait d’abord prouver que nous pouvions compter
sur nous-mêmes avant d’aller auprès des autres, même auprès de la diaspora. Nous avons
toujours tenu à prouver que nous-mêmes pouvions faire les premiers pas, faire marcher le
projet pendant au moins les premières années, montrer que cela pouvait marcher avant de
frapper même aux portes des institutions internationales.
Et nous devons avouer que jusqu’aujourd’hui, dix ans après, nous n’avons pas encore
frappé aux portes de ce qu’on appelle les bailleurs de fonds internationaux. Nous avons
essentiellement fonctionné sur la base du bénévolat, sur la base de nos fonds propres, et
avec l’appui de la diaspora installée en France, Italie, Allemagne, Etats-Unis, Canada. C’est
cette diaspora qui nous a trouvé du matériel pédagogique recyclé, qui nous a soutenus et
permis d’atteindre le niveau d’équipements dont dispose aujourd’hui notre institution.
3. De la nécessité de vivre au niveau de nos moyens.
Il faut ajouter que quand un visiteur arrive aujourd’hui à Bangangté et observe nos
installations, la modestie des lieux le frappe immédiatement, et il peut raisonnablement se
demander s’il s’agit véritablement d’une université. En fait cela correspond aussi à notre
philosophie, car nous n’avons à aucun moment voulu vivre au-dessus de nos moyens. Nous
voulons justement que l’Université des Montagnes soit une université qui vive selon ses
moyens et que cela soit aussi une manière de montrer à nos compatriotes en particulier et
aux Africains en général qu’ils devraient vivre selon leurs moyens. Et même si ces moyens
sont modestes on peut tout de même se tirer d’affaire tout en menant une vie relativement
confortable.
Cela fait partie de notre philosophie y compris dans les moyens que nous mettons
dans la formation. En effet, même s’ils sont limités et que nous n’avons pas sur place tous les
spécialistes, nous essayons de donner aux étudiants l’essentiel pour une formation de
qualité. C’est pourquoi nous recourrons aux bonnes volontés, que ce soit des missionnaires
ou des Camerounais de la diaspora, qui acceptent de venir donner un coup de main, et
souvent à titre gracieux, pour que nous donnions une formation tout de même de bon
niveau à ces jeunes Camerounais et autres jeunes Africains que nous accueillons à l’UdM.
Et ce faisant nous voulons leur faire comprendre que l’on n’a pas besoin d’avoir
d’énormes moyens pour initier ; et pour qu’ils comprennent que si l’homme a marché sur la
lune, il a bien fallu commencer quelque part. Et que ce quelque part là, il ne faut pas
seulement en rêver, il faut mettre la main à la pâte si l’on veut y parvenir. Cette approche
fait fondamentalement partie de notre philosophie de formation et on le répète d’ailleurs
sans cesse aux étudiants. On essaye d’en imprégner tous ceux qui sont formés dans notre
institution.
Nous rêvons naturellement, comme tout le monde, d’avoir un campus avec des
immeubles futuristes et une architecture particulièrement attrayante. Ce ne sont pas les
idées qui nous manquent. Mais pour le moment nous avons préféré nous en tenir
véritablement à ce que nos moyens nous permettent de faire, l’essentiel étant de savoir que
la formation en elle-même ne souffre d’aucune insuffisance.
III. Quelle est notre vision?
1. De la vision et de la philosophie de formation.
Etant donné que nous étions, pour la plupart, des produits, soit d’une formation
reçue dans les institutions publiques, ou que nous avions une expérience professionnelle
des institutions publiques, nous connaissions l’esprit qui y prévalait. Aussi avons-nous voulu
former des produits d’un nouveau genre, des produits différents de ceux issus de ces
institutions publiques telles qu’elles fonctionnent dans l’ensemble des pays africains
postcoloniaux, où elles étaient essentiellement destinées à former ce que l’on a appelé les
agents de relève, c’est-à-dire ceux qui allaient remplacer les colonisateurs européens. En
effet, le colonisateur français ou anglais avait créé l’enseignement supérieur pour former les
gens qui allaient prendre leur place, ou à qui ils devaient léguer les pouvoirs précédemment
tenus par les colonisateurs. Ce qui fait que les fonctionnaires postcoloniaux se sont
comportés, non pas comme des agents de développement, mais essentiellement comme des
agents qui avaient la procuration de faire le travail du colonisateur, de perpétuer son œuvre.
