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CANCUN OU LA COP 16 (Convention des Parties (des Etats) à sa 16è
conférence)
Rapport Présenté par Alfred Sawadogo, PCA SOS Sahel International BKF
Président de la Coalition des OSC sur le Changement Climatique.
(Tél. 70 78 27 17 ; Mail : sawaodogoyambangba@yahoo.fr)
1. Le voyage : du lundi 29 novembre au mercredi 2 décembre 2010. C’est le
temps qu’il a fallu pour joindre Cancun au Mexique, avec trois visas à
réunir : celui des Etats-Unis, de la France et enfin du Mexique pris à Paris
sur le chemin de Cancun. L’itinéraire Ouagadougou- Paris- New York
Cancun est il faut le dire, physiquement éprouvant. Après une journée
entière à dormir à l’arrivée, le moral est bon pour attaquer les travaux de
la conférence commencée depuis le 29 novembre 2010.
2. Le site de la conférence :
Ceux qui ont pris part à la conférence de Copenhague peuvent avoir une
idée sur le site d’un tel évènement. Contrairement à celui de Copenhague
qui se déroulait en un seul endroit gigantesque pour contenir jusqu’à
45.000 participants, celui de Cancun pêche à ce niveau, car au lieu d’un
site, c’est plusieurs sites assez éloignés les uns des autres avec donc des
déplacements incessants lourds à gérer et des pertes de temps. Des
dizaines de bus ont été mobilisés à cet effet et, au vu de la disponibilité
sans reproche des Mexicains, leur sens de l’accueil de l’autre, les
inconvénients des déplacements ont été compensés par l’efficacité de la
logistique.
Le Mexique : un état fédéral de 32 Etats au sud des Etats-Unis
d’Amérique, peuplé de 112 millions d’habitants ; 50 habitants/km2 ;
Espérance de vie : 72 ans pour les hommes, 75 ans pour les femmes ; 75%
de la population est urbaine ; 90% de la population est alphabétisée;
langue officielle, l’Espagnol, mais la population parle aussi 46 autres
langues. La capitale, Mexico, 22 millions d’habitants, 5 millions de
voitures dans les rues chaque jour sur les 25 millions que compte le pays.
C’est la ville la plus polluée du monde. L’homme le plus riche du monde
est Mexicain, M. Carlos Slim, qui contrôle toute la téléphonie de
l’Amérique Latine. L’Université Nationale du Mexique compte 500 mille
étudiants et fait partie des 100 meilleures universités dans le monde ; 22
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millions de Mexicains vivent aux Etats-Unis et par la force des choses, 5
millions de femmes sont des chefs de ménage au Mexique.
N.B. Cancun, 600.000 habitants, est une station balnéaire du Mexique. La
température moyenne est de 25°. Les touristes américains et européens s’y
bousculent. Les hôtels se dressent à perte de vue, offrant des standings
pour toutes les bourses. Si moi je paye 45 dollars US la nuit, il en est qui
payent 500 ou 1000. Le dollar américain est autant utilisé que la monnaie
locale qui est le peso ; 1 dollar fait 11 pesos : monnaie donc forte et stable
à comparer avec le F CFA qui se change entre 400 et 500 F le dollar. Les
mets sont très relevés. Les Mexicains vendent beaucoup de hamacs, mais
ont peu de succès de les vendre aux Africains, le hamac étant presque
inconnu dans les familles africaines. Et pour ceux qui connaissent ce « lit
qui balance » entre deux piquets, le fait d’avoir été utilisé par les colons
avec des porteurs en travaux forcés, a fait de l’objet un phénomène de
rejet social depuis plus d’un demi- siècle.
3. La délégation du Burkina :
Les membres de la délégation du Burkina, une dizaine, ont connu un
certain flottement au début, n’ayant pas eu une rencontre pour fixer des
objectifs généraux. Dès lors, chacun prenait part aux rencontres selon les
thèmes de son intérêt propre. Je constate qu’au bout du compte, je suis le
seul représentant de la société civile du Burkina et je mesure combien
l’UICN Burkina, qui a pris en charge mon billet de voyage et les frais de
mon séjour, a consenti un gros engagement dans son budget. Je signale
que le Ministre de l’Environnement et du Cadre de Vie du Burkina est
arrivé à Cancun le 4 décembre 2010.
4. Les thèmes récurrents de la conférence :
- Contenir la hausse de la température mondiale à moins de 2°, l’idéal
étant de 1,5° à ne pas dépasser. Or, des études tendent à montrer que si
des mesures énergiques ne sont pas prises, l’augmentation de la
température serait de 4° à d’ici 2050 ! ! Dans ces conditions, les
pays insulaires (les iles) seront menacés dans leur survie, les glaciers
continuant de fondre et les eaux des mers continuant à monter. (Il vous
souviendra qu’en 2009 lors de la COP 15 de Copenhague, aucun
accord n’a été obtenu, les pays industrialisés ayant refusé de prendre
tout engagement formel de réduire leur émission de l’oxyde de
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carbone (CO2)). La question reste donc entière, et comme les pays
insulaires, l’Afrique en souffrira terriblement si ces températures
connaissent les augmentations comme le prédisent les scientifiques si
rien n’est fait pour amoindrir les émissions du CO2 à travers les
productions industrielles utilisatrices de charbon.
- Dégager des ressources substantielles pour les activités d’adaptation au
changement climatique comme celles déjà opérationnelles pour les
activités de mitigation.
- Améliorer la participation des ONG dans les prises de décisions en
leur accordant un temps de parole en temps réel au moment des
conférences pour valoriser leurs points de vue sur les diverses
questions.
- Enfin, la question du reboisement des montagnes est à l’ordre du
jour. Je dirai enfin ! Car depuis 2007, la question du reboisement des
montagnes pour recréer la biodiversité propre à ces milieux me
préoccupe et m’a même poussé à l’élaboration d’un projet intitulé «
Reverdissement des collines de Tikaré pour la renaissance d’une
biodiversité ». Cependant, aucun partenaire ne s’y est encore intéressé.
On parle du Cap Vert qui a réussi le reboisement de ses collines par le
« cash for work ». C’est donc une question sur laquelle il convient
d’accorder toute l’attention nécessaire.
5. Les activités quotidiennes.
Il convient de montrer comment une journée de la conférence sur le climat
est organisée : Les hôtels où sont logés les participants, environ 15.000 venus
de près de 200 pays, sont à une vingtaine de km des centres des conférences.
Chaque matin, chaque conférencier doit prendre un taxi pour arriver à une
place dite « America Palace », vers 7h30. Là, des dizaines de bus assurent le
transport gratuit jusqu’au centre principal. C’est le programme du jour
(ou daily programme) est distribué. Puis, au vu des dizaines de conférences et
de rencontres du jour, chacun choisit de prendre part à telles ou telles
rencontres. Attention ! Aucune traduction en Français n’est faite et ceux qui
ne comprennent pas l’Anglais sont véritablement des « analphabètes ».
L’orgueil de la maîtrise du Français n’est que vanité. Les Mexicains parlent
l’Espagnol, mais tous parlent l’Anglais en raison de la forte influence des
Etats-Unis. D’ailleurs, les frais d’hôtel sont réglés en dollars US. Donc, les
membres de chaque délégation s’organisent chaque jour pour prendre part à
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un grand nombre possible de rencontres. Indépendamment de ces rencontres
officielles, certaines organisations, surtout celles de la société civile, ou
certains pays, organisent ce qu’on appelle des « évènements parallèles ».
