Regulation biologique du meiobenthos d un ecosysteme lagunaire

OCEANOLOGICA ACTA, 1982. N'
SP
~
----------1
~1---
Régulation biologique du meiobenthos Meiobcnthos
50<,
Dynamique populations
Prédation
Aquaculture;:
eX
lcn5ive
d'un
écosystème lagunaire Meiobenthos
Soles
Populalion dynamics
Predation
EI!Cnsivc aquaculture
par
un
alevinage expérimental
en soles (Solea vulgaris)
RÉSUMÉ
ABSTRACf
J. Castel,
P.
Lasserre
I
nsti
tut de Biologique Marine. Laboratoire d'Océanographie Biologique, Univers
it
é de
Bordeaux 1
.33
120
Arcachon, France.
Les
oc
réservoirs à poissons .. du Bassin d'Arcachon (France)
$On
t des enclos aménagés par
l'homme dans le marais lagunaire (zone humide). Ces structu
re
s d'aquaculture traditionnelle
de
type extensif sont comparables aux
«v
alli
..
de
la
côte adrialiquc
ct
aux
...
tambaks
..
Iropicaux d'Indonésie. L'évolution annuelle du réseau trophique dans
les
«réservoirs à
poissons
,.
présente des phases alternées d
'or
dre, au printemps ct à l
'a
ulomne ct de désordre,
en été et en hiver, commarldées par des perturbations naturelles et anthropiques. Les
populations opportunis
te
s de microorganismes et de meiofaune ont tendance à exacerber
l'
état de déséquilibre estival en provoquant, notamment, des eriscs dystroph
iqu
es.
Des essais d'acclimatation de soles juvéniles (So/ca vlI/ga
ris)
dans les réscrvoirs lagunaires
d'Arcachon, ont permis d'apprécier l'inOuence d'
une
activité prédatrice ct perturbatrice
(biolurbation)
de
ces poissons plats sur
le
réseau trophique, en période d'équilibre (printemps,
automne) ct de déséquilibre t
é)
et
de
tester l'hypothèse d'une éven
tu
e
Ue
régulation
biologique du réseau trophique irlduite par
les
so
les,
Le mécanisme d'Înleraction meiofaunc -
so
le a été étudié dans des enclos expé
rim
entaux ayant
reçu : une sole/ml (enclos Pl) ct dix
so
les/ml (enclos P
lO)
ct comparés à des enclos témoins (pas
de sole), L'action prédatricc des soles juvén
iles
de 20,30
mm
s'excrce
lec
ti
vement sur les
copépodes cl enlraÎne
un
e aUF,ent3tion de l'abondance des autres groupes meiobenlhiques
pour
une
dcnsité d'une
so
le/
m-
.
La
présence de dix soles/ml tend à diminuer l'abondance des
populations « opport
un
istes" de meiofaune et à modifier ainsi les inleractions compétitives en
améliorant l'hétérogénéité spatiale
de
l'écosystème,
En
outre, dans unc station
si
tuée à l'extérieur des réservoirs, dans
le
marais lagunairc
intertidal, l'émigration massivc des poissons juvénilcs vcrs l'océan, en automne (octobre·
novcmbre), s'accompagne d'une diminution de la diversité de l'écosystème
ct
d'une
augmcnlation corrélativc dc
la
dominance dcs espèces
oc
opportunistcs
,.
meiobenlhiques, Ces
résultats suggèrent également lventualité d'une régulation biologique de la meiofaune par la
prédation.
Dans
le
s lagunes ct Ics mar
ais
côtiers modifiés par l'
ho
mm
e pour l
'a
quaculturc extensive,
un
alevinage actif approprié devrait améliorer l'hétérogéné
it
é spatiale du réseau troph
iqu
e en
régulant, par la prédation, la st
ru
ctu
re
déséquilibrée des peupleme
nt
s opportunistes de
microorganismes
et
de meiofaune. On peut espérer
ai
nsi une amélioration notablc des
re
nd
eme
nt
s en espèces d'i
nt
érêt économique, dans la
me
sure l'activ
it
é prédat
rice
(ct
bioturbatrice) de certaines de ces espèces s'exerce au
niv
eau benthique ou suprabent
hi
que,
comme c'est le cas pour
les
poissons plats et les mugilidés.
OUQllol
.
AC/Q.
1
982.