Or dans notre esprit, nous les initiateurs du projet de l’UdM, nous voulions former
de véritables agents de développement, de jeunes citoyens et citoyennes qui allaient
prendre leur pays en main et le développer en tenant compte de son potentiel et d’un projet
de société qu’ils pouvaient eux-mêmes mettre en place. C’est pour cela que notre devise est
« Toujours Rechercher l’Excellence ». C’est dire que notre ambition n’est pas de former des
gens qui vont tout simplement se contenter d’avoir de quoi manger ou d’avoir un numéro
matricule, c’est-à-dire devenir fonctionnaire, avoir un salaire et s’en contenter, mais plutôt
de véritables agents de développement, des citoyens qui allaient être fiers d’appartenir à un
espace précis qu’on appelle le Cameroun et de donner à cet espace précis une autre
dimension, une autre vision.
Tel est l’esprit qui a sous-tendu notre action, c’est aussi cela qui nous a fortement
mobilisés. Notre philosophie de formation a donc été de toujours rechercher l’excellence, de
préparer des citoyens qui allaient d’abord prendre le pays en main pour son développement
futur et qui n’allaient pas être simplement des agents de relève. Ce que nous avons voulu
faire donc, c’est créer une Institution pas comme les autres.
2. L’accueil réservé par l’Etat et le public au projet.
Mais comment cette Institution a-t-elle été accueillie ? Il est important de souligner
que, dans un premier temps, l’Etat camerounais n’a pas regardé l’initiative d’un très bon œil,
n’étant pas habitué à voir surgir des initiatives citoyennes de cette envergure et avec des
implications insoupçonnées. Dans un premier temps donc, et bien que pareil projet ne soit
pas interdit, l’Etat camerounais n’a pas été du tout encourageant ; il a essayé de dissuader
les initiateurs, en prétendant qu’ils n’avaient pas le droit de créer une telle institution, une
université privée de ce type, tant que l’Etat camerounais ne leur en avait pas donné
l’autorisation. Mais les initiateurs qui avaient anticipé n’ont pas cédé à l’intimidation des
pouvoirs publics qui en fait avaient peur d’avoir des concurrents d’un autre genre.
Par ailleurs donc, les pouvoirs publics ont essayé de dissuader les parents d’envoyer
leurs enfants à l’Université des Montagnes. Naturellement il y a eu beaucoup de parents qui
ont suivi, puisque chez nous les pouvoirs publics sont extrêmement importants. Il faut du
reste rappeler que nous avons vécu pratiquement quarante ans de dictature à parti unique.
Dans ce contexte, il faut le dire, on n’avait pas le droit de penser autre chose que ce que
pensaient les dirigeants. Donc il y a eu pas mal de parents qui ont suivi et ont hésité à nous
envoyer leurs enfants, ou même qui les ont retiré alors qu’ils étaient déjà inscrits.
Mais d’un autre côté les difficultés à envoyer les enfants à l’extérieur ont amené bien
des parents à se dire pourquoi ne pas essayer ; et c’est pour cela que la première promotion
n’a pas compté plus de 43 étudiants. Mais toujours est-il qu’aujourd’hui, malgré les tensions
qui n’ont pas manqué entre les promoteurs, l’Etatet les parents, l’Institution estpetit à petit
passé de 43 à plus de 1000 étudiants en moins de 10 ans d’existence. A ce propos, il est utile
de relever quedepuis quelques années déjà, nous accueillons au concours d’entrée en
première année plus de 1000 candidats pour moins de 200 places, toutes filières
confondues. C’est dire que les choses ont beaucoup changé, entre le moment où l’on a
commencé, du point de vue des effectifs et du point de vue de l’accueil du public, et ce
moment précis de notre histoire, soit dix ans après.
3. Quelques spécificités de l’UdM
Une des spécificités de l’UdM, s’agissant des effectifs, est qu’elle est une institution à
majorité féminine. En effet, dans toutes les promotions, en médecine et pharmacie tout au
moins, plus de 63% des étudiants sont des filles. A ce propos, les parents nous ont confessé
qu’ils hésitaient à envoyer leurs enfants, surtout les filles, à l’étranger même quand ils en
avaient les moyens ;car il se trouve que le baccalauréat, qui est l’examen d’entrée à
l’université, se fait à des âges de plus en plus jeunes, entre 17 et 18 ans. Et par conséquent,
ils nous ont confessé redouter d’envoyer des filles de 17/18 ans en Europe ou même dans
d’autres pays africains, au regard des conséquences, risques et drames que certains parents
avaient vécu avec leurs enfants précédemment.