Dans ce cas, des faire part sont distribués aux participants à la manière des
tracts, et ça marche toujours. Pendant ce temps, les délégués commis aux
négociations sont cachés quelque part avec les hautes autorités du pays hôte
pour les négociations. Ils reviennent toujours les traits tirés pour faire le point
aux différents groupes qui les ont mandatés et retournent autour de la table
des négociations, incertains d’obtenir des avancées significatives. Il s’agit
des délégués de l’Afrique, des pays industrialisés dont l’UE, des Etats-Unis,
des pays insulaires, des 77 + la Chine (les 77 comprennent les pays africains
et des pays de l’Asie). En effet, il faut comprendre que 3 (trois) groupes
constituent les cibles directement menacés à court terme par le changement
climatique : il s’agit du groupe Afrique avec ses 53 pays ; le groupe des pays
insulaires (les habitants des îles) et enfin les 77 + la Chine. Pour ma part, en
tant que membre unique de ma propre délégation dont les charges de mon
voyage et de mon séjour ont été assurées par UICN Burkina, je choisis de
pouvoir rencontrer les autres membres des sociétés civiles, peu nombreux, et
d’assister aux autres rencontres. Il faut reconnaître l’absence de divergences
de vue et d’objectifs entre les sociétés civiles et les gouvernements africains
dans cette problématique de changement climatique. Donc tous épousent les
mêmes causes. Les sociétés civiles des pays industrialisés se battent contre le
manque d’engagement de leurs gouvernements en soutien à la cause des plus
faibles. La journée d’un participant commence vers 7h et finit vers 22h.
Ce qu’il convient de savoir :
Le sommet de Copenhague en décembre 2009 n’a pas abouti à un accord
contraignant sur la réduction des gaz à effet de serre après la fin de la
première période du Protocole de Kyoto en 2012. C’est ce qui a fait dire que
le sommet avait été un échec. Cancun (Mexique) est la suite de Copenhague,
du 29 novembre au 10 décembre 2010.
La conférence se tient sous la responsabilité morale de la « Convention Cadre
des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) dirigée par
une Secrétaire Exécutive (Mme Christina Figueres de nationalité Costa Rica).
C’est parce que les négociations se passent sous les auspices des Nations
Unies que son Secrétaire Général, M. Banki- moon, arrive le 7 décembre
pour adresser un discours à la conférence. Cependant, la conférence de
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Cancun est présidée par la Ministre des Affaires Etrangères du Mexique,
Mme Espinosa.
La question de l’atténuation de l’émission des gaz à effet de serre, et le
principal gaz émis est le CO2. Et le CO2 est produit par le fonctionnement
des usines alimentées par le charbon. Les deux principaux pollueurs du
monde : les Etats-Unis et la Chine, mais aussi les pays de l’UE, le Brésil,
l’Inde, le Japon. Toute la difficulté réside dans le fait d’avoir un accord
contraignant après 2012 indiquant pour chaque pays développé le
pourcentage de réduction des émissions du CO2 et pour chaque pays en
développement un engagement volontaire de réduction du même gaz.
Les négociations sont complexes, les intérêts se contredisant, les pays
industrialisés exigeant que la Chine, le Brésil et l’Inde qui sont des pays
émergents, réduisent leurs émissions respectives du CO2. Ceux-ci rétorquent
que de telles mesures freineraient leur essor industriel. Et, pire, les Etats-Unis
qui sont le premier pollueur du monde ne peuvent même plus prendre des
engagements de réduction du CO2, ni prendre des engagements de
contribution financière à cause du blocage du Sénat américain majoritaire
qui est ouvertement hostile à cette problématique. Et le Président OBAMA
est impuissant face à cet état de fait.
Au niveau d’un pays, la réduction des émissions des gaz à effet de serre, le
CO2 peut s’opérer de plusieurs façons : changer de mode production
industrielle en utilisant des énergies propres qui ne polluent pas. Et atténuer
les émissions du CO2 émanant des forêts. C’est qu’intervient le
mécanisme « REED » ou Réduction des Emissions liées à la déforestation et
à la dégradation des Forêts ». Il sera nécessaire de mener des formations
spécifiques à l’attention des organisations membres de la coalition sur le
changement climatique pour mieux maîtriser ces importants différents
mécanismes.
La question de l’adaptation au changement climatique :
La question de l’adaptation est la principale ligne de force que les pays
africains défendent. Il y a la question de l’atténuation qui engage des
mécanismes un peu compliqués au niveau de chaque pays. Par contre la
question de l’adaptation est plus facile à maîtriser, mais il est nécessaire de
disposer d’importantes ressources financières. Les activités d’adaptation au
changement climatique sont très nombreuses, plus faciles à mener avec les
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