Vivre de nouveaux commencements

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VIVRE DE NOUVEAUX COMMENCEMENTS
Lettre pastorale pour un temps de rentrée. 20 septembre 2008
Chers amis,
Je rumine souvent les premières paroles que Jésus adresse à Simon – Pierre, au bord du lac
de Tibériade : « Avance en eau profonde, va au large et jetez les filets ! » (Luc 5, 4).
Et Simon – Pierre obéit. Il ne calcule pas. Il n’oublie pourtant pas que, la nuit précédente, son
travail a été sans résultats. Il jette ses filets. Ce Jésus de Nazareth, qu’il connaît à peine, il se fie à sa
parole. Il accepte d’être lié à lui, contre vents et marées. Sa vie entière d’apôtre est comme contenue
en germe dans sa réponse à ce premier appel. Il est prêt à collaborer à l’œuvre du Christ. Il ira pour
cela de commencement en commencement, en prenant des risques.
Ce dialogue de l’Évangile me semble convenir à cette époque de rentrée. Voici venu le temps
où nous reprenons notre travail, nos responsabilités, nos engagements ! Mais comment vivre ce
temps de reprise ? S’agit-il seulement de remettre en marche la machine de nos activités, après
l’interruption des vacances ? Ou bien sommes-nous capables de vivre comme de nouveaux
commencements, en apprenant à voir le travail inlassable de Dieu en nous et parmi nous ?
C’est un souhait profond que je vous confie par cette lettre : je voudrais que nous apprenions
ensemble à témoigner de la nouveauté de Dieu en ce temps qui est le nôtre, où l’incertitude l’emporte
sur l’espérance. Je voudrais que nous comprenions davantage que le christianisme est nouveau
parce qu’il est méconnu et que nous aussi, nous sommes souvent méconnus en tant que disciples de
Jésus Christ.
Ne perdons pas de temps à gémir sur les failles évidentes de notre société si fragile, ni sur les
faiblesses également si évidentes de notre Église ! À nous de voir les signes du travail de Dieu à
l’intérieur de notre humanité !
Permettez-moi ici d’être votre porte-parole en témoignant de ces signes que Dieu nous donne
et de mettre en relief le terrain primordial de notre mission chrétienne : celui de l’expérience spirituelle.
Je ne vous cache pas que cette lettre pastorale se situe dans le sillage de trois événements
récents qui m’ont marqué.
- Le 15 août, j’ai été très touché d’apprendre la mort de Monseigneur Marius MAZIERS,
l’ancien archevêque de Bordeaux, qui m’avait ordonné prêtre en 1970 et évêque en 1987. Cet homme
a été un véritable apôtre du Christ. Il savait à sa manière souffrir pour l’Église et par l’Église. J’étais
heureux de pouvoir lui parler et de le remercier, en prononçant l’homélie de ses obsèques et en
rappelant cet appel qu’il avait lancé le lundi saint 1985 : « Ne rêvons pas de l’Église d’hier, soyons
attentifs aux bourgeonnements de l’Église d’aujourd’hui dans lesquels se préparent les fruits
de demain. »
- À la fin du mois d’août, j’ai passé quatre jours à Taizé, pour répondre à une invitation
insistante du frère Aloïs, le successeur du frère Roger. Ce fut comme un grand bain d’amitié, de
dialogue et de prière, avec les frères et avec les jeunes qui étaient venus là, comme on vient à une
source. Car à Taizé, on expérimente la nouveauté et la fraîcheur de l’Évangile et de la fraternité
chrétienne.
- En ce mois de septembre, je viens de participer à la visite en France de Benoît XVI, de Paris
à Lourdes. J’ai cru comprendre qu’à travers ce pèlerinage, l’évêque de Rome nous adressait un
double appel : à aller au cœur de la tradition chrétienne, qui passe spécialement par la Parole de Dieu
et par l’Eucharistie, et à inscrire cette tradition à l’intérieur de notre société marquée à la fois par l’oubli
de ses racines et par une véritable attente spirituelle.
À sa manière, cette lettre pastorale prolonge
ce double appel de notre pape.
