REFORME DE L'ORTHOGRAPHE (liste PROFS-L, 16 janvier 2004)
----- Original Message ----- From: Elizabeth Dumont To: Liste profs-L (E-mail) Sent: Wednesday, January 14,
2004 3:43 PM Subject: [Profs-L] nouvelles tolérances orthographiques
Bonjour,
L'une de mes élèves non francophones, épouse de prof (!), monte aux barricades parce que
selon elle, je ne leur ai pas expliqué "juste" les accords des participes passés. Plusieurs
professeurs de français (sic) lui ont assuré que désormais, avec les nouvelles recommandations
(de l'Académie ?), le participe passé suivi d'un infinitif était toujours invariable (moi, je m'étais
escrimée à leur expliquer qu'on l'accordait s'il faisait l'action exprimée par l'infinitif, etc.) Il y a
une épreuve là-dessus la semaine prochaine, je la crois capable d'aller voir le directeur si je ne
tolère pas l'orthographe qu'elle prétend actuelle, bref elle m'embête. Je suis bien sûre toute prête
à tolérer toutes les tolérances qu'on voudra si elles sont officiellement tolérées. Mais comme je
n'ai jamais entendu parler de cette modification - mon élève en est d'ailleurs scandalisée, il paraît
que tous les professeurs de français (dignes de ce nom ?) ont reçu ça - j'aimerais juste une
confirmation. Ou mieux, l'adresse d'un site où seraient répertoriés ce genre de changements.
Merci d'avance
Elizabeth
Ma question posait sur l'accord du participe passé suivi d'un infinitif : peut-on désormais le laisser
invariable dans tous les cas ? Et où trouver les "nouvelles règles" sur Internet ?
Merci pour vos réponses, et pour les adresses que vous m'avez indiquées. En voici la synthèse.
Tout d'abord, cet accord en particulier : les avis convergent pour dire que, dans les nouvelles règles,
seuls fait et laissé suivis d'un infinitif restent invariables. Pour les autres pp, on applique la règle que
nous connaissons.
Cela dit, la question de cet accord a bel et bien été posée, et pas récemment, ainsi que nous
l'apprend un collègue :
Le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts Georges Leygues
écrivait dès 1901: " Pour le participe passé construit avec l'auxiliaire
avoir, lorsque le participe passé est suivi soit d'un infinitif, soit d'un
participe présent ou passé, on tolèrera qu'il reste invariable, quels que
soient le genre et le nombre des compléments qui précèdent. " Référence
Grévisse P 1158 de mon édition.
Quelques années plus tard (un demi siècle au moins, mais je n'ai pas de
date sur mon document), il s'agit de consignes applicables "dans les examens
ou concours dépendant du ministère de l'Education, qu'il s'agisse ou non
d'épreuves spéciales d'orthographe, il ne sera pas compté de fautes aux
candidats dans les cas visés ci-dessous."
Et une suprême vacherie: " Cette disposition ne concerne pas les concours de
recrutement du personnel enseignant"
"9- Participe passé conjugué avec avoir et suivi d'un infinitif.
Les musiciens que j'ai entendus (entendu) jouer
Les airs que j'ai entendu (entendus) jouer)
L'usage veut que le participe s'accorde lorsque le complément d'objet direct
se rapporte à ce participe et qu'il reste invariable lorsque le complément
d'objet direct se rapporte à l'infinitif.
On admettra l'absence d'accord dans le premier cas. On admettra l'accord
dans le second, sauf en ce qui concerne le participe passe du verbe faire."
Une autre colistière écrit :
Pourtant votre élève peut s'étonner à juste titre de votre ignorance devant un autre arrêté,
celui du 28 décembre 1976 qui fixe les tolérances grammaticales ou orthographiques lors des
examens et concours.( brochure CNDP):
page 7 : " Participe passé conjugué avec avoir et suivi d'un infinitif:
les musiciens que j'ai entendus (entendu) jouer. les airs que j'ai entendu ( entendus) jouer.
L'usage veut que le participe s'accorde lorsque le COD se rapporte à la forme conjuguée et
qu'il reste invariable lorsque le
COD se rapporte à l'infinitif. On admettra l'absence d'accord dans le premier
cas. On admettra l'accord dans le second, sauf
en ce qui concerne le participe passé du verbe faire."
Cette brochure comprend 16 pages de tolérances de ce type.