A ce propos, des parents d’étudiants nous ont dit que pour eux, l’UdM à Bangangté,
représentait une bouée de sauvetage dans la mesure où, quel que soit le problème qui se
pose, ils peuvent se transporter auprès de leurs enfants dans les douze heures maximum,
pour voir de quoi ça retourne. Pour ces parents donc, l’UdM à Bangangté a été une véritable
aubaine. C’est en tout cas ce qu’ils nous ont confessé.
Et pour en dire un peu plus sur l’originalité du projet, on doit relever que dans
l’histoire africaine, l’enseignement supérieur en tant que tel, et même pourrait-on dire, la
formation d’une manière générale, avait toujours été abandonné à l’Etat. En dehors de l’Etat
c’étaient des institutions religieuses (catholiques, protestants, évangéliques …). Surtout au
niveau de l’enseignement supérieur, celaa toujours été une affaire de l’Etat et des
confessions religieuses. Et même si,en 1985, il s’est ouvert au Cameroun une université
catholique, ellen’offrait aucune formation du genre qu’offre l’Université des Montagnes,
c’est-à-dire dans les domaines de la santé et de la technologie.
Nous avons donc pensé que nous ne pouvons pas toujours laisser la responsabilité,
soit à l’Etat soit aux institutions religieuses, pour assurer la formation des personnes, des
ressources humaines qui allaient s’occuper du développement du Cameroun comme de
l’Afrique. Nous avons estimé que c’était désormais de la responsabilité de la société civile
africaine de se penser et aussi de penser l’avenir de l’Afrique en collaboration avec les
Africains installés ici ou ailleurs. Nous avons également pensé que le moment était venu,
pratiquement 50 ans après les indépendances, où il fallait que nous nous appropriions notre
propre développement et que nous pensions notre développement selon nos propres
moyens, selon nos propres objectifs, selon nos propres intérêts et besoins, selon ce que
nous voulions devenir.
Et aussi, il faut le dire ouvertement, nous avons été formés dans un système où nos
gouvernements, pendant de nombreuses années, ont toujours parlé de la détérioration des
termes de l’échange, de transfert de technologie, de la difficulté à avoir les échanges égaux
entre le Nord et le Sud. Aussi, nous avons pensé qu’on ne peut pas passer la vie à se plaindre
et que nous devions, en quelque sorte, prendre l’initiative. Et sans peut-être aller jusqu’à
dire comme Obama : « Yes we can » -nous devons nous poser la question : « Que pouvonsnous faire pour nous-mêmes et pour notre avenir? »
Et puis il faut aussi ajouter la personnalité des professionnels impliqués au départ. En
effet, nous étions des Camerounais venus de tous les horizons de formation ; il y en a parmi
nous qui ont été formés dans les meilleures écoles européennes, dans les meilleures écoles
nord- américaines ; il y en a parmi nous qui ont été formés en Asie, donc nous réunissions
des expériences éducatives diverses, et nous nous sommes dit : « Mais en fait quand nous
arrivons chez nous, c’est comme si nous avons oublié l’environnement dans lequel nous
avons été formés, et comme si les expériences de ces pays là ne nous ont rien apporté .»
Nous nous sommes donc dit pourquoi ne pas réfléchir ensemble en essayant de nous
approprier les diverses expériences des pays où nous avons été formés pour en tirer le
meilleur et faire quelque chose qui nous soit propre et révéler notre propre vouloir être.
Parce que, précisons-le, les professionnels de notre génération, qui sont sur la fin de
la cinquantaine aujourd’hui ou au début de la soixantaine, ont presque tous été formés dans
les universités étrangères. Et même dans le secondaire, déjà à l’intérieur de notre propre
pays, la plupart, sinon la totalité, des enseignants étaient à l’époque des étrangers (français,
anglais, américains, allemands, …) C’est dire que nous n’avons jamais véritablement reçu
une formation endogène. Aussi, arrivés à un haut niveau de professionnalisme et à cet âge,
on s’est demandé mais en fait, du point de vue endogène, qu’est ce qui nous reste, qu’est ce
que nous pouvons apporter ?