I - RECONNAÎTRE CES SIGNES QUE DIEU NOUS DONNE
Car Dieu nous donne des signes. Pourquoi ne les voyons-nous pas assez ? Pour une raison
qui me semble essentielle : parce que nous sommes tributaires du langage dominant de notre société,
qui est le langage exclusif du calcul rationnel et des résultats chiffrés.
À nous de nous rappeler l’appel initial de notre synode de 2005 : « Pour aller au cœur du
mystère de Dieu, nous avons besoin de nous laisser renouveler par Dieu lui-même, qui s’est révélé en
Jésus Christ et qui continue de se manifester par les signes qu’il nous donne » (Actes du synode,
p.11).
Quels sont ces signes ?
1 – Des personnes qui nous entraînent au cœur du mystère de Dieu
Parmi ces personnes, il y a des enfants et des jeunes : des enfants qui demandent d’euxmêmes à être catéchisés, et dont certains vont recevoir le baptême durant leur scolarité. Ce ne sont
pas des événements exceptionnels, ce sont des événements significatifs.
Ces enfants sont capables d’aller à la découverte de Dieu. Et l’on sait bien que cette démarche
d’initiation chrétienne est souvent inséparable de situations familiales difficiles ou complexes. À nous
de nous demander comment Dieu travaille le cœur de ces enfants et ce qu’il advient alors de leurs
mères et de leurs pères, qui, eux, n’ont que très rarement des racines chrétiennes. Une catéchiste de
notre diocèse a dit récemment ceci, en méditant sur la guérison du boiteux du temple de Jérusalem
qui demandait de l’argent et qui reçoit sa guérison : « Seigneur, tu ne nous donnes pas ce que nous te
demandons, nous te demandons des catéchistes et tu nous donnes des mamans qui demandent à
être catéchisées ». C’est clair : devenir chrétien est possible à tout âge.
Depuis des années, je suis aussi témoin de l’attente spirituelle que portent en eux des jeunes
qui demandent et reçoivent le sacrement de confirmation. Comme cette fille de quatorze ans, très
consciente des blessures profondes qu’elle porte en elle et qui a exprimé ainsi sa foi en Dieu : « Il faut
regarder en face les épreuves de nos vies, ne pas les contourner. Dieu est plus grand que ces
épreuves. Il nous guidera à dire pardon à ceux qui nous ont fait du mal, beaucoup de mal, et un
mal que l’on cache. » Et un de ses camarades a, lui, écrit ceci : « Cessez de vous faire du mal les
uns aux autres ! Ayez confiance en vous, une vie sans confiance n’est pas une vie heureuse,
faites la paix entre vous ! ».
Ces garçons et ces filles de 14 à 18 ans nous demandent de nous situer avec eux sur ce
terrain d’humanité profonde, là où se posent des questions radicales de vie et de mort, de confiance
et de pardon.
Le même phénomène se vérifie évidemment avec des catéchumènes adultes. Ces hommes
et ces femmes sont étonnants. Ils nous disent spontanément qu’ils ont depuis longtemps le
pressentiment de la présence de Dieu à leurs côtés. L’Église, ils la perçoivent comme une famille, où
ils sont heureux d’entrer. Ils comprennent d’eux-mêmes que leur baptême sera comme une nouvelle
naissance. Nos communautés ordinaires savent-elles les accueillir vraiment ? Avons-nous
l’expérience de la célébration des « scrutins », ces moments de prière qui s’accomplissent durant le
Carême, pour que le mystère pascal vienne saisir ces hommes et ces femmes renouvelés par Dieu ?
Il ne faut plus tarder à mettre au point la proposition de notre synode, quand il demande que
soient précisées « l’organisation du catéchuménat dans chaque doyenné, la façon d’en valoriser
les étapes et de les célébrer avec la communauté paroissiale au rythme du temps liturgique. »
(Actes du synode de 2005, 112, p.12)
Je pense aussi aux jeunes couples qui se préparent au sacrement chrétien du mariage.