Cela fait donc 27 ans que des professeurs sanctionnent ces erreurs au brevet ou au bac dans
l'illégalité la plus injuste pour nos
chères têtes blondes ...
Mais on lui répond :
Je crois en effet me souvenir que "l'arrêté Haby" de 1976 (publié au Journa Officiel en 1977)
préconisait en effet l'invariabilité du participe passé suivi d'un infinitif dans tous les cas. Mais
cet arrêté, - bien antérieur à la loi Rocard de 1991 qui réglemente en France (notamment)
l'application des réformes orthographiques, n'a jamais eu force de loi. Il fut d'ailleurs, alors,
purement et simplement ignoré.
Alors, comme le résume un dernier collègue (désolée, mais je n'ai pas demandé la sacro-sainte
permission de publier les réponses avec le nom de leurs auteurs et je ne voudrais pas me faire taper
sur les doigts pour une telle broutille) :
il existe deux arrêtés de 1900 et 1901, définissant une liste de tolérances orthographiques
pour les examens et concours organisés par l'Education nationale (qui ne devait être
qu'Instruction publique en ces temps reculés). L'arrêté de 1976, pris par feu René Haby ne
faisait que reprendre et élargir cette liste. Ni l'une ni l'autre de ces listes de tolérance n'a
jamais été réellement appliquée. Pourtant, la première aurait dû s'appliquer de 1901 jusqu'à
son remplacement en 1976, date à laquelle la novelle liste prenait le relais. Si on peut discuter
à l'infini sur la "réforme" de 1990 - applicable ou non dans l'Education nationale : ce n'est pas
au BO qu'elle est parue, mais au JO, au Journal officiel, et il s'agit d'un rapport faisant des
recommandations - le texte de 1976 est bien un texte réglementaire, dont l'application
s'impose à tous... Il ne semble pas que ce soit le cas.
Bref, mon élève semble avoir tort et, méchante que je suis, j'avoue que j'en suis fort aise. C'est surtout
l'argument "plusieurs professeurs de français me l'ont dit" qui m'avait fait tiquer : on a sa petite
vanité... Je crois cependant que, comme même les profs de cette liste ne sont pas unanimes, je
retirerai les phrases litigieuses de l'épreuve prévue... Vous avez en outre été plusieurs à m'indiquer
des sites où l'on peut trouver la réponse à ce genre de question, en voici également la synthèse :
http://www.fltr.ucl.ac.be/FLTR/ROM/ess.html (Association Pour l'Application des Recommandations
Orthographiques, APARO)
http://www.orthographe-recommandee.info/ ("le site officiel")
http://www.academie-francaise.fr/langue/orthographe/regles.html#regles (RAPPORT DU CONSEIL
SUPÉRIEUR DE LA LANGUE FRANÇAISE publié dans les documents administratifs du Journal
officiel du 6 décembre 1990) :
http://www.langue-fr.net/d/ppasse/commentaire.htm
http://www.sdv.fr/orthonet/pages/questions.html (programme créé par le Conseil international de la
langue française) : site où l'on peut poser des questions en ligne
Et voici pour terminer 2 articles que l'on m'a recommandés :
http://users.skynet.be/Landroit/aca.html
http://users.skynet.be/Landroit/massart.html
Encore merci pour tout, et bon week-end
Elizabeth
Voici les règles de la réforme de l'orthographe, réforme ratifiée par l'Académie
française et parue au BO en 1990
1. Devant une syllabe contenant un e muet, on écrit è et non é : évènement comme
avènement, cèdera comme lèvera, etc.
Exceptions :
a) les préfixes - et pré- (dégeler, prévenir, etc.) ;
b) les é initiaux (échelon, édredon, élever, etc.) ;
c) médecin et médecine.
2. Dans les verbes terminés à l'infinitif par -eler et -eter, le e du radical se change en è
quand la syllabe qui suit contient un e muet : il détèle, il époussète ; il détèlera, etc.
Les noms en -ment s'écrivent comme le verbe.
Exceptions : appeler, jeter et les verbes de leurs familles (y compris interpeler)
redoublent l ou t devant une syllabe contenant un e muet : j'appelle, je jette,
j'appellerai, etc.
