Soins Infirmiers et douleur Travail collectif du groupe de réflexion sur la douleur de la réanimation médicale adulte de Bicêtre Article publié le jeudi 12 janvier 2006. L’infirmier est le premier intervenant au lit du patient, c’est donc lui qui sera le premier confronté à la douleur du malade. La douleur du patient engendre de la frustration, de l’agressivité de la part du soignant, une non qualité des soins. Notre groupe de travail s’est penché sur la prise en charge de la douleur en réanimation médicale adulte. (Le Kremlin-Bicêtre Novembre 2000) Lire l’article précédent : « Les soignants face à la douleur du patient » Auteurs : Françoise Charrazac (IDE) Gaëlle gasse (IDE) Gilles Jouan (IDE) Stéphanie Mollac (IDE) Les soins infirmiers sont souvent source de douleurs parallèlement à la maladie initiale. Certaines approches permettent de limiter cette douleur. Soins de confort physique et psychologique les soins. faire les soins d’hygiène dont le patient a besoin. Masser régulièrement ou à la demande les patients, mettre un matelas adaptés à la personne et à sa pathologie, changer les patients de position, mettre les patients au fauteuil (avec accord médical). Mobiliser les membres inertes. Expliquer au patient le soin et son utilité Avoir une attitude rassurante, des gestes précis, mesurés. Faire s’exprimer la patient, être à son écoute, chercher des solutions ensemble Laisser la sonnette à portée de main après vérification de l’état de marche. Etre attentif au sommeil du patient (quantifié, qualité). Les soins infirmiers techniques douloureuse Pose de sonde d’O2 : Changer la sonde 1 fois/jour le noter sur la pancarte Changer le pansement 2 fois/jour pour éviter l’irritation de la peau avec la sueur et que la sonde s’en aille. Mettre des lunettes dès que possible (moins invasif). Utiliser le masque d’O2 quand la sonde n’est pas supportée par le malade. Pose de sonde gastrique : Bien expliquée le geste au patient afin d’obtenir sa coopération quand cela est possible. Enduire la sonde de xylocaïne gel. Bien fixer la sonde. Changer le sparadrap 2 fois/j. Quand il y a rougeur, mettre algofilm Aspirations des narines (confort). 1 Pose de sonde urinaire : Expliquer le geste au patient ainsi que son utilité. Bien installer le patient Mettre de la xylocaïne gel (+ protocole sonde urinaire) Aspirations endo-trachéales, trachéales : (Cf fiche technique) Expliquer le geste - avertir le patient Ne jamais enfoncer la sonde d’aspiration jusqu’à la garde. Aspirer en tenant la sonde en tournant. Aspirer à la « demande » ou toutes les 4 h. Pose d’une voie veineuse périphérique : Raser le patient quand nécessaire. Quant une lymphangite est présente, poser un pansement alcoolisé Gaz du sang : Poser de l’emla systématiquement quand le médecin ne considère par ce geste comme urgent. Noter sur la pancarte quand la crème a été mise. (N.B : porter l’attention sur le prélèvements systématiques). Escarres : Préventif curatif -> Cf groupe escarre Ponction Lombaire : Mettre de l’Emla quand le geste ,’est pas « urgent ». Bien expliquer le geste. Bon positionnement du patient après le geste. Faire boire le patient quand cela est possible. Masque de VNI (ventilation non invasive) : Expliquer le soin, son utilité. Choix du masque très important, parfois choisir deux masques afin qu’il ait des appuis différents (un masque nasal et un masque faciale, une séance sur deux, choisir soit l’un soit l’autre. Mettre du comfeel si nécessaire. Evaluation de la douleur chez le patient conscient pas ou peu sédaté en réanimation médicale Equipe médicale et paramédicale doivent travailler en collaboration. Rechercher le mécanisme générateur de la douleur. Quantifier l’intensité de la douleur : Il existe 2 types d’échelle d’auto évaluation 1 - Echelle unidimensionnelles = estimation globale l’échelle verbale simple : EVS Il s’agit d’une échelle comprenant différents critères sur lesquels on proposera plusieurs qualificatifs pour décrire une douleur. En fonction de ceci, un score sera attribué permettant de démontrer à quel niveau de la douleur se situe la personne à ce moment. 