J’atteste que, lorsqu’on leur propose vraiment de vivre cette préparation comme un chemin d’initiation
chrétienne, eux aussi sont en état de découverte intérieure. Souvent, pour la première fois, ils
écoutent la Parole de Dieu. Ils s’ouvrent, à travers leur relation amoureuse, à ce mystère d’amour
inconditionnel qui les dépasse. Et ils peuvent alors devenir pour leurs amis et pour leurs familles des
signes réels de la nouveauté de Dieu. Là encore, les actes de notre synode nous avertissent : « Nous
devons changer notre regard sur les futurs mariés qui s’adressent à l’Église. Baptisés ou non,
ils doivent être accueillis comme autant de chercheurs de Dieu. Notre mission est de les
accompagner avec l’Évangile pour guide, pour aller avec eux à la rencontre de Dieu présent
dans l’expérience d’amour qu’ils sont en train de vivre. » (Actes du synode de 2005, 112, p.12)
C’est clair : ces enfants, ces jeunes, ces adultes nous obligent à pratiquer plus résolument une
pastorale des commencements de la foi et du cheminement chrétien. Avec eux, nous sommes mis
nous-mêmes en état d’initiation au mystère de Dieu. Et c’est un vrai terrain de rencontre, de dialogue
et d’évangélisation profonde.
2 – Les renouvellements intérieurs à la vie des paroisses
Les signes que Dieu nous donne passent aussi par la vie ordinaire de nos paroisses. Je sais
que les membres les plus fidèles de nos communautés sont plutôt des personnes du troisième âge,
que les jeunes sont peu nombreux, que le renouvellement des animateurs est parfois difficile.
Et pourtant, à travers cette pauvreté réelle, la charité du Christ est à l’œuvre, grâce à des
personnes, des femmes surtout, qui sont là et qui se donnent. Entretenir une église, la fleurir, la
nettoyer, la rendre accueillante, cela aussi fait partie de la vie chrétienne. Et tout autant la catéchèse
des enfants, l’animation liturgique, la visite aux malades, la participation aux obsèques, l’accueil en
vue des baptêmes et des mariages, le travail de secrétariat et les mille petits gestes de service qui
jalonnent l’existence ordinaire.
Des hommes et des femmes vivent ainsi de la charité du Christ. Parfois de façon laborieuse,
avec l’impression de ne pas être assez reconnus, parfois aussi avec une joie profonde qui se lit sur les
visages. Merci, de tout cœur, à ces membres vivants et aimants du Corps réel du Christ, à ces
artisans de l’évangélisation ordinaire !
Parmi ces personnes, je tiens à faire une mention spéciale pour celles qui exercent des
missions de visite et d’accompagnement personnel : ce ne sont pas des missions cataloguées
dans nos catégories officielles, mais ce sont des missions réelles et profondément utiles. Il y a tant de
solitudes personnelles parmi nous, tant de détresses cachées qui demandent d’abord à être écoutées
de façon gratuite. Je me demande même si nous ne devrions pas organiser et situer plus nettement
dans nos paroisses ce travail de visite et d’accompagnement qui est une vraie façon de témoigner du
Christ, lui qui est venu « chercher et sauver ce qui était perdu ». (Luc 19, 10).
Je n’oublie évidemment pas les personnes qui sont des relais paroissiaux : elles aussi
manifestent concrètement que l’Église catholique n’est pas réservée aux catholiques, mais s’inscrit
dans notre société. Quand aux équipes d’animation pastorale, elles sont de plus en plus
nombreuses. La charte que nous avons élaborée à leur intention exprime clairement leur mission : il
ne s’agit pas de prendre le pouvoir pour remplacer les prêtres, il s’agit de manifester le caractère
sacramentel de l’Église, signe et Corps du Christ, formée de membres différents et solidaires. Quand
cela est compris et pratiqué, alors les EAP permettent à une paroisse de devenir davantage une
communauté chrétienne où l’on s’encourage à vivre de la charité du Christ.
3 – Ceux que nous avons à accueillir
C’est une joie profonde pour moi-même, comme évêque, d’avoir ordonné en juin dernier un
nouveau prêtre, Romain HOUDUSSE, et de me préparer à ordonner deux autres nouveaux prêtres, le
28 septembre, Florian MARCHAND et Jean-François MONDY.
Pendant que François FAVREAU et Vincent RIVAUD poursuivent leur formation, un jeune
charentais vient d’entrer au séminaire de Bordeaux : Sébastien GAUVRY, de Barbezieux.