3. Il n'y a pas d'accent circonflexe sur les lettres i et u : traitre, bruler, etc.
Exceptions :
a) les 1re et 2e personnes du pluriel du passé simple : nous vîmes, nous lûmes,
vous lûtes, etc. ;
b) les mots qui sans cet accent seraient homographes : le participe passé , les
adjectifs mûr et sûr, le nom jeûne et les formes du verbe croitre qui sans
accent seraient identiques à des formes du verbe croire : il croît, je croîs, etc.,
ainsi que la 3e personne du singulier du subjonctif imparfait : je voulais qu'il
partît ; plût au ciel que..., etc.
4. Les noms composés formés, avec trait d'union, soit d'un verbe suivi d'un nom
complément d'objet direct, soit d'une préposition suivie d'un nom prennent la marque
du pluriel au second élément quand et seulement quand le nom composé est lui-même
au pluriel : un essuie-main, des essuie-mains ; un garde-meuble, des garde-
meubles (qu'il s'agisse de personnes ou de choses) ; un après-midi, des après-midis,
etc.
Exceptions : quelques composés dont le second terme contient un article (trompe-
l'oeil) ou commence par une majuscule (prie-Dieu).
5. Les numéraux composés sont unis par des traits d'union : vingt-et-un-mille-trois-
cent-deux, etc.
N.B. Million et milliard, qui sont des noms comme millier, ne sont ni précédés ni
suivis d'un trait d'union : deux millions trois-cent-mille, etc.
6. Le participe passé laissé suivi d'un infinitif reste invariable : les enfants que tu as
laissé partir.
7. Les noms que le français a empruntés à d'autres langues font leur pluriel comme les
autres mots français : les matchs, les solos, les maximums, etc.
Exceptions : les noms ayant conservé valeur de citation restent invariables : des
requiem, etc.
N.B. La règle vaut aussi pour des noms qui étaient des pluriels dans la langue d'origine
: un errata, des erratas, etc.
8. La finale -olle est remplacée par la finale -ole : corole, etc. Exceptions : colle, folle,
molle.
9 Suit une liste de 800 mots dont l'orthographe a été modifiée...La nouvelle orthographe ne rend pas
l'ancienne fautive, les deux cohabitent pour un temps.
références http://www.fltr.ucl.ac.be/FLTR/ROM/ess.html http://www.orthographe-
recommandee.info/vous.htm#professeur
Votre exemple n'y figure pas. Il est vrai qu'une réforme de l'orthographe met des dizaines d'années à
entrer dans les habitudes."On peut garder l'ancienne [orthographe] sans de grands
inconveniens, et les hommes faits ont de la répugnance à changer quelque chose dans celle
qu'ils se sont formée dans leur première jeunesse, soit sur les leçons d'un maître plus âgé
qu'eux, soit par la lecture des livres imprimez depuis plusieurs années. D'ailleurs, il leur en
coûteroit une attention pénible pour être toûjours conformes aux règles d'une orthographe,
qu'ils n'auroient adoptée que dans un âge avancé. Ils prennent donc le parti de conserver
celle à laquelle ils sont accoûtumez ; et ils la gardent, quoique la génération qui vient après
eux, en suive déja une différente. Ce n'est qu'après qu'ils ne sont plus, que les changemens
dont nous parlons, et qu'ils avoient refusé d'adopter, se trouvent généralement reçûs." Préface
du Dictionnaire de l'Académie de1740
Cela pose un problème, celui des manuels en usage dans le primaire. Certains
ont déjà adopté la réforme, d'autres non. Il en va de même pour les dictionnaires.
Plusieurs donnent la nouvelle graphie, d'autres ont conservé l'ancienne, d'autres
enfin proposent deux orthographes. La sixième s'annonce ludique pour les
enseignants de français...
Pourtant votre élève peut s'étonner à juste titre de votre ignorance
devant un autre arrêté, celui du 28 décembre 1976 qui fixe les tolérances
grammaticales ou orthographiques lors des examens et concours.(
brochure CNDP):
page 7 : " Participe passé conjugué avec avoir et suivi d'un infinitif:
les musiciens que j'ai entendus (entendu) jouer. les airs que j'ai
entendu ( entendus) jouer.
L'usage veut que le participe s'accorde lorsque le COD se rapporte
à la forme conjuguée et qu'il reste invariable lorsque le COD se
rapporte à l'infinitif. On admettra l'absence d'accord dans le premier
cas. On admettra l'accord dans le second, sauf en ce qui concerne
le participe passé du verbe faire."
Cette brochure comprend 16 pages de tolérances de ce type.