Ac
te
s Symposium Intemational sur les lagunes côtières,
SCORlIABO/UNESCO, Bordeaux,
14
se
ptembre
1981.
243-251.
Biological
re
g
ul
ation of
me
iobenthos
by
experimental
fry
stock
in
g of so
le
s (Solea
vu
lgaris) into a lagoonal
fish
farm.
The ..
fish
reservoirs" of the Arcachon Basin (France) are man-modified enclosures created
in
la
goonal mflrshes (wetlands). These slructures, dcsigned for traditional extensive aquaculture,
243
J.
CASTEL.
P.
LASSEAAE
arc comparable
to"
vaUi
",
situated along
th
e Adriatic coast. and also, to t
ropical"
tambaks "
in
Indoncsia. In
the"
f15h
reservoirs " , the annual e"olution
of
the food web
is
charactcrizcd
by
altcmate
periods
of
ordcr, in spring and autumn, and disordcr,
in
summer and winter. as a
result
of
natural and anthropic disturbances. Opponunistic populations
of
microorganisms and
of
meiofauna increase the tendency lowards
an
unbalanced cond
iti
on during summer and
create, notably,
dym
ophie erisis.
Fry stocking trials of soles
(Solea
vlI/ga
ris) into the
fish
ponds have been made to estimate t
he
in
fluence
of
the predalory activity and bioturbalion on the food
web:
1) during
th
e relatively
stab
le
pcriod
in
spring and autumn ;
2)
during the unslable summer pcriod. in view
of
tesling
the hypothesis
of
biological rcgulation
of
the food web
by
Ihe soles.
The interacting meehanism mciofauna-sole has been studied
in
experimental enclosures
Slocked with
one
soletm
~
(PI enclosure) and ten soles/ml (PlO enclosure), and compared
tO
control enclosures
(no
sole). Juvenile soles, measuring
20-30
mm, feed selectively on
copepods;
for 1 sole/ml, mciofaunal abundancc, outside copepods,
is
increased significantly,
For
10
soles/m2, the abu
nd
ance
of
opportunislie populations
of
meiofauna decreases and this
resu
lt
indicates a modification in competitive interactions contributing 10 a better spatial
heterogeneity
in
the ecosystem,
Moreover,
in
lagoo
naJ
int
en
idal marshes, shuated outside
the"
fish
re
servoirs
",
massive
e
mi
gralion
of
juvenile
fi
sh, lowards the ocean, occurs at the
en
d of autumn (Oetober-
November), This emigration
is
paralleled with an increase in dominance shown
by
opportunistic meiofauna. Again, these results suggesi that predation regu[ates meiorauna.
ln lagoons and eoastal marshes man-modified for extensive aquaculture, appropriate
fry
stocking could regu[ate opportunistic microorganisms and meiofauna and, thercfore, cou
ld
lcad
10
a
better
spatial helerogcneity of the food web, A signifieant impro\'ement in the yie
ld
of
cuhivated species could be altained since the predatory andlor perturbating activity
of
some
of
Ih
cse species
is
acting al
the
bcnthie bou
nd
ary layer,
Oceano{.
Aera
, 1
981,
SCOR/
1AI3Q/UNESCO, Proceedin
gs
International
Sy
mpo
siu
m on eoastal
Bordeaux, France,
8-14
septembcr. 1981.
243-251.
la~oons
,
INTR
ODUcr
l
ON
Le
Bassin d'Arcachon (44°
4O'N,
IO
IO'W)
recèle sur sa rive
orientale dcs écosystèmes lagunaires remarquables, Irans-
form~s
en
marais salants au Moyen Age, puis
am~nagés
à
la
fin
du
XVI W siècle
en
«réservoirs à poisson
s"
pour une
aquaculture de type extensif. Ces écosystèmes d'origine
anthropique sont très comparables aux
..
va
IIi
..
de
[a
te
adriatique italienne
et
plus encore aux
..
tambaks
..
ou
étangs aménagés
d'cau
saumâtre en Indonésie (Lasserre,
1979
b)
;
ils
couvrent une surface de 1000
ha
environ,
Dans ces lagunes
eut
rophes s'établissent deux types de
peuplements:
1)
De
s peuplements d'espèces autochtones, d'une taille
inférieure à 2 mm , qui obéissent à une dynamique non
équilibrée (
..
opportunist
es
..