À nous de les accueillir comme des dons des Dieu ! À nous tous, aussi, de comprendre que
ces jeunes ne viennent pas boucher des trous, mais participer à l’œuvre du Christ, dans une Église
qui vit et qui désire vivre plus radicalement de l’Évangile et de l’Eucharistie !
Et je n’oublie pas les deux religieux qui viennent de nous rejoindre : le Père Geoffroy LAFONT,
dans la communauté des Chanoines de saint Augustin à Montbron, et le frère Jean-Eudes PASQUET,
dans celle des Frères de saint Jean à Cherves-Richemont.
Deux nouveaux diacres servent aussi parmi nous depuis quelques mois : Jacques BONNET et
Xavier RICHARD. Et d’autres sont en formation pour exercer ce ministère qui est d’autant mieux
compris qu’il est effectivement exercé comme un signe personnel du Christ, dans la société et dans
l’Église.
Mais l’avenir des ministères ordonnés est inséparable de la façon dont nous vivons, dans nos
communautés, de la solidarité chrétienne. Nous sommes pauvres, nous le savons. Mais savons-nous
assez que nous sommes liés les uns aux autres, non pas pour gémir ensemble, mais pour prier
ensemble et pour nous encourager à la confiance mutuelle ?
Seigneur, délivre-nous de ce qui nous replie sur nous-mêmes, sur nos mesquineries et nos
rancunes ! Ouvre-nous à ta générosité, à ta grâce, à ta réconciliation ! C’est sur ce terrain-là que
l’Évangile et l’Eucharistie portent des fruits !
Et donne-nous aussi, Seigneur, de reconnaître la présence si sensible des communautés de
religieuses parmi nous, en comprenant que ces femmes consacrées témoignent à leur manière de la
nouveauté de l’Évangile ! À nous aussi d’accueillir celles qui arrivent en Charente et qui découvrent
notre diocèse ! Et, plus largement encore, en ce début d’année, allons à la rencontre des nouveaux
venus qui sont parmi nous ! Leur présence nous oblige à ne jamais nous considérer comme une tribu
repliée sur elle-même.
II – NOUS TENIR SUR LE TERRAIN DE L’EXPÉRIENCE SPIRITUELLE
Ce qui use, c’est la répétition. Ce qui nous renouvelle, c’est l’action de l’Esprit Saint à
l’intérieur de notre humanité, de nos cœurs, de nos corps, de nos consciences, et aussi de nos
activités et de nos passivités, de nos luttes et de nos échecs, de nos projets et de nos espoirs.
C’est le terrain de l’expérience spirituelle. Il est prioritaire. Pourquoi ? Parce que si jamais nous
traitions l’Église comme une entreprise ordinaire, obsédée par ses résultats, alors nous nous
condamnerions nous-mêmes à ne plus gérer que notre propre pénurie en attendant la faillite ! On
pourrait bien répartir autrement les pouvoirs, rien n’empêcherait le déclin. Mais si l’Église est vraiment
le Corps du Christ et le lieu où l’Esprit Saint travaille, alors d’autres priorités se révèlent : à nous de
laisser l’Esprit Saint nous ouvrir au mystère de Dieu pour que nous en vivions et que nous devenions
ses témoins dans un monde qui se passe de Lui !
Pour que cela se réalise, permettez-moi d’insister sur quelques urgences !
1 – Affronter les épreuves de la foi en Dieu
L’organisation de l’Église est seconde. L’essentiel, c’est notre expérience de Dieu. Et nous le
savons bien à certaines heures. Quand nous entendons ces cris de détresse profonde : « Je ne prie
plus. Je n’ai plus de goût à la prière. Je m’ennuie à la messe. La foi me quitte. Et puis, je ne trouve
pas près de moi, dans ma paroisse, la compréhension et l’amitié dont j’ai besoin. Je souffre de voir
ces catholiques qui se disputent si facilement pour des choses secondaires. Où donc est Dieu dans
ces querelles dérisoires ? »
Ces cris de détresse, chacun de nous peut les porter en soi-même. Ils font partie des épreuves
de la foi. Mais pour affronter ces épreuves, nous avons tous besoin d’être accompagnés. Comme les
disciples d’Emmaüs. « De quoi parliez-vous tout en marchant ? », leur dit Jésus (Luc 24, 17). Et il
va longuement les écouter et les aider à surmonter l’épreuve, en les ouvrant au mystère de Dieu qui
passe par la Croix…
Nous sommes souvent du côté des disciples d’Emmaüs : nous perdons l’espérance, nous
avançons dans le brouillard. C’est pourquoi il faut absolument que nous apprenions davantage, dans
nos communautés, à cheminer les uns avec les autres, en écoutant, en consolant, en partageant nos
attentes profondes.
