passer quelques heures au chaud. Et là, dans ses vapeurs, cet ivrogne reçut
l'Évangile en pleine face et au moment de l'appel, il se leva et titubant de tout son
corps, il s'avança par l'allée centrale pour s'écrouler, là, devant. A partir de ce jour,
il fut radicalement changé par la puissance de Jésus-Christ : plus une goutte de vin
ne passa dans sa bouche, tout avait changé, non seulement en lui mais aussi dans sa
famille ; à partir de ce jour-là, il ne manquait plus une réunion. Mais voilà qu'un
dimanche, cet homme fut cloué au lit par une mauvaise grippe de sorte que,
malade, il ne put se rendre à la réunion habituelle à laquelle son fils avait coutume
de l'accompagner et ce jour-là, cet enfant alla vers lui pour lui demander :
- Tu ne vas pas à la réunion aujourd'hui ?
- Non, je ne peux pas.
- M'autorises-tu à y aller seul ?
- Bien sûr, mais surtout fais bien attention en traversant les rues et que Dieu te
bénisse.
Et notre petit garçon d'y aller tout seul, comme un grand. Une fois dans cette salle
de réunion, il prit place là où il avait coutume de s'asseoir avec son père. Ce jour-là,
l'officier de l'Armée du Salut avait invité les personnes présentes à rendre
témoignage mais personne n'osa le faire. Il arrive que l'on n'ose pas rendre notre
témoignage pour des raisons qui peuvent se comprendre comme pour des raisons
qui ne peuvent pas se comprendre. Personne ce jour ne voulut rendre son
témoignage au grand désespoir de cet officier qui faisait chanter un cantique, puis
un autre, pour donner le temps de réfléchir aux amis venus. Toujours personne ! Le
petit garçon se dit dans sa petite tête : " Ah, si papa était là, il se serait certainement
levé pour rendre son témoignage ! ", et cette idée faisait son chemin quand le petit
garçon en vint à penser : " Et si je faisais comme si papa était là ? " Alors il leva la
main. L'officier le vit et le fit avancer parce que l'on peut être chrétien et enfant,
enfant et chrétien, et voilà notre petit garçon sur la tribune. On dut baisser le micro
à son niveau, et puis il fit comme si son père avait été là. L'air sérieux et grave, il
s'adressa à l'auditoire avec ces mots : " J'étais un gros buveur ; chaque soir en
rentrant chez moi je battais ma femme… " Et il était parti à rendre le témoignage de
son père, ce qui, bien sûr, sonnait faux dans sa bouche puisque que ce témoignage
n'était pas le sien. Son père avait été un chrétien remarquable après sa conversion,
un chrétien bouillant, et ce chrétien qu'il avait été n'avait pas automatiquement fait
de son fils un authentique chrétien et ce témoignage sonnait faux dans la bouche de
cet enfant et tous, évidemment, s'étaient mis à rire parce que c'était risible.
Et pourquoi cette histoire ? Parce que, très souvent, quand je me trouve en région
catholique par exemple, en France ou ailleurs, on me lance : " Savez-vous que dans
ma famille, nous avons le privilège d'avoir deux prêtres et trois religieuses, alors
imaginez-vous à qui vous vous adressez ! " Quand il m'arrive de me trouver en