Christ, le Vrai Dieu. La Vierge Marie apparaît de la façon la plus transparente dans trois
textes de l’Ancien Testament qui sont considérées les prophéties messianiques les plus
connues. Il s’agit d’abord de la prophétie dite du Protévangile, qui représente un élément de
base dans la constitution de la doctrine mariale :
« Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien. Il
t’écrasera la tête et tu l’atteindras au talon » (Gen. 3, 15).
Par rapport à ce texte il y a une préoccupation très ancienne dans la littérature
patristique, préoccupation qui monte jusqu’à saint Justin (Dialogue avec Tryphon, PG 6, col.
709) et saint Irénée (Adv. hær. III, 22, 3-4; et V, 19, PG 7, col. 858). Tous les commentaires
indiquent ici la présence de la Mère du Messie. La Vulgate a traduit l’original hébreu par
„
” (ipse conteret) au lieu de „
” (ipsum) pour mettre en évidence que la
victoire ne tient pas à la femme, mais à sa descendance. On peut parler ainsi d’un sens marial
implicite, parce que c’est par l’obéissance d’une nouvelle Femme et par sa semence
(
), c’est-à-dire par Messie, que le mal sera vaincu
.
La prophétie d’Isaïe 7, 14 est plus explicitement mariale que les autres : « C’est
pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe: Voici la jeune femme (almah) est
enceinte, elle va enfanter un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (Isaïe 7, 14).
Il s’agit ici d’une jeune fille ou d’une vierge (almah) qui va naître le Messie. La
Septante a reconnu dans ce texte un signe de Dieu donné au monde par la Femme-Vierge, la
Mère du Rédempteur
. La présence de l’article dans l’original hébreu nous montre qu’on peut
traduire la almah parce que „le rôle unique qu’on prête à cette femme, autant que le
parallélisme de Mich. 5, 2, supposent plutôt une personne parfaitement déterminée”
. Le
terme en question „désigne la jeune fille nubile sans plus, comme le masculin elem désigne le
jeune homme. Il est impossible de prouver, d’après les textes bibliques, que la almah soit
engagée dans les liens du mariage”
. „Il est clair d’ailleurs que la pensée d’Isaïe n’est
nullement hésitante, comme le prouve l’ensemble du verset, qui met en scène la seule mère de
l’Emmanuel. Bien que la prophétie mette en cause un descendant de la ligne davidique, elle
ne fait mention (chose anormale) d’aucun monarque qui serait son père, et auquel, selon les
usages du temps, devrait revenir le droit exclusif de lui donner un nom”
. La prophétie utilise
ainsi un mot assez flexible pour signifier une Vierge et ne pas exclure la notion
d’enfantement
. Grâce à la clarté de ce texte on peut affirmer que c’est de la Vierge Marie
qu’il s’agit dans cette promesse de Dieu transmise prophétiquement.
La prophétie de Michée (Michée 5, 1-2) parle de „celle qui doit enfanter” et là aussi le
texte est assez transparent pour ceux qui connaissent l’identité de la Vierge Marie par les
écrits des apôtres du Christ.
« Et toi, (Bethléem) Ephrata, le moindre des clans de Judas, c’est de toi que me naîtra
celui qui doit régner sur Israël; ses origines remontent au temps de jadis, aux jours antiques.
C’est pourquoi il les abandonnera jusqu’au temps ou aura enfanté celle qui doit enfanter.
Alors le reste de ses frères reviendra aux enfants d’Israël »
Pour autres détails voir : A. Robert P.S.S., La Sainte Vierge dans l’Ancien Testament, dans MARIA, Etudes sur
la Sainte Vierge, sous la direction d’Hubert du Manoir, S. J., Tome premier, Editions Beauchesne et ses Fils,
Paris, 1949, pp. 23-39 (= « MARIA ») et les explications données pour ce texte dans La Bible de Jérusalem, p.
34.
L’hébreu almah est traduit dans les Septante par
, dans le syriaque par betultä et dans le Vulgate par
Virgo.
A. Robert P.S.S., art. cit., p. 37.
Ibidem.
Ibidem, p. 38.
E. J. Kissane, The Book of Isaiah, t. I, Dublin, 1941, p. 89.