2 l’échelle numérique : EN. Le patient donne une note correspondant à sa douleur au moment présent. O représente « douleur absente » et 10 « douleur maximale inimaginable ». l’échelle visuelle analogique : EVA. Elle se présente habituellement sous la forme d’une ligne horizontale de 100 mm, orientée de gauche à droite. Les 2 extrémités sont définies, une par la douleur absente, l’autre par la douleur maximale inimaginable. 2 - Echelle multi-dimentionnelles Les patients en décrivant leur douleur utilisent certains noms, adjectifs qualificatifs. Cela orientera vers une pathologie. Exemple, une douleur décrite sous forme de brûlure, de décharge électrique évoque une douleur neurogène. Le Mc Gill Pain questionnaire (MPQ) Melzack a élaboré un questionnaire en langue anglaise, le McGill Pain questionnaire MPQ. Il est constitué par une liste de 79 qualificatifs, répartis en 20 sous-classes regroupées en 4 classe. sensoriel affective évaluative divers (sensori affective) Chaque sous classe correspond à un aspect de la douleur et regroupe 2 à 6 qualificatifs. Questionnaire douleur Saint Antoine C’est l’adaptation française du MPQ : Il est plutôt adapté à la douleur chronique, à des évaluations plus espacées et à plus long terme. En réanimation médicale, il nous a semblé plus opportun d’utiliser une échelle numérique car pour les gens très fatigué ou pour les personnes âgées qui ne voient pas très bien, l’EVA semble plus difficile à manipuler, et demande en tout cas plus d’effort. Il ne faut pas vouloir faire de l’évaluation à tout prix, il faut savoir ne pas insister si les réponses sont difficiles à obtenir. Il vaut mieux commencer le traitement et reposer la question après le début du soulagement. observation du patient, des comportements douloureux. Mesurer l’efficacité du traitement, évaluer avec l’EN. La mise en place d’un outil utilisé par tous permettra la validité, la concrétisation de la prise en charge de la douleur. Cette dernière étant subjectif en fonction d’un individu, l’outil ne devra pas supporter des comparaisons sans tenir compte des critères propres à l’individu. Transmission Elle est essentielle pour l’évaluation du traitement. Elle doit s’effectuer de façon pluridisciplinaire et pluriquotidienne. Beaucoup d’évènements peuvent modifier le ressenti de la douleur : Horaire, prise de médicaments Equipe soignante présente Nuit Présence ou non de la famille Conflit familial Sommeil Attente d’un examen, etc... 3 Les outils de transmission Visite du médecin : présence soignante indispensable, échange. Le dossier infirmier : c’est l’outil de travail indispensable. Le dossier médical : il est souvent dense mais peut être très utile. Proposition d’une méthode d’évaluation de la douleur du malade peu ou pas sédaté en réanimation médicale. Evaluation de la douleur toutes les 4 heures, de façon systématique quand la douleur est verbalisée par le patient ou observée par le soignant et une heure après la prise d’antalgiques. Localiser la douleur. Description de la douleur (fourmillements, lancinante, brûlure, décharge électrique, etc...) Comportement de la douleur (au repos, long de gestes). Paramètres vitaux. Antalgiques : on entend par là notre idée propre (confort du malade, écoute, soutient psychologique, etc...) et la prescription médicale (anatalgiques médicamenteux). Evaluation du traitement. Nous proposons de mettre cette méthode d’évaluation sous forme de tableau et imprimer sur la pancarte (Cf. avec le groupe sur le dossier de soins infirmiers). Ce travail pourrait paraître au premier abord fastidieux, comme une charge supplémentaire de travail pour le soignant ou comme un effort pour le patient. Il ne faut pas vouloir faire une évaluation à tout prix, il faut savoir ne pas insister si c’est trop difficile pour le malade, quitte à réitérer notre « questionnement » un peu plus tard. La méthode permet : D’identifier systématiquement les malades présentant une douleur. Améliorer la qualité des soins, de la relation. Faciliter les prises de décision de traitement sympto-analgésique adapté à l’intensité de la douleur. Permettre d’utiliser des critères communs. Transmission de l’information. Information susceptible de figurer dans le dossier du malade, la réponse aux thérapeutiques antérieures ne dépend plus uniquement du souvenir du patient. 