4. De l’Institut des Etudes Africaines
C’est d’ailleurs pour cette raison précise que nous avons créé, à côté d’une Ecole des
Sciences de la Santé et d’une Faculté des Science et de Technologique, nous avons créé un
Institut d’Etudes Africaines et d’enseignement des langues, pas nécessairement diplômant,
mais un Institut qui est chargé d’offrir aux étudiants, aux scientifiques que nous allons
former, quelques fondamentaux de culture africaine, que ce soit en histoire, en
anthropologie, en sociologie, en philosophie, en littérature etc., de telle manière que les
jeunes que nous allons former sortent en étant profondément enracinés dans quelque
aspect du réel africain, bref que ce soit de jeunes gens différents de ceux qui peuvent nous
venir d’Amérique, d’Europe, d’Asie.
Car, quoique formés dans les laboratoires les plus sophistiqués, quand ils reviennent
ici et se mettent au chevet d’un patient, pour prendre le cas des médecins, ces jeunes
formés ailleurs ne comprennent pas toujours la mentalité, l’esprit de ce patient-là qui est lui
fondamentalement ancré dans le réel africain que ces jeunes gens-là ne comprennent pas
nécessairement. C’est dire que cet Institut des Etudes Africaines s’est révélé être une
originalité fondamentale, non seulement pour les étudiants mais aussi pour tous nos
visiteurs qui apprécient cette manière de faire, laquelle est absente dans les université d’Etat
où les étudiants n’ont pas cette possibilité d’être enracinés, quelle que soit la filière
scientifique qu’ils suivent. Cette conception d’un enseignement enraciné dans
l’environnement constitue véritablement une originalité de l’Université des Montagnes.
Par ailleurs, et en attendant que cet Institut devienne diplômant, il permet de
répondre aux demandes de formation en culture africaine qui sont de plus en plus
importantes tant au plan interne qu’externe. Et pour ce faire, nous faisons appel à des
spécialistes en culture africaine que nous avons autour de nous, que ce soit en histoire,
sociologie, anthropologie, philosophie, littérature etc.. En effet, le Cameroun est un pays qui
compte parmi les meilleurs experts en Afrique dans ces domaines là. Aussi, nous en invitons
volontiers sur le campus de l’UdM pour donner des conférences sur divers thèmes liés à la
culture africaine.
L’Institut des Etudes Africaines a également pour vocation de servir de cadre à des
échanges interuniversitaires sur la base de programmes qui seront progressivement mis en
place et pour lesquels les demandes se font déjà nombreuses..
IV. Les besoins de l’UdM à ce stade de son développement.
1. Des étudiants et des ressources humaines.
De quoi avons-nous besoin ? Assez paradoxalement, nous avons besoin d’avoir des
étudiants ; mais pas n’importe quels étudiants. Certes il n’en manque pas puisque, comme
nous l’avons relevé plus haut, plus de 1000 candidats frappent aux portes de l’UdM tous les
ans pour moins de 200 places.
Mais nous avons surtout besoin d’étudiants qui puissent s’inscrire dans la philosophie
de formation de l’Université des Montagnes, c'est-à-dire des étudiants qui comprennent, et
cela n’est pas facile, qu’ils sont là pour penser et construire l’Afrique de demain. Nous avons
besoin de jeunes gens et de jeunes filles qui rêvent, qui acceptent la vision que l’Université
des Montagnes voudrait leur donner, qui acceptent de voir autrement l’avenir du Cameroun
et de l’Afrique.
Deuxièmement nous avons besoin de ressources humaines tant en enseignants qu’en
personnel administratif qui comprennent que l’Université des Montagnes n’est pas une
Université comme toutes les autres ; qu’il ne s’agit pas d’une université d’Etat, mais d’une
université créée par la société civile camerounaise pour penser, projeter, construire le
Cameroun de demain. Qu’il s’agit d’une université pour former des citoyens d’un nouveau
genre, des citoyens engagés à changer les choses. Voilà donc les besoins essentiels dans ce
domaine.
Et
nous autres qui sommes les initiateurs du projet et qui en avons défini la
philosophie, nous sommes prêts à les accompagner sur cette voie, c'est-à-dire les amener à
partager notre vision de la société camerounaise de demain, de l’Afrique de demain et de la
place du Cameroun dans l’Afrique et de la place de l’Afrique dans le monde.
