I - RECONNAÎTRE CES SIGNES QUE DIEU NOUS DONNE
Car Dieu nous donne des signes. Pourquoi ne les voyons-nous pas assez ? Pour une raison
qui me semble essentielle : parce que nous sommes tributaires du langage dominant de notre société,
qui est le langage exclusif du calcul rationnel et des résultats chiffrés.
À nous de nous rappeler l’appel initial de notre synode de 2005 : « Pour aller au cœur du
mystère de Dieu, nous avons besoin de nous laisser renouveler par Dieu lui-même, qui s’est révélé en
Jésus Christ et qui continue de se manifester par les signes qu’il nous donne » (Actes du synode,
p.11).
Quels sont ces signes ?
1 – Des personnes qui nous entraînent au cœur du mystère de Dieu
Parmi ces personnes, il y a des enfants et des jeunes : des enfants qui demandent d’eux-
mêmes à être catéchisés, et dont certains vont recevoir le baptême durant leur scolarité. Ce ne sont
pas des événements exceptionnels, ce sont des événements significatifs.
Ces enfants sont capables d’aller à la découverte de Dieu. Et l’on sait bien que cette démarche
d’initiation chrétienne est souvent inséparable de situations familiales difficiles ou complexes. À nous
de nous demander comment Dieu travaille le cœur de ces enfants et ce qu’il advient alors de leurs
mères et de leurs pères, qui, eux, n’ont que très rarement des racines chrétiennes. Une catéchiste de
notre diocèse a dit récemment ceci, en méditant sur la guérison du boiteux du temple de Jérusalem
qui demandait de l’argent et qui reçoit sa guérison : « Seigneur, tu ne nous donnes pas ce que nous te
demandons, nous te demandons des catéchistes et tu nous donnes des mamans qui demandent à
être catéchisées ». C’est clair : devenir chrétien est possible à tout âge.
Depuis des années, je suis aussi témoin de l’attente spirituelle que portent en eux des jeunes
qui demandent et reçoivent le sacrement de confirmation. Comme cette fille de quatorze ans, très
consciente des blessures profondes qu’elle porte en elle et qui a exprimé ainsi sa foi en Dieu : « Il faut
regarder en face les épreuves de nos vies, ne pas les contourner. Dieu est plus grand que ces
épreuves. Il nous guidera à dire pardon à ceux qui nous ont fait du mal, beaucoup de mal, et un
mal que l’on cache. » Et un de ses camarades a, lui, écrit ceci : « Cessez de vous faire du mal les
uns aux autres ! Ayez confiance en vous, une vie sans confiance n’est pas une vie heureuse,
faites la paix entre vous ! ».
Ces garçons et ces filles de 14 à 18 ans nous demandent de nous situer avec eux sur ce
terrain d’humanité profonde, là où se posent des questions radicales de vie et de mort, de confiance
et de pardon.
Le même phénomène se vérifie évidemment avec des catéchumènes adultes. Ces hommes
et ces femmes sont étonnants. Ils nous disent spontanément qu’ils ont depuis longtemps le
pressentiment de la présence de Dieu à leurs côtés. L’Église, ils la perçoivent comme une famille, où
ils sont heureux d’entrer. Ils comprennent d’eux-mêmes que leur baptême sera comme une nouvelle
naissance. Nos communautés ordinaires savent-elles les accueillir vraiment ? Avons-nous
l’expérience de la célébration des « scrutins », ces moments de prière qui s’accomplissent durant le
Carême, pour que le mystère pascal vienne saisir ces hommes et ces femmes renouvelés par Dieu ?
Il ne faut plus tarder à mettre au point la proposition de notre synode, quand il demande que
soient précisées « l’organisation du catéchuménat dans chaque doyenné, la façon d’en valoriser
les étapes et de les célébrer avec la communauté paroissiale au rythme du temps liturgique. »
(Actes du synode de 2005, 112, p.12)
Je pense aussi aux jeunes couples qui se préparent au sacrement chrétien du mariage.
J’atteste que, lorsqu’on leur propose vraiment de vivre cette préparation comme un chemin d’initiation
chrétienne, eux aussi sont en état de découverte intérieure. Souvent, pour la première fois, ils
écoutent la Parole de Dieu. Ils s’ouvrent, à travers leur relation amoureuse, à ce mystère d’amour
inconditionnel qui les dépasse. Et ils peuvent alors devenir pour leurs amis et pour leurs familles des
signes réels de la nouveauté de Dieu. Là encore, les actes de notre synode nous avertissent : « Nous
devons changer notre regard sur les futurs mariés qui s’adressent à l’Église. Baptisés ou non,
ils doivent être accueillis comme autant de chercheurs de Dieu. Notre mission est de les
accompagner avec l’Évangile pour guide, pour aller avec eux à la rencontre de Dieu présent
dans l’expérience d’amour qu’ils sont en train de vivre. » (Actes du synode de 2005, 112, p.12)
C’est clair : ces enfants, ces jeunes, ces adultes nous obligent à pratiquer plus résolument une
pastorale des commencements de la foi et du cheminement chrétien. Avec eux, nous sommes mis