Mais même pour commencer petit, il fallait des locaux, il fallait un minimum
d’infrastructures et des équipements, même de seconde main, pour pouvoir lancer cette
université. Et sur ce plan là nous pouvons dire que les circonstances nous ont été
extrêmement favorables. En effet, ayant fait le tour des chefferies traditionnelles de la
région pour savoir lequel des chefs pouvait nous offrir un terrain sans que nous ayons à
débourser des sommes énormes pour l’acheter, nous avons ainsi bénéficié de 204 ha de
terrain offerts par le chef des Bangangté.
Le terrain offert, il fallait trouver les moyens d’y mettre des locaux ; il fallait des
bâtiments et nous n’avions pas les moyens de les construire. C’est pour cette raison que
nous avons décidé de chercher, dans la région de Bangangté où nous avions le terrain
définitif, des locaux provisoires pour démarrer l’institution. C’est comme cela qu’on s’est
approché de l’Eglise Evangélique du Cameroun qui avait un ancien Collège d’Enseignement
Technique à Bangangté, lequel collège avait fermé ses portes depuis une quinzaine d’années
pour des raisons économiques et dont les locaux étaient abandonnés dans la broussaille.
L’Eglise Evangélique a donc accepté de mettre à notre disposition ces locaux, bâtis sur une
superficie de 2 hectares, pour une modique contre -partie financière. Mais là encore, il a
fallu que nous les réhabilitions. Ce que nous avons fait, les transformant en un campus
provisoire qui est celui du centre ville de Bangangté et où nous avons démarré l’Université
des Montagnes en l’an 2000.Elle continue à y fonctionner jusqu’à ce jour, c’est-à-dire 10
ans après. Et si ces travaux ont pu être réalisés, c’est parce que les initiateurs du projet y ont
cru et ont accepté toutes sortes de sacrifices, y compris l’hypothèque des biens de famille.
C’est en effet ici le lieu de relever que le Pr Lazare Kaptuè, Président de l’AED, a
hypothéqué des titres fonciers personnels pour obtenir de sa banque les premiers fonds qui
nous ont permis les réhabilitations sus-évoquées. Et il nous a fallu 4 à 5 ans pour lui restituer
l’emprunt.
C’est aussi le lieu ici de dire que cette démarche participe de la philosophie
fondatrice des initiateurs de ce projet qui ont voulu se démarquer de l’approche souvent
adoptée en Afrique et qui veut que , quand on a une idée pareille, on croit toujours qu’on ne
peut la réaliser qu’en allant vers les bailleurs de fonds internationaux ou régionaux pour
trouver de l’argent.
Nous autres, nous avons cru qu’il fallait d’abord prouver que nous pouvions compter
sur nous-mêmes avant d’aller auprès des autres, même auprès de la diaspora. Nous avons
toujours tenu à prouver que nous-mêmes pouvions faire les premiers pas, faire marcher le
projet pendant au moins les premières années, montrer que cela pouvait marcher avant de
frapper même aux portes des institutions internationales.
Et nous devons avouer que jusqu’aujourd’hui, dix ans après, nous n’avons pas encore
frappé aux portes de ce qu’on appelle les bailleurs de fonds internationaux. Nous avons
essentiellement fonctionné sur la base du bénévolat, sur la base de nos fonds propres, et