) à taux de croissance très
rapides ct
de
type
ma
lthusien. Ces peuplements indigènes
prolifèrent pendant les périodes de pleine eutrop
hi
e (prin-
temps, é , automne) et entretiennent une hétérogénéité
temporelle, génératrice de déséquilibre énergétique et de
dystrophie (Castel, Lasserre,
1979
a ; Lasserre
el
al,.
1976).
2) Des peuplements de prédateurs à dynamique équilibrée
constitués par une majorité d'espèces immigrantes venanl le
plus sou\'ent de l'océan et dont
le
recrutement se
fait
au
printemps (principalement poissons mugiliforrnes. bars,
anguilles; Amanicu, 196
7;
Labourg, 1976; Lasscrr
e,
1979
a).
L'évolution annuelle du réseau trophique , dans ce type
d'écosystème lagunaire, présente des phases alternées
d'ordre CI de désordre (Krumbein
el
al., 1981). Dans
le
premier cas (période d'équilibre), au printemps ct en
automne, ce réseau est contrôlé
par
les interactions biologi-
ques (compétition interspécifique, prédation
).
Dans
le
deuxième cas (période de déséquilibre), en été ct en hiver,
le
réseau trophique est
en
panic
détruit par des penurba-
ti
ons
physiques, chimiques et biologiques (basse tempéra-
244
turc, dystrophie estivale, pullulement bactérien ct meiofau-
nique),
De
s essais d'acclimatation de soles juvén
ile
s
(So{ea
\'ulga-
ris) dans
le
s réservoirs lagunaires d'Arcachon, nous ont
permis d
'a
pprécier l'influence
d'une
activité prédatrice ct
penurbat
rice (biolurba
ti
on)
de ces poissons plats sur
le
réseau trophique, en période d'équilibre (primemps,
automne) ct
de
déséquilibre t
é)
ct de tesl
er
l'hypothèse
d'une éventuelle régulation biologique du réseau trophique
induite
par
le
s soles.
A cctte
fin
. en mai 1977, une population de
4000
soles
ju\
'éniles obtenues par ponte induite ct d'un poids de 54 mk,
a été introduite dans un réservoir lagunaire
de
1000 m1,
Cette expérience a permis de suivre l'évolution démograph
i-
que de cette population (stock, biomassc, croissance, pro-
duction) et d'estimcr l'apport trophique nécessaire, compte-
tenu de
la
demande respiratoire des soles au cours de leur
croissance (Lasserre. Lasserre, 1979),
La
dynamique des peuplements mciobenthiques. dont les
copépodes constituent
un
élément trophique essentiel pour
les
soles juvéniles, est étudiée en détail dans le présent
travail, Une comparaison est établie
entre,
d'une
part les
surfaces
de
réservoirs lagunaires constituant
la
station
oc
P
..
ct abritant respectivement zéro (témoin), une ct dix soles
par mètre carré (enclos P
o,
PI ct P
lU)
et, d'autre
pan
un
écosystème lagunaire contigu soumis il l'influence des
marées qui constitue
la
station
oc
B
..
,
Les réservoirs à poissons du Bassin d'Arcachon s'avèrent
des modèles d'écosystèmes lagunaires très adaptés pour
l'étude expérimentale des
ph~nomènes
de
régulation spatio-
tcmporelle des communautés ct de leurs stratégies adaptati-
ves. En outre, de telles recherches permettent d'envisager
une amélioration sensible des rendements en aquaculture
extensive
par
une meilleure gestion
de
l'a
le
vi
nage tenant
compte des panicularités de l'écosystème lagunairc
exploité,
MATËRIELS ET MÉTHODES
Milieux étudiés
Les
réservoirs à poissons sont peuplés d'espèces amphihali-
nes (muges,
ba
rs, dorades, anguilles, soles). Le renouvelle-
ment partiel des eaux et l'alevinage naturel sont assurés
au
niveau d'écluses distribuées
le
long des
digu
es
(fig.
1)
.
Suivant
la
si
tuation
plus
ou moins continentale des enclos
lagunaires, les régimes thermiques et salins peuvent être
fort différents car le renouvellement des eaux n'atteint
pa
s
les
réservoirs isolés.
La
faible profondeur du
mi
lieu (0,4 à
1
,5
m) associée
au
confinement entraîne des variations
importantes des facteurs abiotiques: salinité, tcmpérature,
oxygène dissous, etc. L'amplitude de ces variations est
grandement atténuée dans
le
marai
s lagunaire intenidal
contigu
aux
réservoirs.