2. Les besoins en infrastructures et des équipements.
Evidemment, pour bâtir cette université de nos rêves, il nous faut des infrastructures
et des équipements, tant en quantité qu’en qualité, et ce sur le site définitif, le campus
provisoire étant déjà complètement saturé.
S’agissant des infrastructures, il faut dire que nous sommes sur le campus provisoire
de Mfetum depuis bientôt dix ans. Et pendant ce temps nous avons réussi, à peine, à mettre
un bâtiment d’envergure et quelques annexes sur notre site définitif de 204 hectares. Donc il
nous faut des infrastructures sur ce site pour un transfert progressif.
Et à ce propos, il faut effectivement sérier les domaines. Nous pensons d’abord aux
infrastructures pédagogiques, en termes de salles de cours, d’amphithéâtres, de
bibliothèque. Nous pensons aussi aux bâtiments administratifs. Nous pensons aux
laboratoires pour une recherche endogène. Et plus précisément l’un des laboratoires que
nous rêvons de mettre rapidement en place, c’est celui de la recherche en phyto-
médicaments, c'est-à-dire pour la production des médicaments et autres compléments
alimentaires à partir des plantes médicinales de chez nous. Et dans cette perspective, nous
avons mis en place un arboretum où on compte déjà près de mille espèces de plantes.
Par ailleurs, nos étudiants, dans la ville de Bangangté, doivent se trouver chacun un
logement, souvent de fortune et bien peu propice aux études universitaires du fait de la
promiscuité et du défaut de commodités élémentaires. En effet, depuis une dizaine d’années
que l’UdM fonctionne, des promoteurs privés ont doté la ville de Bangangté de mini-cités,
c’est-à-dire des logements conçus en chambres individuelles. Mais la vie dans ces mini-cités
est tellement précaire et aléatoire en termes d’énergie, d’eau et de sécurité. Aussi, notre
rêve est de bâtir des résidences universitaires dignes de ce nom sur notre campus définitif
de Banékané et où les étudiants puissent être accueillis dans de meilleures conditions, avec
des espaces de restauration, des aires de jeux, bref, des espaces qui puissent leur permettre
de s’épanouir en étudiant.
A propos des résidences universitaires, nous ne pensons pas seulement étudiants
mais aussi aux enseignants. En effet, pour accueillir les enseignants vacataires et
missionnaires sur le site provisoire, nous avons dû transformer en chambres individuelles
quelques appartements qu’occupaient les enseignants de l’ancien collège de l’Eglise
Evangélique. Mais il s’agit, il faut le dire, de résidences vraiment sommaires, et où on a
juste un minimum de confort. De plus, ces chambres sont en nombre insuffisant ; ce qui
nous oblige à loger certains dans les hôtels de Bangangté, et pour un coût passablement
élevé, sans du reste que les conditions d’accueil soient tellement meilleures,
Aussi, nous rêvons de construire, sur le site définitif, des résidences où les
enseignants tant permanents que vacataires et missionnaires puissent être accueillis dans de
meilleures conditions.
S’agissant des équipements, jusqu’ici la diaspora camerounaise et son réseau de
relations nous ont énormément soutenus en nous envoyant des équipements pédagogiques
qui nous ont permis de faire du chemin et de faire beaucoup de chemin, à telle enseigne
que, malgré nos installations modestes, nous sommes mieux équipés que bon nombre
d’institutions de même type dans la République.
Mais comme tout le monde sait, les sciences de la santé sont un domaine délicat où
la technologie avance à toute vitesse. Aussi avons-nous conscience qu’il nous faut des
équipements toujours plus performants ; et en cela nous essayons de nous adapter autant
que possible.
3. L’urgence d’un hôpital universitaire/d’application
L’un des projets qui représente pour nous une réelle urgence, c’est celui de l’hôpital
universitaire ou hôpital d’application. Donnant des formations en sciences de santé,
notamment en médecine, en chirurgie dentaire, en pharmacie, et aussi en maintenance
biomédicale, un hôpital d’application constitue une nécessité, un besoin incontournable.
Pour le moment le premier bâtiment que nous avons réalisé sur le campus de
Banékané, et qui devait accueillir, dans le projet global, uniquement le service de chirurgie, a
été transformé en une clinique universitaire complète d’une soixantaine de places
seulement. C’est dire qu’elle est bien trop petite pour répondre aux besoins d’un hôpital
universitaire que nous voulons de référence. Donc il nous faut trouver les moyens de
construire un hôpital universitaire digne de ce nom, et c’est l’une des choses qui nous
préoccupe au plus haut point aujourd’hui.