Sur ce terrain de l’expérience spirituelle et des épreuves de la foi, nous avons besoin de
valoriser cette pastorale du cheminement chrétien qui demande à être comprise et mise en œuvre.
Elle est vitale pour tous.
2 – Aller jusqu’au pardon
Permettez-moi de le dire de façon abrupte : ce qui empêche le plus radicalement l’Église
d’avoir de l’avenir, c’est quand elle s’enferme en elle-même et qu’elle se coupe de sa source, qui est
le cœur de Dieu. Que Dieu vienne briser tout ce qui nous enfermerait en nous-mêmes !
Cette brisure-là passe par la réconciliation, qui est souvent au-delà de nos forces et de nos
psychologies complexes. Pouvoir dire alors : « C’est moi cet homme qui a fait ce mal, qui a fait du
mal, qui a consenti au mal ! Pardonne-moi, Seigneur ! » « Père, pardonne-leur, ils ne savent
pas ce qu’ils font ! » (Luc, 23, 34).
Inutile d’insister : c’est le pardon venant de la Croix du Christ qui nous recrée en profondeur.
Oui, il est possible de vivre de l’Amour fort de Dieu, au-delà de nos blessures et de nos brisures ! Il
s’agit là vraiment d’un nouveau commencement !
Je souhaite que nous réfléchissions davantage à tout ce qu’exige cette pratique de
l’accompagnement spirituel, de la préparation au pardon et, de façon particulière et personnelle, au
sacrement du pardon. Notre Conseil presbytéral aura à ouvrir ce chantier.
3 – Quelle visibilité de l’Église ?
Dans quelques jours, le 29 septembre, Jacques BLAQUART, devenu il y a deux ans évêque
auxiliaire de Bordeaux, sera parmi nous pour évoquer ce thème de réflexion et d’engagement qui m’a
été confié par les évêques de France : « Indifférence religieuse et visibilité de l’Église ».
J’ai prévenu mes frères évêques. Je ne veux pas réduire ce texte à une stratégie pastorale :
« Puisque l’indifférence grandit, renforçons la visibilité de l’Église ».
L’essentiel n’est pas là. l’essentiel tient en une question décisive : Que sommes-nous
appelés à rendre visible de la vie chrétienne, de la foi et de la charité vécues, et aussi du Corps
du Christ vivant dans notre société ? Comment répondre à l’appel de Jésus à être « sel de la
terre et lumière du monde » (Matthieu 5, 13-14) ? Pourquoi et comment comprendre que, même si
l’Église catholique ne recouvre pas toute la société française, elle demeure une Église missionnaire,
pas seulement l’Église des catholiques, mais ce Corps vivant qui inscrit le signe du Christ en notre
société ?
J’aimerais que notre diocèse d’Angoulême participe à cette réflexion et à cet engagement.
J’aimerais qu’avec notre pauvreté et aussi notre expérience, nous répondions à ces questions de
façon réaliste et chrétienne. J’aimerais que notre réponse soit comme un écho de cette parole
superbe qu’a dite il y a quelques années, à Châteauneuf-sur-Charente, une mère de famille dont la
fille, handicapée mentale, venait d’être confirmée : « S’il n’y avait pas l’Église, le monde ne
pourrait pas exister ! » Cette femme avait vu : elle avait vu, à travers des signes, l’Amour de Dieu
venir à nous et créer comme de nouveaux commencements. Elle était devenue chrétienne. Cela, c’est
toujours nouveau !
P. Claude Dagens,
Evêque d’Angoulême
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