Deux
stations ont été étudiées de
1975
à
1977
.
La
station
" P
,.
est située dans les réservoirs à poissons
de
Cenes
(Bassin d'Arcachon, région d'Audenge), la stati
on"
B,. est
dans l'intenidal abrité, au niveau d'
un
..
lac de ton
ne
,..
Le
s
«lacs de tonne
,.
sont des retenues d'cau circulaires
de
500
ml env
ir
on, aménagées
po
ur
la
chasse traditionnelle
dans
la
partie haute du marais lagunaire (haute slikke,
Amanicu,
1969
). Ces structures abritent, du printemps à la
fin
de l'automne, des populations juvéniles de poissons
migrateurs
sa
isonniers (muges, athérines, bars essentielle-
ment). Elles jouent
un
rôle
de
..
nursery ", Les stations
..
P
,.
ct
..
B
,.
sont distantes d'une centaine
de
mètres
(fig. 1).
La
station
..
P
,.
présente de fortes variations thermiques,
diurnes et saisonnières
(3
oC
à
12
oC en
hi
ver
et
18
oC à
30
oC en été).
La
pluvio
si
n'est pas compensée par les
apports mar
in
s, ce
qui
entraîne de faibles salinités en hiver
ct au printemps
(13
%.) tandis que lvaporation en été est à
l'origi
ne
de
sa
li
nités élevées
(j
usqu
40
%.).
La
station
..
B,., contiguë
aux
réservoirs, a fondamental
e-
me
nt la
mêm
e
st
ru
cture que la st
at
i
on
pré
cédente. Cepen-
dant, elle présente une plus grande stabilité physico-c
himi
-
q
ue
grâce
aux
mouvements de marée (températur
e:
8,5-
24
oC
; salinité:
15·32
%.).
F
igure
1
Cane
des
lagu
n
es
amtnagtes
avec
emplaceme
nt
de
s s
tation
s:
«
lac
de
tonne
,.
(slatioll
_ B
.)
CI «rtsc
rvoirs
à
poisson
s,. (s
tation
_ P
,,
) ;
d -
digue.
Map
of
the man-
madt
/a8Q()1I
tllCiosurt$ wirn
dÛl8Tam
of
the
(wo
statwns :
;nlerrida/
fXH)/
(s
tation '
B'
)
and
fisn
pond
s (sfQlion
'P');
d =
~
a
em/)(mkmenl.
&hantiUonnage
du
melobenthos
Les
prélèvements ont été effectués deux
fois
par
mois
à
l'aide d'un carottier
de
3,2
cm
de diamètre enfonde 5
cm
dans le sédime
nt.
La
taille ct la représentativité
de
l'échan-
tillonnage ont élé terminées pour
ce
type de
milie
u par
Castel ct
La
sserre (1977).
En
pratique, quatre
éc
hanti
ll
ons,
RÊGULATION BIOLOGIQUE
DU
MEIOBENTHOS PAR LES SOLES
245
répartis sur une aire de 1
m~
sont s
uffi
sants pour donn
er
un
e
bonne
image
de
l'évolution des populations dominant
es.
Les
prélèvements sont
imm
édiatement
flxés
au
formaldé-
hyd
e à 4
%.
Après lavage à l'eau douce
su
r
un
tamis de
63
!Jorn
, les animaux
so
nt
extraits
du
sédiment par différence
de dens
it
é selon une méthode adaptée
de
de Jonge ct
Bouwman (1977).
Le
liquide d'extracti
on
util
isé
est
un
polymère
de
s
ili
ce colloïdale chimiquement et osmotique-
ment inerte (Ludox
HS
40). L'échant
ill
on est homogénéisé
dans
un
e
so
lution
de
Ludox à
40
%. Après cent
ri
fugat
ion,
les
organismes meiobenthiques
so
nt
récupérés dans
le
surna
gea
nt.
L'efficacilé
de
l'extraction passe toujours
9S
%. Tous les taxons représenta
lifs
sont
parés et
comptés.
Les
copépodes,
les
plus
abondants après les
nématodes, sont déterminés jusqu'à l'espèce.