4 Évaluation de la douleur chez un patient intubé, ventilé et non communiquant En phase aiguë de la douleur chez un patient non communiquant, il est par définition, impossible de faire appel aux outils d’autoévaluation. Et pourtant, la nécessité est toujours la même : réduire au maximum le temps qui sépare l’apparition d’une douleur du moment où le patient va ressentir les premiers soulagements. Il est de ce fait, possible de se reposer sur des items comportementaux et physiologiques dont on sait qu’ils sont modifiés par l’existence et/ou la persistance de la douleur. Items retenus : Visage : détendu 0 crispé 1 grimaçant 2 Mobilisation : aréactif 0 contraction/retrait 1 raideur généralisée 2 Corps au repos : détendu 0 agité 1 prostration 2 Évaluation toutes les quatre heures. Ce travail n’est pas définitif, il est à évaluer. Pour conclure Aujourd’hui, membres médicaux et para médicaux ne pouvons plus rester insensibles à la douleur. Des textes législatif, des congrès ,des sites internet, des comités de lutte consacré à la douleur existent au sein des hôpitaux. Ils sont là pour nous rappeler que la douleur n’est pas une fatalité mais un mal qui peut être traité au même titre que toute pathologie Il appartient par l’expérience et le partage de chacun de faire évoluer ce concept de la douleur. Au sein de notre établissement, de nombreuses actions sont mises en place pour la traiter. Celle ci ne doit plus faire partie des problèmes liés à l’hospitalisation. Une équipe pluridisciplinaire (infirmiers, médecin) par service est chargée de mettre en place des protocoles en vue d’améliorer sa prise en charge. Dans notre service, elle est à construire. Après cette étude reste des pistes de réflexion à explorer : mettre en place un livret douleur qui serait donné avec le livret d’accueil protocole pour des pathologies tels que le pneumothorax, les douleurs thoraciques etc.... La voie vers la maîtrise de la douleur est donc ouverte... Lire l’article suivant : « Les traitements de la douleur » Bibliographie Livres : La douleur - Marc SCHWOB 1994, 127 pages, domenos flammarion Histoire de la douleur - Roselyne GROY, 1993, 414 pages, La découverte L’infirmière et la douleur, 1998, 140 pages, Institut UPSA de la douleur Revues - Articles : Dossier prise en charge de la douleur chronique, mars 1999, P. 8 à 30, revue soins 5 Dossiers du quotidien, quotidien du pharmacien n°1659, lundi 29 septembre 97, p.7 à 18. La prise en charge de la douleur, élément de choix d’un établissement, le quotidien du médecin 05/10/99 Prise en charge de la douleur en réanimation pédiatrique - C. WOOD, revue internationale de pédiatrie, 1996 Profession Infirmière - spécial douleur - le journal professionnel scientifique et technique cahier n° 11, juin 95 - supplément au n° 39. Révolution dans les hôpitaux français - ! Une médecine sans douleur, le nouvel observateur n°1764 du 27 août au 2 septembre 1998. Douleur, la lutte d’organise, Bulletin de l’ordre des médecins, septembre 1998, p.10 à 12 Dossier douleur, profession infirmer, n°46 février 96, p. 5 à 8 Du nouveau pour calmer la douleur, Le Point, 16 mars 1996 n° 1226, p.86 à 93 Situation du traitement de la douleur en France, La revue du praticien médecine générale, tome 11 n°376 du 7 avril 1997, p.11 à 16 Evaluation de la douleur en réanimation de l’enfant à l’adulte - E. Pichard Textes législatifs : Décret n°93-345 du 15/03/99 relatifs aux actes professionnels à l’exercice de la profession infirmier. Circulaire DGS/DH/DHS n°99/84 du 11/02/1999 Circulaire DGS/DH/98-586 du 22 septembre 1998 Congrès : XXXI congrès de l’association des pédiatres de langue française - Paris 1er-4 mai 96 Evaluation du contrôle de la douleur des soins intensifs résultats préliminaires - BASTINR, BERRE J., MORDINE J.J, 1995 Formation AP-HP : Information donnée aux patients douloureux : approches pratiques, enjeux éthiques novembre 99. CACPH Pitié-Salpétrière. Soins palliatifs module 1, mai 99 équipe Hôpital Hôtel-Dieu La Douleur - Article dérivé des articles "La Douleur" 1, 2, 3 et 4 du site et publié dans la revue SOINS n° 656 de juin 2001 Répondre à cet article Site personnel de l'équipe ayant créé l'échelle VI/CO/MO/RE Accueil Forums de discussion 6 Echelle VI/CO/MO/RE La douleur à l’hôpital La vie du site Le site o Tous les articles o L'équipe o Administration Plan du site 7