très soviétique, ne peuvent discuter ouvertement de leur propre histoire
sans risquer une peine de prison, ou pire encore, la balle d’un extrémiste
?
Obama rejoindra-t-il les rangs des danseurs du "Mot en G" -- qui ont joué
au football politique avec les espoirs et les rêves des survivants,
promettant hors mandat de reconnaître le premier "crime contre
l’humanité" de l’histoire, ainsi qualifié par les Britanniques en 1915 -- puis
y renonçant une fois au pouvoir -- devant n’importe quel chantage
géopolitique des responsables turcs ? Les bases ? Le pétrole ? La sécurité
en Afghanistan... en Iran... ou en Irak ?
Génocide ? Ou déni ?
Je m’exprime en tant que réalisatrice, très au fait des débats sur le
génocide qui ont lieu en Amérique et en Europe. J’ai réalisé un
documentaire intitulé Screamers, dans lequel jouait un groupe très connu
"System of a Down", et qui a été diffusé sur la BBC et ensuite en
Amérique en 2006-2007. Le film examine l’histoire des génocides, en
partant du génocide arménien, puis l’holocauste, le Cambodge, la Bosnie,
le Rwanda, jusqu’au Darfour aujourd’hui. Il comprend une longue
interview de Samantha Power. Après sa diffusion aux USA, le film a été
projeté trois fois au Congrès, ainsi qu’au Parlement européen, au
Parlement britannique (pour leur Comité de la Prévention du Génocide), et
plus récemment, il y a eu une projection sponsorisée par les Nations
Unies. Dans le monde entier, il a été diffusé dans des églises et des
synagogues, des instituts culturels, des universités et des écoles, il a été
traduit dans de nombreuses langues, y compris le français, l’allemand et
l’arabe. Le Jewish World Watch, the Shoah Foundation, Save Darfur,
Amnesty International, Clooney's "Not on Our Watch"... nous ont soutenu
et la liste continue. Je suis toujours en train de parcourir le monde pour ce
film.
En janvier 2007, l’un de nos contributeurs, Hrant Dink, a été assassiné
dans une rue d’Istanbul. C’était l’éditeur d’un journal arménien, qui
prônait la paix et la tolérance sur ce sujet en Turquie. Dink avait été jugé
par l’État turc, en vertu de son Code pénal draconien, Article 301, qui peut
qualifier toute discussion sur le génocide arménien de crime contre l’État,
soit "insulte à l’identité turque." Sous la pression de l’Union européenne,
ce code a été modifié, mais les changements ne sont que cosmétiques.
Certains pensent que ce nouveau Code est encore pire.
Je demanderai à tous ceux qui pensent que ceci est un problème du
passé, de se rendre en Turquie. Dink, ainsi que le lauréat du Prix Nobel
Orhan Pamuk ont tous deux encouru la prison pour avoir parlé de ces
événements. Ils ont subi la haine des ultranationalistes, et l’intimidation
que subit tout citoyen turc désirant parler ouvertement de ce sujet en
Turquie. Deux mois après la sortie de notre film et les exhortations du