Enclos
d'acclimatation
L'e
xpé
rience d'acclimatation proprement dite
de
la popula-
l
io
n de soles juvéniles a porté s
ur
la
riode
du
23
ma
i
au
20
décembre
197
7.
Un
enclos
de
1
000
m
~
(enclos P
t)
a été délimité dans
la
station
..
P
,.
au
moye
n d'une toile grillagée tendue transver-
salement
aux
deux extrémités
du
réservoir à poissons
limitant
une
zone
de
131
m de long sur 8 m de lar
ge.
La
profondeur moyenne de l'enclos est uniforme et comp
ri
se
entre 0,4 ct 0,6
m.
Le
dim
e
nt
vaseux est recouvert d'une
épaisse couche de débris
végé
taux. Une pop
ul
ation de
4000 soles d'élevage obte
nu
es par ponte induite (Ce
nt
re
Océanologique de
Br
etagne, CNEXQ, Brest)
et
d'
un
poids
de
54
mg
a éintroduite danS cct enclos (soit 4 soles/m2 en
début d'expérience, ct 1
so
le/m2 après
un
mo
is du
fait
de
la
mortal
ité
initiale).
L'
évolution de
ce
lt
e population a été
étudiée par
La
sserre et Lasserre (1979). L'expérience a é
poursui
vie
jusqu'à la
fi
n décembre
1977
.
L'effet d'
un
e char
ge
plus importante (10 indiv
idu
s/m2) en
so
les juvéniles d'un
po
i
ds
de
100
à
200
mg
a été testé dans
un
petit enclos
de
10
ml (P
LO)
aménagé le
22
septembre
dans l'enclos principal PL
de
1000 m2
L'évolution spalio-tempore
ll
e de
la
meiofaune dans
les
de
ux
types d'enclos (Pl et P
LO)
a été comparée à ce
ll
e observte
dans
un
e
nclo
s témoin
de
400
m2 (Po) délimité dans
le
même
réservoir
mai
s n'ayant
pas
été aleviné.
Co
nt
e
nu
s
digestifs
des
IlOles
L'estimation des stocks et de
la
croissance des
so
les
introduites, d'
un
e
pan
(
La
sserre,
La
sserre,
19
79),
la
carac-
risation
de
s contenus stomacaux, d'autre part, ont été
faites
si
multanément. A interva
ll
es
de
temps réguliers
un
échantillonna
ge
d'une vingtaine d'ind
ividu
s a été réali
pour une analyse des préférences a
lim
entaires ct du nombre
de
proies ingérées.
Le
s or
ga
ni
smes meio- ct macrobenthiques présents dans
l'estomac ct l'intestin
Ont
été identifiés ct comptés.
Plu
sieurs
indices sont utilisés pour caractériser
le
s contenus digestifs.
L'indice
de
fr
équence d'une proie,
Fp
, est défini comme le
rapport en pourcentage entre le nombre de poissons n qui
ont
in
ré une proie déterminée ct
le
nombre
NI
de
poissons ayant ingéré une proie
qu
elconque (Todd,
1907).
On calcule
ainsi
un
indice
de
fréquence pour chaque proie,
ce
qui
permet d'avoir une
id
ée des préférences alimenta
ir
es
des poissons (Hureau,
1970
).
En
pratique, une proie est
considérée com
me
préférentielle
si
Fp > 50
%.
De
ux
autres
indices ont été utilisés: l'abondance
re
lative (Cn) de chaque
proie (pourcentage en nombre) ct le coefficie
nt
de
vacuité
(C
.)
qui est défini co
mm
e
le
rapport e
nt
re
le nombre de
contenus di
ges
tifs dépourvus
de
pro
ie
s ct le nombre de
poissons exa
min
és.
R.
ÉSU
LTATS . ËVOLUTION SPATIO-TEMPORELLE
DU MElO BENTHOS
Abondance de la mcioraune
Les
variations mensue
ll
es
de
l'abondance
du
me
iobcnthos
(nomb
re
s d'individu
s/
lO
cm
l) au
cou
rs
de
deux années de
J.
CAS
T
EL.
P.
LASSERRE
,
~
l
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O N D J
FM
A M J J A
SO
N
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F
ig
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e 2
Variations
men
su
elles
de
1"abondanœ
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mciob.::nth
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prélèvements (1975-19n ) sont indi
qué
es dans
la
figure 2
JXlur
le
s stalions
oc
D
,.
et
oc
P
,.