Cela fait donc 27 ans que des professeurs sanctionnent ces erreurs au
brevet ou au bac dans l'illégalité la plus injuste pour nos chères têtes
blondes ...
Je me suis amusé à chercher dans les exercices d'orthographe du
Brevet les répercussions d'une correction qui tient compte des
tolérances et des réformes ( accents, orthographe lexicale...) face à une
correction début du siècle ( le XXe bien sûr). La note peut varier de deux
à sept sur dix...
Amicalement
jp houel
le 14/01/04 15:43, Elizabeth Dumont à [email protected] a écrit :
> Plusieurs professeurs de français (sic) lui ont assuré que désormais, avec les nouvelles
recommandations (de l'Académie ?), le participe passé suivi d'un infinitif était toujours
invariable.
Je crois en effet me souvenir que "l'arrêté Haby" de 1976 (publié au Journal Officiel en 1977)
préconisait en effet l'invariabilité du participe passé suivi d'un infinitif dans tous les cas. Mais
cet arrêté, - bien antérieur à la loi Rocard de 1991 qui réglemente en France (notamment)
l'application des réformes orthographiques, n'a jamais eu force de loi. Il fut d'ailleurs,
alors, purement et simplement ignoré.
> Il y a une épreuve là-dessus la semaine prochaine, je la crois capable d'aller voir le directeur
si je ne tolère pas l'orthographe qu'elle prétend actuelle, bref elle m'embête.
Rassurez-vous donc : à l'exception de "laisser", que l'on a identifié à une forme factitive et qui
donc, à l'instar de "faire", peut être invariable dans tous les cas lorsqu'il est suivi d'un infinitif,
nos bonnes vieilles règles n'ont pas changé.
Méfiance toutefois : il est prudent de connaître ces nouvelles "règles" ou "recommandations".
Si vous considérez (et sanctionnez) un jour comme fautives les orthographes "connaitre" ou
"ile", et qu'un parent d'élève vienne vous le reprocher (ce qui a peu de chance de se produire,
mais bon...), vous n'aurez strictement rien à dire. Depuis la publication de cette loi, les deux
orthographes (l'ancienne et la nouvelle) sont permises.
Bon, je vois que vous écrivez de Suisse. Et j'ignore à vrai dire si nos amis helvétiques ont
légiféré là-dessus...
Une adresse peut-être pour en savoir plus :
http://www.langue-fr.net/d/ppasse/commentaire.htm
Bien à vous,
______________________________________
Philippe CARLIER, EISM, [email protected]
Continuons à remonter dans le temps: il existe deux arrêtés de 1900 et 1901, définissant une liste de
tolérances orthographiques pour les examens et concours organisés par l'Education nationale (qui ne
devait être qu'Instruction publique en ces temps reculés). L'arrêté de 1976, pris par feu René Haby ne
faisait que reprendre et élargir cette liste.
Ni l'une ni l'autre de ces listes de tolérance n'a jamais été réellement appliquée. Pourtant, la première
aurait dû s'appliquer de 1901 jusqu'à son remplacement en 1976, date à laquelle la novelle liste
prenait le relais.
Si on peut discuter à l'infini sur la "réforme" de 1990 - applicable ou non dans l'Education nationale :
ce n'est pas au BO qu'elle est parue, mais au JO, au Journal officiel, et il s'agit d'un rapport faisant des
recommandations - le texte de 1976 est bien un texte réglementaire, dont l'application s'impose à
tous...
Il ne semble pas que ce soit le cas.
Michel Adrian
----- Original Message ----- From: majphouel To: [email protected] ; Liste profs-L
(E-mail) Sent: Thursday, January 15, 2004 6:13 PM Subject: Re: [Profs-L] nouvelles
tolérances orthographiques ----- Original Message ----- From: Elizabeth Dumont To: Liste profs-L (E-
mail) Sent: Wednesday, January 14, 2004 3:43 PM Subject: [Profs-L] nouvelles tolérances orthographiques
Bonjour,
Elizabeth
Voici les règles de la réforme de l'orthographe, réforme ratifiée par l'Académie
française et parue au BO en 1990
9. Devant une syllabe contenant un e muet, on écrit è et non é : évènement comme
avènement, cèdera comme lèvera, etc.
Exceptions :
a) les préfixes - et pré- (dégeler, prévenir, etc.) ;
b) les é initiaux (échelon, édredon, élever, etc.) ;
c) médecin et médecine.
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !