Ses disciples avaient donc sous les yeux un maître-éducateur qui
enseignait en paroles, bien sûr, mais surtout par son exemple. Il demeure
toujours, même de nos jours, un guide sûr et un modèle en ce qui concerne
les relations interpersonnelles, qu’il s’agisse des proches, des confrères,
des élèves et des personnes rencontrées dans la vie quotidienne. Grâce à
son entregent et à son caractère franc et ouvert, Marcellin s’est révélé tout
le long de sa vie un cœur sans frontières selon une formule que ses
biographes modernes lui appliquent souvent et à juste titre.
Quelques aspects de sa sainteté
Marcellin Champagnat était un homme très pratique, très concret.
À chaque fondation d’école, il exigeait une cour de récréation pour les
enfants et un jardin pour la communauté comme moyen de subsistance et
de loisirs. Ce sont là deux exigences que les Frères Maristes précisaient
encore dans les premiers contrats de fondation d’écoles au Québec.
Réaliste, Champagnat savait que les petits paysans de France désertent
l’école dès la fin d’avril ou les premiers jours de mai pour aller travailler
aux champs avec leurs parents. Réaliste, il fixa que l’école aura une durée
de six mois. Les autres mois, les Frères, en petites communautés de deux
ou trois, comme durant l’année scolaire, se livreront au travail manuel tout
en assurant le catéchisme aux enfants et aux adultes dans les villages et
les paroisses. Les Frères seront rappelés à l’Hermitage pour leur retraite
annuelle de huit jours et pour y travailler et suivre des cours spéciaux de
pédagogie. Il veut que ces petites communautés de Frères exercent, dans
leur milieu, un service d’Église auprès des populations locales par leur
enseignement aux enfants, par leur participation à la vie paroissiale et par
leur seule présence. Tout cela en coopération étroite avec les prêtres
responsables des paroisses.
Il veut que ses religieux enseignants se nomment entre eux Frères,
qu’ils vivent en communauté dans un «esprit de famille», qu’ils aient
l’amour du travail manuel ou autre, qu’ils donnent un enseignement
gratuit aux élèves car les mairies ou les fondateurs des écoles doivent, par
ententes contractuelles, assurer un salaire aux Frères. Il souhaite
ardemment que les Frères cultivent ce qu’on nomme les trois violettes :
humilité, simplicité et modestie. En peu de mots, - et il le souligne dans
son Testament Spirituel : « Qu’on puisse dire des Petits Frères de
Marie, comme des premiers chrétiens : Voyez comme ils s’aiment! »
Marcellin, c’est aussi l’ami des petits et des pauvres. Tel
prédélinquant sera accueilli et deviendra même Frère, grâce à la patience
de Marcellin et de ses Frères. Les anecdotes ne manquent pas où on le voit
tenir tête à ses Frères trop pressés de se débarrasser d’un élève