(avant introduction expéri-
me
n!
ale
de
soles juvéniles).
Le
s groupes les p
lu
s abondants
sonl
le
s matodes et les eopépodes mais d'
autre
s laxons
co
mm
e les o
li
goctes, lurbcllariés, ostracodes et
JXllychè-
tes atteignenl parfois
des
de
ns
it
és considérables. Dans les
réservoirs (station .. p
,.
)
le
maximum des populations
de
nématodes est atte
in!
avec
7000
individus/
l0
em2 tand
is
que les copépodes viennent en second avec une
abo
nd
ance
maximale
de
1000 individus/
lO
cm2.
Globale men!, l
'abo
ndance du meiobcnthos est plus élevée
dans la slalion
oc
P
,.
qu'à l'extéri
eur
des réservoi rs (station
..
B
,.
) j parallèl
eme
n!
, les variations d'abondance sont bien
plus importantes dans les réservoirs
que
dan
s le marais
lagunaire.
Dan
s la station
..
P
,.
on
note un maximum en été.
P
ar
exemple
il
a dépassé 12000 i
nd
ividu
s/
lO
cm! en juillet
1975 (Lasserre
el
al
.,
1976)
. Un déclin
des
po
pula
ti
ons
se
produit d'août à octobre suivan! les a
nn
ées et l'on observe
une deuxième périodc d
'abo
ndan
ce
en
hi
ver.
Il
se
mblerait
que
le
s faibles températures hivernales aient pour consé-
quence
de
fa
vo
ri
ser cert
ai
nes esces. qui présent
en
t alors
des dens
it
és comparables à celles des espèces
es
tivales
(
Ca
stel.
La
sserre, 1
979b).
Dan
s
la
station
oc
il
,.. les variations d'abondance ne mani-
fe
stent pas
de
tendance très marqu
ée.
On
observe toutefois
un
e baisse des e
ff
ectifs en é
(ao
ût-septembre) ct en h
ive
r
(ja
nvi
er -fév
ri
er).
Structu~
de!!
peuplements
Co
mpo
sitio
n
faullisliq
l4
e
Ltude de la structure des peu
pl
ements ne concerne que les
copépodes meiobcnthiques, groupe dominant après les
nématodes et proies lectives
des
alevins de soles.
Le:
lableau 1 montre
la
proportion relative
entre
les espèces de
Composition
spéci
fiqu
e et abondance
rela
t
ive
de
s copl!podcs mciobcmhiques
r
«oh~
s
dans
la
lagune
i
nt
ertidale
(MatiQn
",
0
..
)
et
dan
s
les
r
l!sc
rvoir
s
11
poissons
(station «P
,,
).
S~cie
s
mmpo
s
ili
Q
II
alld ,cwlil'c ablllldalJce
0"
percent) of Ilu: C
Qpepod
s
IM"g
ill
II
IC
im
u lidal
pool
(Slalioll
.,
li
»)
a"d
Îlr
the
fish ponds
(s
mtio"
.,
P .
).
Espêces
C)
'clopoide
s;
Halicy
clopt
negf«lut
Kiefer, 19]5
C,.cfopitUl groeifis Claus, 1
863
Pa'I:I
C
J'cfQpilW
tUllW
Sm
i
roov
,
1935
Harpactiooides ;
Cl:l
lluclla fN'
pkxa
T.
and
A. Scott. 1
893
Calluclla fo,e/geru Sars.
1903
/Jr
iallala stebkri (Monard,
1926)
Ecli
ll
oso
mu
dClllalJ/nr
Si
eue
r.
1940
EclinosollW
~
/Qn ictps
Boeck. 1864
Hl:lkclillo$omu curlicorne (Boeck. 1872)
Tachidius discipes Giesbrec
hl
, 1882
Microarth'
idiQn
fo/iax
Perkins.
1956
Ha'pI:IClicU
$ fil/orulis Sars. 190]
TlSbl
sp.
Dacly/Qpodia
sp
.
PI:I,ada
c/)'lopodia sp.
AmQtUlrdia no,man; (Brady. 1872)
Bu/bomphiascus inermis (
SC
...
·
e1I
.
1940)
Robtrlgu,ne)'a e,y/hr
utll
s (A. Scott, 1
9(2)
Schizopt' a sp.
Me
soch,a
lifljtborgi
Boeck.
1864
Ellhydrol'
OIIW
gariene Gu
rney.
1930
Ellhy
d'
aso
ma
caeni Raibaui.
1965
Cf
el
oc
am
p/us
cO
llflutru (Schmcil.
l
~)
Nallnoplls pn/uslr
is
Brad
y.
1880
He
tefQ/QQph
Q
nte
S
ir
omi (Baird,
183
7)
246
SI
al
ion
B
,.
2.62
28.62
1.31
6,28
3,66
0.79
4.36
2.01
2.88
1.40
10
.
30
0.79
12.65
0.
35
0,]5
2,27
16.40
1.40
0.17
0,52
0.09
0,
26
0.17
035
Station
..
p
,.
'~3
0,
06
32.65
3,57
0,<>1
0.02
0.48
0.02
0,04
23,25
0.22
0.14
33.3
1
0.66
0,
02
Figurc J
Variations mensuellcs
de
la divcrsité des copépo-
dcs mciobcnt
hi
qucs (indice de Shannon)
au
cours
dc
la
période
1975-
t
9n_
Mortlhl
y divtrJily (Sium n'",
indu)
of
meiobtnlhit:
coptpods
01
lM
IWo
$
/Olion.s
durirtg
lM
197$
-1977
{)t,iod.
~
5
RÊGULATION BIOLOGIQUE
OU
MEIOBENTHOS PAR
lES
SO
L
ES
,
".
"
...
1
,
,1'''0
. ,
AMJJA$ONDJfMAMJ
J
ASDNDIFMA
11111
..,.
'$11
copépodes récoltés dans chacune des d
eux
stations
au
cours
de la
~riode
1975
-1
m.
La
station sou
mi
se aux mouvements
des
marées (station
'"
B ») comporte
le
p
lu
s grand nombre d
'es
pèces (N
:::
25)
ce
qui
se
traduit par une diversité moyen
ne
(H
:::
3,36) plus
élevée que dans
le
réservoir à
po
isson
s.
La
sta
ti
on
'"
P »,
présente une
ri
chesse spécifique
(N
-15) et une diversité
moyenne (H
=-
2,09) beaucoup p
lu
s faibles.
L'
ana
lyse de la composition spécifique
ct
des variations
d'abo
nd
ance des copépodes dans les réservoirs à poissons a
fait l'objet
de
plusieurs travaux (Castel, Lasserre,
lm
j
1979
;
1979
b)
.
Le
peuplement établi dans ces milieux est
earactéri
st
par
un fort degré « d
'o
pportunisme
»:
abon·
dance el taux
de
reproducti
on
élevés, très forte dominance,
décalage des pics d
'a
bondance entre espèces
do
mi
nantes,
évita
nt
ain
si
la compétition interspécifique. D'une manière
général
e,
les
successions d'espèces so
nt
bien plus év
id
entes
dans
les
réservoirs à poissons que
da
ns
le
marais lagunaire
exondable ct les peupleme
nt
s meiobenthiques colonisant les
servoirs sont appauvris par rapport aux écosystèmes de
marais lagunaires dont
il
s so
nt
issus en grande partie
(Castel,
1980).
Divu,sit~
ft
~volurion
,structurait
L'évolution mensuelle de la diversité spécifique (indice
de
Shannon) des copépodes meiobcnthiqu
es
est indiquée
figure
3.
Bien que faibles dans la stati
on
« P
JO
(H
m
oyen"
2,09), les
va
leurs de l'indice
de
Shannon présen-
tent des variations assez reproductibles d'u
ne
année à
J'autre. Globalement, les maximums
de
diversité sont notés
au printemps
et
en auto
mn
e.
Au contraire, dans le
'"
lac
de
tonne
JO
(station « B
..
),
les
va
leurs moyennes sont plus
élevées (H moyen = 3,36) et l'évolution saisonnière est
différente ; les périodes de diversité maximale sont plutôt
l'
éet l'hiver.
Au cours des périodes climatiquement perturbées
(été,
hi
ve
r), l'indice de Shannon est corrélé tr
ès
significativement
avec
la
dominance, plus
qu
'avec la
ri
c
he
sse spécifique, en
particulier à la station « P
..
; quelques espèces se
ul
ement
dominent, entraînant une faible diversité (fig. 3). En
automne ct au printemps, lorsque les conditions climatiques
sont plus homogènes, diversité ct équilllb
il
ité sont à leur
maximum. Dans ce dernier cas l'h
été
rogénéité spatiale du
système est globalement améliorée (Castel, Lasserr
e,
1
979
a). Lorsque les saisons sont bien marquées, on note au
printemps une tendance vers l'équ
il
ibre des peupleme
nt
s
de
copépodes avec une diversité maximum en mai-juin. En
juillet, période
d'eu
trop
hi
sation intense, l'abondance
des
espèces domina
nt
es est te
ll
e que le peupleme
nt
est déséqui-
libr
é,
la diversité étant très faible. Après une
ri
ode
de
restructuration en automne, les peuplements sont à nou-
veau déséquilibrés
par
la dominance des espèces les plus
opportun
is
t
es
en hiver
(par
exemple Mesochra lill
jtbo
rgi).
Ces espèces hive
rn
ales sont différentes
de
s espèces estivales
et elles présentent
des
abondances comparables (Castel,
Lasserre,
1979
b j Castel, 1980).
Dans
la
station
",
B
..
(lac
de
tonne) soumise à l'alternance
des
marées.
il
n'y a pas de corrélation
entre
les variations
de
247
l'indice
de
diversité
ct
l'abondance
des
copépodes. Les
espèces dominantes sont différentes (tab. 1)
ct
elles sont
généralem
ent
moins résistantes que
ce11es
des réservoirs
(Cast
el,
Lasserre, 1977). Pour cette sial ion
'"
B »
la
repro-
duction de la meiofaune est liée à la température ; son
abondance est
mi
ni
male en
hi
ve
r. L
'hé
térogénéité spatiale
est maintenue pendant une bonne partie
de
l'an
e sauf
en
septembre-octobre
l'on assiste à une émigralion massive
des
poissons juvéniles vers l'océan, après avoir estivé dans
les
la
cs de t
on
ne. Cc
ph
énomè
ne
, correspondant à une
diminution
de
la prédation, paraît entraîner une perturba.
tion des interactio
ns
biologiques
ct
une baisse
de
la di
ve
rs
it
é
(fig. 3).
Si, dans les réservoirs à poissons (slation
'"
P
JO)
les interac-
tions biol
og
iques semblent avoir moins d'importance que les
fluctuations des facteurs climatiques (Castel, Lasserre, en
prép.), c
it
es n'
en
joue
nt
pas mo
in
s un le n
on
négligeabl
e,
plus marqué encore
da
ns le système lagunaire o
uv
ert
(stati
on
« B »). L'expé
ri
ence
d'i
nt
roduct
io
n d'un
prédateur
sélectionné (soles) dans
les
réservoirs endigués permet
d
'ap
précier l'influence des interactions biologiques dans
l'écosystème « réservoir à poissons ...
MODIFICATION
EXpe;R
IMEflITALE
DE
LA
STRUC
·
TURE
DES PEUPLEMEflITS MEIOBEflITHIQUES
L'introduction expérimentale des soles juvé
nil
es dans les
réservoirs à poissons a permis
de
tester l'hypothèse d'une
régulation biologique du meiobcnthos par
la
ma
crofaune.
Les
su
lt
ats préliminaires sont donnés
par
Castel ct
la
s-
serre (1979 a).
R
étime
.lImenta~
des
soks
II
ressort
de
la figure 4 que,
d'une
part ies alevins de soles se
nourrissent de meiofaune ct que, d'autre part, le régime
alimentaire
de
la
sole évolue en fonction
de
la
taille.
Le
s
variations de régim
e,
au cou
rs
de la croissance, sont nettes.
.
'"
î
, "
o "
,
,
1/
~,
0:
___
.4
,
, .
,.
1
' .
" " 1
, . ,
" \ 1
r
····.
/ \ /
,
'/
1
..
..
/,
/\
Il
\
1/
\
,
~
..
" .
Figure 4
l,
(mm)
Régime alimentaire des soles juvé
ni
les
(So/tll vulgo'is): pourcen·
tage cn nombre des proics principales ingéréc! par la sole en
fonction
de
la
taille des poissons
(1.,
en
mm
).
Ptrctrttagt compo$ilion
of
/lll
gUI
(Ortt~nq
oft~
jlvtnik
soin
(Soko
vulgo,is)
irt
rtw
ti
ort
10
lM knglh
of
lM fuh
(L
,
in
mm).
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