4. Le soutien aux étudiants.
Le soutien aux étudiants constitue aussi une de nos préoccupations de l’heure. En
effet,
les familles camerounaises qui nous confient leurs enfants ne sont pas toutes
particulièrement nanties. Il se trouve parfois que nous avons des enfants extrêmement
brillants dans des familles extrêmement pauvres. Mais malheureusement, nous n’avons pas
les moyens d’accepter les étudiants qui ne peuvent pas payer les frais de scolarité, fussentelles modiques, que demande l’Université des Montagnes pour pouvoir fonctionner. Aussi,
nous essayons, depuis un certain nombre d’années de mobiliser quelques Camerounais de la
diaspora pour qu’ils puissent mettre sur pied un fonds pour permettre de donner des
bourses aux étudiants méritants qui n’auraient pas les moyens de payer les modiques frais
de scolarité exigés pour être étudiant à l’UdM.
C’est là aussi un problème qui nous préoccupe au plus haut point, et auquel nous
essayons de trouver une solution. Mais pour le moment, nous n’en n’avons pas encore.
Aussi, nous n’acceptons que les étudiants dont les parents ont la possibilité de payer les
scolarités dont l’UdM a besoin pour assurer son fonctionnement minimal et qui constituent
aujourd’hui les seules ressources sur lesquelles on peut compter à la fois pour enseigner,
faire la recherche et réaliser quelques infrastructures.
Conclusion.
En conclusion, ce dont nous avons besoin actuellement, c’est d’un campus pour
porter le projet de l’Université des Montagnes, qui demeure un projet, une vision du monde,
une vision de notre pays, une vision du continent africain. Mais nous n’avons pas, pour le
moment, les moyens matériels pour envisager la construction d’un pareil campus. Aussi si
quelqu’un, ou un organisme, ou une Fondation, peut nous offrir, ne serait-ce qu’un début de
campus de ce type pour porter le projet, alors nous serons encore plus confortables dans
notre esprit pour continuer de rêver du type de formation que nous cherchons à donner à
l’Université des Montagnes.
Et si l’Université des Montagnes se veut engagée dans un développement endogène,
c’est-à-dire tournée vers l’intérieur, elle travaille néanmoins très étroitement avec
l’extérieur. Et nous aimerions avoir les moyens de développer encore davantage le système
que nous avons mis en place pour pallier l’insuffisance des ressources en termes
d’enseignants, afin de permettre aux meilleurs spécialistes installés à l’extérieur, et qui sont
disponibles, de séjourner sur le campus de l’Université des Montagnes pour dispenser des
cours. Et nous pouvons affirmer, sans aucune exagération, qu’à ce jour, nous sommes
l’unique institution de notre pays qui reçoit par an le plus d’experts venus des pays
étrangers.
Cette présence permet que les idées circulent sur notre campus, et ces idées nous
viennent d’un peu partout. Et ce système d’enseignement s’est révélé particulièrement
payant parce que nos étudiants, contrairement à ceux des autres universités de notre pays,
sont fréquemment confrontés à d’autres expériences, à d’autres enseignants, à d’autres
méthodes d’enseignement ; ils sont vraiment au contact de ce qui se fait ailleurs dans le
monde.
Enfin, et pour revenir à ce que nous disions plus haut, l’UdM est une université d’un
autre type qui se situe à cheval entre les universités d’Etat financées par les fonds publics et
les universités privées à but lucratif et qui ne sont autres que des entreprises commerciales.
L’UdM a été créée par l’Association pour l’Education et le Développement, une association
de la société civile camerounaise à but non lucratif. Cela signifie qu’aucun membre de
l’Association n’attend que des dividendes lui soient versées, car chacun mène sa propre
activité professionnelle.
En définitive, notre vœu est que l’UdM finisse par servir de modèle du genre dans la
société camerounaise et africaine ; que ce projet montre à la société civile qu’elle peut
effectivement se prendre en main, se prendre en charge, et qu’elle peut rêver la
construction du pays sans nécessairement attendre que les politiques interviennent. Nous
voudrions être un modèle à reproduire pour la société civile camerounaise et africaine.
Les fondateurs de l'UdM
Association pour l'Educatione t le Développement)
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